Une île en eaux troubles : plongée dans la crise de l’eau à La Réunion  

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Une île en eaux troubles : plongée dans la crise de l’eau à La Réunion  

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 6 juillet 2025
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Arrosée de pluies intenses, La Réunion peine pourtant à fournir à ses habitants une eau potable de qualité. La faute à la géographie et au climat locaux, mais aussi et surtout à l’enchevêtrement de responsabilités politiques locales et nationales, les collectivités réunionnaises ne parvenant pas à réaliser les investissements nécessaires.

L’hiver austral vient de débuter à La Réunion. Pour les habitants de l’île française, cette saison, traditionnellement plus sèche et fraîche que l’été, est l’occasion de souffler un peu après la moiteur et les fortes chaleurs de la période cyclonique.

Après le mois de juillet 2024 « le plus sec jamais enregistré à La Réunion », selon Météo-France, le déficit de précipitations a atteint -75% en moyenne sur l’île. Dans l’est du département, plusieurs communes ont subi des coupures d’eau régulières, les habitants devant être ravitaillés par citerne quand d’autres faisaient des réserves d’eau en bouteille. Les agriculteurs ont bien évidemment été les premières victimes de cette crise qui, pour le maire de Saint-André, dans l’est, a mis en lumière « la nécessité de repenser les infrastructures hydrauliques » de l’île.

Beaucoup d’eau, mais peu d’eau potable : aux sources de la crise réunionnaise

La Réunion est un paradoxe hydrologique. Tropicale, l’île est régulièrement arrosée de pluies torrentielles, qui alimentent cascades, rivières et bassins qui contribuent à la réputation de la destination auprès des touristes. Mais la ressource en eau douce est menacée : en quantité, comme la sécheresse de 2024 l’a démontré ; et en qualité, 5% des quelque 900 000 Réunionnais vivant dans un secteur où l’eau distribuée est impropre à la consommation, et 50% dans une zone où existent, selon Jean-Marie Potin, président de l’antenne locale de l’association UFC-Que Choisir, des « risques avérés et potentiels » pour la santé humaine.

Plusieurs facteurs concourent à cette situation. Le premier d’entre eux, et de loin, est lié à la géographie et au climat si particuliers de « l’île intense ». Les pluies diluviennes et soudaines, conjuguées à l’urbanisation galopante, entraînent d’importants effets de ruissellement des sols, qui peuvent contaminer les sources d’eau potable. Les activités agricoles et pastorales, souvent rapprochées des zones habitées, contribuent également à polluer les rivières et nappes phréatiques avec des pesticides ou déjections animales.

Les collectivités réunionnaises face à un « mur d’investissements »

Si l’eau qui coule du robinet des Réunionnais est parfois d’une couleur et d’une potabilité douteuses, c’est aussi en raison – ou à cause – des défaillances des acteurs locaux qui en ont la charge. À commencer par les collectivités locales et intercommunalités, qui portent la responsabilité directe de la gestion de l’eau. Juridiquement compétentes, les communes (ou groupements de communes) sont notamment responsables du choix des sources captées, de la construction et de l’entretien des infrastructures (réservoirs, stations de traitement) et de la mise aux normes sanitaires.

Or c’est là que le bât blesse. Confrontées au vieillissement du réseau de distribution, qui laisse s’échapper en moyenne 37% de l’eau potable, les collectivités réunionnaises font face à ce que Thomas Billebeaud, spécialiste à l’Office de l’eau, appelle un « mur d’investissements ». De son côté, l’État (via la préfecture ou l’ARS, l’agence régionale de santé) se limite à une fonction de contrôle et de signalement, sans toujours disposer des leviers légaux pour contraindre les collectivités territoriales à agir.

En 2014 pourtant, l’État avait mis une quinzaine de communes de La Réunion en demeure de mettre en conformité les installations utilisées par les exploitants, qu’ils soient publics ou privés. Deux ans plus tard, un « plan eau potable » avait bénéficié, sous l’impulsion de l’ARS et de la préfecture, de 117 millions d’euros, dans le but de construire des micro-stations de potabilisation. Insuffisant, pour les habitants excédés ou pour Christophe, un lanceur d’alerte interviewé par La 1ère, qui confie être « dans une incompréhension totale de l’inertie de l’État ».

 Quand le privé paie l’ardoise des communes

Opérant à La Réunion dans le cadre de délégations de service public (DSP), les deux grands acteurs privés de l’eau (Saur et Veolia, via leurs filiales locales) s’efforcent de leur côté de fournir une eau de qualité aux clients réunionnais, tout en étant tributaires des infrastructures gérées par les collectivités. C’est dans ce contexte que Cise Réunion, une filiale du groupe Saur, vient d’être condamnée à indemniser des dizaines de milliers de clients pour leur avoir distribué de l’eau non buvable.

En effet, les opérateurs bénéficiant d’une DSP sont tenus de délivrer une eau potable à leurs clients, même si ce sont les pouvoirs publics – et eux seuls – qui portent la responsabilité des investissements nécessaires pour garantir la production d’une eau de qualité. Un imbroglio administratif, qui s’il paraît satisfaire provisoirement les parties, risque de ne pas encourager les acteurs privés à s’aventurer, à l’avenir, sur un marché si périlleux.

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  • C’est la France, c’est la même chose en métropole. La France métropolitaine reçoit sur son sol, une fois et demi, tous les ans, sa consommation d’eau globale. Grosse modo, 60 % pour l’agriculture, 35 % pour les besoins ménagés et 5 % pour l’industrie.
    Les écolos font tout ce qu’ils peuvent pour empêcher la distribution et la répartition de cette manne céleste. Interdiction de la construction de nouveaux canaux, de barrage et de stockage pendant les mois pluvieux. Ils organisent la rareté et la cherté au point tel que le prix de l’eau en France est plus cher que dans certains pays qui n’en ont pas. (ils font exactement la même chose avec l’électricité et les énergies intermittentes)
    C’est leur but de limiter la liberté des gens en organisant, un pays où tout est cher, même quand c’est pas cher. Sans argent, les Français perdent leur liberté et c’est comme ça qu’on peut les « tenir ». Dans le temps, il y avait la religion, puis le socialo-communisme qui s’est reconverti en écolo pour faire peur et assujettir les Français.
    Et grâce a un matraquage médiatique intense et scolaire ils vont arriver à fabriquer une génération de petits toutous.
    J’espère que les Français vont réagir, mais c’est pas gagné

    -1
    • Que ce soit les Antilles la Réunion la Guyane……la gestion de ces collectivités territoriales est une véritable calamité……la métropole à côté est correctement tenue même s il y a bien des trous dans la raquette….

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