Plan pauvreté : la redistribution n’est pas la solution

L’État-providence n’est pas à l’origine de notre prospérité. Loin de favoriser la lutte contre la pauvreté, ses dispositifs redistributifs seraient au contraire de nature à la compromettre.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Plan pauvreté : la redistribution n’est pas la solution

Publié le 27 septembre 2018
- A +

Par Ferghane Azihari.
Un article de l’Iref-Europe

Le plan pauvreté annoncé par le gouvernement s’inscrit pourtant dans le prolongement de l’instinct que la misère ne pourrait être combattue que par des dispositifs redistributifs. L’enveloppe de 8 milliards d’euros débloquée pour les quatre prochaines années, les aides dirigées vers la petite enfance, les subventions accordées aux enfants dans les cantines ou l’annonce d’un « revenu universel d’activité » sont autant d’illustrations de la persistance du paradigme redistributif.

Le gouvernement ne procède donc qu’à des ajustements techniques sur le fonctionnement de l’État-providence sans interroger les causes structurelles qui permettent à une civilisation de faire reculer la pauvreté parmi ses membres.

C’est en ce sens que l’examen de l’histoire économique des pays riches est indispensable. Cet examen fournit le recul nécessaire pour réaliser que les facteurs « providentiels » que nous pensions à l’origine de l’élévation du niveau de vie des masses ont en réalité été surestimés.

Dit autrement, l’histoire économique des pays riches invalide l’idée que le combat contre la pauvreté ne serait en définitive qu’une technique d’administration de la charité publique. Comme l’illustrent les graphiques suivants, le recul de la pauvreté dans les pays qui se trouvent être actuellement riches a été amorcé bien avant l’émergence de l’État-providence moderne dans la deuxième moitié du XXe siècle.

Figure 1 : Taux de pauvreté dans certains pays sélectionnés
Source : Martin Ravaillon, The Economics of Poverty, Oxford University Press, 2016.

Note : La manière dont l’auteur mesure la pauvreté est expliquée dans cet article de blog

Figure 2 : Dépenses sociales dans certains pays sélectionnés (% PIB)
Sources : Esteban Ortiz-Ospina and Max Roser (2018) – « Public Spending ». Published online at OurWorldInData.org.

Ce constat est également valable pour les régions qui ont longtemps été désignées sous le vocable de « pays en voie de développement ».

Dans son ouvrage intitulé China’s Great Migration, Bradley M. Gardner, chercheur à l’Independent Institute rappelle utilement que 753 millions de Chinois ont été sortis de la pauvreté de 1981 à 2011, ce qui représentait 50 % de la réduction totale de la pauvreté à l’échelle globale sur la même période.

Or, selon l’OCDE, les dépenses sociales chinoises s’élevaient environ à 8 % du PIB en 2014. Pourquoi penser que l’État-providence serait la solution à la pauvreté subsistante dès lors que ce dernier n’a jamais été décisif pour faire reculer la pauvreté historique ?

 

À l’origine de recul de la pauvreté : une économie productive

Il est aujourd’hui couramment admis que la prospérité d’une civilisation réside dans la croissance de la productivité de son économie. Seule la croissance de la productivité nous permet de subvenir à nos besoins au moindre coût et en mobilisant le moins de temps possible.

Ceci correspond d’ailleurs à la définition de la richesse. Or les faveurs qui favorisent la productivité d’une économie n’ont rien de secret. La première d’entre elles est le développement du commerce et d’une division du travail de qualité où chacun individu se spécialise là où il excelle le plus. Ceci ne s’obtient que dans la mesure où les incitations à commercer et à entreprendre sont préservées contre toute interférence arbitraire.

D’où le besoin d’une réglementation et d’une fiscalité sobres qui récompensent le travail, l’entrepreneuriat et le commerce au lieu de les punir, aussi bien à l’échelle nationale qu’au niveau international. Le second facteur de productivité est le progrès technique et l’accumulation de capital.

Cette accumulation n’est possible que dans un environnement qui récompense l’épargne et l’investissement. Voilà donc les facteurs qui expliquent historiquement notre capacité à produire plus et à subvenir à davantage de besoins, le tout en fournissant moins d’efforts, comme l’illustrent les tableaux 3 et 4.

Figure 3 : Évolution des heures de travail annuelles pour certains pays sélectionnés
Source : Michael Huberman, Chris Minns, The times they are not changin’: Days and hours of work in Old and New Worlds, 1870–2000
Figure 4 : Évolution du PIB par tête pour certains pays sélectionnés (Dollars constants, PPP)
Source : OCDE

L’État-providence n’est donc point à l’origine de notre prospérité. Loin de favoriser la lutte contre la pauvreté, ses dispositifs redistributifs seraient au contraire de nature à la compromettre. En effet, les mécanismes de redistribution n’existent qu’à travers une lourde fiscalisation de l’économie. Or cette fiscalisation ralentit précisément la croissance de la productivité en altérant les incitations à entreprendre, à épargner et à investir. Qu’attendons donc nous pour nous inspirer des réussites historiques pour lutter contre la pauvreté subsistante ?

Sur le web

Voir les commentaires (18)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (18)
  • la culture de la pauvreté .. à de l’avenir malheureusement ,,,et ce n’est pas les mesurettes rafistolés qui changerons là donne … le RSA à été mis en place par Rocard face à l’impuissance de L’ÉTAT pour combattre le chômage !!! et dans un but électorale, nous vous donnons de l’argent ,pas asser ,mais surtout circuler il n’y a rien à discuter… mais ne nous oublier pas ,voter pour nous !!! la prime du silence ..nous sommes généreux envers vous ..le début de la pauvreté organiser par les sois disants élites . par leur incapacité de trouver des où une solution efficace !! et depuis 40 ans d’échec en échec…quelques soient les partis en place !!!

  • sommes nous un pays riche ? nous n’avons plus d’industries , côté exportations nous sommes loin d’être les meilleurs , les cerveaux fuient notre pays , la plupart des jeunes savent à peine lire et écrire ( en revanche ils savent trés bien compter et peser ) , il y a des pauvres et des travailleurs précaires à la pelle……bref , sommes nous un pays riche ?

  • La seule, je répète, la seule façon de réduire la pauvreté, c’est la croissance. Il faut donc favoriser la croissance, notamment en enlevant aux entreprises françaises les boulets qu’elle trainent aux pieds par rapport à leur concurrents et voisins européens.
    Boulets sous la forme d’impôts trop élevés, de charges sociales trop lourdes et de normes et règlements trop nombreux, trop compliqués.
    C’est pourtant simple à comprendre, trop simple pour les Macron, Philippe et Le Maire.

  • Parce que les français se considérant les plus intelligents au monde n’ont aucun besoin d’imiter ceux qui réussissent, puisqu’ils ont raison contre le monde entier. Résultat, comme on peut le remarquer, nous sommes à la traîne par rapport à nos voisins. Bientôt nous serons les derniers! Près de 40 ans avec un chômage de masse mais nos politiciens toujours pas décidés à stopper leurs conneries!

  • Heureusement qu’il y a maintenant le mensuel « Pour l’Éco » pour contre-balancer la propagande d’Alternatives Économiques, apologiste de l’État Providence et de la redistribution.

  • Appauvrir les Riches pour enrichir les Pauvres.? Depuis les Sumériens il y 10.000 ans ça n’a jamais marché.

    • Taper sur les riches pour obtenir le soutien des pauvres, ça marche très bien, quelle que soit l’époque.

      • @MichelO
        Bonsoir,
        Ca marche très bien et l’effet ‘Robin des Bois’ est aussi très puissant.

        • Robin des bois revolait a l’Etat, ce que ce dernier avait pris.

          • @Mélissa H
            Bonsoir,
            Robin des Bois est un mythe : il n’a pas existé. Cependant, depuis le XIVème siècle où il est sujet d’écrits, on peut s’apercevoir que l’Etat veut toujours plus d’argent, qu’il le dépense sans compter, que l’argent amassé perd sa valeur, que ceux qui en sont privés sont toujours les mêmes, et qu’ils sont toujours appauvris qu’elle qu’en soit les raisons sans création de la moindre richesse des ces conditions.

          • Dans de lointaines évocations de Robin des Bois, il est décrit comme sanguinaire : il est capable de décapiter du moine et de l’enfant, dans certaines versions courant XIIIème siècle. De même, la répartition/redistrubution des richesses n’est pas à l’ordre du jour

  • @ Gerald555 , d’accord avec vous sans croissance , et d’une fiscalité galopante , ce n »est pas avec ça, que nous allons changer notre système !!! Heureusement ,nous avons les meilleurs , tels qu’ils se définissent !!!
    au prochain épisode, La Saga en Marche !!!

    • « sans croissance et avec une fiscalité galopante, ça n’est pas demain que nous allons changer notre système »
      Ceux qui en vivent l’ont en effet très bien compris…

  • notre Société est en fin de cycle , il faut repenser la stratégie économique, l’idéologie politique est comme la religion , est une CANGRENE dans nos décisions, je préfère le mot Transformation au mot Réforme qui celui -ci est inéquitable … à mon humble avis ,un constat :tout ces représentants actuelles et anciens ( voir 40 ans d’ancienneté )..politique de tout bord …aux prochaines ,il faut les éliminer une bonne fois pour toute .
    Dans l’intérêt SUPREME DE LA NATION…

  • @ Theo31, le RMI est devenu RSA mais au départ bisous Rocard ..

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Thomas Sowell, économiste et penseur influent, est reconnu pour ses critiques incisives des politiques publiques et des dynamiques sociales de son époque. Nos nombreux billets sur l’auteur peuvent témoigner de la pensée prolifique dont il aura nourri ses contemporains.

À travers ses ouvrages, il aborde plusieurs thèmes clés, notamment la concurrence entre les groupes, les échecs de la discrimination positive, et le rôle des tiers-parties dans la formation des politiques publiques. Nous avons décidé de laisser aux lecteurs l’opportunité... Poursuivre la lecture

Selon l'indice de liberté économique 2023, la Suède fait partie des économies les plus orientées vers le marché. Dans l'ensemble, elle se classe à la 10e place, loin devant les États-Unis (25e) et le Royaume-Uni (28e). Mais les dépenses publiques restent élevées, et bien que les taux d'imposition sur le revenu aient considérablement baissé par rapport aux sommets atteints dans les années 1970 et 1980, ils restent plus élevés que presque partout ailleurs dans le monde.

 

En d'autres termes, malgré la montée des éléments capi... Poursuivre la lecture

L’inflation est un vol et le déficit fiscal est la cause de l’inflation. Voilà à peu près le message économique de Javier Milei après ses quatre premiers mois à la tête de l'Argentine et l'enregistrement du premier excédent fiscal depuis 2008 (de 275 millions de dollars contre toutes les prévisions). Réduction des transferts discrétionnaires aux provinces, des travaux publics et des bureaux politiques, le président revient sur les premières mesures engagées par son gouvernement. Alors que le chemin est encore long pour redresser le pays, ces ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles