Chasse à l’homme contre la liberté d’expression

Un épisode de plus dans la guerre à la liberté d’expression : « la traque des étudiants de droite » à l’Université de Grenoble par des milices d’extrême-gauche.

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Chasse à l’homme contre la liberté d’expression

Publié le 14 mars 2023
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Ce n’est pas la première, ni la dernière fois. Des extrémistes mus par la plus intolérable des intolérances s’en prennent à des étudiants de droite qui avaient organisé une conférence à l’Université de Grenoble. Grenoble, décidément… C’est déjà dans l’IEP de la même ville que des censeurs aux méthodes dignes d’un Tribunal révolutionnaire s’étaient attaqués à un enseignant de civilisation allemande, faisant régner leur terreur, toujours avec le même fond de haine et de violence. Niant la liberté d’expression, lorsqu’elle ne va pas dans leur sens (unique).

 

Museler les voix dissidentes

Dans un article de 2018, j’évoquais la liberté d’expression mal en point. Sujet hélas intarissable, puisque les choses en la matière ne s’arrangent pas véritablement, loin s’en faut. Une fois encore, l’actualité nous donne l’occasion de l’illustrer.

De quoi est-il question ?

D’une information dont je prends connaissance ce jour en parcourant simplement rapidement la presse. Des groupuscules d’extrême gauche ont – une fois n’est pas coutume – « empêché une conférence organisée par le syndicat étudiant UNI et intimidé les militants de droite ». Recourant aux pratiques que l’on peut qualifier d’habituelles des organisations prétendument « antifascistes », dont on ne connaît que trop la propension à recourir à des méthodes pouvant s’inspirer justement de ce qu’ils seraient censés dénoncer. C’est-à-dire la violence, la haine, les menaces, la censure, l’intolérance, l’impossibilité du dialogue et du débat, la chasse à l’homme, la terreur. Excusez du peu ! Pour des donneurs de leçons, bravo !

Je m’exprime ici en tant que simple observateur puisque je ne suis pas de droite (et encore moins de gauche, j’y reviendrai). C’est la liberté d’expression qui me préoccupe. J’ignore quelles positions défend l’UNI et je ne veux pas vraiment le savoir mais je constate que certains entendent contrôler la parole, déniant à ceux qu’ils qualifient – comme nous y sommes habitués, car les étiquettes sont toujours bien commodes lorsqu’on veut catégoriser, décrédibiliser et faire taire – « d’extrême droite ». Y compris pour une conférence qui, semble-t-il, ne portait pas directement de message politique.

Le maire de Voiron, contraint de reporter la conférence qu’il devait donner (c’était lui l’invité), écrit à juste titre que « ces menaces sont l’expression d’une toute petite minorité, de jeunes très radicaux qui décident que toute formation politique, au-delà du centre gauche est d’extrême droite et qu’on peut la faire taire par la violence ». Ce qui rejoint bien ce que nous sommes habitués à constater avec les gens situés très à gauche, qui sont dotés d’une conception bien à eux et très étriquée de l’échelle politique et du droit de s’exprimer.

Quant à la chasse à l’homme évoquée en titre, elle fait référence à ce qui est relaté dans l’article du Figaro : des militants qui s’étaient rendus à la conférence et ont dû quitter les lieux dans la précipitation ont, semble-t-il été traqués jusqu’au tramway, où une sorte de Gestapo cherchait à identifier les « suspects » (on peut s’interroger une nouvelle fois sur les méthodes employées par ces « antifascistes »…).

 

Liberté d’expression ?

Si je ne suis pas « de droite », comme je le disais plus haut, et peu porté sur la politique en raison de toute la perversité et la fausseté qu’elle induit, je suis encore moins « de gauche », les gens de gauche ayant toujours cette aptitude à avoir « la main sur le cœur » en théorie (mais pas toujours en pratique) et me semblant trop souvent intolérants (sans le vouloir et sans en être conscients), alors même qu’en théorie ils défendent toutes les valeurs qui devraient être celles de la tolérance, de la liberté d’expression, du dialogue, du débat. Cela dit, je ne généralise pas non plus car je connais de nombreuses personnes de sensibilité de gauche (à commencer par la plupart des personnes que je fréquente quotidiennement et de mes amis) et cela ne me dérange aucunement, surtout lorsque c’est sincère et que ces personnes n’ont pas de véritable engagement politique. Mais force est de constater que les personnes de gauche ont du mal à supporter ce qui n’est pas « de gauche », ayant une tendance à le caricaturer et à le rejeter manu militari. Pour ma part, je ne parle pratiquement jamais de politique (et écris très rarement sur des sujets de politique). Quant aux personnes engagées « à droite », il apparaît inexorablement qu’elles ne parviennent pas vraiment à « guérir du complexe de gauche », pour paraphraser partiellement le titre d’un ouvrage de Thierry Wolton déjà brièvement présenté ici.

Toujours est-il que beaucoup de personnes, de gauche en particulier, ont un problème avec la liberté d’expression. Les exemples sont hélas légion, et trop nombreux pour que nous puissions en dresser un inventaire. À titre d’illustrations, nous pouvons citer – outre les exemples traditionnels maintes fois présentés ici à travers entre autres l’évocation des ouvrages de Sonia Mabrouk, Eugénie Bastié, Fatiha Agag-Boudjahlat, André Perrin, François Sureau, qui fourmillent d’exemples – quelques faits récents de l’actualité.

Comme ces syndicalistes qui menaçaient les élus partisans de la réforme des retraites de « s’occuper d’eux », on s’en souvient ; ou toute cette agitation détestable dont ont fait preuve des élus de la NUPES, toujours au moment de l’examen de la réforme des retraites, donnant un triste spectacle à l’Assemblée et ailleurs, mêlant à l’agitation permanente les insultes, menaces, diffamations et tout ce qu’il y a de plus déplorable dans la vie politique, ce à quoi s’ajoute de manière plus générale une hystérisation de la vie politique.

Sans oublier cet épisode particulièrement fâcheux et déplorable de cette ministre de la Culture qui entendrait museler les chaînes de télévision qui n’ont pas l’heur de lui plaire. Où va-t-on !

Ou encore cette jeune actrice que je ne connaissais pas et contre qui je n’ai rien de particulier (puisqu’il semblerait qu’ensuite elle se présente en victime de ceux qui seraient tentés de dire du mal d’elle) qui n’hésite pas quant à elle à accuser le gouvernement d’être « composé de violeurs » et d’en appeler à l’avènement du communisme, faisant fi des « Inventaires du communisme » tels que François Furet par exemple en dressait un aperçu (même si je ne lui nie pas le droit de le faire, mais peut-être pas en usant de cette violence verbale et de cette haine qu’elle déverse à travers ses propos : « renverser le capitalisme », « imposer le rapport de force », « exiger », « leur monde de merde », et autres douceurs à replacer bien entendu dans leur contexte).

 

Le détournement sans complexe du vocabulaire

À propos de vocabulaire, nos amis de gauche si pleins de tolérance et d’assurance sans fard sur ce que veut le peuple, n’hésitent jamais – pas à une contradiction près – à manier sans outrecuidance un langage qui peut faire sourire quand on observe leurs propres méthodes et dont on peut être surpris que personne ne le relève véritablement.

À l’encontre de leurs adversaires ou plus précisément de tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux et les idées qu’ils veulent à tout prix imposer, ils ont l’art et la manière de recourir à un vocabulaire qui paraît inversé : combien de fois ne les entend-on parler du « mépris » dont fait preuve le gouvernement, quand ce n’est le « passage en force », le « refus de la discussion » (après des mois et des années de palabres, rencontres, et discussions de travail, on a peine à le croire), et tout un langage dont ils ont le secret. Personnellement, cela me fait sourire (jaune) à chaque fois. On discutera « quand ils auront retiré leur projet », un gouvernement « obtus » (eux ne le sont pas), etc. (les tracts syndicaux regorgent de formules plus paradoxales les unes que les autres).

La réalité, surtout lorsqu’on a affaire à des mouvements de militants d’extrême-gauche, est celle d’idéologies mortifères et protéiformes, dont l’intolérance, les idées radicales et le refus du dialogue réel, rendent plus proche du fascisme qu’ils ne le pensent. Chez beaucoup d’entre eux, la démocratie n’est que de façade et leurs prétentions dopées à coups d’argent magique, au sein d’un monde mu par « l’économie du diable » sont perverties par l’ignorance et le culte de la médiocrité.

Alors, continuerons-nous à tolérer l’intolérable et l’intolérance ou parviendrons-nous à restaurer la liberté d’expression dans ce qu’elle a de plus cher et de plus fondamental au regard des droits humains ?

 

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  • Je rappelle souvent cette citation d’une des idoles de la gauche, Salvador Allende : “Pour un journaliste de gauche, le devoir suprême est de servir non pas la vérité, mais la révolution”

    Sur des bases pareilles, tout est permis.

  • Avatar
    jacques lemiere
    14 mars 2023 at 7 h 40 min

    que les antilibéraux soient contre la liberté d’expression rien de plus normal.. mais ce qui peut inquiéter est qu’ils soient écoutés et obéies par la majorité…

    le double standard est une des caractéristique de la gauche extrême..

    LES REGLES ET LOIS SONT FAITES POUR CHATIER LES MECHANTS.
    …egocentriques..aristocratiques..tyranniques..
    Mais que ce soit en france ou aux usa, la conclusion à tirer devrait être simple pour un patron ou un parent, n’employez pas d’universitaires et n’envoyez pas vos gamins dans les facs..

    et non ce n’est pas une perversion c’est une dérive NORMALE de l’Université financée par de l’argent public. qui en vient à hair la concurrence…et vouloir la faire taire..pour conserver son pouvoir..son salaire et son prestige. c’est l’honnêteté individuelle des individus qui permet de contrer..or..elle est mise en balance avec la feuille de paie..
    tout comme la recherche publique et l’education publique il faut mettre en place des gardes fous …si les chercheurs et enseignants veulent vraiment servir la science..et éviter les dérives idéologiques .

    en science l’argument d’autorité ne vaut rien..

    avec les facs libres et privées vous avez une concurrence des subjectivités…une fac « de droite » PEUT répondre à une fac « de gauche », les argument sont mis sur la table le « public peut trancher, le public peut être certes illogique;…..mais que l’argument ait été présenté change tout..
    avec les facs publiques ..il faudrait exclure la subjectivité!!!! pas simple!!!!

    Pourtant…des tas de gens intelligents, éduqués, rompus à l’analyse critique refusent de l’appliquer à leur domaine par intérêt..ils omettent , voire mentent..
    ils risquent de tout perdre parce que ça finit par se voir!!! sauf à en appeler à un tyran qui les sauve en se servant d’eux..que le tyran soit élu ne change que peu de chose.. sinon que l’arbitraire soit encore plus évident pour les spectateurs…
    le lissenkisme n’est pas une anomalie…

    Une hiérarchie non concurrentielle ..permet et pousse à l’argument d’autorité..

    et les « vraies sciences » ne sont pas épargnées ….

    -1
  • Les partisants de l’utilisation de la violence publique, (cad tous les non-libéraux) ne pourront jamais admettre la liberté d’expresion et la concurrence des idées qui aboutit toujours, tot ou tard, à exposer leur escroquerie.
    Il n’est pas étonnant qu’ayant pris le pouvoir en brisant les barrières qui les en empêchaient au XIXeme siècle, ils utilisent maintenant de plus en plus cette violence pour nous écraser.

  • « Courez le monde avant de le changer, soyez amoureux d’un seul de vos semblables avant de vouloir les sauver tous, réformez-vous vous-même avant de penser au grand soir pour les autres. »
    (Sylvain Tesson)

    -1
  • Liberté d’expression. C’est beau de la défendre. C’est mieux de l’appliquer. Et gentil d’arrêter de me modérer a priori. Systématiquement. J’ai déplu ? J’ai dévié ? J’ai des boutons ?

  • Je ne vois pas où est le problème. Dans tout pays stalinien, on pourchasse le fasciste (= celui qui n’a pas des idées d’extrème gauche). Ne sommes nous pas dans un pays stalinien ? Donc c’est normal de poursuivre et de casser du fasciste. Est-ce qu’un élu à bougé pour dénoncer cette chasse ? Est-ce que des sanctions ont été prises au niveau de l’Université ? Non.
    Alors, où est le problème ?

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