Taxer la viande, la fausse bonne idée !

Dans un monde très sensible aux marchands de peur, l’État infantilise par la généralisation de ses dogmes ceux qu’il entend protéger de leurs choix considérés comme irréfléchis ou incompétents.

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Taxer la viande, la fausse bonne idée !

Publié le 18 février 2020
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Par Jean-Paul Laplace.

Depuis la plus haute antiquité, tous les États ont prélevé des taxes sur les marchandises, choisissant souvent de frapper les produits les plus nécessaires. Plus habiles pour légitimer leurs prélèvements, les États modernes tentent de nous faire croire qu’ils nous taxent dans notre intérêt voire pour mieux satisfaire nos ambitions !

Les dernières décennies ont ainsi vu se multiplier des législations dont le but est clairement d’agir sur l’offre alimentaire et sur le comportement des consommateurs, avec l’ambition de lutter contre les graisses saturées, ou contre la consommation excessive de sucre (nutriscore, taxe sur les sodas), pour faire face au développement des maladies non transmissibles, telles que maladies cardiovasculaires, obésité, diabète.

Dans un monde très sensible aux marchands de peur, l’État infantilise par la généralisation de ses dogmes ceux qu’il entend protéger de leurs choix considérés comme irréfléchis ou incompétents. Comme si l’État était le mieux placé pour connaître nos besoins, lui qui n’entend en général que les plus bruyants.

Convergence des peurs et pression de l’actualité

De façon plus subtile, émergent aujourd’hui des projets de taxation sur la viande, exploitant les trois grandes peurs du moment : peur de la météo, peur de la misère, et peur de la maladie.

Découvrant les conséquences de certains de ses excès, la société se prend à redouter les effets du changement climatique, l’érosion des terres, la pollution des eaux, l’effondrement de la biodiversité.

Il faut trouver d’urgence une victime expiatoire : la voiture, c’est embêtant, l’agriculteur ce pollueur, c’est mieux, la vache émettrice de gaz, c’est encore mieux !

On découvre aussi que le changement climatique augmente les inégalités sociales ; il accroît la misère des populations qui souffrent déjà de la double peine (malnutrition et obésité).

La misère fait peur à son tour et l’on organise des campagnes de lutte contre le gaspillage.

Enfin, le Centre international de recherche sur le cancer a classé la consommation de viande rouge comme cancérigène probable, instillant la peur de la maladie en raison de l’association positive entre consommation de viande rouge et risque de cancer du côlon, suggérée par l’épidémiologie nutritionnelle.

Si le danger lié à l’effet promoteur du fer héminique est bien réel, la réduction du risque d’incidence d’adénomes coliques ne l’est pas moins par une consommation mesurée (et non exclusive ou excessive) dans le contexte d’une alimentation diversifiée (comportant notamment des fruits et légumes sources d’antioxydants et des produits laitiers sources de calcium).

Dans ce contexte de peurs, l’État se voit pressé d’agir par les thuriféraires du changement climatique qui, après avoir adressé une requête préalable au gouvernement, envisageaient un recours juridique à l’encontre de ce dernier, accusé de carence fautive et d’action défaillante pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Dans le même temps on enregistrait une multiplication des actes de vandalisme contre les boucheries, actions « signées » par des mouvements antispécistes, niant toute hiérarchie entre l’Homme et l’animal, et donc refusant à l’Homme le droit d’utiliser l’animal de quelque façon que ce soit. Plus d’une centaine de boucheries auraient été la cible de telles attaques en l’espace d’un an.

Une réflexion tronquée et bien imprudente

Ainsi pressé d’agir, sensible à l’addition des peurs de l’époque, défié dans sa fonction régalienne face à une forme de négation de notre humanité, l’État envisagerait-il de renouer avec le rite grec antique de l’hécatombe, ce sacrifice de 100 bœufs ?

Tant au niveau national que dans les méandres du Parlement européen, l’idée fait son chemin de taxer la viande de bœuf pour que l’on en consomme moins, donc que l’on en produise moins, afin de réduire les émissions de gaz (CO2, méthane) des troupeaux, tout en dégageant de belles recettes fiscales pour financer des politiques environnementales.

On notera l’illogisme et l’hypocrisie de la démarche.

Pour que la taxe soit intéressante à collecter, il faut qu’elle soit rémunératrice ; il faut donc que la consommation continue et que la taxe soit significative, mais pas trop élevée pour ne pas étrangler la consommation.

Par ailleurs, on va certainement nuire aux agriculteurs-éleveurs qui ont déjà beaucoup souffert des règlementations bruxelloises, cours mondiaux, et décisions administratives de tous ordres. Mais ils ne sont pas les plus nombreux, et ils sont déjà la cible de ceux qui pensent l’environnement dans les salons.

On omet aussi de prendre en compte le fait que globalement l’élevage apporte des bénéfices importants, démontrés par une expertise collective de l’INRA, pour la préservation des paysages, le maintien de la biodiversité et des écosystèmes dont certains procurent de réelles aménités.

Qu’importent ces observations ; on pourra encore faire appel à la menace d’un risque de cancer et valoriser la lutte contre le gaspillage.

On en vient enfin à oublier quelques fondements de notre physiologie humaine ! Notre organisme fonctionne selon des mécanismes complexes très finement régulés. Malgré la mode en faveur d’une alimentation végétarienne, végétalienne, voire vegan, les besoins nutritionnels en protéines de qualité subsistent.

Nous devons ingérer des protéines alimentaires pour pouvoir construire ultérieurement nos propres protéines : structures membranaires et tissulaires, enzymes cellulaires et digestives, neuromédiateurs, hormones, protéines immunitaires etc.

Non seulement nous avons besoin d’un apport de protéines exogènes, malgré les facultés de recyclage d’une partie des ressources endogènes, mais la qualité des protéines alimentaires, leur valeur biologique, résident dans leur composition en acides aminés. Elles doivent contenir tous les acides aminés indispensables dans de bonnes proportions, ce qu’aucune source ne permet à elle seule (d’où la nécessité d’une alimentation variée). Mais il reste une certitude : les produits animaux (œuf, lait et viande) sont les meilleures sources.

S’il est donc naturellement exclu de manger trop de protéines, de viande en l’occurrence, il ne saurait être question d’en réduire la consommation sous une contrainte de prix, ce qui nuirait évidemment d’abord aux plus fragiles.

Taxer la viande est une très mauvaise idée

On connaît les effets malheureux de la malnutrition protéique encore très présente dans le tiers monde. À propos de la privation de protéines, J.M. Bourre rappelle dans l’un de ses ouvrages que « de tout temps, les gourous de multiples sectes ont affamé leurs disciples en leur imposant des régimes alimentaires plus ou moins draconiens, afin de mieux les diriger – une diminution de leurs facultés intellectuelles facilitant leur asservissement ». Nous n’irons pas jusqu’à prêter au législateur d’aussi mauvaises intentions.

Cependant, avant de disserter sur les tonnes d’équivalent carbone produites par les animaux d’élevage, rappelons qu’il y a 10 000 ans, les êtres humains représentaient sans doute tout au plus 0,1 % des mammifères, alors qu’ils en constituent aujourd’hui quelques 90 %.

Alors amusez-vous à calculer combien de CO2 est produit par la seule respiration des quelques 8 milliards d’êtres humains qui peuplent la planète, et laissez les vaches brouter en paix.  Pour ma part je réclame le droit à un statut d’omnivore raisonnable.

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  • Nième exemple de taxe pigouvienne.
    Sur le plan pratique, ces taxes sont parfaitement efficaces, hélas, en modifiant l’équilibre de l’offre et de la demande. [Je dis hélas car bien évidemment il y a dans cette affaire beaucoup d’infantilisation, et celle-ci fonctionne, il faut bien le reconnaître. Je dis hélas car je suis par principe hostile à ce type de taxes.] L’exemple le plus connu est celui du tabac. Un paquet à 15 euros est forcément plus dissuasif qu’à trois euros.
    L’arnaque d’une éventuelle taxe sur la viande (ou sur tout autre produit) réside dans le statut alimentaire de celle-ci. Alors que la première cigarette est déjà nocive, en plus d’être inutile pour le corps humain, ce n’est pas le cas du premier steak. Ni celui du premier verre de vin rouge, très agréable avec une bonne côte de boeuf.
    L’arnaque réside aussi dans le rôle même de la taxe pigouvienne : décider d’une telle taxe sur un produit confère ipso facto à celui-ci une connotation négative. La taxe pigouvienne est le parfait exemple d’une prophétie auto-réalisatrice !
    La taxe pigouvienne est d’une certaine manière le reflet d’un rapport de forces sur le statut d’un aliment ou d’un produit. Qui décide de ce qui est bon ou mauvais ?

    • Tout d’accord avec vous. Le 1er steak, le 1er verre ne représentent rien. Comme quand on critique à donf MacDo et Nutella et tout ce que la bien-pensance appelle malbouffe. Dès lors que c’est de temps à autre, où est le problème ? Mais cela permet à ces gens-là d’être un peu le colibri : puisqu’ils fustigent, c’est qu’ils sont eux-mêmes des gens bien… même si à côté ils sont des lâches ou des gens sales, ou allez savoir…

    • Pignoufienne aussi 🙂
      Quid des 5 à 30% d’eau plus ou moins gélatinées dans nos viandes et préparations à base de . . .

  • Au delà du besoin en protéine, manger de la la viande booste le développement du cerveau.

    Il y a de nombreuses études à ce sujet sur les habitudes alimentaires des humains depuis l’invention de la cuisson de la viande.
    Le boom de consommation de la viande correspond au pique de developpement du cerveau.

    Dommage pour la propagande vegan actuelle, mais si homo sapiens a un cerveau et une intelligence si developpée (à part pour les socialistes bien sûr) c’est grâce à la consommation de viande.

    • les cowboys du midwest devaient être foutrement intello alors ?

      • Ce ne sont effectivement pas des végans qui ont construit la première puissance économie mondiale.
        Ce sera bientôt le tour de l’Inde… ou pas^^

      • Tigrou: Sauf que dans le Midwest il y a pas tant d’élevage. celui-ci est largement concentré dans les Etats du FarWest et au Texas. Quant à ces Etats là (Wyoming, Montana, Idaho..) allez y faire un tour et vous y verrez un des endroits de la Terre om la qualité de la vie est la plus grande…

    • Attention aux déductions hâtives.
      La viande était issue de la chasse.
      Une chasse efficace nécessitait une intelligence supérieure. En bonne logique darwinienne, par le truchement de la sélection naturelle, un régime carné favorisait donc l’intelligence.

      • En bonne logique darwinienne, je dirais plutôt que les plus intelligents ont mieux réussi à la chasse, donc, mieux survécu, que les autres, et ont transmis leur intelligence à leur descendance.

    • Ce sont donc bien des végétariens-liens qui doivent être à l’origine du projet !

  • il est urgent que l’état se préoccupe de lui-même, car c’est un grand malade criblé de dettes qui souffre d’addiction aux taxes. Qu’il s’occupe de ses fesses ; en la matière, il a quelques experts qui ont du temps à consacrer.

  • La France étant en faillite, la seule question obsessionnelle de nos gouvernants se résume à : « que n’avons-nous pas encore taxé ? « , suivi de « réparons vite cet oubli » et, un peu plus loin, « reste à trouver le prétexte ».

    • Non! La seule question qui les préoccupe c’est comment continuer à vivre en parasite sans que ça nous pète à la gueule .

      • Réponse : en convainquant les gens que les taxes, impôts, cotisations obligatoires divers dont nous les accablons ont pour finalité leur bonheur.
        Et ça marche ! Tant de gens tombant dans le panneau… en effet, l’abêtissement de la population par l’EN et les médias a préparé le terrain.
        On peut accuser nos dirigeants de toutes les turpitudes et de toutes les corruptions, mais pas d’être bêtes : ils savent très bien ce qu’ils font.

  • si la connerie pouvait être taxée , la France serait pétée de thunes ; et de toute façon , quand on fait un travail très physique , il faut manger de la viande ; allez faire comprendre ça à des branleurs qui passent leur temps le cul assis derrière un bureau ou dans leur bagnole ;

  • Taxer, voilà la mère des réformes et des décisions quelque soit le sujet!
    A quoi sert l’Etat? A taxer.
    Et comme de plus en plus de décisions lui échappent sauf à prendre pour modèle la Corée du nord, il se rattrape sur nos modes de vie.
    Aujourd’hui la viande et demain n’importe quoi au nom de la protection de la planète.
    Proposition: Taxer toutes les naissances d’humain plutôt que de rembourser les actes médicaux ou assimilés y contribuant.
    La planète sera peut-être ainsi sauvée et notre civilisation entrera dans l’Histoire comme vertueuse pour s’être sacrifiée!

    • « Taxer toutes les naissances d’humain »
      au lieu de privilégier ceux qui prolifèrent avec l’argent pillé à ceux qui maîtrisent leurs pulsions reproductrices.

  • il va falloir luter contre ces sectes vertes , doctoralement parlant , car elles risquent de verrouiller la société bien mieux que leurs parents
    « Marxisme » et « fascisme »..marre de ces dingues!

  • Il faut d’urgence taxidermiser tous les « taxomaniaques » que sont les socialos, cocos, écolos!

  • Surtout que la base dite « scientifique » de l’idée de taxation de la viande repose principalement sur les rejets de GES de l’élevage.
    Même en admettant que les GES ont un réel impact sur le changement climatique (et dans le mauvais sens, bien sûr), il faudrait que les données de base soient fiables.
    Or, c’est très loin d’être le cas:
    https://www.farmonline.com.au/story/6397314/focus-on-warming-not-emissions-say-researchers/

  • C’est parfait !
    Une grosse Taxe uniforme ! La viande de qualité, la vache qui pait tranquillement n’en sera que plus chère ! La viande médiocre sera un petit peu moins affecté. Et au nom de l’égalité et de l’emploi, il sera crée un nouveau poste de bureaucrate, pardon, un nouvel emploi, l’ office public de redistribution de la carne, chargé de distribuer l’allocation viandard aux plus démunis !

  • L’article le dit bien , une taxe serait terrible pour la population n’ayant plus les moyens d’acheter de la viande, et les plus riche au final, on les fait fuir.
    Je reste convaincu que l’histoire va mal finir, la population france commence sérieusement à ce radicaliser faute de liberté.
    On a passer le stade des violences urbaines, le prochain stade n’est pas très réjouissant, et je crains que les gouvernants n’en prennent pas acte, ce genre de mesure est faite pour calmer la colère de certain extrême mais attise d’autre , l’équilibre est moyen. Une ptite allumette au milieu de tous ça pourrait embrasser tous le monde.
    A force de vouloir contenter tous le monde -> on va finir par une bonne dictature bien violente.
    Qu’on t’il fait a notre beau pays

    • nous a la campagne on s’en tape.. de la viande on en aura toujours…

      • tsss tsss avec des inspecteurs qui vont passer pour controler tout cela comme en Ukraine Plus facile de faire pousser de la mariejeanne que de planquer la vache !
        et le cochon sera interdit pour ne pas traumatiser les autres n est ce pas ?

        • C’est un peu comme les voitures électriques, l’état devrait montrer l’exemple.
          Je suis impatient de voir une compagnie de CRS, nourrie aux brocolis, perquisitionner un camp de manouche, dopé au hérisson !

  • 1800: « Les temps sont durs, on ne mange pas de la viande tous les jours. Seuls les riches peuvent en acheter. »
    2040: ?

  • « calculer combien de CO2 est produit par la seule respiration »

    De toutes façons, ce CO² expiré vient de l’alimentation carbonée elle-même issue du CO² atmosphérique via la photosynthèse.
    Bilan net: zéro!
    (je ne tiens pas compte du CH4 roté qui de toutes façons ne persiste pas longtemps dans l’atmosphère)

    • Tout à fait ! Bilan net nul.
      L’accroissement de CO2 ne peut venir que du relarguage dans l’atmosphère du CO2 stocké depuis des millions d’années : en clair, les énergies fossiles. Et encore à la condition que celui-ci ne soit pas compensé par un surplus de population végétale…
      Dit autrement, en plantant des milliards d’arbres, on restockerait le « CO2 fossile »…

      • un des dada de l’ancien de greenpeace est de remarquer que le taux de dioxyde de carbone tend à diminuer notamment à cause de sa fossilisation ..
        il postule que relâcher du cO2 d’origine fossile est salutaire pour la vie des plantes…

      • Et comme la planète se reboise depuis un moment déjà, ça tombe bien. On peut donc continuer à exploiter les énergies fossiles avec l’esprit tranquille.

        Les lois de la nature sont quand même bien faites.

        • alors si vous voulez mais ce n’est certainement pas les lois de la nature ( dans le sens sans l’homme moderne)..je ne sais pas si les lois de la natures sont bien faites , mais j’affirme qu’elles ne sont pas à respecter…

          les lois de la nature c’est aussi le grand changement climatique naturel et quelques centaines de métres de glace sur la france.. »si on ne fait rien »…

  • Taxer la viande est une excellente idée. C’est une mesure de santé publique. Cela devrait éviter aux smicards d’attraper un Cancer en bouffant trop de filet de bœuf. Quand aux bobos friqués ça leur donnera l’impression de contribuer a sauver la planète. Le meilleur des mondes est a portée de taxes.

  • Que cet article fait plaisir à lire! J’aime beaucoup votre conclusion.

    • Cette conclusion n’a aucun sens : tous les experts s’accordent pour dire que la respiration humaine est sans effet notable sur l’émission de CO2, car l’homme absorbe une quantité équivalente de CO2. Sans avoir vérifié, je suppose qu’il en est de même pour les ruminants. Pour ceux-ci les questions soulevées concernent les émissions de méthane, qui ne sont même pas évoquées dans l’article.
      Par ailleurs, si l’on ne peut qu’être d’accord avec la surabondance des taxes et des règlements, ainsi qu’avec la condamnation des violences, la question de la viande bovine nécessite la prise en compte des subventions à la filière, qui pour la seule Europe s’élevait à 22 milliards d’euros en 2017.
      Pour ce qui me concerne, non seulement je n’ai pas envie de payer une taxe supplémentaire sur la viande que je consomme, mais je n’ai absolument aucune envie que l’on me ponctionne via les impôts pour subventioner la filière.

      • « La respiration humaine est sans effet notable sur l’émission de CO2 », exactement comme le CO2 issu de la combustion des carburants fossiles est neutre, absorbé par une végétation jusqu’alors en stress par manque de CO2 fertilisant. A ce titre, l’agriculture intensive productiviste est un des poumons de la planète, beaucoup plus efficace que les forêts matures pour absorber et stocker dans les sols le CO2. Quand l’humanité extrait le CO2 du sol, la nature se charge de l’y remettre. C’est le cycle du CO2, un des innombrables cycles naturels que l’humanité se doit de maîtriser et exploiter à son profit.

        Par ailleurs, la hausse relative du CO2 atmosphérique est une conséquence et non la cause du réchauffement. Phénomène que les scientifiques ont amplement démontré, Il y a un peu plus de CO2 dans l’atmosphère (0,01% en plus) parce que les températures augmentent, et non l’inverse. Mais l’effet de ce CO2 supplémentaire (le fameux forçage radiatif qui n’est pas un effet de serre) est très limité, de l’ordre d’un dixième de degré, peut-être deux dixièmes au plus, effet noyé dans l’incertitude des appareils de mesure de la température. En aucun manière le CO2 ne permet d’expliquer la hausse globale des températures depuis le dernier minimum cyclique majeur. Le CO2 est innocent et l’effet de serre n’est qu’un slogan politique, pas une réalité scientifique. En revanche, qui dit cycle dit fatalement baisse à la suite de la hausse. Bigre, on va bientôt avoir froid !

        Reste à comprendre l’origine des variations des températures. L’explication peut se trouver notamment dans la hausse de l’insolation, combinaison des variations de l’activité solaire et des variations de l’orbite de la Terre autour du soleil sous l’influence conjuguée des planètes les plus massives. Elle peut également s’expliquer par une variation de l’albédo terrestre (effet miroir) du fait de la couverture nuageuse, ou des quantités de particules dans l’atmosphère venant des volcans ou des déserts (régimes des vents). Elle peut enfin s’expliquer par l’activité volcanique sous-marine en lien avec la température interne de la Terre, qui n’est probablement pas sans influence sur les courants océaniques profonds, certains pouvant mettre plusieurs centaines d’années avant de produire leurs effets localisés de régulation ou d’amplification.

        La science étant loin d’être établie en la matière, le débat est plus que jamais ouvert.

        • Oui, brillant et la plume me démangeait dans le même sens. Il y a de quoi être inquiet d’entendre nos politiques et leurs affidés associatifs raconter des âneries à longueur de journée et ne pas être contredits. Sans CO ² pas de vie. Aucune affirmation prétendant le contraire est inutile et néfaste. Mais alors, pourquoi est-ce que ça marche auprès des populations ? Complot ? Panique provoquée ? De toutes les façons, c’est criminel en empêchant de se concentrer sur les vrais dangers: la pollution avec les particules fines et les plastiques. Un gigantesque foyer engendrerait trop de gaz toxiques, mais dont la dilution est assez rapide. Risques à mesurer. Nous vivons dans un monde qui fonctionne selon le mode de la radiation, et on nous parle d’accumulation.
          Mais tout cela n’a pas d’importance: il y a des taxes au bout.

        • D’accord avec vous Cavaignac, sauf sur un point : l’agriculture intensive productiviste ne stocke pas le CO2 dans le sol, elle stocke du CO2 (carbone plus précisément) dans les plantes. Stocker du carbone dans le sol supposerait le stocker sous forme de matière organique (l’humus), or ce n’est pas le cas – à ma connaissance du moins, et je vois mal comment ça pourrait l’être. En revanche, le fait que la planète ait verdi depuis quelques décennies, sous les influences de l’augmentation du CO2 atmosphérique, d’un accroissement des surfaces cultivées par l’homme et d’une meilleure maîtrise des techniques agricoles un peu partout dans le monde, c’est autant de CO2 en moins dans l’atmosphère à un instant t.
          Quant aux forêts qui certes constituent des stocks de carbone sur pied (voire dans le sol sous forme de matière organique), à la limite on s’en fiche, puisque l’homme ne mange pas de bois : s’il faut déboiser pour accroître la surface cultivée en vue de produire de l’alimentation, on le fait, comme on l’a toujours fait, point à la ligne. Ceux qui s’émeuvent de la baisse de la surface forestière raisonnent comme si l’homme n’existait pas, c’est bien commode mais c’est légèrement irréaliste – ou alors, cela cache un agenda humano-phobe.
          Le bilan carbone des cultures agricoles est neutre : le carbone absorbé par les plantes sous forme de CO2 une année N est restitué intégralement au cycle, essentiellement sous forme de CO2 (respiration des êtres vivants, humains et animaux, qui ont consommé les produits de ces cultures.

          Quoiqu’il en soit, la responsabilité du CO2 dans le prétendu RCA étant tout sauf démontrée…

          • « Stocker du carbone dans le sol supposerait le stocker sous forme de matière organique (l’humus), or ce n’est pas le cas – à ma connaissance du moins, et je vois mal comment ça pourrait l’être »
            C’est pourtant le cas: en production de céréales, oléoprotéagineux, seuls sont exportés des champs, les graines: les tiges (cellulose/lignine) restent dans le sol la plupart du temps (sauf exportation de paille pour l’élevage).

            • Certes, mais c’est le taux de matière organique du sol qui nous renseigne sur le bilan final en matière de carbone. Et le taux de m.o., si je ne m’abuse, est faible (et a tendance à diminuer) dans les sols cultivés en céréales et oléoprotéagineux. Ces sols ne stockent pas de carbone, à l’évidence. (ce qui peut s’expliquer par le fait qu’une partie du carbone laissé sur le champ soit pourrit et libère du CO2, soit est consommée par la microfaune, laquelle libère aussi du CO2)

          • « Le bilan carbone des cultures agricoles est neutre »
            Pas sur. Dès lors que vous ajoutez des « maillons » à la chaîne du cycle du carbone vous « stockez » du carbone.
            Votre désaccord pourrait porter sur un autre point ; agriculture intensive semble un pléonasme. si les hommes ont choisi l’agriculture c’est pour concentré de la vie, pour évité de s’éparpiller aléatoirement sur de vaste territoires de chasse.

            • « Pas sur. Dès lors que vous ajoutez des « maillons » à la chaîne du cycle du carbone vous « stockez » du carbone. »

              Expliquez-moi ça ? De quel maillon parlez-vous ?

              • clôturez un clairière pour y installer des végétaux choisi, qui nourriront plus d’animaux que ceux initialement présent, puis vous nourriront à leur tour… fourniront un stock de bête de somme, des animaux de compagnies… la ménagerie que vous aurez constitué sera un « stock » de carbone
                Et si le carbone laisser sur le champ pourri, c’est qu’une faune « carbonée » existe et se développe le temps de ce pourrissement.

              • Pas très convainquant en fait !
                Trop focalisé sur votre affirmation mesure de matière organique égal mesure de carbone stocké.
                Augmenté le nombre de maillon c’est par exemple:
                une unité de carbone dans l’air est puisée par un végétal qui meurent puis est décomposé par une bactérie et retourne dans l’atmosphère… cela fait 3 unités de carbone dans le cycle.
                Maintenant, toujours une unité de carbone dans l’air, puisée par une plante, puis brouté par un animal, lui-même dégusté par un homme, qui meurt et enfin se fait décomposé par des bactéries qui le renvoie dans l’atmosphère… On est maintenant à 5 unités de carbone dans le cycle, et en vérité ça ne prouve rien !
                Si le carbone est limité cela voudrait dire que la multiplication des espèces entraine une diminution de la population à l’intérieur des espèces préexistantes. Pourquoi pas ? Même si les 3 milliards d’années de développement de la vie nous invitent à voir autrement…
                Le carbone de l’atmosphère ressemble plutôt à une réserve de gras plus ou moins mobilisé pour pallier les besoins de la vie.
                Je finis en revenant au carbone stocké par la matière organique. Ce qui est gênant avec ces chiffres c’est qu’ils ne permettent pas d’agir ou de choisir.
                La clairière virtuelle que j’invoque dans mon précédent commentaire c’est à la fois une pâture du Massif Central, et un champ de la plaine du Pô. Des bovins maigres sont élevés dans la première avant d’être engraisser avec les récoltes du second. Lequel des deux vaudrait il mieux convertir en forêt pour stocker du carbone ? les rendements (économiques) des deux dépendent de l’un de l’autre et les calculs d’apothicaires que nous livrent tel ou tel défendent une chapelle en ignorant l’autre…
                Bref les Kverts nous font ch…

  • Qu’ils taxent ce qu’ils veulent, tant que l’argent coule à flot on mangera de la viande on boira des sodas on fumera comme des sapeurs et on se fera une joie de se taper une pizza ou un mcdo… Les pauvres n’ont qu’à bosser, na.

  • Une taxe sur la connerie permettrait de supprimer toutes les autres.

  • La consommation de protéines animales est nécessaire en particulier chez la femme enceinte car cela participe au développement cérébral du bébé.

  • @l’auteur d’où tenez vous ce 90% des mammifères sont des humains ? comptez vous au poids ? Pour rappel les souris, mulots et rats sont des mammifères je dis ça je dis rien … et alors du coup votre article en prend un coup

  • Par ailleurs la population de bovins en Inde était de 325 millions de têtes en 2015 et les indiens sont végétariens …. eh oui quand on veut du lait il faut faire des veaux (je le précise pour mes amis des villes pour qui cette information est un scoop) et si on ne veut pas crouler sous les veaux il faut les … manger … bref si le but affiché est de limiter les animaux alors il faut aussi taxer le lait et le fromage … je vois d’ici la popularité du gouvernement, j’aimerais juste qu’ils essayent pour voir, histoire de remettre 100 balles dans la machine à gilets jaunes …

    • L’Etat obèse est allé tellement loin dans l’humiliation fiscale et légale que, désormais, le moindre mouvement de l’exécutif va nécessairement dégénérer en révolte. Plus aucune « pédagogie » n’aura le moindre effet. Elle aura plutôt un effet contraire, ressenti comme une nouvelle insulte d’un pouvoir totalement démonétisé.

  • Si on commençait par liquider les chiens et chats qui ne servent que d’animaux de compagnie, on pourrait envisager de réduire la production de viande de la part destinée à leur alimentation.

  • Les gens sont libres de manger ce qu’ils veulent, le marché libre le leur fournira. Les problèmes commencent quand l’Etat s’en mêle.

  • Jadis on devait chasser le gras de nos assiettes… Et paf nos industriels ont sorti des produits allégés plus cher que les produits standards, pour la viande, une taxe fera chuter la vente de viandes brutes pour des mixes de céréales et bas morceaux… Tout bénef pour nos industriels de la transformation de merdes en or ….

  • à une epoque pour justifier une taxe sur un bidule on expliquait que le dit bidule avait un coût pour le collectif..
    la taxe sur la clope pourrait être remplacée par deux choses..une surprime sur l’assurance de santé…mais en partie compensée par la moindre nécessite de prévoir pour ses vieux jours;..
    vous remarquez que pour la clope personne ne parle de la nécessite pour le « collectif » de payer plusieurs année de pension en moins…

    bon sang..ça nous coûte combien la consommation de viande???? et où ira l’argent??

    alors évidemment..
    un type qui ne veut pas bosser et touche des allocs sociale qu’il dépense pour en partie fumer…ou boire.. mais ça c’est le problème de la façon dont sont distribuées les aides sociales, sans exigences de comportement…

  • Quel torchon. D’un point de vue libéral, il n’y a évidemment pas besoin de taxer la viande … puisqu’il suffit d’arrêter de la subventionner comme on le fait actuellement ! (les éleveurs sont aujourd’hui de fait des fonctionnaires payés par l’état et pouvant fonctionner que sous perfusion de multiples subventions). Un peu plus de concurrence et libre marché suffirait à nous débarasser progressivement de cette pratique rétrograde de bouffer des cadavres. Manger de la viande est ce qui a permis à l’humanité de survivre dans des milieux extrêmement hostiles comme la banquise, où cultiver une nourriture diversifiée et de qualité n’était pas possible. Elle constitue cependant une manière extrêmement inéfficiente de produire de la nourriture. Rêvez plus grand, voyez plus loins, lisez de la science fiction: notre planète a une date limite, si l’humanité veut lui survivre elle devra aller dans l’espace, est-ce qu’on va emporter du bétail avec nous dans l’espace ? Evidemment non, car il est beaucoup plus efficient de consommer directement des plantes que de les donner à manger à d’autres animaux avant de les tuer et de consommer leur chair.

    Tout l’argumentaire de cet article repose au fond sur l’idée évidemment débile qu’on aurait absolument besoin de consommer des cadavres pour vivre en bonne santé (puisqu’ils auraient des ‘protéines de qualité’ alors que les végétaux en auraient de mauvaise qualité ..). On connait des végétariens depuis la plus haute antiquité et les exemple de grands sportifs vegan et autres évidences scientifiques s’empilent pour nous prouver que c’est complètement faux, mais les pseudo scientifiques à la retraites préfèrent se noyer dans le déni que de regarder en face l’étendu de l’échec de leurs politiques étatistes.

    Le lait est mauvais pour vos os. Tout les pays qui ont vu leur consommation de produit laitiers augmenter ont aussi vu leurs taux de fractures et de maladies osseuses augmenter. Réalisez vous un peu ce que ça implique, que tout le monde pense le contraire ? On parle beaucoup du lobby du tabac, mais il n’est rien face au lobby agro-alimentaire.

    Le lobby du lait, c’est le cas d’école du capitalisme de connivence. C’est l’état qui a fait boire du lait à tout les enfants à l’école, répandu l’idée que c’était bon pour la santé, propagé la propagande des industriels selon laquelle en boire serait bon pour les os. Et c’est encore l’Etat qui a subventionné les éleveurs, notamment en garantissant un prix minimum pour le lait (c’était l’enjeu du fameux cas étasunien Nebbia v New York de 1934 qui fait encore autorité aujourd’hui en matière de régulation des prix). Sans toutes ces distorsions qui perdurent jusqu’à aujourd’hui, ce système est voué à sa perte, et c’est une chose que tout libéral devrait appeler de ses voeux.

    Quand au rôle de l’élevage pour l’entretien des paysages, quelle grosse et mauvaise blague. L’elevage entretiens des paysages de patures ? Bravo einstein ! J’ai une autre découverte pour vous : la monoculture du blé entretiens des paysages de champs de blé… incroyable non ? La question bien sur est: si on faisait pousser différentes plantes en même temps, ou si on laissait certains de ces paturages redevenir des forêts, y perdrions nous tant ? Dés qu’on sort du déni pour oser commencer à interroger les certitudes dogmatiques des zootechniciens d’Etat, rien n’est moins sur.

    Et tout ça bien sur sans mentionner un point qui devrait importer à tout vrai libéral: si vous aviez le choix entre travailler dans un abattoir et travailler dans une exploitation maraichaire ou dans une usine qui fait des aliments transformés à partir de plantes, que choisiriez vous ? Savez vous que c’est pas moins de 5 milions de vaches et 25 milions de cochons qui sont poignardés à la main chaque années? Savez vous que les abattoires s’installent dans des zones sinistrées économiquement, et qu’on observe quasiment systématiquement que les gens y travaillent d’abord une première fois, puis arrêtent pendant quelques mois, puis y retournent faute d’autres options ? Arrêtez de subventionner les exploiteurs, garantissez universellement les moyens d’une existence digne, libérez l’information sur ce qui se passe dans les abatoires, et laissez ainsi le marché se charger d’engager enfin, de façon progressive et non autoritaire, par le jeu des signaux prix et de l’opinion publique, une transition dont nous avons absolument besoin …

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Xavier Hollandts est professeur associé à la KEDGE Business School. Docteur et HDR en sciences de gestion, il enseigne l’entrepreneuriat et la stratégie. Spécialiste des questions agricoles, il intervient régulièrement sur ces sujets dans les médias. Ses travaux académiques ont notamment été publiés dans Corporate Governance, Journal of Institutional Economics, Managerial and Decision Economics, ou la Revue Économique.

 

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