Le coronavirus, prétexte au 49.3 ?

On ne peut s’empêcher de penser que le coronavirus est un bon prétexte pour faire passer cette réforme dangereuse des retraites en faisant taire toute voix contraire.

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49.3-4 by Kwikwaju(CC BY-NC 2.0)

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Le coronavirus, prétexte au 49.3 ?

Publié le 5 mars 2020
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Par Jean-Philippe Delsol.
Un article de l’Iref-Europe

Un conseil des ministres a été réuni ce samedi 29 février pour statuer sur la propagation du coronavirus. En réalité, il semble bien que le but principal était de décider de mettre en œuvre l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer la réforme des retraites sans débat.

Et en sus le gouvernement en a profité pour décider d’annuler tous les rassemblements « en milieu confiné » de plus de 5000 personnes jusqu’à nouvel ordre et se permettre d’interdire également d’autres rassemblements en milieu ouvert quand ils occasionnent « des mélanges avec des populations issues de zones où le virus circule ».

Le ministre Olivier Véran a d’ailleurs expliqué :

Ces mesures sont provisoires et nous serons sans doute amenés à les faire évoluer, ce sont des mesures contraignantes et nous souhaitons paradoxalement qu’elles durent un peu, parce que cela voudrait dire que nous parvenons à contenir la propagation du virus.

Un moyen, si nécessaire, d’empêcher des manifestations contre la réforme des retraites en même temps que le gouvernement veut la faire adopter en force.
Ces deux mesures sont pourtant peu justifiées.

Le coronavirus

Au 28 février, le coronavirus/Covid-19 a touché cent personnes en France, dont douze sont guéries, deux décédées et quatre-vingt-six encore hospitalisées, dont neuf dans un état grave, selon le ministère de la Santé.

Selon les années, deux à six millions de personnes sont touchées par la grippe ordinaire en France. Durant l’hiver 2018-2019, Santé publique France estime que plus de 65 600 passages aux urgences ont été recensés pour syndrome grippal et 8100 décès tous âges confondus ont pu être attribués au virus de la grippe saisonnière. Selon l’Organisation mondiale de santé (OMS), la grippe saisonnière serait responsable de 290 000 à 650 000 décès par an dans le monde tandis qu’à ce jour le coronavirus a tué 2868 personnes dans le monde.

Ce n’est pas pour autant qu’il ne fallait pas se préoccuper de cette épidémie nouvelle du Covid-19 qui semble davantage létale pour les populations touchées : en France 0,2 à 0,5 % des personnes atteintes de la grippe ordinaire décéderaient alors que dans le monde 2,3 à 2,6 % des personnes infectées du coronavirus en mourraient selon une étude du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CDC) sur des données collectées jusqu’au 11 février.

Au demeurant, si seulement cette étude n’est pas tronquée comme le sont tant d’informations chinoises, elle n’est pas nécessairement pertinente car la grippe saisonnière frappe principalement les enfants mais tue essentiellement les personnes plus âgées : 64 % des victimes en 2018-2019 avaient plus de 65 ans, selon Santé publique France. Alors que les enfants ne semblent pas touchés par le coronavirus. On ne peut donc pas exclure que ce dernier ait une létalité du même ordre que la grippe saisonnière sur les populations les plus touchées, celles de plus de 65 ans.

Alors, tout ça pour ça ? Il est vrai que le nombre d’infections et de décès va sûrement encore s’alourdir chaque jour jusqu’à ce que l’épidémie recule, sans qu’on sache pourquoi. Il est souhaitable de veiller à sauver des vies.

On ne peut pas critiquer le gouvernement de prendre des mesures eu égard à la peur exponentielle dont le monde est frappé dans l’affolement paroxystique causé par des médias hystériques sur ce sujet et dans un monde très prompt à mettre en cause la responsabilité juridique des responsables politiques pour défaut de prudence. Différemment, le gouvernement n’aurait pas été compris. Mais il n’avait pas besoin de frapper si fort sauf s’il en avait besoin pour masquer sa réforme honnie et la faire passer.

La réforme des retraites

Car ce qui choque, c’est que le coronavirus pourrait être un prétexte pour qu’on parle moins des retraites et pour empêcher les manifestations contre cette réforme plus stupide qu’inique.

Il est bien certain que le système français de retraites avait besoin d’une réforme. Il est fondé sur le principe de répartition qui n’est pas viable à long terme eu égard à l’inéluctable réduction, en l’état, de la population active et à la non moins inéluctable augmentation de la population retraitée.

La réforme a ceci de juste qu’elle veut supprimer des régimes spéciaux devenus des rentes de situation au détriment des contribuables. Sauf que par idéologie pure et simple la réforme en cours non seulement ne remet pas en cause la répartition mais elle la généralise aux derniers bastions de capitalisation (la complémentaire des fonctionnaires, les pharmaciens…) alors que la seule solution eut été au contraire de généraliser progressivement, en une génération, la capitalisation comme l’ont fait depuis 30 ans de nombreux pays dont les retraites sont aujourd’hui meilleures que les retraites françaises alors que les cotisations sont plus basses qu’en France (Pays-Bas, Danemark…).

Pourquoi aussi vouloir attenter à la liberté des uns et des autres et mettre dans le même panier tant de métiers différents ?

On ne peut donc pas s’empêcher de penser que le coronavirus est un bon prétexte pour faire passer cette réforme dangereuse des retraites en faisant taire toute voix contraire. Ce n’est pas ce que nous appelons la démocratie, même si les manœuvres d’obstruction menées par l’opposition sur le sujet se sont elles-mêmes apparentées à une forme de subversion à l’encontre également de la démocratie. C’est ce double reniement qui est sans doute le plus inquiétant.

Ne vaudrait-il pas mieux retirer cette réforme mal conçue et inadaptée et s’occuper normalement du coronavirus ? En tout il faut savoir raison garder.

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  • à mon avis l’urgence est d’ordre climatique ..si on veut pouvoir passer une réforme avant la fin , imminente , du monde le 49.3 est impératif.. qu’on meurt au moins réformés.

  • et pendant qu’on nous pompe l’air avec le coronavirus , on ne parle pas de tout le reste ; et « on  » n’en profite pour faire passer à la sauvette des lois et autres débilités que les français découvriront une fois que le gouvernement aura sauver la France d’une mort certaine …..

  • Cette réforme des retraites, c’est du grand n’importe quoi! Et c’est grave.

    On ne sait pas comment vont être financées les retraites, personne ne connait comment la valeur du point va âtre calculée, l’Etat veut gérer toutes les retraites, les réserves des caisses complémentaires vont être vidées pour alimenter la caisse des retraites générales et donc les caisses de retraite déficitaires, etc.. C’est un scandale purement et simplement pour qu’un homme, Macron puisse dire qu’il a réformé la France!!!
    Une réforme oui mais quand elle est préparée, juste, et apporte un progrès, or ce n’est pas le cas!!!
    C’est à croire qu’on est dirigé par des fous qui s’ignorent!!!

  • Article lucide. Ce que nous devons regarder est la réalité et non l’idée que les médias veulent nous en imposer.
    Il et certain que l’épidémie est une bonne occasion pour ce gouvernement si contesté.

    • S’il gère cette épidémie comme la crise des hôpitaux et celle des retraites il est temps de réserver nos places au Paradis. Pour les retraites d’autres gouvernements feront de nouvelles réformes, enfin s’il y a des survivants à l’épidémie.

  • Bien d’accord. Il fallait en profiter pour introduire un début de capitalisation et sortir enfin du tout répartition.

  • « La réforme a ceci de juste qu’elle veut supprimer des régimes spéciaux devenus des rentes de situation au détriment des contribuables. »
    Oui, et cela concerne tous les régimes de retraite actuels qui sont des prélèvements obligatoires effectués au niveau des entreprises, et non des individus.

    La remise à plat du système actuel, qui ne tenait tant bien que mal au niveau budgétaire que par les inégalités corporatistes qu’il a généré, aboutira inéluctablement à son effondrement ou au mieux à sa réduction à un minimum de solidarité, avec une insuffisance généralisée des prestations servies par rapport aux niveaux de cotisations obligatoires admissibles.
    La capitalisation individuelle, qui existe déjà, pourra enfin se développer sans qu’il soit nécessaire de la réglementer collectivement.

    • Comment la « remise à plat », qui conserve intact les mécanismes qui ont permis les « inégalités », pourrait elle aboutir à développer la capitalisation ? S’il suffit de bloquer le pays pour obtenir des bons points puis une image ?

      • Les 3 paramètres (niveaux de cotisations / durées de travail / niveaux de pensions) ne dépendront plus des capacités de nuisances corporatistes et de leurs intérêts financés avec l’argent des autres, mais seront un choix de société global pour les générations futures.

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