Européennes 2024 : les performances des politiques sur les médias sociaux !

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Européennes 2024 : les performances des politiques sur les médias sociaux !

Publié le 31 mai 2024
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C’est à l’air libre ! Il est à la portée de tous d’observer les chiffres de progression des hommes politiques sur les principaux médias sociaux. Ces chiffres ne sont pas parfaitement représentatifs de la réalité des opinions. Ils sont moins précis que la méthode des quotas utilisée largement par les instituts de sondage qui continuent à alimenter la presse de leurs pronostics. Mais ils permettent d’avoir un terrain d’observation des tendances, sans le filtre des médias mainstream. Nous reprenons notre série d’analyses démarrée pour Contrepoints en 2021 avant les présidentielles avec cette prise de pouls trois semaines avant les élections européennes ! Nouveauté : nous complétons notre approche par des statistiques sur le taux d’engagement des principaux candidats, élaborées à l’aide de l’outil VISIBRAIN, plateforme de veille sur les médias sociaux.
 

Classement des politiques sur X

Méthodologie : mesures de progression entre fin octobre 2023 et fin mai 2024

X est le réseau principal d’expression de tous les politiques. C’est un bon indicateur de leur popularité (de leur côté mass market qui fait la différence pour les élections nationales). Derrière Macron – hors catégorie – qui bénéficie de son statut présidentiel, grâce à sa nomination et sa forte présence médiatique, Attal bénéficie sans surprise de la plus forte poussée. Mais il reste en ligue 2, en étant encore sous la barre des 300 000 abonnés. Bardella, qui se rapproche des 400 000 abonnés, est troisième en termes d’acquisition d’abonnés sur la période. Ces chiffres confirment les tendances annoncées par les sondages. Bellamy (en forte progression en pourcentage) et encore plus Marion Maréchal ne laissent pas les Français indifférents. La droite nationale (Zemmour, Philippot, Messiha…) progresse.

À remarquer : le parcours à bas bruit de Philippe de Villiers est une nouvelle fois remarquable. Il est dans le top 10. Le succès de son émission sur CNews en est la raison (il n’est pas le premier : Trump ou Zemmour ont dopé leur notoriété en ayant leur émission TV). C’est une leçon de communication à méditer.

À l’extrême gauche, si Mélenchon apparaît en demi-teinte, ses poulains Panot et Boyard sont dans le top 10. Vive l’Agitprop.

Du côté de la « minorité présidentielle », l’activisme discret de Darmanin semble lui réussir (quatrième en gain d’abonnés). Dati tire son épingle du jeu, mais est loin des gros calibres en termes de notoriété (pour les présidentielles, il y a encore du chemin à parcourir, à l’instar d’Attal)… À noter aussi l’étonnant score de l’éphémère ministre de l’Éducation, Amélie Oudea-Castera. Sa progression en pourcentage (26 %) est la deuxième derrière Attal (56 %). Une combinaison sans doute du gain de notoriété au moment de sa nomination cumulé avec le bad buzz qu’elle a maladroitement alimenté… Quant à Hayer, avec moins de 40 000 abonnés, elle ne joue même pas en division nationale (division 3) pour faire une analogie footballistique. Faute de notoriété, le soldat Hayer risque bien de faire un score médiocre, malgré le mouillage de maillot du président et du Premier ministre ces dernières semaines.

Comme lors de nos précédents articles, nous ne pouvons que souligner la faible progression en volume du libéral Lisnard (c’est mieux en pourcentage). Sans gros coup médiatique, sans prise de position spectaculaire, il « imprime » certes auprès du public d’adopteurs précoces qui partagent ses idées, mais ne sort toujours pas du lot et reste en ligue 3.

Enfin, notons que Wauquiez frôle désormais la correctionnelle. Il perd quelques centaines de followers. Ce qui est le cas de tous ceux qui arrêtent la politique (Barnier, Castex, Taubira, Montebourg, Sarkozy, Hollande…). Il devient en ce moment un nobody de la politique.

 

Vision globale X + Instagram + TikTok

Méthodologie : mesures de progression entre fin octobre 2023 et fin mai 2024.

Le cumul des trois réseaux donne Bardella grand gagnant. Donc pas de surprise non plus en vision globale. Boyard et Panot font un carton et talonnent Attal en progression. Marion Maréchal progresse sur tous les médias sociaux. Marine Le Pen et Zemmour, quoique non candidats, progressent plus que Mélenchon.

 

LinkedIn : le nouveau champ de bataille !

Méthodologie : photos des nombres d’abonnés le 29/05.

Pour la première fois, intéressons nous à LinkedIn ! Le leader incontesté des médias sociaux professionnels est désormais aussi un terrain de jeu des politiques. Il constitue la chasse gardée de ceux qui chassent les CSP+. Macron y est en position de force depuis des années. Les « technos » comme Le Maire ou Philippe y sont bien implantés. Amélie Oudea Castera, bénéficiant de son parcours professionnel dans le privé, tire son épingle du jeu. La grande surprise provient de Glucksmann qui accumule 370 000 abonnés (cf analyse ci-après sur l’engagement). On peut donc prévoir qu’il fera un bon score chez les cadres et dans les grandes métropoles. En toute logique, Attal dispose aussi déjà de nombreux abonnés et d’un gisement important à exploiter, dans le sillage du Président de la République.

Le fait que les Français likent les posts de leurs femmes et hommes politiques sur LinkedIn démontre aussi une forme de renouvellement de l’intérêt pour la politique : un like sur LinkedIn, à partir d’un profil réel et professionnel, non anonyme, c’est un engagement fort.

 

Européennes 2024 : le baromètre des candidats avec VISIBRAIN

Si le nombre d’abonnés, que nous venons d’analyser, donne une indication de la notoriété des individus, leur influence est mesurée par l’engagement qu’ils génèrent. Il s’agit du nombre d’interactions qu’ils cumulent. Certes, cela peut être des interactions de supporters… ou au contraire de détracteurs.

Nous reproduisons ici l’analyse réalisée à l’aide de VISIBRAIN, une plateforme de veille du web et des médias sociaux sur la performance des candidats sur les réseaux sociaux.

Méthodologie : analyse de l’influence des différents candidats aux élections européennes sur les réseaux sociaux (X, Instagram, Facebook, YouTube, TikTok et LinkedIn). À noter : l’influence correspond à l’engagement généré par chacun des candidats, c’est-à-dire le nombre d’interactions qu’ils cumulent sur leurs posts. Période de l’analyse : 1 février – 21 mai 2024

I – Européennes 2024 & réseaux sociaux : que retenir ?

– Au total, 18,3 millions de messages publiés sur les réseaux sociaux sur les Européennes depuis le 1er février, soit près de quatre fois plus qu’en 2019.

– La droite domine largement le terrain des réseaux sociaux. Et pour cause, les cinq candidats les plus influents, c’est-à-dire ceux qui génèrent le plus d’engagement sur leurs publications, sont Jordan Bardella (4,3 millions d’interactions), Florian Philippot (3,4 millions d’interactions), Marion Maréchal (1,6 million d’interactions), François Asselineau (un million d’interactions), Nicolas Dupont-Aignan (927 000 interactions).

– À gauche, les volumes sont moins éloquents. Juste après Bardella, Philippot, Maréchal, Asselineau, et Dupont-Aignan, nous retrouvons Raphaël Glucksmann (647 000 interactions) et Manon Aubry (472 000 interactions).

– Côté plateformes, c’est sur X (ex Twitter) que les candidats aux européennes engagent le plus les internautes avec 3,8 millions de retweets. Nous retrouvons ensuite TikTok où les candidats enregistrent 3,3 millions de likes, puis Instagram (3 millions de likes), YouTube (2,4 millions de likes), Facebook (528 000 réactions), et LinkedIn (243 000 réactions).

II – Zoom sur les candidats les plus influents

Le top 5 des candidats les plus influents témoigne d’une sur-représentation de la droite de l’échiquier politique sur les réseaux sociaux. Nous retrouvons en effet :

  1. Jordan Bardella: 4,3 millions d’interactions.
  2. Florian Philippot : 3,4 millions d’interactions.
  3. Marion Maréchal : 1,6 million d’interactions.
  4. François Asselineau: 1 million d’interactions.
  5. Nicolas Dupont-Aignan : 927 000 interactions.

Arrivent ensuite Raphaël Glusksmann (647 000 interactions), et Manon Aubry (472 000 interactions).

 

Candidats aux Européennes : à chacun sa plateforme

TikTok, le terrain de jeu de Jordan Bardella

Jordan Bardella, qui maîtrise très bien les codes des réseaux sociaux, arrive donc en tête du classement des candidats têtes de liste. Il semble notamment populaire auprès des jeunes, puisque c’est sur TikTok que le président du Rassemblement national enregistre le plus d’engagement (2,6 millions de likes générés depuis le 1er février).

Exemples de ses vidéos TikTok les plus populaires :

 

Philippot trouve son public sur YouTube

Après Bardella, c’est Florian Philippot qui obtient le plus gros score d’engagement sur les réseaux sociaux, ce qui n’est d’ailleurs pas représentatif des sondages. En ligne, c’est sur YouTube que le candidat génère le plus de réactions (1,9 million de likes sur ses vidéos). Parmi ses thèmes de prédilection : la guerre Ukraine / Russie, le Frexit, le combat des agriculteurs, ou encore les vaccins.

Zoom sur les vidéos YouTube de Philippot les plus likées :

 

X, le canal de Marion Maréchal

Avec 700 000 retweets cumulés depuis le 1er février, c’est sur X (ex Twitter) que Marion Maréchal, qui arrive juste après Bardella et Philippot dans le classement d’influence, enregistre le plus d’engagement.

En effet, la candidate se démarque sur X avec en moyenne 921 retweets par tweet publié. À titre de comparaison, c’est deux fois plus que le nombre moyen de retweets de Jordan Bardella. Il faut dire que Marion Maréchal est l’une des candidates les plus suivies sur X avec 593 700 followers (contre 432 900 followers pour Philippot, et 398 000 pour Bardella).

Sélection de tweets viraux de Marion Maréchal :

 

LinkedIn, le choix de Raphaël Glucksmann

Alors que la majorité des candidats sont aux abonnés absents sur le réseau professionnel, Raphaël Glucksmann va à contre-courant en supprimant son compte TikTok et en choisissant de capitaliser sur LinkedIn. Une décision judicieuse, puisqu’il y tire clairement son épingle du jeu avec 128 000 interactions cumulées.

Top des posts LinkedIn de Raphaël Glucksmann :

 

Conclusion

Ces analyses laissent penser que les résultats aux européennes devraient respecter les fourchettes des sondages. Ces prises de température tendent à confirmer que la force de traction est bien à droite, et même à droite toute. La parole libérale qu’on retrouve chez Bellamy (discours sur la liberté) ou chez Maréchal (discours sur le moins de super État européen et moins de fiscalité) est présente, même s’il n’y a pas de porte étendard libéral en première ligne… Lisnard évolue toujours en division nationale (ex division 3…) comme on l’a vu.

La traction est forte aussi du côté de LFI. Mélenchon reste redoutable et en embuscade pour être au second tour des présidentielles.

Il est clair que force d’attraction sur les médias sociaux ne veut pas dire élection. Par exemple, Philippot, qui est très performant sur les médias sociaux, devrait certes créer la surprise aux européennes en faisant mieux qu’attendu dans les sondages, mais sans atteindre la barre des 5 %. Pourquoi cet écart entre attraction et élection ? Sans doute parce que l’engagement que provoque un Philippot est probablement favorisé par l’implication de militants surinvestis, mais ce n’est pas suffisant. C’était le cas aussi pour Zemmour en 2022.

Jusqu’aux années 2000, pour gagner une élection, il fallait :

  1. Un corpus d’idées
  2. Des réseaux (élus, adhérents…)
  3. Du budget
  4. Un candidat qui fait la différence

 

Désormais il faut en plus avoir un fort impact sur les médias sociaux. Mais Philippot n’a pas les cinq cartes en main. Son ralliement à un candidat mieux placé pourrait néanmoins peser lourd dans les années à venir s’il souhaite le monnayer.

Après les européennes, les élections présidentielles se profilent à l’horizon. La route est encore longue. La bataille sera généralisée à l’ensemble des médias sociaux avec la montée en puissance de LinkedIn. À suivre !

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