Laurent Wauquiez : l’opposition au rabais
La stratégie politique de rentrée de Laurent Wauquiez est une stratégie de repli : repli sur les passions identitaires des Français et sur les intérêts étroits des clientèles électorales de la droite. Elle s’éloigne définitivement du libéralisme.
Par la rédaction de Contrepoints.
Laurent Wauquiez a fait sa rentrée politique dimanche 26 août à l’occasion de l’ascension du Mont Mézenc, qu’il effectue chaque année avec ses soutiens. Le leader des Républicains s’est adressé à son camp en se situant d’emblée à la droite de la droite de l’échiquier politique.
Sans surprise, puisque le virage avait déjà été pris il y a quelques mois, Laurent Wauquiez a fait disparaître de son discours les dernières traces de libéralisme politique, qui ne peut pas être résumé à ses quelques saillies anti-fiscalistes, pour l’axer sur la défense étroite des intérêts catégoriels de sa clientèle politique, les classes moyennes et les retraités. Le départ de Virginie Calmels a profité à la fois à la garde rapprochée du centrisme et de la droite autoritaire.
La rhétorique du peuple contre les élites
Comme le populisme a le vent en poupe, l’équipe de Laurent Wauquiez n’hésite pas à multiplier les accusations d’élitisme à l’endroit de la classe politique en général et du gouvernement Macron en particulier. Le leader de la droite règle son pas, au moins en paroles, sur celui de Marine Le Pen en France ou de Salvini en Italie.
La classe politique a perdu le bon sens, elle ne voit plus, elle n’entend plus, une petite élite confite dans ses certitudes a pris l’habitude de ne plus entendre, elle méprise ce que les Français disent. Au lieu de comprendre le peuple, on lui fait la leçon. #Mézenc
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 26 août 2018
L’immigration est désignée comme une menace culturelle. La droite a retenu les leçons des politologues sur l’insécurité culturelle, mais, hélas, pas pour en apaiser les manifestations les plus anxiogènes. Réduisant l’immigration à celle de masse et à la crise des migrants vues comme des menaces sur la civilisation et l’art de vivre français, elle préfère passer sous silence celle qui fait fonctionner l’économie et améliore les conditions de vie de chacun.
Il n’y a pas de droit des migrants de s’installer librement partout dans le monde. Il n’est pas normal que ce soit les passeurs et les mafias qui décident de qui s’installe sur le sol européen. #Mézenc
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 26 août 2018
Il est temps de sortir du bal des hypocrisies. On ne prend pas l’#Aquarius dans les ports français mais le président de la république accepte de prendre les migrants de l’#Aquarius dans nos villes. C’est toute sa politique qui est résumée dans ces faux semblants. #Mézenc
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 26 août 2018
Défendre son identité, être attaché à son pays, aimer sa culture, croire à la nécessité des frontières, c’est tout cela qu’Emmanuel Macron a qualifié de « passions tristes ». #Mézenc
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 26 août 2018
Même Nicolas Sarkozy ne suit plus la stratégie Sarkozy
Laurent Wauquiez colle à la stratégie imaginée par Patrick Buisson sous Sarkozy, qui est de muscler le discours de la droite pour braconner sur les terres de Marine Le Pen. L’enjeu ici est avant tout identitaire et culturel, avant d’être économique et politique. On remarquera que même Nicolas Sarkozy n’est pas fidèle à cette stratégie sécuritaire, puisqu’il a décidé de créer sa niche plus « sociale » au sein de la droite pour contrebalancer l’influence de… Laurent Wauquiez.
Laurent Wauquiez a du mal à exister en tant qu’opposition légitime à Emmanuel Macron, et est concurrencé sur sa gauche par Jean-Luc Mélenchon. La droite n’a pas encore trouvé sa place dans l’arène politique, parce que le macronisme a absorbé une partie de ses idées et de son électorat.
La République en Marche, quant à elle, a choisi de se positionner frontalement contre l’extrême-gauche, marginalisant dans le débat public la droite modérée. Incapable d’incarner la nouveauté, la droite se contente d’imiter, que ce soit le national-populisme de Marine Le Pen ou le modernisme social-démocrate des déçus du macronisme.