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L’obsession climatique

Publié le 16 janvier 2025
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La question climatique a envahi tous les débats de société. Dans son livre Le Changement climatique n’est plus ce qu’il était (2024), la climatologue Judith Curry soutient que cette obsession n’est pas raisonnable et qu’elle est même nuisible.

Samedi 14 décembre, le cyclone Chido s’abat sur Mayotte, ravage l’île et cause de très nombreuses victimes humaines. Aussitôt, les experts et militants en tout genre se disputent pour savoir si le réchauffement climatique a une part de responsabilité dans cet événement tragique. La question n’a pourtant pas vraiment de sens, car il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de rattacher un unique événement à un phénomène global. Même si on arrivait à montrer que, en moyenne, la force des cyclones augmente avec le réchauffement climatique, il ne serait en effet pas évident de savoir si la force de celui-ci y trouverait son explication.

En revanche, une question fondamentale est de se demander comment les populations humaines auraient pu être mieux protégées. À cette question, la climatologue Judith Curry apporte, dans son livre Le Changement climatique n’est plus ce qu’il était (L’Artilleur, 2024) une réponse claire et à contre-courant des discours dominants. En substance, elle dit qu’il faudrait moins chercher à diminuer le taux de CO2 dans l’atmosphère que la pauvreté dans le monde, qui est la cause principale de la vulnérabilité face aux aléas climatiques.

Les biais du Giec

En tant que climatologue, ayant suivi de près les travaux du Giec, Curry ne remet pas en cause les études scientifiques sur l’évolution du climat. Mais, dans son livre, elle montre tout à la fois que la focalisation sur le taux de CO2 relève d’un biais méthodologique lié au fonctionnement même du Giec, que ces études comportent encore une grande part d’incertitude et que ce n’est pas en faisant de la diminution des émissions de CO2 une priorité que l’on protège au mieux les populations humaines.

Il faut bien comprendre que les recherches actuelles sur le climat se font dans un cadre schéma de pensée prédéfini. En 1992, la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique identifiait en effet ce dernier à la part de la variabilité du climat due aux activités humaines. Implicitement, la part due à la variabilité naturelle eut donc tendance à sortir des discussions. En outre, cette même convention partait du principe que le réchauffement était dangereux, sans considérer ses éventuels aspects bénéfiques, et visait à stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Tacitement, il en découlait que l’élimination des énergies fossiles était le chemin à suivre en priorité. Or, fait remarquer Curry, il n’est pas du tout évident que la situation climatique nous est moins favorable de nos jours qu’elle ne l’était avant l’ère industrielle. Elle suggère même que rares seraient les gens « qui choisiraient [le climat], préindustriel, du 18e siècle » (p. 37).

Il y a bien sûr la possibilité que le changement climatique augmente la fréquence et l’intensité des inondations, des sécheresses, des feux de forêt et des ouragans. Mais, selon Curry, « il n’y a guère de preuves que le réchauffement récent ait aggravé de tels événements ». Elle soutient même que la « première moitié du 20e siècle a connu davantage de phénomènes météorologiques extrêmes que la seconde, durant laquelle le réchauffement causé par les activités humaines est censé être le principal responsable du changement climatique observé » (p. 41). Il y a certes une perception que les événements météorologiques extrêmes sont plus fréquents et plus graves. Mais elle estime que c’est dû « à l’augmentation de la population et [à] la concentration de la richesse dans les régions côtières et d’autres régions susceptibles de désastres » (p. 41). De toute façon, quand bien même ces événements augmenteraient, elle fait remarquer que le nombre de leurs victimes a diminué au cours du siècle, notamment grâce au développement économique.

Développement ou baisse des émissions

Cela étant dit, elle reconnaît que le réchauffement climatique pourrait devenir dangereux. Elle rappelle toutefois que les scénarios extrêmes du Giec sont, selon ses propres dires, peu probables. Quant à ceux qui sont le sont davantage, ils ne conduisent pas à une fin du monde, comme certains militants le prétendent. Ils peuvent bien sûr entraîner des problèmes, plus ou moins graves. Mais Curry soutient que, face à ces problèmes, il est légitime de discuter des recommandations politiques du Giec selon lesquelles l’objectif prioritaire est de réduire les émissions de CO2.

Elle explique en effet qu’un organisme scientifique ayant pour objectif de trouver un consensus n’a pas vraiment de sens au regard de l’activité scientifique, dans la mesure où les thèses minoritaires ont souvent un rôle crucial à jouer pour faire progresser la science. Or, en étant construit sur la recherche du consensus, cet organisme en vient, immanquablement, à minimiser les études divergentes et les incertitudes. En outre, ayant été mis sur pied à partir de l’idée que les émissions de CO2 sont néfastes, il a nécessairement un biais en faveur de leur réduction. Enfin, Curry rappelle que, si notre objectif est l’amélioration de la condition de vie des humains, il ne faudrait pas promouvoir une réduction du CO2 avant d’avoir vérifié que les conséquences économiques et sociales de cette mesure ne sont pas pires que les conséquences du réchauffement climatique.

Sur ce point, elle montre que, à ce jour, les impacts les plus dramatiques du changement climatique sont surtout les symptômes d’un sous-développement. Or les mesures de réduction du CO2 ont tendance à nuire au développement des régions qui en auraient le plus besoin. Il vaudrait donc mieux aider les populations de ces régions à s’enrichir, à avoir accès à de l’énergie bon marché et donc à mieux résister aux aléas climatiques qu’à baisser les émissions de CO2. Surtout que, comme Curry le fait remarquer, la réduction des émissions « n’aidera personne au cours des prochaines décennies, alors que les [mesures d’adaptations] soulagent les gens à court terme » (p. 85).

Enfin, pour bien faire comprendre que cette obsession pour la réduction du CO2 n’est pas raisonnable, Curry imagine la situation suivante : « Si le climat mondial se réchauffait au rythme actuel uniquement en raison de causes naturelles, l’humanité se sentirait-elle obligée de ralentir le réchauffement futur (peut-être par la capture directe du CO2 atmosphérique ou l’ingénierie du rayonnement solaire) ? C’est peu probable ; un tel contrôle du climat serait, à juste titre, considéré comme futile et/ou dangereux. Les hommes s’adapteraient, comme ils l’ont toujours fait, au changement climatique » (p. 458).

L’ouvrage suggère que, dans les débats sur le climat, c’est surtout le fait que ce soient les humains qui le modifient qui est jugé problématique. Autrement dit, on peut se demander si ce n’est pas l’image désuète d’un paradis perdu, souillé par l’activité humaine, qui nourrit le militantisme climatique et, parfois aussi, le travail des climatologues.

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  • Il est clairement intéressant de lire ces mots d’une personne qui a passé sa vie à étudier l’atmosphère, ça pourrait permettre à ceux qui disent que « oui, mais de toute façon chez les opposants au consensus climatique il n’y a que des géologues ou des mathématiciens qui n’y connaissent rien au climat ».
    Je crois malheureusement qu’on peut compter sur eux pour ignorer cette “climatosceptique”…

  • Vous avez certainement raison mais il va être difficile d’entendre ceux qui nous mentent depuis 20 ans nous dire qu’ils se sont trompés.
    Alors que notre gouvernement ne sait pas comment trouver quelques milliards, il suffirait de décréter un moratoire sur la transition écologique pour en trouver des dizaines.
    Arrêt des ZFE, des DPE complètement bidon, des subventions aux panneaux solaires, aux véhicules électriques, etc. Ce n’est pourtant pas très compliqué, ça ne mettrait personne dans la rue et redonnerait confiance aux milieux économiques.
    Ce n’est pas le réchauffement qui nous menace mais l’absence de courage de notre classe politique !

    • Le problème est bien celui que vous soulignez: tous les gens qui ont profité des mensonges du GIEC depuis sa créationen 1988 peuvent difficilement se dédire.
      De plus cela concerne tellement de personnes différentes et d’intérêt différents que cette dernière possibilité est presque totalement à exclure: entre les petits malins qui surfent sur la vague avec le développement des énergies renouvelables intermittentes ,plus nuisibles qu’utiles surtout en France, les journalistes de quasiment tous les médias’mainstream’ pris au piège de la soumission, les politiques de tous bords ou presque, et j’en passe, personne ne peut plus revenir en arrière.
      Par contre, nous allons assister à une désinformation débridée sur le sujet, d’autant plus agressive que les dernières observations dans le domaine climatique rendent de plus en plus délicat le soutien aveugle des thèses du GIEC. Il va donc falloir que l’AFP multplie les ‘fast checking’ des publications hétérodoxes avec des arguments de plus en plus fumeux et incohérents; bien sûr tous les soutiens à la pensée unique suivront mais ont peut quand même espérer que dans le monde de la science, l’éthique scientifique, à l’image des positions (très timides cependant) de Mme Curry, finissent par prendre la pas sur le consensus habilement fabriqué et que de nouveaux modèles climatiques plus crédibles et plus cohérents voient le jour et surtout puissent véritablement être soutenus par les observations et des preuves expérimentales concrètes.

  • Face à l effondrement du marxisme sous toutes ses formes……nos orphelins ont tronqués la faucille et le marteau pour la nature
    Au lieu d ériger un paradis pour les travailleurs ils vont sauver la planète
    Et les voilà repartis en campagne avec ces nouveaux os à ronger
    Sachant que les nazis comme les fascistes italiens célébraient abondamment la nature….🤣🤣🤣🤣

  • Judith Curry s’est rapidement brouillée avec l’IPCC (GIEC) dont elle était initialement une des vedettes préférées. Trop compétente et honnête pour se compromettre avec une tribu intégriste refusant toute remise en cause du dogme politique imposé par l’ONU.

  • Livre long et aride mais qui mérite d’être acheté et creusé. Bonne recension.

  • En aucun cas le projet des écolos est le développement de l’humain… Ils souhaitent une décroissance (sauf pour eux)…

  • “L’ouvrage suggère que, dans les débats sur le climat, c’est surtout le fait que ce soient les humains qui le modifient qui est jugé problématique.”
    Cela semble évident : si les humains sont la cause du dérèglement climatique alors ils en sont responsables. Liberté oui mais responsabilité aussi. Lorsque je déverse librement mes ordures sur le terrain de mon voisin, j’engage ma responsabilité et en supporte les conséquences. Alors que si j’émets dans l’atmosphère du CO2 du CH4 ou autre gaz, ma responsabilité n’est pas engagée et d’autres en supportent les conséquences.
    Je pense que la plupart des intervenants sur Contrepoints refusent l’hypothèse du dérèglement climatique du fait de l’activité humaine car elle pose un problème de liberté/responsabilité. C’est bien dommage d’escamoter ce sujet.

    • « Les lecteurs de Contrepoints » ne veulent pas prendre leur responsabilité. »
      Ces lecteurs ont gardé du bon sens et de l’esprit critique, notions que d’autres lecteurs semblent avoir perdues.
      Pour que l’homme soir responsable du réchauffement, il faut réunir deux conditions :
      1 L’augmentation du CO2atmosphérique est directement liée aux combustions des fossiles par l’homme.
      Le GIEC le retient car les fossiles contiennent du carbone13 qu’on retrouve dans l’atmosphère. Or l’herbe contient aussi du carbone13 et les incendies dégagent plus encore de CO2.
      Cette première condition n’est que partiellement remplie.
      2 Le CO2 serait de nature à réchauffer l’atmosphère.
      Un doublement du CO2, par exemple 800 ppm au lieu des 425 ppm actuellement, conduirait, avec les propres moyens de calcul du GIEC, à une augmentation de température très faible et non mesurable.
      Cette deuxième condition n’est pas remplie.
      Au total, les causes du réchauffement doivent être recherchées ailleurs, et de solides pistes existent qu’il serait trop long de développer ici.

    • Pour cela il faudrait que le CO2 soit le responsable de la hausse, or ce n’est toujours pas prouvé, les études des carottes de glace ne confirment pas cette hypothèse. Car ce n’est qu’une hypothèse parmi d’autres.

  • Un petit dessin vaut mieux qu’un long discours…
    https://cycleducarbone.ipsl.jussieu.fr/images/cyclecarbone/enseignants/temp-400000.gif
    Alors si vous deviez parier sur le climat dans 1000 ans ?…
    La seule raison qui devrait nous pousser à économiser aujourd’hui les énergies fossiles, c’est que dans quelques certaines d’années, nous pourrions en avoir besoin pour contrecarrer le refroidissement climatique inéluctable ! 😏

    • Il vrai que nous sommes proches de plonger dans la prochaine période glaciaire. Nous sommes même peut-être un peu en retard. Mais avant cela, au sein même de la période chaude actuelle de l’holocène, nous pouvons subir très prochainement un refroidissement passager, le minimum d’Eddy, cousin du minimum de Maunder, le petit âge glaciaire sous Louis XIV. Le basculement commence vers 2030 à l’issue du cycle 25.

      • En retard… En effet ! Jamais depuis 400000 ans, un pic climatique aura été aussi long.
        Et si n’avions même qu’un petit âge glaciaire (-1°C en moyenne), nous pleurerions rapidement le temps béni du petit réchauffement actuel.
        Je n’ose imaginer -10°C !
        Judith Curry a raison. Quelle que soit la réalité du RC ou ses causes, il faut se concentrer sur d’autres sujets. La pauvreté, sans doute. Mais plus généralement, la croissance économique et technologique. Et donc aussi la croissance énergétique, dans un monde où les énergies fossiles sont infiniment plus vite consommées que produites. Par quoi, donc les remplacer ? On a une cinquantaine d’années pour trouver la réponse.

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