Par Johan Rivalland
Comment peut-on encore dire aujourd’hui que « les pauvres sont toujours plus pauvres, et les riches toujours plus riches » lorsqu’on sait qu’il n’y a jamais eu aussi peu de pauvres malgré la forte croissance démographique planétaire, et que la pauvreté pourrait quasiment disparaître d’ici 50 ans sous l’effet du dynamisme des échanges et de la mondialisation en particulier ?
Seule l’ignorance peut expliquer ceci. Et elle se trouve entretenue par des gens peu scrupuleux qui ne sont là que pour défendre des idéologies qui ne font que développer la pauvreté et les malheurs qu’ils entendent pourtant dénoncer.
Cet ouvrage d’Yves Montenay demeure, pour moi, onze ans après sa sortie, un ouvrage fondamental et de référence, que je souhaite relire dès que j’en aurai l’occasion. En effet, à travers de nombreux faits et chiffres tout à fait officiels il met à mal, et de manière parfaitement fondée de multiples contre-vérités qui nous sont assénées à longueur de temps par des idéologues sans vergogne qui causent beaucoup de mal à notre monde, jouant en permanence sur l’ignorance et la crédulité de la plupart des gens, abreuvés plus souvent de contre-vérités que d’éléments plus objectifs.
Défaire un certain nombre de mythes
L’auteur de cet essai commence ainsi, dans une première partie, par dénoncer et démonter un certain nombre d’idées fausses et tenaces, à l’image du mythe de la colonisation, inspiré en fait (peu le savent) par Lénine dès 1917 dans son ouvrage L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, puis d’autres mythes entretenus par les émules du système soviétique et du communisme, à l’image de ceux du pillage, ou encore de l’échange inégal, qui ont malheureusement la dent dure.
Idéologies que la chute du mur de Berlin et l’écroulement de l’Empire soviétique n’auront pas suffi à détruire, le passage du tiers-mondisme à l’antimondialisation ayant assuré le relais des thèses anticapitalistes, coexistant entre autres avec les apologistes de la croissance zéro. De même en va-t-il du mythe du surpeuplement, au sujet duquel Yves Montenay dénonce l’échec des mesures brutales mises en Å“uvre (stérilisation en Inde, enfant unique en Chine…).
Les véritables facteurs explicatifs du sous-développement
Dans une seconde partie, Yves Montenay montre que les vrais problèmes sont « les hommes et leur gouvernement » davantage que tout autre avatar.
Les exemples positifs du Japon, des dragons et tigres asiatiques, entre autres, sont là pour en témoigner. Éducation, alphabétisation, poids des traditions, systèmes bureaucratiques, corruptions, dictatures, guerres, règles juridiques pas toujours bien établies ou respectées sont les véritables facteurs explicatifs, que l’auteur expose à travers diverses illustrations.
Et les pays où « l’argent tombe du ciel » (aides, crédits, ressources pétrolières ou hausses du prix des matières premières) sont souvent ruinés. L’argent n’y bénéficie pas à ceux à qui il devrait aller, mais bien plutôt à une petite nomenklatura corrompue. Ainsi, le simple transfert de technologies ne suffit pas en tant que solution. Et que faire lorsqu’un pays comme le Zimbabwe tombe dans la famine suite à une réforme agraire imposée de manière autoritaire ? Sans oublier les vraies pistes, à l’image des OGM, qui se trouvent écartées pour leur préférer des notions à la mode comme le développement durable ?
Comment agir ?
Dans ce contexte, Yves Montenay montre dans une troisième et dernière partie que la meilleure aide n’est pas l’aide au sens où on l’entend habituellement, qui a largement fait la preuve de son inefficacité et de son contre-emploi, mais à l’inverse passe par une meilleure coopération, et par la fin des considérations idéologiques qui ne visent qu’à attaquer le capitalisme et le libéralisme, peu nombreux étant finalement « les plus sincères (qui) sont persuadés que nos sociétés sont profondément injustes, voire haïssables ».
Notre auteur propose des pistes plus ambitieuses, qui s’écartent « des idéologies ne tenant aucun compte des succès des pays plus sérieux » et menant à des « expérimentations » du type de celles que mena Pol Pot en éliminant un tiers de la population cambodgienne (et inspirant en partie celle menée au Zimbabwe aujourd’hui).
Un ouvrage à lire, et que je vous laisse découvrir. Une référence. Un essai extrêmement instructif et plein d’espoir pour l’avenir, qui montre que « le développement n’est pas une question d’argent ».
Très utile pour y voir clair.
— Yves Montenay, Le mythe du fossé Nord-Sud ou Comment on cultive le sous-développement, Les Belles lettres, mai 2003, 214 pages.
Combattre la pauvreté c’est très difficile et ça demande beaucoup de compétences en économie, il est finalement plus facile de combattre la richesse.
“Et les pays où « l’argent tombe du ciel » (aides, crédits, ressources pétrolières ou hausses du prix des matières premières) sont souvent ruinés.”
Dans le genre, il est difficile de faire pire que Nauru, ce bref “paradis du socialisme” où, avec l’indépendance, la collectivisation de pratiquement toute l’économie (95% d’emplois publics avec logements de fonction + eau nourriture et électricité fournies par l’état) a rapidement dilapidé le trésor de phosphate et l’avenir des Nauruans: http://jesrad.wordpress.com/2007/08/01/nauru-les-lecons-du-passe/
@ l’auteur
« …la pauvreté pourrait quasiment disparaître d’ici 50 ans sous l’effet du dynamisme des échanges et de la mondialisation en particulier ? Seule l’ignorance peut expliquer ceci. »
1° – Pauvreté et richesse sont relatives et existent l’une par l’autre, ce qui exclut tout simplement de pouvoir supprimer ni l’une ni l’autre. Ce pourquoi ne vouloir que des riches est tout aussi aussi stupide que de vouloir leur anéantissement.
2° – Chacun est le riche ou le pauvre de plus pauvre ou de plus riche que soit et il est dans la nature humaine d’envier le sort de plus riche que soi.
3° – L’activité humaine a pour effet d’enrichir la société, sans autres limites que les ressources de son habitat, ce qui ne peut avoir comme effet (tant que ces ressources le permettent) que d’accroître l’écart et les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres et signifie – à population croissante –, une augmentation constante du nombre des uns et des autres.
4° – Les institutions les plus crédibles admettent l’existence d’environ 1.5 milliard de pauvres profonds (vivant avec moins d’un € par jour) parmi les hommes, chiffre à rapprocher des 250 millions d’êtres humains – de toutes conditions – ayant peuplé la terre au début de notre ère. Chiffres à prendre en compte pour apprécier les effets du progrès.
L’ignorance n’est-elle pas pour la moins partagée ?
Tiens, un champion qui confond pauvreté et inégalité. Cela aura pas mal trollé cet été dans le coin.
Bah en même temps l’auteur de l’article n’a pas défini la notion de pauvreté qu’il emploie, donc forcément, certaines de ses affirmations peuvent paraître un “tombées du ciel” …
si tout le monde luttait vraiment contre la pauvreté, sans attendre que ça tombe tout cru , le problème serait résoluble .