Grand débat national : allons-nous passer à côté du sujet ?

Le danger est que le président se croie obligé d’en faire trop, renforçant ainsi une partie de la société dans le sentiment qu’elle est victime de l’autre.

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Grand débat national : allons-nous passer à côté du sujet ?

Publié le 24 février 2019
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Par Anthony Shea.

Le Grand débat national évoque cette image utilisée dans la psychologie de la perception, qui représente, selon le regard de l’observateur, soit un trophée en forme de coupe, soit deux visages de profil se contemplant. Le trophée symboliserait les chances de succès de l’entreprise Grand débat national, les visages incarneraient chacun une moitié de la France scrutant l’autre avec hostilité.

Nous allons essayer de déterminer laquelle des deux interprétations, la pessimiste, ou l’optimiste a le plus de probabilité de s’imposer. Pour saisir le sens du processus que constitue le Grand débat national et évaluer ses chances de succès, on peut l’envisager sous trois angles différents :

  1. Un règlement de compte historique
  2. Une opération plutôt hasardeuse et lancée dans l’urgence
  3. Une démarche méritoire, mais dont nous verrons si elle risque de passer à côté du sujet

 

Un jeune président, un lourd passé

On reproche au président des maladresses de communication : le 80 km/h, la taxe sur le diesel et autres.

Mais le sujet n’est pas vraiment là. Ce président a la malchance de se trouver devant une caisse où l’on vient justement de se rappeler que les factures laissées par ses prédécesseurs depuis 50 ans n’ont pas été réglées. Il hérite de la responsabilité d’un demi-siècle de politiques économiques mal inspirées, de soi-disant bonnes intentions qui ont pavé un enfer.

Simplifions : après les Trente glorieuses, la croissance ayant disparu de son propre mouvement, ou bien dans un baril de pétrole, dont le prix fut multiplié par dix en dix ans (1970-1980), une partie de l’opinion, disons la gauche, considéra que la seule façon d’entretenir la hausse du pouvoir d’achat de ses sympathisants était d’effectuer des prélèvements sur le reste de la population. La redistribution prit son essor, la notion de justice sociale lui apporta un soutien doctrinal aussi sonore que flou.

Dans la bataille des idées la droite se trouva acculée à la défensive. S’abreuvant au néo-marxisme qui imprégnait jusqu’aux meilleurs esprits, la vieille revendication égalitariste retrouvait sa vigueur face à une droite culpabilisée et ranimait la méfiance que les Français, selon l’historien britannique Theodore Zeldin, éprouvent les uns à l’égard des autres.

De droite comme de gauche, les gouvernements entreprirent donc de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Cinquante ans plus tard Paul est-il au moins satisfait ? Non, il enfile cette fois-ci un gilet jaune. Ce n’est pas forcément ingratitude de sa part, il a l’impression de s’être appauvri. Triste paradoxe !

La redistribution n’a pas donné de bons résultats, elle a apporté la stagnation, le chômage, la semi-étatisation de l’économie et le déficit public. On aurait pu en chemin se demander au moins si la social-démocratie était effectivement la voie qui menait vers la prospérité. Hélas ! Comme le faisait remarquer Schumpeter en 1950

« The remedy for unsuccessful socialization which will suggest itself, will be not less, but more socialization ».1.

Paul connaît des fins de mois difficiles mais Pierre se demande s’il n’est pas, lui, le vrai Gilet jaune. Il n’a pas cessé de cotiser, directement ou indirectement, à toutes sortes de caisses, dont celles du Trésor, et ce n’est jamais assez. Voici qu’on lui reproche à nouveau d’être un nanti, de se soustraire aux obligations de solidarité nationale. Il se serait attribué les fruits de la croissance tant qu’il y en avait, il n’aurait, tel Saint Martin, donné que la moitié de son manteau ! Pierre se dit que peut-être, comme nombre de ses amis, il aurait dû aller chercher fortune sous d’autres cieux.

Mais l’opinion est prête à considérer que ce sont les revendications de Paul et de ses camarades Gilets jaunes qui sont légitimes. Ils sont les laissés pour compte de la mondialisation, de l’Europe. De nombreux travaux, dont ceux de Christophe Guilluy, avaient mis en lumière le phénomène de coupure du pays en deux, de paupérisation qui a provoqué la crise actuelle.

Dans celle-ci il ne s’agit pas que de pouvoir d’achat ; sa dimension psychologique paraît tout aussi importante. Les Gilets jaunes réclament un statut, de la considération. La satisfaction des demandes matérielles ne sera efficace dans cette crise que si elle est interprétée par eux comme une réparation morale.

Allons un peu plus loin dans la voie psycho-sociologique : la crise de l’automne est une crise d’abandon. En principe, ce sont les enfants qui y sont le plus sensibles mais les adultes peuvent aussi en éprouver les affres. L’abandon, c’est l’absence, durable ou momentanée, du père et/ou de la mère, d’une figure d’autorité. On serait dès lors tenté dire que la crise des Gilets jaunes est une manifestation de la crise d’autorité qui affecte la société entière. L’autorité est rejetée mais son absence crée un malaise, sinon l’angoisse.

Les appels à la démission du président devraient alors se lire dans un miroir : ce qui est demandé en réalité est la restauration d’une autorité. Ne pas le comprendre serait engager le Grand débat national dans une voie sans issue.

 

Un Grand débat national mal engagé ?

L’exercice Grand débat national est complexe, il comporte deux dimensions, l’une cachée, l’autre officielle.

Profondément il s’agit d’un exercice de justification. La mondialisation est accusée de tous les maux, mais à l’arrière-plan le vieux thème marxiste de la lutte des classes joue à nouveau son rôle mobilisateur. Le président et son gouvernement paraissent se sentir coupables d’injustices commises au détriment d’une partie de la population.

En tout cas c’est la posture qu’ils ont adoptée, ce qui peut être habile d’un point de vue de gestion de la crise mais les limite à un certain registre. Comme un accusé qui, aux États-Unis, décide de coopérer avec les enquêteurs dans l’espoir d’obtenir un jugement clément, le président est parti écouter ses électeurs, qui se trouvent bénéficier d’une présomption de raison. Nous ne sommes pas dans une consultation décidée sereinement dans le but de faire apparaître la volonté profonde du corps électoral sur tel ou tel sujet. La France n’est pas le canton d’Appenzell. L’affaire qui nous occupe répond à une menace, à une urgence.

Dans ces circonstances le danger est que le président se pense obligé d’en faire trop, de se racheter, renforçant ainsi une partie de la société dans le sentiment qu’elle est victime de l’autre. Il a là une tentation démagogique. Y céder mènerait à l’échec.

Il doit avant tout effectuer un rétablissement symbolique, redevenir l’incarnation de l’autorité républicaine. Mais pour cela il ne faudra pas paraître mendier le consentement des électeurs. Ici la jeunesse du président est à la fois un atout, celui du dynamisme et de la capacité à renverser une situation qui ne lui est pas favorable, et une faiblesse. Une figure plus chenue, plus gaullienne réussirait sans doute plus facilement à s’imposer.

Officiellement il s’agit de recueillir les doléances et suggestions de la population de manière à ce que le gouvernement s’en inspire pour l’élaboration de sa politique future, supposée connaître un tournant par rapport à son état pré-crise.

La difficulté pratique vient ici du caractère forcément foisonnant, en partie irréaliste, des réponses à venir. Le gouvernement a pris la précaution d’inclure dans le questionnaire un certain nombre de questions dites fermées, auxquelles on répond en cochant une ou plusieurs cases. Sur ces points il aura des réponses précises. Le reste, c’est-à-dire les questions ouvertes, demandera un énorme travail d’interprétation.

En principe devraient émerger des unes et des autres un accord sur ce qu’il y a lieu de faire pour améliorer l’administration du pays, corriger les injustices, etc. C’est à cela que sera jugée l’utilité du questionnaire.

Mais ici deux obstacles vont se présenter.

La possibilité d’émergence d’un consensus

Notons ici que ce terme d’origine latine, populaire aux États-Unis, a été comme réimporté en France. Son intermittence historique suggère que le consensus, en tant qu’accord des citoyens sur ce qu’il convient de faire, n’est pas une pratique française. La République n’est pas tout à fait la démocratie : à supposer qu’il y ait une volonté générale, elle s’impose à l’ensemble des citoyens.

La majorité, c’est la volonté générale, en pratique celle des gens supposés représenter les citoyens : la Convention, l’Assemblée. Une fois celle-ci proclamée, peu importe le consensus. D’ailleurs celui-ci existe-t-il jamais ? Nous nous heurtons ici à l’argument de l’œuf et de la poule : faut-il une volonté générale parce qu’il n’y a pas de consensus, ou bien le consensus-building est-il hors-sujet parce que de toute façon la volonté dite générale, en réalité celle des gouvernants, est établie ?

De ce qui précède nait un doute sur la possibilité d’émergence de projets d’action qui correspondraient effectivement aux désirs d’une majorité des citoyens, qui rapprocheraient ceux-ci les uns des autres. Dans d’autres pays (Canada, Suède, Pays-Bas, etc) des processus de consultation ont été menés avec un certain succès, après des discussions souvent difficiles. L’accord est apparu sur des politiques qui ont été ensuite mises en œuvre. Dans les pays du Nord, protestants, le consensus est peut-être plus facile à dégager.

Est-ce possible en France ? Les Français ne seront jamais des Suisses. Une décision qui ailleurs rallierait les suffrages serait en France attaquée sous des prétextes divers : elle avantagerait les uns au détriment des autres, ou bien elle ne serait que poudre aux yeux, etc.

Ne partons pas battus : on peut faire beaucoup pour convaincre une grande partie des citoyens que l’on joue franc jeu : montrer que la lutte des classes est un concept démodé, se donner des objectifs précis, associer pécuniairement le public à un retour de la croissance.

Les intentions profondes du gouvernement 

Il n’est pas interdit de se dire que dans cet exercice les questions comptent plus que les réponses : dans cette crise, il faut donner aux citoyens un mode d’expression, une soupape, leur communiquer l’impression qu’ils participent enfin directement aux décisions.

Le jeune président s’emploie avec quelque panache à parler et écouter tout le monde. La démocratie devient ainsi plus directe, ce qui est opportun, mais l’assise que représente le système représentatif se trouve ébranlée. Le président affecte de battre sa coulpe mais il semble aussi vouloir poursuivre dans la voie tracée dans son programme électoral. Cette contradiction peut compromettre l’ensemble du processus Grand débat national, si elle vient au grand jour.

On imagine, pour la résoudre, un recours au référendum, procédure à la fois solennelle et incontestablement démocratique, supposée marquer la sortie de crise. Pour trouver les bonnes questions à poser encore faudrait-il envisager des réformes à la fois importantes et raisonnables qui simultanément aient l’appui du pouvoir et soient susceptibles de rassembler une majorité convaincante. On sait assez que dans un référendum les électeurs votent souvent davantage pour ou contre des personnes que des idées.

La démarche référendaire serait donc aventureuse pour le président, qui, au moment où il croit rétablir enfin le calme dans le pays, risquerait de se trouver désavoué.

 

À côté du sujet (sur le chapitre Fiscalité et dépenses publiques)

Le Grand débat national amènera sans doute les participants à dresser un catalogue de demandes, plus qu’à raisonner sur les principes.

C’est à la fois son utilité et sa faiblesse. Utile, ou plutôt utilisable pratiquement, d’abord parce que les questions fermées se prêtent évidemment bien au traitement statistique : X répondants sur un total de Y cocheront la case réduire la dépense publique. Les questions ouvertes seront plus difficiles à exploiter, mais on peut espérer pour les correcteurs qu’y figureront, parmi d’autres considérations, des réponses précises et quantifiables.

Par exemple, à la question 2 « Que faudrait-il pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace ? », nous imaginons que la proposition Rétablir l’ISF  figurera Z fois (ce qui ne suggère nullement que l’auteur de ces lignes soit favorable à ce choix).

Tout cela est bien et la communication faite à propos du Grand débat national en sera facilitée, c’est un objectif en soi. L’exercice n’aura pas été fait pour rien, il donnera des réponses précises à la manière d’un sondage. La population se sera exprimée, ce qui, d’ailleurs, sur un certain nombre de points, contraindra le gouvernement soit à obtempérer, ce qu’il n’aura pas nécessairement envie de faire, soit à expliquer pourquoi il est en désaccord avec la réponse et en quoi il est légitime de n’en point tenir compte. Au demeurant la validité intellectuelle de l’ensemble des réponses obtenues souffrira de deux vices.

Le premier nait du caractère parcellaire des réponses. Si je suis favorable au rétablissement de l’ISF, comment puis-je répondre à la question 5, qui commence par « Afin de baisser les impôts ? » Bien sûr on peut se rattraper sur d’autres impôts, mais enfin une contradiction formelle est apparue. Mais, plus sérieusement : une fois de plus, la réponse parcellaire encourage à ne pas voir que quels que soient ses mérites, toute mesure a une contrepartie sous forme d’effets induits, aussi sûrement que le crédit a pour contrepartie le débit.

Par exemple le rétablissement de l’ISF (décidément !), au nom du grand principe de justice sociale, aboutirait à de nouveaux départs de patrimoines français à l’étranger. Alors finalement de quel côté pencherait la balance ? On l’ignore puisqu’on ne se préoccupe que de l’un des plateaux.

Autre exemple, d’une chaude actualité : faut-il supprimer les niches fiscales ? Ici la discussion risque de virer au grotesque. Le débat se trouve ramené au niveau du café du commerce, les propositions réduites au statut de slogan.

Le deuxième vice de construction est plus pernicieux encore que le premier, qu’il a d’ailleurs engendré. Dans ce débat, on s’intéresse à la tactique sans avoir réfléchi à la stratégie. Où voulons-nous aller, dans quel but, avec quels moyens, sous quelles contraintes ? Un terme, ou plutôt l’absence de celui-ci, exprime le problème : la croissance. Le questionnaire invite à une vue statique des questions. Dans un univers supposé invariant, vaut-il mieux faire ceci ou cela ? Non seulement, nous venons de le voir, les éléments agissent les uns sur les autres mais tout se transforme et le présupposé statique invalide les raisonnements.

S’il ignorait cet impératif de mouvement, le gouvernement s’exposerait à un double risque d’échec. D’abord, on ne résoudra pas la question du déficit public en bricolant les recettes et les dépenses, ce qui a été fait obstinément depuis des décennies. Appelons cela la politique des rustines. Comme nous l’a suggéré Schumpeter, l’insuccès d’une politique ne pousse hélas nullement à ce que l’on en change. Ensuite, si le Grand débat national n’est pas suivi d’effet, si la situation de la population ne s’améliore pas de manière relativement rapide et visible, ses frustrations se manifesteront à nouveau avec force. On aura été trompés !

Voici que s’ouvre au pays, sous la pression des circonstances, une chance historique : comprendre la nocivité du dirigisme. Le dirigisme est cette pratique qui conduit un gouvernement à s’occuper de trop de choses parce qu’il pense que l’activisme va dans le sens de ses intérêts et que de toute façon c’est lui qui détient la compétence.

Ce qui suscite une contrepartie : puisque l’État sait tout faire, tournons-nous vers lui dès que quelque chose ne va pas. Dans le cas présent, s’il écoute son instinct, le président va s’efforcer de reprendre la main et, ayant écouté le peuple, allongera le catalogue des interventions de l’État. Comment lui en vouloir puisqu’on lui demande de faire preuve d’autorité ? Hélas, la puissance de l’autorité est en raison inverse de la largeur de son champ d’exercice. Ce qu’il faut, ce n’est pas reprendre la main, c’est la rendre et laisser les forces vives du pays s’exprimer.

Exercice d’humilité, ou plutôt de lucidité. Y sommes-nous préparés ? Le président doit se concentrer sur la stratégie, piano nobile de la politique et laisser la tactique à d’autres. Or, le but de sa stratégie ne peut être que la croissance, car elle seule permettra de payer les additions et de redonner espoir au pays. La croissance ne se décrète pas, dit-on. Tant mieux ! Il faut la laisser revenir de son propre mouvement.

Il faut avoir l’intelligence de comprendre que les recettes qui n’ont pas donné de résultats depuis un demi-siècle ne vont pas soudainement se révéler opportunes. Irrational expectations. Il faut faire autre chose, s’inspirer de ce qu’ont tenté avec succès d’autres pays de l’OCDE. Mais ne serait-ce pas un tour de force : à une (partie de la) population qui demande davantage d’interventions, il faudrait donc répondre que le salut ne peut venir que d’un retrait de l’État ? Faire accepter un compromesso storico. L’exercice est délicat mais il permettra de juger l’homme d’État. L’argument selon lequel en France ce n’est pas possible traduit un manque d’imagination, n’est qu’un prétexte pour ne rien faire. Les Français ont envie de sortir de la crise.

Il faut libérer la croissance, parce que c’est de cela que tout dépend, c’est-à-dire réduire avant tout la charge fiscale pesant sur les entreprises. Il n’est point nécessaire d’être un libéral échevelé pour considérer que la croissance recréera une marge de manœuvre financière pour l’État en accroissant le produit de l’impôt. Les modèles économétriques utilisés par les services de prévision officiels (et plutôt keynésiens) le montrent aussi.

Mais cette croissance ne doit pas venir de la consommation car elle aboutirait largement à stimuler des importations déjà excessives. C’est la production qu’il faut stimuler en encourageant les investissements. Le problème que connaît l’économie française n’est pas une insuffisance de la demande, c’est une insuffisance de l’offre ! Produire plus, mieux, innover : voilà la priorité nationale qui doit être affirmée, à laquelle le reste doit s’ajuster. Il est indispensable d’encourager l’épargne et de laisser les entreprises faire des profits dans l’intérêt national et non pour la satisfaction exclusive des actionnaires. Comme le disait le chancelier Schmidt, les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain.

Face à cette perspective, l’objection qu’il n’existe pas de marge de manœuvre doit tomber.

La société française ne s’effondrera pas si les prélèvements obligatoires baissent, si la progressivité de l’impôt est endiguée ! La contrainte budgétaire et la crise actuelle fournissent une belle occasion de réduire les dépenses publiques de fonctionnement, d’inviter les administrations à cesser de produire toujours plus de réglementations. Bien sûr chaque administration menacée de disparition protestera de son caractère indispensable mais il ne faudra pas la croire.

Il existe pour une économie développée différents leviers de croissance qui ajouteraient leurs effets à ceux de la politique esquissée ci-dessus : comme le dit Philippe Aghion, ce sont l’éducation, en particulier l’enseignement supérieur, le renforcement de la concurrence sur le marché des biens et services, enfin un marché du travail plus dynamique2.

Il faut donc reprendre ou poursuivre ce qui avait été mis en chantier peut-être trop timidement depuis le début du quinquennat. Un retour en arrière serait catastrophique. En revanche, développer l’offre n’aurait pas pour seul résultat une amélioration des comptes publics : un effet moral se produirait aussi.

Quand les revenus de l’ensemble de la population augmentent, il devient assez peu important que certains revenus augmentent plus vite que d’autres, tout le monde est gagnant.

De ce point de vue, il est probablement injustifié d’affirmer la coupure en deux, une fois pour toutes, de la population. Selon cette vue, il y aurait les gagnants et les perdants de la mondialisation. Or, la flexibilité du marché du travail et celle du marché des produits, que nous venons d’identifier comme facteurs de croissance, semblent aussi favoriser la mobilité sociale3. La coupure ne paraît définitive que parce qu’il n’y a plus de croissance. L’absence de croissance résulte entre autres choses et avant tout de politiques de redistribution visant (ironiquement) à égaliser les situations, menées obstinément par des générations de politiciens peu inspirés, trop soucieux de leur réélection. La démagogie a mené à l’échec.

On l’a vu, ceux qui se sentent laissés en arrière veulent davantage de considération, un meilleur avenir pour leurs enfants. Cela demande des moyens publics. Les belles paroles ne suffisent pas, c’est la croissance qui fournira les moyens de répondre à une demande légitime. La démocratie, dont on déplore à juste titre qu’elle puisse perdre de son attrait, se trouvera fortifiée par une reprise de la marche en avant de la société française. Comme à propos de l’écologie, l’erreur fondamentale ici serait de vouloir figer les choses dans une glaciation hivernale. Seul le mouvement créera la possibilité de corriger et améliorer ce qui doit l’être.

 

Pour une réponse à la hauteur des circonstances

La crise de ces derniers mois a provoqué des secousses susceptibles de mettre en question la stabilité de notre société.

Néanmoins, si choquants soient le trouble de l’ordre public, la violence et les déprédations, on pourrait se demander si cette crise ne constitue pas plus une opportunité qu’un danger.

Il fallait un événement considérable pour qu’apparût au grand jour, comme problème menaçant l’unité du pays, le fossé qui s’est creusé entre enracinés et émancipés4. On ne peut plus tergiverser, il faut entreprendre de le combler.

Dans cette crise surgit un paradoxe : ceux qui se considèrent comme laissés pour compte réclament un effort supplémentaire de redistribution en leur faveur. Ce faisant, et sans le savoir, ils tendent un piège au gouvernement. Bien sûr, la solidarité nationale doit s’exercer au profit des moins nantis, mais nous le savons maintenant, ce n’est pas en redistribuant qu’on les tirera d’affaire.

Si l’on décidait de faire cela, on enfoncerait le pays dans la stagnation et celle-ci affecterait le plus ceux qui précisément réclament aujourd’hui une amélioration de leur sort. Dans une bataille de la mondialisation que la France risquerait de perdre, ils seraient condamnés à fournir la chair à canon. Il faut trouver autre chose, plus exactement retrouver les voies du libéralisme bien compris et de la prospérité. Il est tout aussi nécessaire de rétablir des valeurs, solidarité sans doute, mais en premier lieu l’autorité, que doit réussir à incarner l’État, emmené par le jeune président.

Sur l’image que nous observions dans l’introduction de ce texte il faut que les deux visages se contemplent avec confiance et non comme des adversaires prêts à se disputer, pour boire jusqu’à la lie ce calice qui les sépare.

  1. Joseph A. Schumpeter : Capitalism, Socialism and Democracy  – Troisième édition, Harper Perennial Modern Thought, New-York 2008, p.417.
  2. Voir sur ce point : Philippe Aghion : Repenser la croissance économique, Leçon inaugurale du Collège de France, Fayard 2016.
  3. Aghion op. cité.
  4. Chantal Delsol : Le Populisme et les Demeurés de l’Histoire Le Rocher, Paris/Monaco 2015.
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  • ben quand 53% des ménages ne payent pas l’impôt et 30% des revenus sont des aides alors oui , une grosse moité des français vit au crochets des autres. c’est l’évidence.

    • C’est partiellement vrai, l’IR ne représentant qu’un quart du budget de l’Etat.
      Il faut donc supprimer la notion d’IR, et ajuster les 3 autres quarts du budget de l’Etat, qui ne peuvent qu’être basé sur la richesse créée (enfin si le terme est adapté dans notre pays chroniquement déficitaire commercialement…)
      On cessera ainsi cette querelle stupide de voisinage, et ce misérabilisme comparé entre « pauvres »…

    • Lamentable, comme si les impôts pouvait soigner la gabegie de l’état francais, ils n’en auront jamais assez ..de plus l’impôt n’est qu’une goutte d’eau dans un grand lac de taxes !

    • Tout le monde paie des taxes, directement ou indirectement :
      – par la TVA
      – par les myriades de taxes sur tout et rien qui gangrène tout dans ce pays.
      – par des prix qui augmentent pour payer les taxes sur les entreprises
      – par les prix qui augmentent pour payer les réglementation ubuesque
      l’un dans l’autre ce qui est donné par l’état est reprit de l’autre et au delà.
      les pauvres paie aussi par le chaumage qui leur est imposé à cause d’un Smic trop haut, par des loyers artificiellement élevé…
      Au final les maigres aides sociale font pale figure à coté des énormes pertes financières consentis pour faire vivre le mythe socialiste.
      On parle souvent des USA et par exemple du salaire minimum à 7,5 $ mais on oublie de dire qu’avec ce salaire on vit beaucoup mieux au USA qu’avec un salaire double en France car tout est moins cher.

    • @claude henry
      Bon courage pour couper dans les revenus de substitution fourni par l Etat…
      Le premier poste de depense de l etat c est les retraites. C est sur que diviser par 2 les pensions soulagerai le budget et donc la pression fiscale mais qui ici est pret a soutenir la proposition ?

    • Un retraité qui parle de ceux qui vivent au crochet des autres, c’est très drôle!!

  • Le sujet d’actualité, c’est l’Europe. Nul doute sue Macron va tout faire pour passer à côté. C’est l’un des buts du grand « débat » national.

  • Un brin d’ optimisme dans votre article, remarquable à tout point de vue. Cela fait deux ans que E.Macron est au pouvoir et ce qu’ il a le mieux manifesté c’ est une faculté indéniable, une persévérance à vendre les bijoux de famille et s’ entourer de la plus malsaine des tribus de technocrates. A la limite oui, il veut restaurer une autorité, je dirai plutôt une rigueur, disparue dans nos administrations, une rigueur de gauche à l’ image de nos anciens instituteurs. Ce débat va en effet accoucher de contradictions, ce qui va permettre au gouvernement d’ abord de se laver les mains, et faire quelques saupoudrages et quelques annonces pour calmer les couards qui ne savent rien faire d’ autre que d’ envier le portefeuille des autres.
    enfin oui, il a tout à fait les moyens, car il a l’ autorité et surtout le pouvoir de tirer les bons leviers quelques soient les revendications de Paul. Un brin de pessimisme: je ne l’ imagine pas du tout s’ y atteler, ni lui ni personne en France.

    • j’ai jamais compris cette notion de bijoux de famille? les entreprises administré par l’état ont toujours été des gouffre financier et des impôts déguisés. n’importe quelle personne saine d’esprit devrait se débarrasser au plus vite de toutes les participations de l’état dans l’économie à n’importe quel prix et inscrire dans la constitution que jamais l’état ne pourra détenir même en partie d’une entreprise.

  • Avant de parler de quelque chose il est préférable de s’informer…

    Donc bien que très conscient que le « GDN » était une tentative de nous « empapaouter » (macron aime les « formules » désuètes) une fois de plus…je me suis donc inscrit pour participer:

    1) Si voter impose de passer dans l’isoloir, donc rend l’exercice anonyme… il faut donner son adresse internet ce qui correspond donc à l’inverse…troublant. Même si on a une adresse « à usage unique »…l’adresse IP ça se trouve…et son propriétaire également.
    Certes il y a des moyens élaborés pour échapper au contrôle mais pas à la portée de tout un chacun…

    2) les questions et réponses sont bien trop « fermées » : essayer de réponse à « comment financer la transition énergétique » quand vous pensez qu’il ne faut pas le financer mais éviter la pénurie en développant le nucléaire (c’est la seule solution à court et moyen terme pour éviter la pénurie en électricité…) : Impossible de répondre à cette question !
    Et qu’il faut laisser le marché se faire (si une réelle alternative technologique apparait , favorisant le bien-être de la planète je suis convaincu qu’elle percera, subventions étatiques ou non)

    Ne parlons pas du sujet de l ‘immigration…
    L’alternative est d’aller participer à un « débat » orienté dans une mairie ? Pour se faire manipuler, hué par des militants de gauche « dure » ? « marqué » au fer rouge et mis sur la liste des « fascistes » à abattre (un maire a déclaré qu’il ne noterait pas dans le compte-rendu qu’il fallait une immigration réduite à zéro…qu’un participant courageux avait demandé)

    Ne parlons pas de l’Europe…actuelle.

    Débat « pipé ».

    Quant au fossé « émancipé » / « enracinés »… je suis CSP + (plutôt CSP ++ et bac C + 12) et pourtant je tiens à mes racines et mes valeurs !
    L’avenir consistant à avoir un enfant en Australie et l’autre en Amérique du Sud ne me tente pas : J’apprécie de ne pas voir mes enfants et petits enfants qu’une à deux fois par an et je pense que l’inverse constitue une souffrance, délétère par ailleurs pour la planète (Avion itératif !)
    Skype a des limites…

  • Les laisser pour compte voudraient surtout qu’on les laisse tranquilles, qu’on ne les catalogue pas comme « des gens qui ne sont rien », comme des « feignants », comme des « illettrés »… Qu’on les laisse travailler en paix sans s’arroger le droit de les taxer à outrance.
    Le président est jeune mais il est surtout immature car aller voir dans le porte-monnaie des retraités pour savoir combien leur prendre est une mentalité d’adolescent en révolte contre son père. Pincer les pectoraux de jeunes délinquants qui font un doigt d’honneur au photographe est indigne d’un président de la république. Permettre à des rappeurs de déverser leurs obscénités à L’Elysée à la fête de la musique relève d’un manque de dignité effrayant.
    Bref tout ce qu’on peut dire sur Macron pour tenter de le valoriser ne m’intéresse pas, il a commis trop de fautes impardonnables.

  • « Mais cette croissance ne doit pas venir de la consommation, car elle aboutirait largement à stimuler des importations qui sont déjà excessives. C’est la production qu’il faut stimuler, en encourageant les investissements.  »
    On ne peut d’adhérer…mais je vous trouve bien indulgent quand vous déclarez : »Il faut donc reprendre, ou poursuivre ce qui avait été mis en chantier, peut-être trop timidement, depuis le début du quinquennat. »

    J’ai bien vu le panneau d’autorisation de travaux et la grande enceinte de 5 mètres de haut entourant le chantier…mais je n’entends aucun bruit derrière, ne peut constater de visu les fruits d’un travail hypothétique censé se faire à l’abri des regards…et aucun bâtiment ne surgit.

    Restriction du périmètre d’action de l’état ! Recentrage sur le régalien !!

  • « Il faut libérer la croissance » euh non..il ne faut pas l’empêcher…c’est différent. Il ne faut pas avoir un chiffre de croissance comme un objectif politique… sinon c’est déposséder les individus de leur liberté de ne rien faire comme de bosser.

    les partisans de la décroissance ou de la croissance sont affectés du même défaut.

    et je dirais même laissez donc ceux qui veulent décroître libres de le faire..INDIVIDUELLEMENT.

    • et il faut de l’optimisme pour imaginer qu’n débat organisé par les politiques en arrive à la conclusion que l’etat doivent se mêler de ses oignons.

      et tout pareil, dans la grande généralité les gens qui manifestent en France en appelle à l’etat .. on a même l’impression d’assister à un simulacre de révolution à chaque manifestation…
      dans un pays libre et démocratique, la France n’est pas véritablement libre, les manifestants sont moins légitimes à représenter le peuple que l’électorat…
      ce n’est pas un débat, la « nation » n’y participe pas..

      grand? plus grand qu’un lapin moins grand que la lune.

  • Un article bien manichéen : Pierre contre Paul. Pour une fois, c’est du manichéisme centriste et non de gauche.

    Pourtant, l’indéniable réussite de Macron est d’avoir uni contre lui tous ceux qui ne sont pas « en Marche » (vers le bord de la falaise à la suite du joueur de pipeau).

  • « …Ce président a la malchance de se trouver devant une caisse où l’on vient justement de se rappeler que les factures laissées par ses prédécesseurs depuis 50 ans n’ont pas été réglées. …. »
    Petite nuance tout de même il est le conseillé fiscal de Hollande, puis le ministre de l’économie depuis 2012.
    « ….la solidarité nationale doit s’exercer au profit des moins-nantis,… » C’est a dire « les plus moins pauvres » ?

    • En effet, ça n’a rien de malchance ! Il savait pertinemment et mieux que tous les autres dans quel état était cette caisse. Et il est difficile de croire qu’il ne sait/savait pas comment restaurer la situation. Mais ça n’est pas sa tasse de thé… Les débats et les discussions pendant des dizaines d’heures, au point que nul ne sait plus ce qui s’est dit et qu’on peut en conclure tout et son contraire, ça ça lui plait !
      Il n’y a rien à en attendre, le seul problème est qu’il n’y a rien à attendre de ses opposants connus non plus.

    • Sans compter qu’il a bel et bien fait partie du système qu’il dénigre en étant ministre de l’économie sous M. Hollande! Il a la mémoire courte!

  • « Ce président (…) hérite de la responsabilité d’un demi-siècle de politiques économiques mal inspirées. » S’il ne veut pas assumer l’héritage, c’est simple, il démissionne sur le champ. C’est une détestable attitude infantile de désigner les fautes de ses prédécesseurs pour amoindrir sa propre responsabilité. La paille, la poutre…

    « Ce qui est demandé en réalité est la restauration d’une autorité. » C’est mal parti avec un président qui se fait complaisamment photographier avec des gibiers de potence, ses nouveaux amis, et qui s’entoure d’une clique de personnages douteux (Ferrand, Castaner, Benalla, Rugy, Gantzer, Schiappa, Griveaux, Juppé, Wargon…)

    Cet article nous décrit un président courageusement libéral face à une foule marxiste haineuse. Cette présentation est une histoire à dormir debout. Plus conforme à la réalité, on observe un président furieusement étatiste qui espère sauver le système en sacrifiant tout ce qui peut l’être, au prix du déclassement brutal des classes moyennes. Loin d’être Thatcher ou Reagan, Macron est plus le Gorbatchev français. La seule chose de libérale dans cette affaire, ce sont les revendications initiales des GJ : moins de taxes, moins de réglementations, foutez-nous la paix !

    Cette évolution de l’Etat obèse était prévisible. A mesure que s’épuise l’argent des autres, que le pillage fiscal, la dette démentielle ou l’impression monétaire ne permettent plus d’alimenter le monstre étatique, la dernière solution consiste à sacrifier des pans de plus en plus larges de la société.

    Face à la révolte des populations sacrifiées, l’Etat obèse sera de plus en plus violent, jusqu’à abandonner la démocratie et ravager le pays, ultime réflexe de survie du parasite arrivé en fin de vie. A moins que…

  • Il n’y pas de grand débat car on n’a pas besoin de débattre de solutions connues de tout les gens qui bossent et n’ont pas le temps de s’endoctriner avec la télé du salon.
    La France est divisée en trois, ceux qui bossent, ceux qui profitent des gens qui bossent et ceux qui aimeraient bien bosser.
    Ceux qui profitent ont évidement besoin de ceux qui ne bossent pas pour continuer a parasiter ,ceux qui bossent n’ont besoin de personne ..parfois ils pensent que ce sont les pauvres ,c’est tellement plus facile surtout que les parasites le disent du matin au soir sur tous les supports mediatiques possibles internet inclus…après vous voulez débattre ,faire des ric des référendums…mais tout ça n’a aucun sens dans un pays comme le nôtre ou la lumière est éteinte depuis tellement longtemps qu’on a oublié que l’homme avait un cerveau pour penser par lui même.

  • Pour moi les seule gilets jaunes sont ceux qui ont lancè le mouvement et qui demandaient le recule de l’état : moins de taxes, moins d’emmerdes, moins de réglementations, moins de paperasses. les autres sont les habituels idiots utiles du socialismes qu’on est sur de retrouver à chaque fois qu’il y a du grabuge, ils sont comme les chiens sous la table près a se jeter sur tout se qui tombe.

  • L’ennui est que M. Macron, jeune certes, n’est pas une locomotive. Il n’incarne ni l’Etat ni l’autorité, mais la mise en scène de l’Etat et aussi, malheureusement, l’autoritarisme souvent. Il a parfois des comportements d’adolescent qui ne cadrent pas avec sa fonction et à force de vouloir intervenir partout en monopolisant l’espace, il finit par ne rien faire de concluant.

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