Marée populaire : quelle réforme propose Macron exactement ?

On peut s’interroger sur la profondeur des réformes entreprises par le gouvernement depuis un an, sur leur capacité à restructurer la société française, et donc sur la nécessité de s’y opposer ou de les soutenir.

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Emmanuel Macron by EU2017EE Estonian Presidence (CC BY 2.0)

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Marée populaire : quelle réforme propose Macron exactement ?

Publié le 26 mai 2018
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Par Olivier Maurice.  

La gauche française se retrouve donc dans la rue ce 26 mai pour une Marée Populaire destinée à interpeller « Emmanuel Macron, le gouvernement et le Medef » pour en appeler à « une société plus juste, plus solidaire, plus démocratique, plus égalitaire avec un meilleur partage des richesses », en s’opposant à la « restructuration en profondeur de la société française ».

En dehors du nom douteux de Marée, rappelant avec quelque effroi La Vague, fiction sidérante décrivant la manipulation et l’embrigadement des foules par un discours populiste fascisant et qui se termine en bain de sang…

En dehors également de l’argument usé jusqu’à l’os de la lutte des classes rendant n’importe quel pouvoir forcément injuste, individualiste, totalitaire, anti-démocratique et accapareur de richesses, fusse-t-il régulièrement et démocratiquement élu…

En dehors de la date du 26 mai qui célèbre le cinquantenaire de la négociation des accords de Grenelle, symbole de soi-disant acquis sociaux obtenus par la lutte, accords qui n’ont en fait jamais été ni acceptés, ni signés, ni appliqués…

Donc, en dehors de tout ce marketing… on peut cependant s’interroger sur la profondeur des réformes entreprises par le gouvernement depuis un an, sur leur capacité à restructurer la société française, et donc sur la nécessité de s’y opposer ou de les soutenir.

 

Retour vers le futur

La piste choisie par Emmanuel Macron pour la remise en marche de l’économie et la diminution du chômage repose sur deux piliers : d’un côté l’assouplissement de la législation du travail et de l’autre une diminution des charges pesant à la fois sur les salariés et sur les investisseurs.

Le modèle suivi s’inspire en grande partie des réformes Hartz mises en place en Allemagne par le gouvernement social-démocrate de Gerhard Schröder entre 2003 et 2005 que l’on cite très souvent comme étant l’exemple européen.

Cette troisième voie, théorisée par Tony Blair en Angleterre ou Michel Rocard en France, veut « renouveler la social-démocratie et l’adapter à la mondialisation. Refusant à la fois le keynésianisme et le monétarisme, elle propose de s’accommoder du capitalisme en réformant l’État-providence tout en fournissant aux individus l’éducation et les connaissances nécessaires pour trouver leur place dans une nouvelle économie basée sur le savoir. »

On reconnait dans ce résumé les thèmes de la campagne d’Emmanuel Macron : le « ni de droite ni de gauche » et le « nouveau monde ». On comprend également ce qui hérisse le poil de la gauche de la gauche. Pour elle, qui a déjà eu un mal fou à renoncer à l’économie planifiée pour le keynésianisme, un minuscule pas vers l’acceptation de l’épouvantail capitaliste est un véritable sacrilège, l’idée de réformer l’État-providence signifiant tourner le dos au progrès, c’est-à-dire s’éloigner de l’idéal d’une société communiste.

S’ajoute à cela la panique d’un complot visant à empêcher les classes laborieuses de trouver leur place dans le nouveau monde, en modifiant les critères d’entrée à l’université et en les empêchant ainsi d’accéder au savoir qui régirait cette nouvelle économie.

On a vraiment du mal à voir dans la démonstration du 26 mai autre chose qu’un congrès à ciel ouvert, la gauche atomisée en une myriade d’associations et de mouvements politiques ayant décidé de laver son linge sale en public en s’arc-boutant dans une position archaïque et dogmatique.

N’ayant toujours pas digéré le congrès de Tours qui, en 1920, avait opposé communistes et socialistes, les frondeurs et la gauche de la gauche s’opposent à cette troisième voie avec une vigueur décuplée depuis que François Hollande a tenté de la mettre en pratique en initiant quelques réformes portées par Emmanuel Macron alors ministre de l’Économie.

Il s’agit bien d’un combat d’arrière-garde d’une gauche française archaïque qui tente de refaire le match d’il y a 100 ans, en ciblant un président de gauche technocratique qui tente, lui, de mettre en place une politique que l’Angleterre, l’Allemagne et les pays scandinaves ont abandonné il y a 10 ou 20 ans.

La gauche française n’a toujours pas compris, malgré ses dizaines de millions de morts, que communisme ne rime absolument pas avec progrès, mais avec esclavage, misère, mégalomanie dictatoriale et crimes de masse, et que malgré ses centaines de milliards de dette, social-démocratie ne rime pas du tout avec partage, mais avec désindustrialisation, chômage et appauvrissement.

 

La troisième voie est une impasse

Contrairement à ce que l’on entend régulièrement, l’efficacité des réformes Hartz en Allemagne est plus que discutable. En effet, le chômage n’a commencé à diminuer qu’à partir de 2006, un an après l’arrivée au pouvoir d’Angela Merkel. Depuis, le nombre de chômeurs en Allemagne n’a fait que diminuer, n’accusant même aucun effet dû à la crise de 2008.

Il est actuellement sous la barre des 4 % qui correspond plus ou moins au seuil incompressible du plein emploi. La baisse continue depuis plus de dix ans semble bien prouver que c’est bien l’action conduite par l’actuel chancelier qui est en est responsable et non les réformes de l’État-providence entreprises en 2003 par les socio-démocrates.

Le bilan du blairisme en Grande-Bretagne est tout aussi mitigé. Si Tony Blair a réussi pendant ses mandats à maintenir le faible taux de chômage qu’il avait hérité de l’ère Thatcher, le déficit public et la dette anglaise n’ont fait qu’augmenter jusqu’à atteindre un niveau astronomique, fragilisant la société anglaise qui a pris de plein fouet la crise de 2008 et a vu alors le chômage bondir, signant le départ de son ministre des Finances et successeur Gordon Brown.

Le bilan est quasiment le même dans les pays scandinaves qui ont vu nombre de leurs fleurons industriels disparaître petit à petit et ont gravement accusé la crise de 2008.

On ne saurait donc donner complétement tort aux Trotskistes, Maoïstes, Stalinistes, Castristes et autres afficionados de la révolution bolivarienne : la social-démocratie reconvertie en troisième voie pseudo libérale et pseudo moderniste a été un échec dans toute l’Europe du Nord. Échec qui a fortement déteint sur la construction européenne et plongé le continent au bord du gouffre, reproduisant partout les mêmes problèmes : déficit budgétaire, désindustrialisation, chômage, fragilité devant les crises, et par réaction : repli sur soi et populisme.

C’est bien grâce à la reprise en main de l’économie allemande par Angela Merkel, à celle du Royaume-Uni par David Cameron, et surtout à la lumière de la crise de 2008 qui a mis en évidence la fragilité des politiques néo-keynésiennes de la troisième voie, que les pays d’Europe du Nord affichent aujourd’hui une santé resplendissante, et absolument pas grâce à la social-démocratie mâtinée de social-libéralisme que tous ces pays ont abandonné après en avoir fait les frais.

 

La seule direction possible

La direction engagée par le président Macron a donc clairement fait ses preuves : celle de l’échec programmé. Modifier le mode de partage du gâteau fiscal ne résoudra aucun des problèmes structuraux et risque de grandement diviser la population française en étant perçue à juste titre comme une politique des riches.

Alors, est-ce que la gauche de la gauche livre un combat d’arrière-garde ou anticipe-t-elle plusieurs coups d’avance sur l’échiquier, ayant dans le fond fait le même constat que le Nord de l’Europe a fini par admettre, après plusieurs décennies de léthargie dans les vapeurs de la douce social-démocratie ?

La solution aux problèmes de la France est connue et elle a prouvé son efficacité. Il n’y a qu’une seule façon de sortir le pays de la spirale du déficit public, désindustrialisation et chômage : réduire la taille de l’État pour donner à l’économie la place de se développer et arrêter de ponctionner les générations présentes et futures en les faisant payer les intérêts de déficits publics inutiles.

Retrouver le plein emploi ne se fera qu’en rendant à l’économie les compétences qui lui manquent et qu’elle doit financer dans l’État. Un rapide calcul, sachant qu’un emploi dans le service public supprimé crée environ 3 emplois, nous indique qu’il faut supprimer de la fonction publique environ 500 000 fonctionnaires. (l’image illustrant l’exemple anglais parle d’emplois bruts créés et ne tient pas compte des reclassifications et des destructions, ce qui aboutit à un ratio net d’environ trois pour un)

Il s’agit tout simplement de mettre en place ce que les pays autour de nous ont appris et que leurs résultats économiques confirment. Il ne s’agit pas de détruire le service public, il s’agit de le remplacer : les entreprises privées font mieux, et moins cher, ce que l’État nous promet. Il ne s’agit pas d’austérité, mais d’élévation du pouvoir d’achat pour tout le monde.

Il s’agit de rompre avec un modèle social qui ne fait qu’appauvrir le pays, ne profite qu’à quelques privilégiés payés par les impôts prélevés aux autres et qui, non content de taxer au-delà du raisonnable, trouve tout naturel d’empêcher les gens de circuler ou de suivre les cours, tout en nous faisant la leçon sur le progrès et le partage à longueur de journée.

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  • pour l’instant le calcul est vite fait , dans les mots beaucoup, dans l’action peu ou pas !

  • C’est pareil en Belgique … « Ils » n’ont pas encore compris !! Faut dire qu’en politique on a pas mal de « vedettes » …

    • la question qui est a poser: sont ils la pour satisfaire les demandes et les besoins des citoyens, ou pour conforter leur position leur porte monnaie et leur ego !
      a vous de choisir !
      pour ma part j’ai la réponse.

  • Très bon article. Nous avons besoin de moins d’Etat et de plus de libertés économiques. Je ne suis pas certain que Macron soit sur cette ligne.

  • Excellentissime papier qui devrait être distribué dans les lycées.

  • Macron est sous l’emprise totales des Multinationales et de la Finance, sous l’emprise de ceux qui ont financés sa campagne électorale. Mais n’oublions pas l’imbécilité de la classe politique locale qui ne pense qu’au fric et aux taxes et prélèvements divers. C’est une culture Française qui ne s’arrêtera pas. L’autre culture Française est de tout démolir et de tout reconstruire tous les 15 ans ! le coût n’est pas la préoccupation des Elus. Aujourd’hui c’est le tour des écolos, il faut coute que coute construire des pistes cyclables et des trajets pour le transport en commun. Alors que les pays qui nous entourent Pratiquement tous ont intégré ces paramètres et ont une avance considérable tout en préservant la circulation automobile. Nos imbéciles n’ayant jamais prévus ces infrastructures prennent le terrain de la circulatio automobile et mènent campagne contre la voiture. Leur préoccupation est de favoriser la voiture électrique qui ne sera pleinement opérationnelle que dans 40 ans voir plus.Hélas l’idiocratie extrémistes ne laisse pas de place pour une transition propre et supportable il faut tout tout de suite et surtout montrer aux autres pays qui ont déjà, beaucoup d’avance que la France est le meilleur élève mondial. L’imbécilité et la prétention de la classe politico-administrative Française est au niveau des taxes et prélèvements qui sont imposés aux Français, les champions du monde ! une des raison de l’incivilité croissante, l’autre étant l’assistanat, histoire de calmer un peu le petit peuple ou les « sans dents ».

  • j’ai l’impression que tout le monde comprend ce qu’il faudrait faire…MAIS…l’assistanat de 40 années pousse au suicide; c’est à dire on tire sur la bête jusqu’à la crise. LA VRAI qui arrive.

  • Excellent article. Oui, la social démocratie est un poison qui a déjà prouvé sa nocivité, mais comme toujours en France on met en place les bêtises que les autres ont abandonné 15 ans auparavant (par contre on ne met jamais en place ce qui a marché).

  • Macron parle, beaucoup, et se donne ainsi l’illusion d’être efficace.

  • Très bon article, simple et clair. Merci.

  • Nous ne sommes pas d’accord car voyez vous, si la réforme de la SNCF aboutit, je considère que c’est la plus grande réforme que j’aurai vu jusque là dans ma vie en un coup ! Je regrette la reprise de la dette mais il fallait faire quelque chose.
    Bous rendez vous compte que plus jamais les français ne passeront des heures en voiture les jours de grève de la SNCF ? Ils prendront les trains de la concurrence. Il faudrait donc scinder la compagnie qui s’occupe des infrastructures en autant de compagnies qu’il y a de régions. La SNCF, c’est 40% des grèves, mais ce sont surtout les plus gènantes. Personne n’a osé le faire avant Macron. Alors bravo Macron. S’il s’arrêtait là, son nom serait encore cité quand ceux de Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande seront oubliés depuis longtemps.
    Ah, si seulement il pouvait faire une vraie, profonde, solide décentralisation…?

    • Demain, on roulera gratis. En attendant que nos petits-enfants voient les effets éventuels de la réforme de la SNCF, nous aurons subi encore des semaines de grèves et d’embouteillages, des contraintes majeures, et payé des milliards contre de vagues promesses de réduire les déficits d’exploitation dans quelques lustres. Si c’est la plus grande réforme que vous ayez vue de votre vie, je vous plains de n’être jamais sorti de France. Sans doute quand vous en aviez l’intention, Air France et la SNCF étaient en grève !

    • vous dites : « Il faudrait donc scinder la compagnie qui s’occupe des infrastructures en autant de compagnies qu’il y a de régions. »
      en quoi remplacer un monopole national par des monopoles régionaux serait il de nature à changer les choses ?

  • La marée… La vague… Moi c’est plutôt La jetée que j’ai en tête, ce film de science-fiction remaké en L’armée des 12 singes où chacun (l’Autorité scientifique comme le héros) tente de faire renaître le bonheur passé…

  • « les entreprises privées font mieux et moins cher ce que l’État nous promet »
    Pas toujours. Contre exemple : le retour en régie du service des eaux.

  • c’est maintenant que les politiques se reveille de la dette de là SNCF c’est envolé..il faut atteindre 45 milliards d’euros pour réagir ….!!!..que ce soit là droite où la gauche….bizarre …appel à la concurrence ok mais sans sudvention des régions. ..impossible …. déjà pour un service scolaire il est sudventionné ..
    certaines Régions veulent mettre la SNCF EN CONCURRENCE avec le PRIVÉ ..OK..
    si une société prend le marché. .PAS DE SUDVENTIONS…encore un beau bordel…

  • à Milrem,Bonjour,vous connaissez des transports privé sans sudventions!!!!même les cars scolaires sont subventionnés. ..oui pour la concurrence mais sans aucune sudvention et vous aller voir que les prix de transports vont augmenter…mes impôts ne sont pour financer des sociétés privé. .imaginer la valeur du ticket de métro sans sudvention ,sans contrepartie des entreprises…vous avez la mémoire courte ..les autoroutes bradées aux privées. .alors que nous citoyens ,nous avons participés à l’effort pour leurs constructions et maintenant ce sont eux qui se gavent avec des bénéfices à 2 chiffres. …nos politiques sont en train de vendre le bien nationale. ..et c’est ça que vous voulez…alors que les premiers responsable de la SNCF est d’avoir mis des incapables (( ENA)) à la tête de là SNCF !!!! Où sont-ils ces responsables !!!
    tout le monde botte en touche ..responsable maïs pas coupable ou coupable mais pas responsable…apres 2 mandants osez dire il faut RÉINVENTER là SNCF….et les décideurs !!!! envolés. …quand aux politiques qui dirigent leurs Régions ok pou R là privatisations mais sans sudventions …

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