L’allègement du poids des emplois publics continue au Royaume-Uni

Derrière chaque emploi supprimé dans le secteur public, il y a au moins trois nouveaux emplois créés dans le secteur privé.

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David Cameron (Crédits : Number 10, licence CC BY-NC-ND 2.0)

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L’allègement du poids des emplois publics continue au Royaume-Uni

Publié le 29 juin 2015
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Par Bernard Zimmern et Valérie, Emploi2017.

David Cameron (Crédits : Number 10, licence CC BY-NC-ND 2.0)
David Cameron (Crédits : Number 10, licence CC BY-NC-ND 2.0)

 

Une excellente nouvelle vient de tomber de l’autre côté de la Manche. Le nouveau gouvernement britannique va pousser ses fonctionnaires à se reconvertir plus rapidement dans le secteur privé. Avec plusieurs centaines de milliers d’emplois publics supprimés ou privatisés depuis son arrivée en 2010, David Cameron affirme son intention de réduire le poids de la bureaucratie. Mais il peut le faire car la machine à créer des emplois privés tourne à plein régime.

L’Office for Budget Responsibility britannique estime que l’emploi dans le secteur public va diminuer de 800 000 entre les exercices 2014-2015 et 2018-2019, conformément au projet de loi budgétaire adopté cette année. En 2013, le nombre total de personnes employées dans les services publics était de 5,7 millions, soit 18,8 % de la population active ; il va donc chuter vers 15 % alors qu’il continue de tourner autour de 25 % en France.

Est-ce un désastre pour les services rendus au public ? Rappelons que ce même chiffre est de 6,7 % au Japon qui n’est pas sous- administré, qu’il a été pendant longtemps d’environ 15 % au Royaume-Uni, aux USA, qu’il est de 15,1 % pour la moyenne OCDE et même inférieur à ce chiffre en Allemagne.

Deux raisons expliquent la position désastreuse de la France :

  • Le pourcentage très élevé en France des fonctionnaires mis au placard, qui ne servent à rien mais que personne ne peut faire partir car ils n’auraient aucune alternative dans le secteur privé et se retrouveraient immédiatement parmi les chômeurs ou dans l’économie souterraine.
  • La grande faiblesse de l’emploi marchand, qui est de 19 millions en France contre 24 au Royaume-Uni alors que les populations totales sont comparables. Aurions-nous le même emploi marchand que les Britanniques, nos taux tomberaient déjà de 25 % à 20 %. Et ce rapport de 19 à 24 ne change pas si l’on tient compte des emplois à temps partiel.

Depuis que la réforme de David Cameron a commencé en 2010, au moins 5 % de fonctionnaires partent chaque année dans le secteur privé. Ce taux est nettement à la hausse par rapport au taux des départs enregistrés avant la réforme, quand il était de 3 %, ce qui représente entre 100 000 et 150 000 emplois publics supplémentaires transférés chaque année dans le secteur privé.

g_-05151General government employment (including forecasts from Budget 2015)

Mais ces transferts n’ont été rendus possibles que parce que la création d’emplois tourne à plein régime, à la différence de la France : 500 000 emplois créés dans des entreprises employeuses (créées avec au moins 1 salarié) contre moins de 100 000 en France. De ce fait, le stock des emplois non pourvus est presque double qu’en France et cela fait que les salaires dans le privé sont plus élevés à poste comparable que dans le public, d’où un désir de partir pour les fonctionnaires, vision impensable en France.

René le honzec John Bull Royaume Uni David CameronIl faut rappeler que depuis plusieurs années on observe un phénomène formidable au Royaume-Uni. Derrière chaque emploi supprimé dans le secteur public, se créent au moins trois nouveaux emplois dans le secteur privé. Cette machine à créer des emplois fonctionne à plein régime, notamment grâce aux incitations fiscales efficaces, comme le célèbre EIS, et avec les rémunérations dans le secteur privé excédant largement celles du secteur public.

Les suppressions d’emplois publics ont été tellement importantes au début de la période Cameron, 2,9 % d’emplois supprimés par an dans la deuxième moitié de 2010, qu’une partie des anciens fonctionnaires s’est retrouvée au chômage mais, après 2011, pratiquement tous les anciens fonctionnaires ont été rapidement absorbés par le secteur privé.

Il faut noter que la réforme de la bureaucratie britannique n’a pratiquement pas concerné les secteurs de la santé, représentée par National Health Service, et de l’éducation ; les suppressions d’emplois publics y ont été peu importantes. En revanche, une grande partie des suppressions ont eu lieu dans l’administration notamment au niveau de la fonction publique centrale et territoriale.

De l’exemple britannique, il est clair qu’une réduction massive du nombre de fonctionnaires en France ne peut avoir lieu sans un doublement ou un triplement des embauches dans le secteur privé. Nous en sommes loin.


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  • Le problème c’est que les entreprises privées n’embaucheront pas tant qu’elle sont prises la gorge par la quantité astronomique de charges, d’obligations et de devoirs, tous plus iniques les uns que les autres.

    Personnellement, je ne vois pas de mal à se « débarrasser » des fonctionnaires « placardisés » à condition de s’intéresser à ce qu’ils veulent vraiment faire et de leur offrir une seconde chance…le problème étant qu’il est difficile de se mettre à bosser quand on n’a passé sa vie à rien faire…

    • « s’intéresser à ce qu’ils veulent vraiment faire et de leur offrir une seconde chance » : tout à fait, ça s’appelle le marché de l’emploi.

  • Bon sang, quelle chance d’avoir un type intelligent comme Cameron dans un gouvernement… Nous, on n’a que des cons dogmatiques depuis 35 ans. Que ça, que ça , que ça.

    • Cameron est un type habile et courageux, qui a des résultats et qui du coups peut faire passer des manœuvres politiciennes un peu olé olé grace à ces mêmes résultats.

      il a cependant la facilité, si j’ose dire, de continuer la voie, ou de reprendre le flambeau ouvert par Mme Thatcher fin 70s/début 80s : cela a créé un précédent formidable, un sillon à suivre.

      quand au même moment, la France elle s’élançait avec brio et panache dans les délices mitterandiens pour le plus grand bonheur des Français …

    • Avoir un politicien courageux, c’est bien; mais sans la population et les institutions qui suivent cela ne fonctionne pas. Même si les Conservateurs n’ont pas eu la majorité du vote populaire, ils disposent d’assez de soutient pour exercer leur mandat avec de bonnes marches de manœuvres.

      Défendre dérégulation, rigueur budgétaire et secteur privé ne gagne pas d’élection en France…

  • Avec tous les départs en retraite, le problème ne devrait pas être si compliqué. Question de redéfinition des missions de l’État et surtout, de volonté politique.

    • Tiens, quelqu’un qui ne soit pas complètement con sur ce site, c’est étonnant.

      Réduire le nombre de fonctionnaire passe obligatoirement par une redéfinition des missions des collectivités, et une vraie simplification administrative. Donc ça demande pas mal de travail, et du concret, pas se toucher la nouille pendant des heures dans une commission à la con.

      Si vous supprimez brutalement le nombre de fonctionnaires sans reformer la fonction publique, le truc s’effondre, tout simplement.

      • Et bien qu’il s’effondre, ça pourra pas être pire que la situation actuelle qui s’éternise depuis des dizaines d’année. Si la nouvelle Zélande à pu faire ce dégraissage presque du jour au lendemain ya pas de raison qu’on ne puisse pas le faire en France. Tout se résume dans la volonté politique pour le reste en quelques semaines on peut dézinguer toutes les commissions Théodule et renvoyer les inutiles qui leur peuples chercher à devenir utile à quelques chose au moins une fois dans leur vie. Ensuite privatisé la poste, la SNCF, et EDF demandera un peut plus de temps mais là encore rien de très compliqué. Pareille pour la sécu la difficultés se trouve surtout dans la volonté de ne rien faire…

        • Et je voudrais ajouter que même si les fonctionnaires privé de poste se retrouve au chaumage se sera toujours moins pire que tous les dégâts qu’ils font en s’occupant à des tâches qui pour la plupart nuise à société française. Il serait beaucoup profitable pour la France de les payer à rester chez eux que de les laisser œuvrer à la destruction du pays.

      • « Si vous supprimez brutalement le nombre de fonctionnaires sans reformer la fonction publique, le truc s’effondre, tout simplement. »
        peut-être … ou le contraire ! Les 3/4 des fonctionnaires ne font que retarder et limiter le pouvoir d’autres fonctionnaires, pour le meilleur et pour le pire. Supprimez ces freins administratifs, le système sera-t-il moins pesant pour le citoyen ?
        Par exemple : on peut se plaindre de l’inspection du travail, ou du fisc. Mais imaginez que ces trucs ne sont plus peuplés de glandus, mais d’efficace et zélés fonctionnaires débarrassé d’une pesante bureaucratie interne … le résultat serait terrifiant.

        • Si vous supprimez massivement des fonctionnaires et laissez les procédures en l’état, je vous conseillez d’aller dès demain matin demander votre passeport pour vos congés d’été 2016.

  • En France, ce qu’il faut surtout faire c’est enlever le pouvoir aux fonctionnaires. La France est un régime oligarchique dirigé par des hauts fonctionnaires.
    Yvan Blot a été à la fois haut fonctionnaire et député: il le dit très clairement, il avait bcp plus de pouvoir en tant qu’haut fonctionnaire que en tant que député, la France est dirigé par les hauts fonctionnaires (la classe politique francaise est composé de fonctionnaire).
    C’est le principal problème de la France. Il faut supprimer l’ENA et voter une loi obligeant les fonctionnaires à démissionner lorsqu’ils se présentent à des élections (comme en GB).

  • Les commentaires sont fermés.

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