Par Philippe Robert.
Manuel Valls fait montre d’une détermination sans faille dans sa tentative de rénovation idéologique du Parti socialiste au pouvoir. Mais je crains fort que tant d’énergie déployée par le Premier ministre ne soit finalement mise en pure perte à contribution.
Pour se donner du cÅ“ur au ventre dans une conjoncture débilitante à tous points de vue, certains observateurs et non des moindres veulent donc voir en Manuel Valls une sorte de Tony Blair à la française. « Hélas ! Hélas ! » aurait soupiré, accablé, le Général…
Car en toute humilité, la comparaison avec Tony Blair réformateur du vieux Labour en lambeaux dans les habits neufs du New Labour, cette sorte de Bad Godesberg à la britannique, ne me semble en rien correspondre à la situation française contemporaine.
En effet, si je ne doute pas de la lucidité aux accents libéraux de Manuel Valls, bien seul dans cet exercice de haut vol, et donc de sa volonté de réformer notre pays, je ne doute pas non plus de son échec pour des raisons simples dont la plus déterminante est celle-ci.
Ainsi, selon Sophie Pedder de l’hebdomadaire The Economist : “Blair a entrepris la modernisation de la gauche britannique lorsque le Parti travailliste était dans l’opposition (…) Cette modernisation a permis à Blair d’obtenir de l’électorat britannique la légitimité à mettre en Å“uvre sa politique une fois élu. À l’inverse, Manuel Valls tente de mettre à jour le logiciel de la gauche française alors que le Parti socialiste est déjà au pouvoir. Dans l’opposition entre 2002 et 2012, dont six ans sous l’autorité de son premier secrétaire François Hollande, le Parti socialiste a préféré vivre dans l’ambiguïté, alors que la majorité des gauches social-démocrates en Europe entamait leur rénovation.”
La fronde des députés qui ne comprennent pas pourquoi Manuel Valls, contre tout bon sens socialiste solidement ancré dans leurs esprits calfeutrés, veut faire du “social-libéralisme” à outrance vient en droite ligne de cette paresseuse impréparation politique du temps jadis.
Ma thèse à moi serait plutôt de voir en Manuel Valls une sorte de Mikhaïl Gorbatchev français dont les intentions réformatrices, battues en brèche par un quarteron de députés fourvoyés dans une vision fossilisée de la réalité, arrivent au pire moment d’un quinquennat perdu. Si, néanmoins, nous voulons éviter un sort comparable, toutes proportions gardées bien sûr, à celui que connut l’URSS malgré la Perestroïka et la Glasnost censées sauver le régime en état de mort clinique, nous allons devoir, en France, changer d’urgence de paradigme politique.
Ainsi, les Français doivent-ils saisir la chance qui se présente d’entrer enfin de plain-pied dans un monde auquel ils ne pourront pas éternellement résister sans le regretter amèrement un jour. L’heure est venue de regarder enfin l’avenir d’un œil neuf, en un mot, libéré.
Ouille. Espérons que non.
“rates of Employee’s National Insurance (a payroll levy) were increased. He also presided over a significant expansion of the welfare state during his time in office”
http://en.wikipedia.org/wiki/Premiership_of_Tony_Blair
Je m’interroge sur cette confiance quasi-unanime dans la foi “social-libérale” de Valls. Au bout de 9 mois, les mesures du “virage” sont toujours dans les limbes. Il me semble que cette étiquette ne correspond qu’à un affichage destiné à le distinguer de ceux qui à gauche du PS vont de toute évidence se discréditer. Mais Valls ne suit aucune ligne “vallsiste”, il est un simple directeur exécutif aux ordres de Hollande et de ses amis. Les propos de Sapin cette semaine me paraissent répondre à une stratégie où Valls n’a rien décidé…
Mikhaïl Gorbatchev prétendait sauver le communisme!!!
Jusqu’à preuve du contraire, le second terme de la proposition social-libérale reste au niveau des déclarations tonitruantes, sans la moindre pratique, alors que le premier terme, le socialisme, est appliqué sans faille. En l’absence d’intention réelle, l’expression ne sert qu’à gagner du temps vis-à -vis de nos partenaires ou des marchés, mais l’ordre du jour reste indéfectiblement le socialisme par la collectivisation de l’économie française.
On note également que si jamais il appliquait effectivement cette politique, le PS se retrouverait alors plus à droite que l’UMP et le centre réunis, situation qui ne manquerait pas de saveur.
Si tony Blair a modernisé la gauche britannique, rendons hommage à une des figures politiques les plus importantes du 20 ème sicle, Margaret Thatcher qui fit les grandes réformes libérales.
Blair n’a fait que capitaliser sur le travail de ces prédécesseurs mais reconnaissons lui, de ne pas avoir tenté de revenir en arrière, d’ailleurs ce fut l’erreur de gordon Brown.
Blair et Gorbatchev sont de mauvais exemples de comparaison : le premier a fait reprendre à l’Etat-providence son expansion et le second n’a strictement rien fait comme réforme hormis exposer des grands concepts creux comme les affectionnent les idéologues. Gorbatchev croit encore, la vieillesse étant un naufrage, qu’il aurait pu sauver le communisme soviétique.
La vieillesse n’est heureusement pas un naufrage pour tout le monde car, alors, je me sentirais visé et que ferais-je encore, je vous le demande, en cette vallée de larmes à mon âge scandaleusement canonique (enfin presque…) ?
Gorbatchev n’a rien fait ?
C’est vrai, il s’est contenté de tuer l’URSS et le bloc des pays socialiste d’Europe sans que cela entraîne des flots de sang. Peu de choses, en effet…
Pas volontairement sans doute mais c’est bien lui qui l’a fait.
Enfin cela est dit , la France est dans une situation ressemblante à la perestroïka de mr Gorbatchev ( idem pour les USA Mr Obama ressemble à Gorbatchev avec sa volonté réformatrice).Par contre la suite de l’histoire est connue , Elstine puis la dictature de Poutine…
Dans ce qu’ils représentent (corruption généralisée, autoritarisme bas du front…), Elstine puis Poutine correspondent au prix à payer du socialisme pour un peuple, l’aboutissement logique de décennies de stupidité économique et de déstructuration sociale. On ne peut pas faire des choix puis espérer éviter les conséquences de ces choix. Après, c’est trop tard pour venir pleurnicher. Si on n’en voulait pas, il fallait y réfléchir avant. L’interdiction du socialisme est la seule expression intelligible du principe de précaution en politique.
Peu de preuves que Gorbatchev n’était pas partie prenante du pseudo-putsch lancé par ses seconds, attendant le moment pour renaitre de ses cendres et rénover la poigne de fer du communisme sur l’Union Soviétique. Eltsine l’a devancé et a fini de balayer le communisme mais on ne sort pas intellectuellement indemne de 70 ans de totalitarisme et les russes ont gardé plein de lourds réflexes entravant leur avancée vers la liberté et une véritable démocratie. Eltsine, grand bourgeois d’origine, mais probablement suffisamment intelligent pour que le parti ne le laisse en route, a du dans ce contexte manger plus d’une fois son chapeau (alcoolisme d’évitement quand on danse avec les loups), ce qui a affaibli sa présidence (Primakov et Poutine sont effectivement de redoutables prédateurs, heureusement qu’ils se sont écharpés).
bonjour, comparaison douteuse ,même si je n’apprécie pas les Anglais ,Monsieur Tony Blair est un citoyen Britannique à part entière , homme fin ,intelligent et compétent .Tandis que Monsieur Valls n’est qu’un français d’occasion ,rustre et stupide .
Le fait que le même M. Valls, ministre de l’intérieur, ait fait le contraire de ce qu’il disait avec force coups de menton, devrait nous éclairer sur ses intentions…