Par Johan Rivalland.
Je regardais tranquillement une intéressante séquence du Figaro live, lorsque tout à coup je sursaute : Quelle mouche a donc piqué le journaliste Vincent Roux (voir vers 11’10) lorsque, à propos de l’Éducation nationale et la mauvaise dérive du Baccalauréat il met dos à dos soudainement (pour ne pas faire de jaloux ?) la gauche, qui entretiendrait « le refus de l’exigence » et le libéralisme, qui s’assimilerait au « refus d’imposer et au refus de la verticalité dans la transmission, de peur d’opprimer la liberté d’apprendre ».
Libéralisme : les idées reçues ont la vie dure
On nage en pleine confusion, en pleine incohérence. Heureusement, Sophie de Menthon, l’une des deux invités du débat, aussi ébahie que moi en entendant cela, réagit aussitôt en disant à un Vincent Roux alors un peu gêné qu’il se méprend complètement au sujet du libéralisme, qui ne s’apparente en aucun cas au laxisme. Rapporté au sujet du jour, il se caractérise au contraire par « une compétition d’exigence, avec des règles ».
Quant au troisième protagoniste, Hadrien Mathoux, journaliste à Marianne, il se réjouit de pouvoir mettre en cause à son tour le libéralisme, mais pour affirmer quant à lui qu’il serait « responsable du manque de moyens et de professeurs donnés à l’Education ». On connaît la chanson… (même si je le crois plus subtil que ceux qui sont habitués à la chanter depuis bien longtemps).
On pourrait faire remarquer qu’aucun gouvernement libéral – que je sache – n’a été à la conduite des affaires ni récemment, ni jamais d’ailleurs. Et là encore, Sophie de Menthon intervient aussitôt à propos pour affirmer que ce qui serait bien plus efficace serait de commencer déjà par avoir « des professeurs bien payés, au mérite, avec de vraies perspectives de carrière ». Ce qui est du pur bon sens lorsqu’on connaît le système égalitariste (et laxiste) français en vigueur (sans oublier le fait essentiel que sur 1 300 000 salariés de l’Education Nationale, seuls 800 000 sont des enseignants. Il y a probablement des questions à se poser à ce niveau-là).
Par ailleurs – nous l’avons déjà vu aussi – il conviendrait de reconsidérer le système actuel, en réhabilitant les métiers manuels notamment, plutôt que de tenter très maladroitement et stupidement de fondre tout le monde dans un moule unique. Car à quoi sert cette surenchère dans les diplômes (dévalorisés) si cela ne mène à rien de bon ?
Le libéralisme n’est pas le laisser faire
Bis repetita. Je ne vais pas me répéter stérilement, et je renvoie plutôt à ce que nous avions déjà montré : le libéralisme n’est ni le laisser-faire, ni le laisser-aller. En conclusion de ce volet, nous affirmions au contraire que c’est l’État qui brille justement par son laisser-aller. Nous donnions comme exemple les retraites. Nous pouvons en apporter ici un deuxième, avec l’Éducation nationale (mais nous aurions pu en développer encore bien d’autres, comme le laxisme budgétaire, notamment).
Car où, sinon dans l’Éducation nationale, ne cesse-t-on de répéter jusqu’à l’écœurement et l’exaspération désormais très forte chez une très grande majorité des professeurs, que nous nous devons de pratiquer la fameuse « bienveillance » ? Le laxisme dans toute sa splendeur. Avec tous les effets pervers que cela engendre ; et ce débat dont il est question sur « Le Baccalauréat a-t-il encore de la valeur ? »
Je ne souhaite pas trop m’étendre, car est-il bon de révéler tout ce que l’on peut observer en pratique ? Je peux cependant au moins faire référence à ce qui est maintenant de notoriété publique et insatisfait pratiquement tout le monde : des taux de réussite artificiels et nuisibles, des pourcentages de mentions qui n’ont plus aucun sens, des sessions de rattrapage (temporaires ?) là où il n’en existait pas jusqu’à présent, des points supplémentaires accordés à certains concours pour certaines catégories, l’instauration de nouveaux « droits à » la poursuite d’études, des réformes inquiétantes dans le recrutement des enseignants, etc.
Sans oublier, bien sûr, Affelnet et Parcoursup. Et leurs lots de scandales ahurissants. Car qui connaît Parcoursup, son mode de fonctionnement, ses quotas, ses algorithmes qui redistribuent les cartes après classement par ceux qui ont pris le soin de recruter méticuleusement et patiemment, ses candidats « Passerelle » qui passent devant tout le monde de manière incroyable et au grand désespoir des professeurs ? Là encore, je préfère ne pas m’étendre…
Une philosophie du droit et de la responsabilité
En conclusion, le libéralisme ne saurait être vu pour ce qu’il n’est pas. Le laxisme est bien plutôt le trait saillant des systèmes où règnent l’irresponsabilité, les grandes machineries dans lesquelles chacun peut se réfugier derrière les règles, la bureaucratie, le caractère de ce qui est impersonnel.
Nous l’avons déjà développé largement dans les volets précédents, et vous trouverez des développements encore plus nombreux dans de multiples articles de Contrepoints : le libéralisme est une philosophie fondée sur le droit (et non la multiplication des textes ou des lois). Il fait appel au sens des responsabilités, à la conscience humaine, à la dignité. Par nature, donc, il conduit justement à rejeter toute forme de laxisme ou d’irresponsabilité. Il s’agit avant tout d’un état d’esprit. Très positif et pas du tout ce que l’on veut bien croire ou faire croire.
—
À lire aussi :
- Ce que le libéralisme n’est pas
- Pourquoi le libéralisme n’est pas une idéologie
- Pourquoi le libéralisme n’est pas « sauvage »
- Pourquoi le libéralisme n’est pas la défense du grand capital
- Pourquoi le libéralisme n’est pas la marchandisation de la culture
- Le libéralisme n’est ni responsable, ni coupable, de la « casse sociale »
- Pourquoi il ne faut pas confondre libéralisme et matérialisme
- Le libéralisme ne peut être réduit à une doctrine économique
- Le libéralisme défend des individus, non des élites
- Pourquoi le libéralisme n’est pas, par nature, un système qui exclut
- Non, le libéralisme ne recherche pas l’intérêt général
- Non, le libéralisme n’est pas un déterminisme
- Pourquoi le libéralisme n’est ni le laisser-faire, ni le laisser-aller
- Pourquoi le libéralisme n’est pas du tout ce que croit Michel Onfray
- Pourquoi le libéralisme n’est pas bien vu d’une grande partie des Français
- Pourquoi le cataclysme du Covid-19 n’a aucun rapport avec le libéralisme
- Non, le libéralisme n’est pas mort avec la crise sanitaire
- Néolibéralisme, le bouc-émissaire bien commode
- Pourquoi le libéralisme n’est pas un concept abstrait dénué de toute réalité
- Pourquoi libéralisme et social ne doivent pas être opposés
- Le libéralisme est difficilement compatible avec la recherche du pouvoir
Laissez-faire : libéral
Laisser-faire : laxiste
Laissez-passer : libéral
Laisser-passer : liberticide
Facile.
Le libéralisme souffre de l’ambiguïté du terme. Déjà, aux États-Unis, il y confusion entre les partisans de l’économie de marché et les défenseurs d’une « libération des moeurs », les progressistes , sectateurs d’un hédonisme libéral-libertaire. En France, le libéralisme (celui dont parle l’auteur), se rattache pour une part au libéralisme des origines, proche du conservatisme et du minarchisme, non sans subir l’influence d’outre-Atlantique. Cette confusion généralisée permet à la gauche de dénigrer le libéralisme en l’ignorant. Pour les collectivistes étatistes, “libéralisme” est devenu un “mot-valise” qui désigne tout ce qui va mal dans le monde », écrit Damien Theillier dans sa préface à « L’État ou la grande illusion » de Frédéric Bastiat.
les non libéraux peuvent en France manifester pour la liberté sans faire rire..
le sujet du le libéralisme c’est la liberté des autres..celui des progressistes c’est la leur au prix de celles des autres..
« avoir des professeurs bien payés… » n’est un but que pour « les professeurs » ayant par dessus le marché l’idée bizarre que les salaires des autres profs les regardent..
non..
mettre en place un mécanisme de marché qui fasse en sorte que les professeurs qui sont « efficients » aux yeux des parents ( qui peuvent se fourvoyer d’ailleurs) soient recherchés par ceux ci..
on a aucune idée si le salaire actuel des profs est trop bas ou trop haut puisqu’on a détruit les mécanisme de marché..le seul qui reste est de trouver des gens prêts à faire le job.. on augmente le salaire si on ne trouve plus de prof, ou on diminue le job à faire moins d’éxignce sur les compétences..
si un peuple n’a pas confiance dans l’education proposée, il est logique que les professeurs soient payés des queues de cerise..
aller à l’ecole est d’ailleurs quasi obligatoire….ce qui montre que laissés libres des parents n’y foutraient pas leur marmot.. les défenseurs de led nat devrait tenter de réfléchir à savoir pourquoi!!!
le rôle de l’etat pourrait se résumer à « tester » si les gosses sont acquis à l’âge de voter les valeurs libérales qui sont supposées constituer les fondations de notre société.
laisser les AUTRES parler…penser ,
refuser de condamner quiconque sans qu’il puisse se défendre et sans preuves..
savoir qu’on ne peut pas voler, tuer, agresser, bâillonner un innocent. et que c’est à la justice de punir éventuellement les non innocents..
l’éducation est un marché… la santé est un marché..
le salaire des profs n’est un sujet que pour les collectivistes en somme.. et sauf à penser que les consommateur n’a aucun droit de regard sur l’electricté dont il a besoin, il en va de même pour le prix de celle ci..
si un seul prix ou grille de prix sont autorisés… le prix de vient insignifiant.
En 2019, on dénombrait environ 866.500 enseignants dont le salaire est inférieur à ceux des pays voisins. En 2020, le budget de l’Education nationale est passé 51,68 milliards d’euros en 2019 à 52,72 milliards d’euros, soit une hausse de 1,04 milliard d’euros. Ce n’est absolument pas une question d’argent mais de gaspillage à tout va!
Ah parce que les profs sont des gens responsables certes quelques uns mais c’est loin d’etre une généralité pour la majorité , la gauche doit dégager pour toujours du moins dans ce qu’elle est aujourd’hui liberticide et laisser place à une dictature pour un temps , le temps de remettre ce pays sur les rails car la gauche n’en est pas capable , elle ne l’a jamais été et ne le seras jamais , avec la gauche c’est toujours la faute des autres , ils sont laxistes mais non ce sont les autres qui sont trop stricts . La gauche est l’ennemi de la France et des Français responsables, travailleurs , respectueux des lois , la gauche c’est l’ennemi a abattre !!!
Hadrien Mathoux, soi-disant journaliste, ignore tout du budget de l’EN et du nombre de professeurs dont elle dispose? Que faisait-il donc dans cette émission?