Popularité politique : qui gagne et qui perd sur Twitter ?

L’importance de Twitter dans la communication politique : l’évolution du nombre d’abonnés des personnalités politiques peut-elle être un indicateur de leur succès électoral ?

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Popularité politique : qui gagne et qui perd sur Twitter ?

Publié le 19 avril 2023
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Un an après le premier tour des présidentielles, nous mettons à jour notre étude de popularité à travers l’analyse toute simple de la progression des abonnés sur Twitter des principaux femmes et hommes politiques français déjà présents sur le devant de la scène en 2022.

 

Les fondements de l’approche

Twitter est décrié. Pourtant, même si l’on constate une forte baisse de l’engagement lorsqu’on est un utilisateur lambda, il n’en demeure pas moins que le média social repris par Elon Musk a en quelque sorte remplacé l’AFP ! Chaque personnalité y développe son propre canal de communication quasiment indispensable pour diffuser ses annonces, ses communiqués, son actualité.

Personnalités politiques #abonnés au 03/04/2022 #abonnés au 09/04/2023 Croissance des abonnés Progression en nombre
Bardella     145 920    287 791   97,2 %    141 871
Rousseau       75 442    118 286   56,8 %     42 844
Di Visio     194 231    278 127   43,2 %     83 896
Ruffin     295 728    398 183   34,6 %   102 455
Lisnard        83 097    109 750   32,1 %     26 653
Corbière      128 814    165 433   28,4 %     36 619
Darmanin       313 207    397 100   26,8 %     83 893
Dupont-Aignan       308 455    390 892   26,7 %     82 437
Villiers       157 278     193 518   23,0 %     36 240
Retailleau         90 624     106 342   17,3 %     15 718
Piolle         63 845        74 799   17,2 %     10 954
Ciotti       224 463      262 134   16,8 %     37 671
Macron    8 060 453   9 314 657   15,6 % 1 254 204
M. Onfray TV          99 351      113 493   14,2 %      14 142
Maréchal        468 888      533 697   13,8 %      64 809
Le Maire       620 734      687 346   10,7 %      66 612
Philippot       341 194      375 544   10,1 %      34 350
Mélenchon   2 436 344   2 671 934     9,7 %    235 590
Jadot      103 810      112 247     8,1 %         8 437
Le Pen (Marine)   2 715 124  2 909 534     7,2 %     194 410
Zemmour      384 492     405 323     5,4 %       20 831
Lagarde (BCE)      727 362     764 085     5,0 %       36 723
Philippe      900 833     945 009    4,9 %       44 176
Wauquiez      361 185     376 537    4,3 %       15 352
Pécresse     450 538    467 806    3,8 %       17 268
Bertrand     206 086    209 868    1,8 %         3 782
Hidalgo  1 546 338  1 555 734    0,6 %         9 396
Montebourg    441 264     437 803   -0,8 %        -3 461
Taubira    833 058     824 399    -1,0 %       -8 659
Barnier   230 058     225 252    -2,1 %       -4 806

 

Il y aurait près de 13 millions d’utilisateurs français actifs chaque mois sur Twitter. Certes, les seniors y sont sous-représentés mais ces chiffres en millions font de Twitter un média social populaire.

À titre d’illustration, Kylian Mbappé voit son audience progresser en un an de plus de 4,6 millions de followers ! Nul doute que les 12,2 millions de Français et étrangers qui le suivent appartiennent à toutes les catégories de la population, à toutes les tranches d’âge !

Étudier les audiences des candidats à l’émission de télé crochet « The Voice » permet de déterminer les gagnants avec pas mal de chances de succès (puisque c’est le vote du public qui prime). Alors plutôt que de lire des sondages plus ou moins orientés, faisons un tour d’horizon des progressions et nombre d’abonnés sur Twitter des principaux hommes politiques. Nous commencerons par les « portés disparus », par la « big league » puis balayerons le champ politique de la gauche à la droite et terminerons sur un coup de zoom sur le seul libéral référencé, David Lisnard.

 

Les portés disparus

Montebourg, Taubira, Barnier… autant de personnalités qui sont rangées des voitures.

Sans surprise, ils perdent chacun quelques milliers de followers. Hidalgo progresse mais de façon minime… Ces résultats cohérents confirment le bon sens de l’approche que nous avons utilisée.

 

Big league : Mélenchon n’a pas dit son dernier mot…

Dans le club très fermé des plus de deux millions de followers (où l’on retrouve Sarkozy avec 2,36 millions de followers et Hollande avec 2,32 millios) Mélenchon progresse finalement davantage que Le Pen (9,2 % contre 7,8 %).

Marine Le Pen reste la personnalité politique la plus suivie derrière Macron. Emmanuel Macron bénéficie quant à lui de son statut présidentiel et très probablement de l’élan de l’élection de 2022. Sa progression de 15,6 % lui fait gagner 1,25 million de followers. À noter que cette progression ne se concentre certainement pas sur des followers uniquement français étant donné sa stature internationale.

 

… comme l’extrême gauche  

Sandrine Rousseau, la révélation politique de l’année 2022, poursuit sa progression. Deuxième du classement en progression, elle se rapproche des 120 000 abonnés. François Ruffin fait également fort. Avec 34,6 % de progression (quatrième plus forte progression), le dauphin de Mélenchon tutoie désormais les 400 000 followers.

Alexis Corbière continue son chemin et progresse d’un honorable taux de 28,4 % (165 433 followers). Citons aussi la députée Mathilde Panot, qui n’était pas dans le panel l’an dernier. Elle a déjà 179 500 abonnés. Le plus jeune député de France, Louis Boyard, bénéficie déjà de 194 800 followers.

L’agit-prop et les propos musclés semblent donc fonctionner. Les éléctions législatives de 2022 et la séquence de la réforme des retraites expliquent en partie ces bons scores. Si les présidentielles avaient lieu aujourd’hui, il faudrait bien compter sur la gauche dure.

 

Où est passée la PS compagnie ?

Les poids lourds du PS sont des poids plume sur Twitter.

L’éphémère Premier ministre Bernard Cazeneuve détient 232 745 followers. Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, culmine à 127 785 followers. Avec 23 099, son concurrent malheureux Nicolas Mayer-Rossignol a encore énormément de chemin à parcourir… Bref, le PS est cliniquement mort sur Twitter.

 

Majorité présidentielle : Édouard Philippe proche du haut du panier

Pas de quoi pavoiser sur la progression de l’ancien Premier ministre (4,9 %). Cependant, telle la tortue, Philippe n’est plus qu’à 55 000 de la barre du million de followers. La marque Édouard Philippe est connue. Son alopécie (maladie auto-immune) le rend touchant. Il s’impose bien comme un produit de grande consommation électorale.

Les récents sondages (Ifop-Fiducial Le Figaro Magazine du 7/04/23) confirment que Bruno Le Maire est le ministre le plus « bankable » du gouvernement. Avec 18 % d’intentions de vote au premier tour, il fait moins bien qu’Édouard Philippe (26 %) mais beaucoup mieux que Darmanin (11 %). On retrouve cette tendance dans notre baromètre. Le Maire fait une progression de plus de 10 % et franchira très prochainement le cap des 700 000 followers. Il devance désormais le vieux routier François Bayrou, avec ses 681127 followers.

Gérald Darmanin passe pour un adepte de son maître Sarkozy avec des coups médiatiques et du mouvement. Sa progression de 26,8 % est honorable et lui permet de tutoyer la barre des 400 000.

Et les autres ministres ?

Ces ministres n’étaient pas suivis dans les baromètres précédents. Le statut de porte-parole et d’ex ministre de la Santé en période d’épidémie profite à Olivier Véran (487 364 followers).

Dupond-Moretti bénéficie de son statut de star grande gueule (244 690). Gabriel Attal, pourtant très médiatique, reste relativement peu suivi (147 354). Serait-il trop lisse ? Très médiatique pendant la séquence réforme des retraites, Olivier Dussault n’atteint modestement que 59 443.

 

Les Républicains version brasse coulée

L’accession d’Éric Ciotti à la présidence de LR laissait envisager une jolie progression. Certes, il ne fait pas du surplace avec ses 16,8 % mais il reste en ligue 2 avec à peine 263 000 followers. On peut même anticiper qu’il aborde une phase de faux plat vu le manque de lisibililté de ses positions sur la réforme des retraites.

Laurent Wauquiez a choisi de prendre de la distance. Campant sur ses positions régionales, il joue au futur homme providentiel qui, loin des projecteurs, va à la rencontre de la France profonde ou fait des déplacements ciblés à l’étranger. Tout cela est savamment orchestré et mis en image pour être diffusé sur les médias sociaux. Résultat ? Raté ! Une progression insignifiante de 4,3 %. Il lui manque encore plus de 120 000 followers pour être dans le club des plus de 500 000. De quoi s’inquiéter sur son positionnement ? Qui ne se frotte pas à des coups d’éclat, à l’actualité ou aux grands médias, n’existe pas.

Notons que Valérie Pécresse ne disparaît pas totalement des radars. Son statut de présidente de région lui permet de gagner quelques followers avec une progression modeste mais réelle de 3,8 %. Le solide sénateur Bruno Retailleau conserve un fort déficit de notoriété. Certes il progresse de 17,3 % mais avec seulement 106 342, il reste mal classé.

Xavier Bertrand ne se remet pas de son échec aux Primaires. C’est l’encéphalogramme plat (+1,8 %).

 

À droite toute : Bardella grand gagnant du baromètre 

Nous l’avions montré dans notre précédent baromètre, le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine avait marqué un coup d’arrêt à la progression spectaculaire opérée par l’ancien journaliste depuis l’été 2021. Manifestement Éric Zemmour n’imprime toujours pas. Nous verrons dans les prochains mois si grâce à son dernier livre son retour sous les projecteurs produit des effets. Mais ce n’est pas le cas pour le moment. Sa progression se limite à 5,4 % et il reste en deuxième division, à peine au dessus de la barre des 400 000.

Son adjointe Marion Maréchal s’en sort mieux avec une progression de 13,8 % et 533 697 followers. Des arguments qui pourraient pencher en sa faveur pour prendre la tête de liste de Reconquête aux élections européennes.

Notons que Dupont-Aignan, pourtant discret, progresse de 26,7 % à 390 892 followers. L’anti pass Di Vizio, toujours très offensif reste très visible sur Twitter (sur le podium des progressions à 43,2 % ce qui lui permet d’atteindre 278 127 followers) même si le covid n’est plus d’actualité. Dans une moindre mesure, Philippot fait aussi un score honorable (+10,1 %).

Et le vainqueur toute catégorie en termes de dynamique est… Jordan Bardella qui a quasiment doublé son nombre d’abonnés et enregistre ainsi la plus forte progression de ce classement. Son accession à la présidence de parti lui réussit mieux qu’à Ciotti. S’il continue sur ce rythme, Bardella va s’installer progressivement dans la catégorie des poids lourds du paysage politique français.

 

Lisnard, la route encore longue vers la staritude

Cela réjouira les libéraux, David Lisnard est en dynamique. Il se place dans le top 5 des progressions en pourcentage (32,6 %). Le résultat d’un parcours sérieux, d’une médiatisation croissante. Mais avec seulement 109 750 followers il reste très très loin des têtes de série.

Que lui conseiller s’il veut passer le cap des 500 000 puis tutoyer les sommets à l’horizon 2027 ? Santé, système éducatif, délivrance de papiers d’identité, police & justice… C’est « merde in France » pour reprendre le titre d’une chanson de Jacques Dutronc datant de 1984. Sur ces sujets, David Lisnard doit certes continuer à labourer le terrain intellectuel : tribunes et pourquoi pas publication d’essais, mais il doit délivrer des interventions musclées, repérables et compréhensibles par un très large public (ce qu’il avait fait lors de l’agression d’une femme âgée par un mineur à Cannes en septembre dernier).

Choisir les thèmes pour lesquels des solutions simples et libérales existent. Être disgressif dans sa communication en cherchant à frapper les esprits sur des médias populaires (TPMP en particulier). Faire des capsules vidéo courtes pour rediffuser ensuite sur les médias sociaux les moments les plus frappants de ses interventions. Certes, l’ambitieux président de l’association des Maires de France attend probablement son heure et évite de trop s’exposer pour le moment. Mais au delà du cercle des « early adopters » une notoriété « mass market » met du temps à se construire. Il faut lâcher les coups sur la durée, la prudence n’est pas de mise.

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  • Je regrette seulement la présence et la progression de M. Lisnard qui ne mérite pas autant.

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