État-providence et Sécurité sociale : la faillite

Les systèmes de sécurité sociale des États-providence sont à bout de souffle. Le rapport entre cotisants et bénéficiaires ne cesse de chuter.

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État-providence et Sécurité sociale : la faillite

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 août 2018
- A +

Par Bill Bonner.

 

Je pense que la plus grande menace intérieure pour le pays sont ces 21 000 milliards de dollars de dette pesant sur l’Amérique et les futures générations. – Howard Schultz, PDG sortant de Starbucks, sur CNBC le 5 juin 2018

Oh oh…

L’État-providence, qui représente 40% des dépenses fédérales américaines, est en train de faire faillite. Le Wall Street Journal : « La Sécurité sociale devrait puiser dans ses réserves cette année ».

Qu’y a-t-il exactement dans ces réserves ?

Des bons du Trésor américain : que pourrait-il y avoir d’autre ?

En d’autres termes, les retraites des Américains dépendent désormais de la vente de bons du Trésor… des reconnaissances de dette provenant du plus profond trou de dettes au monde… et dont la plus grande banque centrale au monde, la Fed, se débarrasse actuellement.

Le gouvernement fédéral américain vend lui aussi ces mêmes reconnaissances de dettes, en quantité record. Les déficits doivent être couverts par l’emprunt (la vente d’obligations). Et sur l’exercice fiscal 2019, les autorités US devront en vendre pour 1 200 Md$.

La fin de l’État-providence ?

Parallèlement, les entreprises américaines ont quelque 7 000 Md$ de dette arrivant à maturité sur les sept prochaines années. Elles devront les « rouler »… en émettant de nouveaux emprunts. Qui va acheter toutes ces dettes ? À quel prix ?

Nous reviendrons sur ces questions un autre jour.

Medicare, le système de santé américain, a l’air un peu fatigué lui aussi. Sa cagnotte devrait être vide d’ici 2026 ; trois ans plus tôt que la précédente estimation.

Et voici le chiffre important, selon le Fiscal Times : 2,2.

C’est le ratio travailleurs/bénéficiaires de la Sécurité sociale. En 1968, quand l’Amérique était vraiment grande, il y avait environ cinq travailleurs pour chaque bénéficiaire. D’ici 2035, ce ratio aura chuté à 2,2 travailleurs pour chaque bénéficiaire.

En France, il n’y a déjà que 2,2 actifs pour 1 retraité et il faut que l’État emprunte pour financer ses prestations sociales (maladie, vieillesse).

Nous savons ce que vous pensez : 2035, c’est dans longtemps. Cela donne au Congrès et au gouvernement assez de temps pour corriger n’importe quel problème, non ?

Le gouvernement fédéral consomme désormais environ un quart de la production nationale… et dirige, contrôle ou influence fortement un autre quart. Comment décide-t-il quand dépenser… et quand réduire son train de vie ?

Si tout fonctionne comme nous l’avons appris en éducation civique, inutile de s’inquiéter.

Si leurs finances commencent à prendre l’eau, nos représentants élus – qui sont tous des parangons de vertu et d’intelligence, aux États-Unis comme en France – agiront pour rétablir la situation.

Ce sont des personnes futées. Nombre d’entre elles sont diplômées en droit. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, elles tailleront leurs crayons, resserreront les dépenses, augmenteront les impôts et feront le ménage chez eux.

L’armée, cette autre sangsue des finances fédérales

Les troupes américaines sont désormais engagées dans des dizaines de pays différents.

Du Niger à Nimportou, pas un passereau ne tombe sans avoir été victime d’un drone US. Obama a multiplié les frappes par 10 par rapport à Bush, même si les rapports suggéraient que 90% des victimes n’étaient pas des cibles.

De son côté, Trump les a quintuplées à nouveau. Il a également donné la permission à la CIA de se lancer elle aussi dans le business du meurtre-par-drone.

Selon les manuels, tout cela est strictement illégal. Les autorités ne sont pas censées tuer qui que ce soit hors du cadre prévu par la loi.

Quant à la guerre… pour paraphraser Voltaire, tuer est illégal sauf lorsqu’on le fait en masse et au son du clairon. Aux États-Unis, avant de faire sonner le clairon, les représentants du peuple sont censés délibérer… débattre… prudemment et solennellement peser le pour et le contre.

Ils sont supposés mettre en balance les pertes et les bénéfices… le grave avertissement de George Washington résonnant à leurs oreilles – « évitez les imbroglios à l’étranger » – avant de mettre en danger des vies américaines ou le Trésor national.

Évidemment, cela ne fonctionne pas exactement comme l’avaient imaginé les Pères fondateurs.

Tout de même, si les dépenses ou l’armée dépassent trop les limites, nous pouvons toujours compter sur le système pour corriger les choses… non ?

Et même si le système ne fonctionne plus exactement comme par le passé, nous pouvons toujours compter sur le bon sens élémentaire de nos politiciens en matière de justice et d’injustice, de bien et de mal, de vérité et de mensonge pour, peut-être, quand toutes les autres options ont été épuisées, faire ce qu’il faut. N’est-ce pas ?

Bref, nous pouvons dormir du sommeil du juste, confiants dans le fait que nos autorités éclairées veillent au grain.

Mais si les autorités s’étaient retournées contre nous ? Si le système était déséquilibré ? Si la séparation des pouvoirs n’était plus étanche ? Si la majorité n’avait pas le dernier mot… tandis que les droits de la minorité n’étaient pas respectés ?

Si le gouvernement « par et pour le peuple » avait été détourné par une minorité servant ses propres intérêts ? Si ces initiés en profitaient, alors même que ce n’est pas le cas de la grande masse des citoyens ? Et si ce n’était pas un accident ; si ces initiés devenaient plus forts et plus riches, à nos dépens ?

Et si on ne pouvait mettre fin ni aux dépenses nationales… ni aux mésaventures militaires – parce que ce n’est pas dans les intérêts des initiés de le faire ?

Et là, nous vous laissons avec un mot important : le jargon. Les lois dans les livres ne changent peut-être pas. La Constitution est toujours dans sa cage de verre. Le Congrès se rassemble toujours. Les élections continuent d’être tenues. Mais le jargon politique évolue… et plus rien n’est pareil.

Pour plus d’informations, c’est ici.

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  • Et on continue de faire venir des gens d’ailleurs qui bénéficient de toutes ces caisse y compris de la retraite minimale sans avoir jamais cotisé le moindre centime et cela depuis des années déjà !

    • Si les migrants pèsent indubitablement sur les comptes, ce n’est pas le problème principal.

      Un système collectiviste se désagrège de lui-même en l’absence de cause extérieure. Les migrants, qu’ils immigrent ou qu’ils émigrent, ne font qu’accélérer le processus naturel de pourrissement du système collectiviste, processus inscrit dans ses gènes dès sa création. Ils n’en sont pas la cause.

      Les systèmes collectivistes des Etats obèses providentiels sont avant tout des systèmes fondés sur l’irresponsabilité, la contrainte et la redistribution pour détruire les richesses. En application des deux principes collectivistes, de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins, ils font du vol un principe de société. Dès lors que les besoins de tous sont infinis tandis que les moyens de quelques-uns sont limités, les systèmes collectivistes sont fatalement déficitaires.

      Générant une société intrinsèquement immorale, les systèmes collectivistes sont condamnés à produire toujours plus d’injustice, de pauvreté, de violence (notamment fiscale) et d’exclusion, pour finalement sombrer dans la faillite à plus ou moins brève échéance, laissant leurs participants contraints dans le dénuement absolu, bénéficiaires et contributeurs indistinctement appauvris.

      En France, sécurité sociale, aides sociales et retraites par répartition sont les trois principaux systèmes collectivistes. Ils prendront fin soit parce que la catastrophe de leur effondrement surviendra, soit parce qu’on les aura volontairement abandonnés dans un réflexe de survie, avant que leur crise inéluctable ne survienne.

      • Laurent a raison , ce n’est pas la peine d’en rajouter encore plus avec les migrants . Sinon c comme rajouter un diabète à un cancéreux . On sera généreux quand on en aura les moyens mais ce n’est pas du tout le cas en ce moment .

    • Exact Laurent , en bon masochisme judéo-chrétien !

    • Oui . Ce que je dénonce ne sont pas les migrants eux-même , la terre est à tout le monde et la liberté consiste aussi à se rendre où on veut . Ce que je ne veux pas , par contre , c payer des impôts ou cotisations pour eux. Ils veulent venir , aucun problème : mais ils assument complètement financièrement , nous n’avons pas à payer pour eux !

  • Il faut aussi mettre les termes au point, l’Etat n’est rien sans les cotisants, c’est l’argent de ceux qui travaillent et qui cotisent qui est distribué et gaspillé par de sinistres escrocs qui font avec l’argent des autres ce qu’ils veulent. L’Etat c’est les politique, cette mafia immonde qui dépense sans compter avec l’argent qui ne leur appartient pas.

  • La sécurité sociale et l’éducation nationale sont les deux mamelles de notre état providence et en train de se tarir car elles se servent au lieu de servir et aucun citoyen, aucun contribuable, aucun cotisant ne réagit sauf pour demander toujours plus. Je n’ai jamais vu sortir du sang d’une pierre !

  • Les Américains qui s’inquiètent peuvent toujours venir en France, on est accueillants…

  • « En 1968, quand l’Amérique était vraiment grande, »
    je ne suis pas certain qu’elle était vraiment plus grande, elle était surtout plus développée que les autres. Comme il est évoqué, le souci se situe au niveau du ration actif/retraités. L’amélioration de notre espérance de vie déséquilibre le système. On peut donc considérer que c’est finalement, une bonne chose. Maintenant, comment rééquilibrer le système?

  • Pour qu’une société vive, il faut que dans sa vie chaque citoyen produise en moyenne plus qu’il ne consomme, que le solde soit positif.
    Dans ce cas l’accroissement de la population, par naissance ou immigration, enrichit le pays car les vivants se suffisent économiquement à eux-mêmes et n’ont pas besoin de vivre au crochet d’un autrui qu’il faudrait faire venir ou empêcher de partir.

    Mais quand chaque nouveau citoyen contribue en moyenne négativement à la société en consommant plus qu’il ne produit, davantage de population ne fait qu’empirer les choses.
    Et pourtant moins de population ne peut pas sauver le pays ; au mieux cela retarde un peu l’inévitable chute : le pays mange son capital, et retournera à la barbarie une fois ce capital épuisé.

  • Moi je pense qu’il faut importer encore des millions d’immigrés pour qu’ils nous payent nos retraites. Je dirais même plus, remplacer nos retraités par des immigrés, ça renflouerait les caisses. Pas de retraités, serait l’avenir ! Mourir au travail devrait être la règle. Sauf pour la caste dirigeante bien sur !

    • Trop gros, ça ne passera pas ?

    • Oui , pour que les migrants ou des politiques natalistes  » sauvent  » le système des retraites , il faut évidemment le plein emploi et que tous cotisent . Mais avec le chômage de masse , beaucoup ne cotisent pas donc ne sauveront rien du tout . Les jeunes au chomdu ne cotisent à rien du tout mais coûtent en aides . c encore pire ! Et le coût des allocs et autres prestations sont bien supérieur aux hypothétiques cotisations .

  • Quand l’Etat français mis la main sur l’épargne des salariés en 1941, les ressources volées devaient assurer sept ans de pensions. Trois ans après, les caisses étaient déjà vides.

  • Les commentaires sont fermés.

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