L’enfer est pavé de bonnes intentions (21) – L’antiracisme

C’est une éternelle rengaine. La main sur le cœur certains se targuent de défendre l’antiracisme… mais – surtout quand il y a des arrière-pensées politiques – cela se fait à géométrie variable.

Par Johan Rivalland

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L’enfer est pavé de bonnes intentions (21) – L’antiracisme

Publié le 4 décembre 2023
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En ces temps particulièrement agités, qui ne s’associerait pas volontiers à la lutte contre l’antiracisme ? Certains êtres primaires sans doute hélas, car il est de fait que des actes et des paroles racistes ont lieu depuis toujours et tendent à se développer ces dernières années et ces dernières semaines, notamment avec la montée des tensions communautaires ou internationales. Mais faut-il pour autant, comme le suggèrent certains, en venir à contrôler une liberté d’expression, déjà mal en point ?

 

Quand on cherche à éliminer l’adversaire…

L’assaut vient, cette fois, du sénateur communiste Ian Brossat. Probablement désireux de faire parler de lui et de justifier ses mandats, rien de tel que de défendre en apparence une idée chère au plus grand nombre : agir contre le racisme et l’antisémitisme. Idée d’autant mieux venue que c’est dans l’air du temps après la grande marche contre l’antisémitisme du week-end dernier qui a réuni des milliers de personnes et nombre de personnalités de tous bords politiques… ou presque. Mais surtout, il s’agit là – il faut bien se le dire – d’un moyen bien commode de caricaturer un adversaire et de réclamer sa tête.

Car en effet, si l’on se réfère à cette courte séquence diffusée sur le réseau X, le sénateur ne se cache pas dans sa volonté d’apparenter Éric Zemmour – et nul autre – à la haine, au racisme et à l’antisémitisme. Nous avions la personnification de La Mort, nous avons maintenant celle de La Haine et du Racisme.

 

Une ficelle un peu grosse

La ficelle est un peu grosse (et je ne suis pas là pour défendre particulièrement Éric Zemmour). D’autant plus grosse que, comme le relèvent aussitôt les commentateurs de ce message, il y a beaucoup à dire de ceux qui prétendent afficher ainsi leur vertu. Mais personne n’est complètement dupe.

A-t-on oublié, demande l’un (affiche historique à l’appui), que le parti auquel adhère notre sénateur vertueux a un passé pas toujours très glorieux en matière d’antisémistisme ? Ou qu’il a été responsable, selon certaines estimations de chercheurs, de rien moins que 100 millions de morts, interroge un autre ? Et quid de l’antisémitisme de Karl Marx, inspirateur du même communisme ?

Bien sûr, nous ne sommes pas là pour dresser une liste exhaustive de toutes les réactions à ce message (et nous aurions pu en citer beaucoup de tout à fait légitimes). Mais quand même… Qu’un représentant d’un parti qui est très loin d’avoir toujours été clair sur ces questions mette en avant sa vertu et son exemplarité pour s’attaquer ainsi à une cible exclusive et à travers elle s’attaquer surtout à la liberté d’expression, pose problème.

 

Une liberté d’expression à géométrie variable

C’est d’autant plus navrant que l’on sait tous que les représentants de la justice en France, surtout lorsqu’ils militent auprès d’un syndicat réputé très engagé, n’apparaissent pas toujours comme tout à fait neutres dans leurs décisions. On sait aussi que les accusations de racisme, d’antisémitisme, ou même d’autres propos ou actes odieux, vont parfois bon train, dans la mesure où elles permettent de mettre facilement en difficulté un adversaire et de l’éliminer au moins temporairement ou le décrédibiliser plus durablement.

Donc où commencent et où s’arrêtent la liberté d’expression, la chasse à la parole équivoque ou qui pourra être interprétée de telle ou telle manière, suspectée de telle ou telle arrière-pensée, pourchassée devant les médias puis le cas échéant devant la justice ?

La question vaut la peine d’être posée, car au-delà des apparences se cache trop souvent de la mauvaise foi, de mauvaises intentions, des arrière-pensées politiques. Il est certainement plus sage de s’en tenir aux textes existants et de les appliquer : les actes et propos racistes ou antisémites sont susceptibles d’être jugés et condamnés, très bien. N’y mêlons pas de prétendues bonnes intentions destinées à semer la zizanie dans la prise de parole, notamment politique, et aboutir en pratique à des campagnes de chasse aux sorcières peu glorieuses et souvent très violentes.

Surtout quand on se trouve sur un terrain fragile et miné, où règnent clairement une certaine dose de mauvaise foi, d’aveuglement, de naïveté, voire de mensonges. Quand il ne s’agit tout simplement pas… de peur.

 

Postures et impostures

Une fois encore, nous sommes là dans les habituelles postures politiques. Défendre la vertu, mais détourner le regard en cherchant à pointer du doigt l’arbre qui cacherait la forêt…

N’est-ce pas au sein de cette gauche présumée si vertueuse depuis au moins Robespierre, et adepte des révolutions, que l’on pratique le mieux la privation de la liberté de parole ?

Au lieu de prendre le risque de créer des tensions supplémentaires en brandissant sans arrêt l’arme du racisme et de l’antisémitisme, dont tant de mouvements ou associations aux intentions équivoques nous ont habitués, nous pourrions par exemple de nouveau conseiller une lecture plus saine et faisant bien davantage appel à la Raison : « Faut-il tolérer l’intolérance ? », sous la direction de Nicolas Jutzet. Voilà qui vaudra bien mieux que de simples raccourcis aux intentions à peine voilées.

 

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  • l’antiracisme est à mon opinion TOUJOURS une bonne chose…mais ceux qui s’en revendiquent par contre…

    • Le racisme est une mauvaise chose. En déduire que l’antiracisme en est une bonne, c’est une extrapolation osée et gratuite aurait dit mon prof de maths, avec un zéro pointé.

    • On est tous raciste d’une catégorie/race/partie de la population, qu’on le veuille ou non… Dire qu’on est « anti racisme » n’a en effet aucun sens, car généralement, ça tourne au double standard quand on creuse 🙂

    • Il faut avoir la politique modeste (*).
      Je me méfie toujours des antis.
      Pourquoi ne pas simplement dire qu’on n’est pas raciste ?

      * Surtout quand on appartient à un mouvement qui ne veut pas voir le racisme anti-blanc.

      • Pourquoi ne pas simplement dire qu’on n’est pas raciste ?
        Par ce que tout le monde l’est à un niveau ou un autre. La « race » est la caractéristique évidente et première par laquelle on accède à « l’autre » (avec le sexe). Elle est donc le fondement du groupe le plus évident, et comme la préférence intra-groupe est la caractéristique première des espèce animales qui prospèrent (genre l’humain, au hasard), elle est forte chez nous.
        Trouver que ce n’est pas glorieux et que l’individu devrait être regardé sur ses propres mérites et non son appartenance à quelque groupe soit il n’empêche pas que cet instinct est là… Et qu’il n’est pas forcément mauvais s’il ne conduit pas à la violence ou l’aveuglement sur les qualités et défauts des individus concernés.

        • Certaines femmes remarquent d’abord les signes extérieurs de richesse. 😱
          Voilà de quoi introduire la sentence d’un psychologue canadien :
          – Ce que l’on vise détermine ce que l’on voit.
          Il est vrai que nous tendons à caractériser. A réduire la complexité à quelques critères pertinents. Pour savoir à qui nous avons affaire. Pouvons-nous faire confiance ? Devons-nous fuir ?
          Mais nous avons dépassé la préhistoire. La couleur de peau, l’appartenance à la tribu n’est plus un critère pertinent.
          L’évolution nous en a fait préférer d’autres : l’attitude, l’expression du visage, l’accoutrement, etc.
          Aujourd’hui, le racisme n’est plus naturel, ni inné. C’est devenu un constructivisme.

  • Le racisme a mille facettes moins une : le racisme anti blanc. Celui-là, c’est pas du racisme.

  • Ces gens sont anti-racistes comme ils sont anti-capitalistes. Je ne jamais vu personne plus attirée par le pognon – celui des autres – qu’un anti-capitaliste.

  • « L’antiracisme » a été inventé dans les années 80 pour scinder la droite en deux courants.
    Une droite consciente que l’immigration massive allait tuer le pays, mais « infréquentable » parce que « fasciste » et une droite miamiam qui était sommée de collaborer si elle voulait avoir accès au pouvoir et aux postes bien rémunérés.
    Même Jospin a avoué en 2007 que « l’antifascisme » était du pur théâtre et que la menace « d’estrème drouate » n’a jamais existé.
    .
    Ça a tellement bien marché que l’opposition au socialisme a été éradiquée et que l’état Français avec 58% du PIB est maintenant le plus gros au monde juste après la Corée du Nord.

    • Si vous appelez socialisme tout ce qui est démocratie libérale avec de gros morceaux d’impôt dedans, ça se tient.
      Si vous appelez socialisme ce qui sort du chapeau du PS, alors remarquez qu’il a fait l’objet d’une punition divine. Jospin – le négationniste de l’insécurité – écarté en 2002. Hollande infoutu de se représenter. Hamon autour de 6 % – avec les écolos. Hidalgo à moins de 2 % – sans les écolos.
      Et le RN qui monte, qui monte.
      La petite combine mitterrandienne a fait pschitt ! Et le boomerang a fait boum !

      -1
      • Et c’est parce que la gauche a fait « boum » que l’état Français est le champion mondial de la taille, de la fiscalité, de la dépense et de la distribution sociale ?
        La Suisse avec 800 votations en 30 ans et qui est classée 4ème pour les libertés économique est une démocratie libérale, le Danemark ou la Suède avec leur classement de 12ème et 15ème sont aussi avec quelques guillemets des « démocraties libérale », la France qui est 71ème non.
        .
        Elle n’est pas du tout démocrate et encore moins libérale. C’est un régime socialiste d’économie administrée par un énorme bureaucratie et elle a tous les stigmates de l’effondrement des régimes socialistes.

        • En somme, le PS a disparu parce que son règne est advenu ?
          Le Verbe s’est fait chair…
          Mouais.

          • Le PS n’a pas « disparu », c’est Macron qui est un ex-encarté PS qui l’a renommé LREM et en a profité pour englober aussi des éléments de la fausse droite qui ne défend rien à part la gamelle et les privilèges de caste.
            .
            Effectivement, le règne du socialisme est arrivé, vous croyez qu’un état à 58% du PIB n’est pas une réalité tangible ?
            La gauche qui infeste la bureaucratie contrôle tout et tous les acteurs de la caste gouvernante ainsi que les corporations, syndicats et associations sont conviés au banquet.
            Et quel banquet !
            .
            1000 milliards de dettes en plus des pillages fiscaux… Le politburo arrose sec et c’est pour cela que cette caste d’incompétents et de demeurés est toujours au pouvoir. La gauche a littéralement acheté le peuple et toutes les institutions avec le propre argent de l’économie et celui de la dette.
            .
            L’effondrement est bien là avec tous les stigmates de l’effondrement des économies administrées.
            Macron est un peu le Boris Eltsine de la France, l’intelligence et l’alcoolisme en moins.

  • On sait tout en l’oubliant souvent que le préfixe « anti » soutient une attitude agressive dont de prétendus pacifistes font leurs choux gras. Lévy-Strauss admettait qu’un instinct de répulsion naturelle allogène existait chez tous les peuples. On doit l’admettre, à moins de se placer comme des êtres au-dessus de la mêlée. Il n’est donc pas déraisonnable de croire que les nouveaux arrivants doivent de prime abord s’habituer aux mœurs de ceux qui les accueillent, lors même qu’on trouve aujourd’hui la préconisation de l’inverse…
    Quant à moi, j’admets franchement éviter et ne pas fréquenter, par exemple, ceux qui ne font rien et ne feront rien pour me faire oublier leur couleur. On ne peut pas se dire de droite car la Droite n’a jamais été qu’une notion de la Gauche qu’elle s’est inventée et qu’elle déclinera selon les circonstances; et de ce point de vue, ceux qui la combattent sont tout au plus des « anti-Gauche », une position qui me semble salutaire.

    • Oui, mais vous jugez avec le prisme français ou gauche et droite ne défendent plus que les privilèges d’une caste qui est à la tête du plus gros état socialiste au monde.
      Dans un monde normal, l’idéologie de gauche qui est l’égalitarisme est forcément aussi étatiste, puisqu’il faut obligatoirement une énorme bureaucratie policière pour voler aux uns et distribuer aux autres.
      La France en somme: état à 58% du PIB, 71ème pour les libertés économiques, champion mondial de la fiscalité et de la distribution sociale.
      .
      L’idéologie de droite c’est normalement le libre-marché, donc un état limité autant que possible au régalien, une grande liberté économique, une faible imposition et régulation des entreprises.
      La Suisse: état à 35% du PIB, 4ème pour les libertés économiques.

  • S’il ya bien un proverbe que devient de plus en plus vrai, c’est bien celui-là.
    Quant au sénateur Ian Brossat, ses interventions deviennent de plus en plus caricaturales. A sa décharge cependant, il faut reconnaitre, hélas, qu’il est souvent imité par de nombreux confrères tant à l’assemblée nationale qu’au sénat.

  • Les commentaires sont fermés.

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