Remaniement de façade et continuité socialiste

Non il n’y aura pas les réformes libérales nécessaires mais une continuité : sauver les apparences d’un quinquennat plus que médiocre tout en divisant un peu plus la carte politique.

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Remaniement de façade et continuité socialiste

Publié le 6 juillet 2020
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Par Claude Robert.

La nomination de Jean Castex au poste de Premier ministre répond à une logique toute politique. Il s’agit non pas de lancer les réformes libérales nécessaires mais de gérer la continuité, sauver les apparences d’un quinquennat plus que médiocre tout en divisant un peu plus, cerise sur le gâteau, la carte politique.

Un énarque chasse l’autre

Remplacer un énarque par un autre énarque jette le doute sur la sincérité du président lorsqu’il envisageait de supprimer cette école du pouvoir. Véritable fabrique de hauts fonctionnaires dont le profil truste les postes gouvernementaux, cette institution administre depuis presque cinquante ans1 le lent mais puissant déclin économique de l’Hexagone.

Quels que soient les mérites personnels de Jean Castex, ancien maire de Prades puis secrétaire général adjoint de la présidence de la République, conseiller régional du Languedoc-Roussillon, conseiller départemental des Pyrénées-Orientales, récemment chargé du déconfinement, son profil en dit long sur les motivations d’Emmanuel Macron.

Loin de recruter une personnalité de la société civile ayant à son actif le sauvetage d’une importante entreprise publique (par exemple), le président a choisi un haut fonctionnaire, un profil politico-administratif en quelque sorte.

N’oublions jamais ceci : strictement rien ne justifie de donner les clés d’un pays en voie de désindustrialisation et en proie à des émeutes sociales régulières à des personnalités dont on sait très bien qu’elles n’ont jamais fait leurs preuves dans le monde ô combien concurrentiel et « challengeant » des entreprises.

Pour le président, il ne s’agit donc surtout pas de lancer les réformes libérales nécessaires pour enrayer notre déclin socio-économique, mais de gérer la continuité, sauver les apparences d’un quinquennat plus que médiocre, et, cerise sur le gâteau, d’en profiter pour embrouiller un peu plus la carte politique.

Gérer la continuité : l’État au service de lui-même !

La façon dont le Grand débat a été préempté par l’Elysée puis a accouché de décisions n’ayant strictement rien à voir avec les récriminations des Gilets jaunes et les causes de l’appauvrissement du pays, apporte la preuve indiscutable que l’État n’en fait qu’à sa tête. Il en a été de même pour les baisses d’impôts promises, pour la pseudo-réforme de la SNCF et pour la gestion très paradoxale de la pandémie.

Le gouvernement affiche un certain nombre d’actions mais celles-ci sont purement destinées à tromper le peuple sur ses intentions. En réalité, les seuls chantiers qui ont vraiment avancé n’ont qu’un unique point commun, celui d’avoir soulevé l’intérêt du président : la limitation à 80 km/h2, le prélèvement des impôts à la source, la Convention citoyenne pour le climat.

Pendant ce temps, sans surprise, le train de vie de l’État continuer d’enfler, tout comme la dette. Car, bien évidemment, aucune réforme destinée à optimiser ses ressources, à améliorer les services publics tout en en diminuant leurs coûts pour la collectivité n’a été entreprise !

Sauver les apparences d’un quinquennat plus que médiocre

À l’exception de la réformette du Code du travail et du prélèvement à la source, ce quinquennat n’aura été qu’une longue litanie d’échecs et d’émeutes sociales. Les manifestations des Gilets jaunes ont battu des records de longévité, de coûts et de violence, déclenchant même sur ce dernier point les réactions indignées d’Amnesty international et du Conseil de l’Europe !

Le blocage du pays pour cause de pseudo-réforme de la SNCF puis de réforme des retraites aura méchamment plombé les comptes déjà mal en point de la Nation.

Quant à la gestion de la pandémie, elle se sera illustrée par une inexplicable absence de prévention, par des mensonges qui ont déclenché une cascade de procédures judiciaires, par un pourcentage de décès parmi les plus élevés de la planète et pour finir, par un empressement paradoxal pour le chômage partiel qui aura cloué l’économie avec probablement la plus forte récession d’Europe !

Sans surprise, et avant même l’impact de l’incurie pandémique, les principaux indicateurs économiques (chômage, croissance et dette) sont systématiquement moins bons que chez nos voisins européens, ceci malgré la poursuite de la hausse des prélèvements obligatoires3 !

Ainsi, dans la triste lignée de François Hollande, le gouvernement d’Emmanuel Macron se comporte comme une espèce d’immense trou noir qui engloutit des sommes faramineuses sans en tirer quoi que ce soit de bénéfique pour le pays.

Or, loin de prendre le taureau par les cornes et de changer complètement de paradigme, le président rénove simplement l’image du gouvernement en remplaçant son Premier ministre par un profil similaire. Tel un fabricant de lessives qui rafraîchit l’intérêt de sa clientèle en modifiant ses packagings et sa communication, le président crée l’évènement et fait diversion auprès des citoyens sans rien changer sur le fond.

Embrouiller pour régner

À l’instar d’Édouard Philippe, qui certes n’avait de droite que le nom, son remplaçant provient de LR. À la différence du premier, proche d’Alain Juppé, chiraquien de toujours, c’est-à-dire socialiste de cœur, Jean Castex est considéré comme proche de Nicolas Sarkozy.

Ceci étant dit, ce dernier aura été un président réformateur pendant les premiers mois de son mandat pour très vite se laisser ensuite annihiler par les penchants socialistes dominants : keynésianisme et recours à la dette.

Finalement, d’une pierre deux coups : tout en recrutant de vrais socialistes comme lui (Édouard Philippe puis son remplaçant), le président brouille les cartes en donnant l’illusion d’un gouvernement d’ouverture et de consensus, gouvernement, qui bien évidemment, ne panache que les étiquettes.

Ainsi avons-nous l’assurance que le quinquennat d’Emmanuel Macron se terminera selon les mêmes standards étatiques que ceux qui ont prévalu jusqu’à présent. Ainsi avons-nous l’assurance que le pays ne perdra pas seulement trois ans, mais cinq au total.

Sur le web

  1. De l’avis de nombreux économistes, le déclin a commencé dans les années 1970, au moment du choc pétrolier, il y a donc près de 50 ans (par contre l’école a été créée en 1945).
  2. Devant le soulèvement populaire, le gouvernement n’a même pas eu l’honnêteté de supprimer clairement cette mesure. Il s’est défaussé sur les régions, dans un flou total, ce qui laisse la situation pratiquement inchangée si ce n’est plus compliquée pour les automobilistes.
  3. La suppression de l’ISF est une très bonne mesure sauf qu’elle semble avoir été financée par les hausses sur les autres catégories ! Dans la mesure où les prélèvements obligatoires continuent d’augmenter, il est impossible de gratifier le gouvernement d’une baisse de la pression fiscale. Quant aux entreprises, rien n’a vraiment changé selon la présidente de l’IFRAP, chaque baisse étant « avalée » par une hausse !
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  • La suppression de l’ISF « aurait » été une bonne mesure si elle avait été complète. En quoi l’immobilier est-il un investissement non productif?
    C’est un détail, l’article est, ô combien, lucide.
    Nous fausons en permanence ces constats… et celui de notre impuissance à changer les choses.

    • ce n’est pas notre impuissance à changer les choses, c’est la mainmise de la fonction publique sur la France et cette fonction publique ne veut surtout rien lâcher, bien au contraire, quitte à tuer le pays, ce qu’elle fait lentement, mais sûrement.

    • Ceux qui considèrent que l’immobilier n’est pas un investissement productif devrait dormir dehors avec conjoint et enfants, par une froide et humide nuit d’hiver. Il est probable qu’après cette expérience ils révisent leur sentence superficielle.

    • L’ISF paie tout juste les pillages de la nébuleuse France télévision (5 milliards vs 4.5 milliards).
      C’est une toute petite goutte dans un océan de racket fiscal (1000 milliards). Une bonne mesure serait pour commencer de diminuer les prélèvements d’au moins 300 milliards et virer la moitié des salariés d’état.

      • Les idées simplistes à l’emporte pièce et totalement irréalistes ne font guère avancer le schmilblick…

        • Si vous pensez que cette phrase implique qu’on le fasse en un jour, questionnez vos propre capacités d’abstraction.
          Vous voulez un plan complet avec toutes les stratégies politico-sociale au jour le jour dans un commentaire ? Parce que j’ai, mais je doute fort que ceux qui trouvent simpliste l’idée de base dépassent alors la première ligne de lecture.

  • Mais voyons, Soros et cie ne mettent pas des gens au pouvoir pour faire des réformes ou appliquer un « programme » (lol), mais pour verrouiller le pouvoir médiatique et les institutions.

  • L’article oublie malheureusement la composante « écolo » de la politique de Macron : c’est la seule qui revienne constamment au fil des années.

  • Perte de temps par rapport à quoi et à qui ?
    La reindustrialisation ? On n’est plus à 20 ans près. C’est irratrapable.
    La France n’a plus qu’un atout dans sa manche, le tourisme comme la plus part des pays pas gatés par la nature côté mineraux et côté cérébral.
    À une autre époque, on a passé ce cap avec les invasions et colonisations. Époque révolue.

    • Ce qui nous met de facto dans le même club que la Grèce et l’Espagne

    • Les parts de marché industrielles de l’Allemagne augmentent sur ces 20 dernières années. Et l’Angleterre et l’Espagne ont une part de leur PIB consacrée à l’industrie supérieure à la notre à présent. Vous ne pouvez pas généraliser notre situation. La France perd 1 place tous les 2 ans à peu près en matière de richesse par habitant. Ce qui prouve que nous reculons par rapport au reste de la planète

  • Ce qui nous pèse comme un boulet c’est l’aide sociale invraisemblable financée par l’emprunt. Mais comment revenir en arrière sans soulever des émeutes? CPEF

    • Il faudrait libérer en tout premier les « vaches laitière » de l’économie, les entreprises en réduisant leurs charges d’au moins 50% pour commencer.
      L’emploi repartirait, donc moins de dépenses sociale, on pourrait alors continuer la baisse des charges et commencer à virer des salariés d’état (EDF, SNCF) puis des fonctionnaires, donc encore moins de dépenses etc. etc.
      .
      Simple, mais totalement illusoire, CPEF.

      • Vous vous répétez, vous virez des salariés, en supposant qu’ils ne font rien, c’est juste débilitant : vous devez auparavant réduire les besoins en fonctionnaires qui gèrent les lois, normes et règlements, puis éliminer progressivement les arrivistes (mais cela semble impossible), donc au final, il faut privatiser des fonctions non régaliennes, en éliminant aussi le centralisme jacobin.
        Bref, 7 siècles de travail en perspective (depuis Philippe Auguste environ).

        • Bien sûr que la plupart ne font rien ! Comment fonctionnent les autres pays avec nettement moins de fonctionnaires… ben largement mieux, meilleure efficacité, meilleur service.

          • Ce n’est pas forcément qu’ils ne font rien : ils sont tout simplement utilisés à des tâches inutiles, voire nuisible à la bonne santé du pays. Ce n’est pas leur faute à eux…
            L’état juge essentiel de payer des gens à tourner en rond dans des bureaux, des fonctionnaires sont engagés pour le faire et ils en souffre quotidiennement, du moins pour ceux qui en sont conscient.
            L’attractivité de l’emploi à vie et de congés confortables est, à peine, la « juste » compensation à leur vie de labeur inutile donc pénible.
            Les coupables sont bien ceux qui créent ces « besoins ».

        • Vous « devez auparavant » surtout lire tous les mots et pas 1 sur 4.

  • La faute originelle de cette maudite constitution de la Vème est de n’avoir pas interdit aux fonctionnaires de se présenter au suffrage universel. On ne peut pas avoir un pied dans l’exécutif et un pied dans le législatif. Cette situation est le propre des républiques bananières.
    Résultat: c’est le plus grand hold up du siècle: celui de l’argent des contribuables par les fonctionnaires pour eux-mêmes. A côté de notre haute fonction publique les mafieux de la camorra ont l’air de petits amateurs.

  • Si le scorpion pique trop la grenouille, il coule avec elle.
    Or la grenouille s’amaigrit pendant que le scorpion s’alourdit.
    Le bouillon est pour bientôt!

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