La culture en péril (12) – Comment va la langue française ?

Le collectif « Les linguistes atterrées » ont publié un tract Gallimard intitulé « Le français va très bien, merci ». Le propos défendu se révèle bien plus intéressant que ce que le titre provocant laisse paraître.
 

Par Johan Rivalland

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La culture en péril (12) – Comment va la langue française ?

Publié le 26 juin 2023
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Il est de bon ton, en particulier en France, de s’afficher comme rebelle, protestataire, réfractaire, ou – vocable à la mode depuis les économistes du même nom – … « atterré ».

En général, tout est dans la posture. Et il ne faut surtout pas oublier de s’en prendre au système ou à ceux qui sont supposés le représenter (par exemple ici, dans le cas des linguistes atterrées, je crois savoir qu’il va être question des Académiciens). Examinons donc ce petit manifeste, pour voir ce qu’il en est exactement et prendre connaissance des motifs de mécontentement des protestataires.

 

Le français va très bien, vraiment ?

Découvrons ensemble pas à pas. Commençons par le titre : « Le français va très bien, merci ».

Voilà qui intrigue… Surtout le simple professeur qui, comme moi (et la plupart des collègues que je côtoie), est confronté tous les jours à des étudiants dont les difficultés à s’exprimer sont bien réelles et parfois assez pénalisantes (syntaxe, orthographe, vocabulaire, contre-sens, confusions multiples, incompréhensions, mélanges de toutes sortes). Et ce n’est que le reflet d’une partie de la population, qui éprouve de réelles difficultés avec la langue française. Mais au moins avec ceux-là espère-t-on pouvoir les faire progresser et les aider à mieux appréhender et se servir du langage. Chose utile lorsqu’on se trouve confronté à de nombreuses situations où l’on s’aperçoit à quel point la mauvaise maîtrise du langage est source de problèmes, de malentendus et de confusion ; voire de violence, car nul n’ignore qu’à défaut de vocabulaire, c’est sur le terrain de la violence que certains compensent leurs difficultés d’expression.

Poursuivons avec les auteurs. Les « linguistes atterrées ». À noter que le dernier « e » est grisé. Symbolisant probablement le langage inclusif (pas encore entré tout à fait officiellement dans l’usage courant, que je sache. D’où la question : si le français va très bien, pourquoi vouloir le compliquer ?… Mais je me doute bien entendu de ce que l’on pourrait me répondre). À ce stade, je n’en sais pas encore plus, car je vais écrire au fur et à mesure que je vais lire ce tract, et je n’en connais pas encore le contenu. Si ce n’est que l’auteur est, semble-t-il, une seule personne, Anne Abeillé, que je ne connais pas encore, parlant probablement au nom d’un collectif. Mais découvrons ce qu’elle a à exprimer, même si je pense avoir a priori une petite idée…

 

Nous, linguistes

La première phrase de ce tract commence ainsi :

« Nous, linguistes, sommes proprement atterrées par l’ampleur de la diffusion d’idées fausses sur la langue française… ».

Cela sonne un peu comme une Déclaration. Il est question de mensonges ou, plus sûrement, d’idées reçues. Appel provenant apparemment d’une autorité morale, mais qui pour le moment reste bien mystérieuse (« Nous, linguistes »). Poursuivons pour en savoir plus.

À la lecture de la première page, je comprends qu’il est question de mise en cause à la fois des programmes scolaires (pourtant très « lâches », il me semble) et de « l’espace médiatique » (que je ne crois pas obnubilé par l’orthographe, les problèmes de la maîtrise de la langue ou autres sujets de cet acabit). Les linguistes atterrées semblent ainsi déplorer « la recherche simpliste des formes sans faute » au détriment de « toute réflexion sur la langue ». Seul « l’usage majoritaire » devrait primer, et la compréhension de « son immense vitalité » est empêchée par « l’accumulation de déclarations catastrophistes ». Je suis tout ouïe. Et déjà un peu sceptique sur cette notion de majorité.

En poursuivant la lecture, il apparaît que la préoccupation de ces linguistes porte sur les évolutions de notre langue, qui est le fruit, il est vrai, d’une histoire. Des formes fautives d’hier sont parfois des formes correctes d’aujourd’hui. Soit. Et les exemples cités par l’auteur ne sont pas inintéressants. Jusque-là, donc, je suis. En me disant, par contre, qu’il me semble bien que l’Académie française, ainsi que les équipes travaillant sur les nouvelles éditions des dictionnaires ont toujours également adhéré à ces principes. Attendons donc de voir ce qu’il en est…

Ah, justement :

« Ce manifeste entend rassembler ce qui fait consensus dans la communauté scientifique. Nous appelons à nuancer les discours omniprésents qui prennent les grammaires et les dictionnaires pour des tables de lois immuables, gravées dans le marbre ».

Nous touchons là à un point litigieux : j’entends chaque année dans les médias des interviews de directeurs de projet (je ne suis pas sûr qu’il s’agisse de la bonne dénomination), chargés de réfléchir aux transformations progressives du dictionnaire. Travail qui s’élabore, en effet, de manière graduelle pour tenir compte des évolutions de la langue. Je suis donc surpris par l’idée de « tables de lois immuables, gravées dans le marbre ». Je suis rassuré cependant par la suite : l’objectif de ce collectif est de débattre et de trouver des points d’accord. En privilégiant les « saines disputes » et en espérant faire changer d’avis le lecteur de ce tract. Je m’en réjouis.

 

Le déclin de la langue française ?

Le tract vise à remettre en cause certaines idées reçues, démarche qui ne me déplaît pas, bien au contraire. Et certaines remarques, sur la référence par exemple à « la langue de Molière », qui n’a plus vraiment cours depuis belle lurette, me paraissent tout à fait justes. Anecdotes et exemples concrets à l’appui de l’argumentation. La référence, parmi d’autres, aux travaux d’Alain Rey, me convient également. Quant aux multiples rappels historiques concernant la construction de la langue et sa diffusion, j’apprécie.

À chaque idée reçue, une suggestion opérationnelle est faite (autre point appréciable). C’est le cas aussi avec la deuxième idée reçue, selon laquelle il n’y aurait qu’une unique langue française. Décidément, ce tract commence à me surprendre agréablement, là où je m’attendais à tout autre chose (signe qu’il est réussi).

Sur les anglicismes, bien que personnellement il m’arrive de les trouver parfois un peu excessifs, je suis assez d’accord également avec l’idée défendue selon laquelle il ne signe pas pour autant le péril de notre langue, pas plus que sa défaite ou sa soumission. Même si entendre les puristes défendre eux aussi leur point de vue ne me dérange guère. On peut, en réalité, être amoureux de la langue, tout en s’accommodant de quelques fantaisies et usages qui ne remettent pas fondamentalement en cause l’existence de la langue elle-même et sont même souvent éphémères. Anne Abeillé émet d’ailleurs une idée à ce sujet qui, une nouvelle fois, sonne bien à mon oreille, dans la mesure où elle rappelle la critique libérale traditionnellement faite au mercantilisme dans le domaine du commerce :

« Le contact entre les langues ressemble davantage à un jeu à somme positive qu’à une guerre : ce que gagne l’une, l’autre ne le perd pas. De même que le vocabulaire de chacune est illimité : les mots ajoutés (par emprunt) ne remplacent pas les mots existants, ils permettent d’apporter une nuance de sens. »

Une nouvelle fois, le rapport à l’histoire des langues permet de mieux prendre la mesure de la réalité de ses évolutions. Elle est riche d’enseignements et je comprends bien ce que veut dire Anne Abeillé.

 

Qu’en est-il de l’Académie française ?

Si Anne Abeillé ne conteste pas le rôle « d’accompagnement des évolutions de la langue » de l’Académie, qui était sa mission originelle, ce sont les références qui sont faites aujourd’hui à l’Académie française et surtout la manière dont elles sont faites, qui sont sources de réaction de la part des linguistes de ce collectif.

Mais aussi l’abandon, selon eux, de ce rôle originel. Avec en point d’orgue, comme je l’imaginais bien, les problèmes de féminisation de certains mots (personnellement, je préfère dire « Madame le Premier ministre » que la « Première ministre » qui sonne bizarrement à mon oreille, par exemple, de même que vous aurez noté que je dis toujours « auteur » au lieu de « autrice » ou « auteure ». Il est vrai que je suis en cela les recommandations de l’Académie française. Mais je comprends que cela puisse déplaire. Et rien ne dit que je finirai pas par changer d’avis, au moins partiellement). La question de la réforme de l’orthographe, refusée par l’Académie française, est aussi au centre du sujet (là encore, j’aurais tendance à faire confiance à ses membres, qui ne me semblent pas dépourvus de références et débattent régulièrement sur ces sujets).

En réalité, d’autres institutions travaillent sur la langue, et ce que semble souhaiter ce collectif est la remise en cause de cette sorte de monopole qui est alloué à l’Académie dans l’aura collective ou, tout au moins, une réforme de sa composition.

 

Et l’orthographe ?

Quant à l’orthographe, Anne Abeillé précise les raisons pour lesquelles ce collectif de linguistes juge nécessaire une réforme là aussi.

Illustrant son argumentation d’exemples démontrant que les origines, étymologies, ou logiques, derrière les orthographes, ne sont pas toujours évidentes, voire fallacieuses ou même dans certains cas, résultent d’erreurs de recopiage (moines copistes). Laissant ainsi la place davantage à la mémoire qu’à la logique et aboutissant à ce que trop de temps soit nécessaire à son apprentissage, au détriment d’autres enseignements ; à commencer par la langue (la compréhension), conformément à ce que Jules Ferry lui-même prescrivait (aussi attaché puisse-t-on se sentir à la beauté de l’orthographe et de ses accents).

Il s’agirait donc d’insister davantage sur le sens des mots et la grammaire des constructions que sur la recherche de la perfection orthographique. La réforme (progressive) que propose ce collectif relèverait davantage de la mise à jour et de la rationalisation que d’un séisme en la matière. La simplification en serait « une conséquence » et non une cause.

De quoi ouvrir, en effet, le débat… Qui concerne aussi les échanges à l’aide des outils numériques (messageries, réseaux sociaux). Dont Anne Abeillé souligne le caractère massif et incontournable aujourd’hui, mais aussi le caractère spécifique du mode d’expression utilisé, pouvant tout à fait cohabiter avec d’autres modes d’écriture dans d’autres situations, sans qu’il soit forcément régressif, mais simplement l’une de ses variétés. L’enjeu est donc ici plutôt de souligner auprès des plus jeunes (et moins jeunes) les frontières qui existent entre les différents modes de communication et l’importance de savoir s’adapter à chacun d’entre-eux (ce que l’on appelle la pluricompétence). De même que dans le langage oral (dont elle rappelle qu’il a précédé l’écrit), on jouera sur les variations, les registres et les styles. Sans craindre la créativité, dont le pouvoir est plus fort et utile qu’on ne l’imagine.

 

Une langue n’est en danger que si ses emplois se réduisent et se cantonnent à certaines activités humaines. Une langue rend possibles nos interactions et nos pensées ; si on ne l’utilise plus dans certaines situations, sa capacité à être employée dans ces situations se détériore, elle devient lacunaire, elle cesse d’évoluer. Il est donc irrationnel de craindre qu’on puisse l’abîmer autrement.

 

C’est la grande leçon, en fin de compte, de ce tract, qui rejoint ce qui était annoncé plus haut lorsque nous débutions tout juste la lecture et qu’il était question, au sujet de notre langue, de « son immense vitalité ». Au fur et à mesure de la lecture, on comprend mieux. Et l’auteur rappelle d’ailleurs comment un certain nombre de langues a disparu, faute d’usage et de transmission.

 

L’extension du féminin

Anne Abeillé nous invite à dédramatiser les débats.

Je ne demande pas mieux. Et c’est d’ailleurs sans doute l’agressivité des adeptes de l’écriture inclusive et autres lubies du moment qui conduit quelqu’un comme moi à se braquer et à refuser toute forme d’injonction. L’argumentation aura davantage de prise et – qui sait – je finirai peut-être par utiliser certains féminins, par exemple pour des noms de métiers, si le débat raisonné et apaisé, ainsi qu’une argumentation convaincante, parviennent à emporter mon adhésion.

C’est ce que semble faire Anne Abeillé (qui nous apprend au passage qu’au XVIIe siècle, l’usage de la langue était de dire « autrice » pour un auteur féminin. Argument à retenir…). Pour l’écriture inclusive, en revanche, aucune chance de me rallier. Mais notre linguiste ne semble pas en faire particulièrement un cheval de bataille et reste assez neutre sur ce sujet qui, à mon sens, vire clairement au militantisme (mis à part peut-être dans le nom du collectif).

 

En conclusion

Vous l’aurez compris, si je suis parti avec un a priori très négatif et assez hostile quant à la lecture de ce tract (que je n’aurais pas lu si je n’avais pas une idée derrière la tête), j’ai en fin de compte apprécié la démarche intellectuelle d’Anne Abeillé et sa recherche du débat apaisé.

J’ai donc bien fait de le lire. Sans doute ce collectif aurait-il par conséquent intérêt à changer de nom, car il est susceptible de susciter une hostilité et des a priori qui agissent comme repoussoir. Ce qui est dommage si les propos sont ensuite modérés et que la volonté est d’engager le débat. Mais ce choix leur appartient…

 

Les linguistes atterrées, Le français va très bien, merci, Tracts Gallimard, mai 2023, 66 pages.

 

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  • En français, tout le monde sait qu’il n’y a pas de genre « neutre ». Chaque fois qu’une phrase est destinée à un ensemble de personnes ou de choses comportant des genres différents, c’est le masculin qui sert de neutre. C’est le plus simple, parce que c’est le plus court. Il s’agit donc d’une provocation d’écrire « les linguistes atterrées » même si le deuxième e et simplement grisé, parce que cela veut dire que seules les linguistes femmes sont atterrées.
    Il ne doit pas y avoir confusion entre le « genre », concept grammatical et le « sexe », réalité physique pour certains êtres vivants. Il y a de nombreuses choses ou structures ou réalités diverses qui sont désignées par un mot masculin, d’autres pas un mot féminin, sans qu’elles aient un sexe (le nom des villes, par exemple).
    Si on est d’accord avec l’égalité des sexes, il ne faut pas féminiser les noms de fonction dès lors qu’elles sont attribuées aux personnes, sans tenir compte de leur sexe. Je dis donc « Madame le Maire », « Madame le Juge », le Docteur Madame X, Madame « le Député », etc.
    Dire « Madame la Première Ministre » veut dire que cette Dame est Première des ministres femmes, les ministres masculins n’étant pas compris. C’est le contraire de l’égalité!
    L’Académie française ne peut rien contre ces militants car ses recommandations ne sont pas des règles. La règle, c’est l’usage. Malheureusement, l’usage ne se mesure pas et avec les moyens médiatiques, on peut faire croire que tel usage est généralisé alors même que c’est faux.
    Le français et une belle langue mais elle doit rester ou devenir « simple ».

    • L’Académie française a été très utile en son temps, un temps où le langage devait conserver sa formation rationnelle et de « bon goût ». On y nommait principalement de bons écrivains, même sans grand génie, contrairement à notre époque où trop souvent on case ou recase n’importe qui. Il faut avouer qu’aujourd’hui ses recommandations sont faibles devant l’effervescence de dialectes vernaculaires qui prolifèrent et suffisent amplement pour aider à la pensée courante, d’ailleurs souvent unique; au détriment de la langue écrite qui en aurait davantage besoin. Mais comme on écrit comme on parle…

    • « Dire « Madame la Première Ministre » veut dire que cette Dame est Première des ministres femmes, les ministres masculins n’étant pas compris ».
      Mesurez vous tout le ridicule de cette assertion ? Sur une échelle de 1 à 10, on est à 14 là.
      D’autre part je signale aux grincheux que l’usage évolue et qu’il l’emportera. Pas l’écriture inclusive, à laquelle personne ne pige que couic, mais la féminisation des noms de métiers, qui ne fait jamais que suivre la féminisation des métiers eux-mêmes.

      • Il est intéressant de noter, concernant les noms de métiers, que ceux qui ont été créés exclusivement pour les femmes ont un mot au féminin, ce qui prouve que les noms de métiers ne sont pas masculins car neutres, mais bien masculins parce qu’occupés historiquement par des hommes. Le plus intéressant est de noter que ces noms de métiers se sont masculinisés, si je puis dire, lorsque les hommes ont choisi ces métiers : infirmière, assistante maternelle, par ex. Même sage-femme est en train de changer, alors que là, le mot femme désigne la parturiente. Comme quoi !
        Si les mots peuvent se masculiniser, pourquoi ne pourraient-ils pas se féminiser ?
        Le pire, c’est qu’adopter des mots anglais alors même que nous avons des mots français, passe crème (shooting photo, make-up, pitch, trailer, spot, etc etc), . Le franglais ridicule issu de séries télé passe crème (« expertise », « merci de votre support »).Mais féminiser les mots des métiers, comme des fonctions, serait impossible ? Allons !

      • Entièrement d’accord avec vous Singe. D’ailleurs, dans le langage parlé l’évolution est déjà faite : la juge, la prof, la directrice etc. Avec plus ou moins de bonheur, mais le temps fera le ménage.

    • Vous dites Madame le Directeur d’Ecole ? Madame le Surveillant ? Madame le Policier ?

      • I me semble que l’usage a déjà consacré « Madame la Directrice », « surveillante », « Policière ».

  • Entendu ce matin à la radio (belge) : « … le genre humain et humaine… » !!!

    Par ailleurs, je ne connais pas l’origine de la « masculinisation » du substantif « un espèce de ». Les fauteurs expliquent que ce nom s’accorde avec le nom qui suit (alors que ce n’est pas un adjectif !). Pourquoi pas alors « un sorte de… »?

  • Il y a bien un neutre qui se traduit par la terminaison dite masculine. Il semble que qualifier les mots à terminaison muette comme étant à terminaison féminine tandis que les autres étaient de consonance plus dure, ait donc été une erreur d’autrefois dont on pâtit aujourd’hui ! C’est dû pourtant au hasard des désinences latines tronquées dès l’origine du français. Je ne crois pas qu’il y ait eu une personne de sexe mâle qui en parlant ou écrivant pensât se glorifier de cette grammaire ! Ce sont de simples automatismes inconscients ( et hermaphrodites !) Comme je l’ai, je crois, déjà fait remarquer, l’anglais, langue dominante, n’a pas à s’embarrasser de choisir sur quel trottoir marcher. Ce neutre français-latin apportait justement une heureuse objectivité; et féminiser une langue pour se singulariser sans apporter au langage une apport constructif original paraît vain. On connaît ce féminisme qui a la lubie d’envahir dans tous les domaines un prétendu espace masculin, pour sans doute penser mieux exister, alors que ce n’est pas un simple mimétisme dont on a vraiment besoin.

  • Je me pose la question un peu différemment car je me rends compte depuis un certain temps de l’importance des acronymes dans les articles ou même à la radio. Im m’arrive d’avoir recours à Google pour reconnaître le sens de certains, comme je l’ai fait en lisant des livres de Michael Connelly. Il a eu l’heureuse idée de créer un site les listant tous pour éclairer ses lecteurs afin de leur faciliter la tâche. Je me demande si cela ne va pas devenir nécessaire en France aussi ! Sinon, je n’utise ni les féminisations de métiers ni l’écriture inclusive car cela n’apporte rien ni à la langue ni aux femmes, sauf à les reléguer dans des cases, ce qui ne me semble pas être le but recherché !

  • Dans la marine à voile, en haut des mats, il y avait UNE vigie, au poste de garde UNE sentinelle, et c’ était rarement des femmes, le débat est donc ouvert

    • Il faut surtout chercher un tout petit peu plus loin et voir que pour un mot il y a eu « francisation » d’un mot étranger se terminant en « ella » et pour l’autre c’est pire : on s’est simplifié la vie en donnant à l’utilisateur le nom de son « emplacement ».
      1/ Sentinelle : Le mot vient de l’italien sentinella qui signifie guetteur
      2/ Vigie (Le Littré) : vient du latin « vigilia » surveillance, veille.
      « Je ne voulus point trop accoster la terre, jusqu’à ce que j’eusse atteint le 49° degré de latitude, à cause d’une vigie que j’avais reconnue en 1765 par 48° 34′ de latitude australe à six ou sept lieues de la côte, Bougainville, Voy. t. I, p. 217. »
      « Sur des chemins de fer, vigie vitrée, siège placé au sommet des fourgons qui sont en tête et en queue du train. »
      « D’énormes rochers en vigie à une certaine distance du rivage ont été arrachés de leur base et roulés à plus de trente mètres, le Toulonnais, dans la Patrie, 30 janv. 1873. »

      La vigie c’est donc un emplacement précis permettant d’observer au loin, les hommes se placent en vigie des mâts et on finit par les appeler « vigie » par simplification.
      Rien à voir donc avec les femmes.
      D’ailleurs, si ces mots féminins déplaisent, bien qu’ils n’aient rien à voir avec les femmes, sentinelle peut être remplacé par guetteur et au lieu de vigie il suffit de dire « en vigie » qui est d’ailleurs la forme correcte.

      • Donc le mot italien est bien féminin, alors qu’il désigne une personne en majorité masculine… c’est bien ce que je dis, cette discussion est sans fin, ce sont des usages, des emprunts à d’autres langues, toutes sortes de considérations, et pas toujours pleinement logiques.

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