Retraites et assurance-chômage : l’État organise le pillage social

Au nom de l’égalité et d’un semblant de justice sociale, le gouvernement envisage une fois de plus de prendre aux uns pour redonner aux autres.

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Retraites et assurance-chômage : l’État organise le pillage social

Publié le 29 août 2018
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Par Jean-Philippe Delsol.
Un article de l’Iref-Europe

Les retraites convoitées

Tandis que les régimes publics de retraite comme celui de la Sécurité sociale vivent sans réserve, en reversant chaque mois aux pensionnés les cotisations du mois précédent payées par les cotisants, certains régimes professionnels se sont montrés plus prévoyants. Celui des professions libérales a accumulé 27 Md€ de réserves et le régime complémentaire des salariés AGIRC/ARRCO, 71 Md€. Mais la tentation est grande de profiter de l’occasion d’une grande réforme des retraites pour que les cigales volent leurs réserves aux fourmis en violation complète de l’épargne et de la propriété.

La réforme des retraites annoncée n’a pourtant rien de révolutionnaire et ne consiste qu’à prendre aux uns pour donner aux autres, selon le vieux principe français d’une solidarité fondée sur la redistribution obligatoire. Le projet ne prévoit que de transformer les cotisations en points dans un système qui resterait basé sur la répartition, c’est-à-dire sur le versement aux retraités des cotisations des actifs. Tant mieux si à cette occasion les régimes de la fonction publique ou parapublique sont rééquilibrés pour coûter moins cher aux contribuables. Mais chacun sait que le système de répartition, dans un pays où de moins en moins de gens travaillent de moins en moins longtemps tandis que la durée de vie ne cesse de s’allonger, est celui d’une voiture roulant à vive allure vers un mur.

Certes le pillage d’État envisagé pourrait donner quelques années de répit en attendant le pire. Mais celui-ci ne saura être évité qu’en basculant progressivement une large partie des retraites vers un système de capitalisation dans lequel les cotisants pourraient retrouver leur capital ou une rente à l’âge qu’ils choisiraient librement pour prendre leur retraite. En attendant, la politique du court terme est aussi injuste et immorale que suicidaire.

L’aubaine du chômage des cadres

C’est vrai aussi au titre des mesures envisagées pour limiter les allocations chômage des cadres qui sont aujourd’hui plafonnées à environ 6 200 € par mois. Un député de LREM a joué le rôle du héraut pour proposer une mesure tendant à rendre progressives les indemnités des cadres, voire les limiter à une allocation forfaitaire de 3 000 € par mois. Une annonce en forme de test d’opinion sans doute !

C’est juste oublier que les cadres cotisent davantage que les autres, les cotisations étant proportionnelles au salaire, à raison de 5 %, répartis pour 4,05 % à la charge de l’employeur et 0,95 % à la charge du salarié. La cotisation salariale était de 2,40 % jusqu’au 31/12/2017 et devrait être totalement supprimée à compter du 1er octobre 2018. Ces cotisations ne sont pas dues sur les rémunérations dépassant 4 fois le plafond de la Sécurité sociale, fixé à 3 311 € au 1er janvier 2018, soit un plafond de base de cotisation de 13 244 €.

L’indemnité est calculée en fonction du dernier salaire à raison du plus élevé des montants correspondants à 57 % du salaire journalier de référence ou 40,4 % de celui-ci + 11,92 € par jour. Il n’est donc pas anormal que les cadres reçoivent, comme les autres salariés, une indemnité correspondant à leurs cotisations, dans la limite du plafond auquel ils cotisent. De plus, lors de la réforme du marché du travail en Allemagne, les fameuses lois Hartz, il n’y a pas eu de discrimination entre les simples employés et les cadres au chômage. Tout le monde a fait des efforts.

Mais la politique d’Emmanuel Macron est de supprimer définitivement le caractère assurantiel du système social français, déjà très diminué, et de re-centraliser tous les régimes sociaux entre les mains de l’État. Et parallèlement, son but est d’en augmenter le caractère redistributif en continuant d’alourdir la charge de ceux qui gagnent moins au profit de ceux qui gagnent plus comme un moyen de poursuivre la politique d’égalisation délétère de son prédécesseur. C’est notamment vrai pour les cadres dont les prestations risquent de baisser alors qu’ils supportent désormais la hausse de la CSG, de 1,7 %, sans limitation, et sont donc encore plus pénalisés que les autres.

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  • je me souviens des paroles d’un certain Jupé, qui pour lui une retraite à1200 était une bonne retraite bien entendu pour lui c’était insuffisant cela va de soit !!! mais que ce gouvernement n’aime pas les retraités c’est un fait !!! Alors qu’il change les modalités, allons y ..mais que tout le monde soit au même niveaux y compris nos élus bien entendu et la ça coince…et pour arriver à avoir 100% n’est pas messieurs les députés :un mandat de 5 ans 1500 euros 3 mandats 100% de l’indemnites parlementaire ( salaire ) même régime de retraite ,vous rêvez…a mon avis le mot EGALITE Doit être être supprimé sur le fronton de l’assemblée nationale…

  • Cet article de Jean-Philippe Delsol mélange le régime des retraites avec le régime de l’assurance chômage.
    Il s’agit en fait de régimes distincts même si d’éventuelles périodes de chômage sont partiellement prises en compte pour le calcul des pensions de retraite.
    S’agissant des retraites, il est certain qu’une harmonisation est nécessaire pour faire en sorte qu’à versements de cotisations égales le futur retraité puisse recevoir un même montant de retraite quelque soit la profession exercée.

    • certes mais, cela ne sera pas le cas. Enlevez les privilèges de la fonction publique au sens large, et puis,
      Les retraites sont issues de cotisations qui n’ont rien à voir avec le budget de l’Etat à moins que ces dernières tapes régulièrement dans les caisses ne serait-ce que pour renflouer les caisses de la SNCF, EDF et toutes les caisses des services publics qui sont en pleine déconfiture mais qui donnent des avantages encore très loin au-dessus des caisses privées dans lesquelles l’Etat tape régulièrement pour renflouer ses caisses. Politiques, Ministres, Sénateurs, Députés et autres Présidents des collectivités locales qui se goinfrent sur les autres alors que sur 1 seul mandat de 5 ans ils ont une retraite supérieure à un cadre du privé. Mais chez ces escrocs il ne faut rien prendre bien au contraire après chaque élection ils se votent un peu plus de fric. Avec l’argent des autres ils font ce qui leur plait « Je suis élu s’ils ne sont pas contents ils n’ont qu’à venir me chercher » ! La République Démocratique à la Française ! Un pays en pleine dérive mais les Français méritent ce qu’ils ont voté.

      • Les retraites sont issues de cotisations qui n’ont rien à voir avec le budget de l’Etat

        Les pensions des fonctionnaires sont votées chaque année par ministère par le parlement car il n’y a pas de caisse pour le public.

      • @Laurent « les Français méritent ce qu’ils ont voté » adepte de la culpabilisation globale ? après la retraite par répartition, la culpabilité par répartition ? La culpabilité globale n’existe pas. En revanche, balayez devant votre porte au lieu de vous soucier de l’hypothétique tas devant la mienne.

      • oui c’est dommage votre dernière phrase parce que vous aviez tout juste..

    • Le « à cotisations égales, retraites égales » une fois remis dans le bon ordre, c’est « Pour obtenir une retraite donnée, il n’y a pas d’autre moyen que de verser des cotisations en proportion », et là beaucoup ne veulent pas l’admettre, notamment chez les professions qui veulent profiter de la solidarité forcée, genre fonctionnaires, cheminots, etc.

  • Mais continue à largement financer les fainéants du RSA !

  • « Et parallèlement, son but est d’en augmenter le caractère redistributif en continuant d’alourdir la charge de ceux qui gagnent moins au profit de ceux qui gagnent plus »
    une coquille au dernier paragraphe ?

  • Piller le pognon des autres, comme en 1941 quand fut instaurée la retraite par répartition.

  • Retraite par capitalisation ❓
    Mais vous n’y pensez pas, non ❓
    Parce qu’il faudrait redonner un peu de liberté aux gens, et que cela, des personnes libres, c’est dangereux pour cette bande de pillards. Comment feraient-ils pour rester au pouvoir dans de telles conditions ❓ Impossible.

    Ils combattront la retraite par capitalisation, même à faible dose.
    Désigner certains à la vindicte, tous les moyens seront bons.

  • « …vers un système de capitalisation… »
    Encore faudrait-il que le capital rapporte plus que l’inflation et qu’il soit garanti « sans crise ». On a vu en 2008 les septuagénaires américains se remettre au travail (au rabais) parce que leur retraite avait disparu.

    • Pour l’inflation, si la pression des retraités futurs est suffisante, le gouvernement aura moins tendance à vouloir y recourir pour spolier discrètement ses administrés, et sera donc fortement incité à la vertu. Il faut arrêter de croire que l’inflation tombe du ciel sans que nul n’y soit pour rien…
      Pour les crises, les premières victimes sont les actifs, donc ils ne peuvent pas payer les retraites par répartition non plus. En revanche, une allocation réfléchie permet de surmonter les crises sans trop de dégâts, et de profiter à plein des reprises.

      • @MichelO

        « Profiter à plein des reprises? »
        Bien vu (en théorie),mais petite condition sine qua non : qu’elle ne soient pas molles (des reprises molles existent),et qu’elles ne tardent pas avenir…(cela peut arriver)…
        In fine l’incertitude reste de mise pour l’ hypothèse « de profiter à plein des reprises », surtout si l’on considère pour beaucoup qu’il s’agit de revenus incontournables pour vivre.
        Par ailleurs qu’entendez-vous par « une allocation réfléchie »?

    • @VUDUBAR
      Bonjour,
      Le capital est un investissement, un pari. Il ne peut pas être garanti. Pour qu’il ait des chances de rapporter, il lui faut de l’air, pas des murs exigüs. Comparez combien rapportait un Livret A il y a 20 ans et combien il rapporte maintennant. Personnnellement quand j’ai ouvert mon Livret A à La Poste en 1997, il rapportait 4.5% par an. La Poste fait sa pub sur un taux inférieur à 1%, comme si c’était exceptionnel.

  • Ce que je trouve tout de même bizarre, c’est que l’état autorise la retraite par capitalisation mais uniquement pour ses fonctionnaires, au moyen du dispositif Prefon.

    En revanche pour le privé, ce n’est pas demain la veille que l’on verra des fonds de pension à la française dans l’un des derniers pays communistes.

    Et si la solution était un système mixte, comme au Danemark: une partie répartition et une partie capitalisation. Chaque année, le ratio est fixé par une commission en fonction de la conjoncture économique: quand les marchés vont bien, la partie capitalisation est plus importante et dans le cas contraire, c’est la répartition qui est augmentée.

    Voilà un système intelligent mais qui n’a évidemment que peu de chances d’être mis en place dans un pays qui a perdu toute notion de bon sens paysan.

    • La Préfon est plutôt mal gérée, ce qui fait qu’elle n’est pas vraiment vue comme un système de retraite par capitalisation, mais comme un système de défiscalisation de l’épargne. La solution est dans un système mixte, en effet, au moins dans un premier temps pour permettre la transition. Cependant, il faut laisser le choix des proportions s’élargir progressivement, et les individus libres de décider eux-mêmes de ces proportions et du gestionnaire de la part capitalisation. Les commissions, ça ne rajoute que de l’incertitude et des erreurs… Accessoirement, il faut bien entendu exonérer cette capitalisation de toute fiscalité, et c’est sans nul doute là que le bât blesse.

      • Waren MichelO

        Sauf que capitaliser quand tout va bien et répartir quand tous va mal c’est l’autre définition de collectiviser les pertes et privatiser les profits…

        Non merci

        • La question ne se pose pas comme vous le dites. En France, nous avons la mémoire sélective, depuis la Libération, tout a toujours été assez bien pour qu’une capitalisation raisonnablement répartie et investie en biens utiles (immobilier, usines, savoir-faire, … capital en bref) n’ait jamais besoin d’être remise en cause. Où ça pèche, en revanche, c’est quand la capitalisation est investie en dette publique, tout simplement parce que l’inflation a pour but de spolier les détenteurs de dette publique pour en alléger le fardeau, et qu’elle est soumise à toutes les impositions sur les plus-values, les dividendes, et la détention. Donc pour les 70 dernières années, la capitalisation est nettement meilleure. Cela étant, si vous préférez la répartition parce que vous l’estimez plus avantageuse, rien ne devrait vous interdire d’en faire le choix volontaire, avec la confiance qui découle de la supériorité qui dicte ce choix et qui devrait apparaître à de nombreux autres ce qui permet de perpétuer le système.
          L’expérience de tout qui va mal, nous l’avons par exemple au Venezuela, et chez nous elle remonte aux années 30-40. L’inflation galopante fait perdre leur épargne à de nombreux futurs retraités. Ceux qui ont investi dans des biens réels plutôt que la dette publique perdent aussi tout, dans les destructions et les exodes de la guerre. Bien entendu, il n’y a plus rien à répartir non plus, mais la répartition peut redémarrer assez facilement, aidée par le faible nombre de survivants âgés. Il sera toujours temps, si un tel désastre survient, de relancer la répartition, puis au fur et à mesure que les richesses reviendront, de laisser ceux qui préfèrent la capitalisation s’y adonner. Autant de charge en moins pour les tenants de la répartition tant que la catastrophe ne survient pas, exactement la même dans les deux cas quand elle survient.

  • Modération Contrepoints >> Message supprimé et commentateur banni pour propos xénophobes et HS.

    Non, les problèmes de retraire en France n’ont pas grand chose à voir avec la charia…

  • L’état ne limite pas les retraites par capitalisation au dispositif PREFON (pour les fonctionnaires). Existent pour les salariés du privé un régime d’entreprise (article 83) mais également les PERP. Ces dispositifs permettent de déduire des cotisations du revenu imposable jusqu’à 10% des salaires. Cette déduction est globale (pour PREFON, articles 83 et PERP, un fonctionnaire peut avoir à la fois un PERP et PREFON, même si ça n’a aucun intérêt). Ca permet de construire un capital dont on ne peut sortir qu’en rente viagère (avec éventuellement une possibilité de sortir 20% en capital). L’intérêt est surtour pour les tranches élevées. La rente est ensuite fiscalisée. Comme en outre on paie les prélèvements sociaux deux fois, et que les fonds sont en général garantis (et donc apportent peu de rendement), ce n’est pas merveilleux. Mais il est inexact de dire que seuls les fontionnaires peuvent disposer d’un tel dispositif. On pourrait imaginer des améliorations (monter la possibilité de déduction à 20% des salaires, remplacer la déductibilité des revenus imposables par un crédit d’impôt), mais c’est quand même là.
    Pour les indépendants, un système similaire existe (dit Madelin).

  • à Jamboree Bonjour,en fin de compte sur le Prefon la rentabilité après impôt ? sur la rente et suivant vôtre revenu ?

  • Les commentaires sont fermés.

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