“La faute à Rousseau” d’Éric Naulleau

Un pamphlet en forme de mise en garde contre les dangers des nouvelles dérives totalitaires de notre époque.

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“La faute à Rousseau” d’Éric Naulleau

Publié le 30 mai 2023
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Éric Naulleau est un éditeur, critique littéraire, essayiste et chroniqueur connu qui, bien que situé à gauche, semble payer son amitié avec un certain Éric Zemmour en étant régulièrement brocardé et mis au ban de certains cercles médiatiques.

Son dernier essai sur Sandrine Rousseau ne devrait pas vraiment améliorer son image auprès d’une certaine partie de la gauche, bien qu’il n’ait plus grand-chose à perdre de ce côté-là.

 

Un projet d’essence totalitaire

Dans son pamphlet paru aux éditions Léo Sheer, il parle de « cirque médiatique » au sujet des invitations tous azimuts des médias qui s’arrachent la députée écologiste pour le spectacle qu’ils sont assurés de réaliser. Mais, nous dit-il, au-delà de ce spectacle affligeant, « Sandrine Rousseau travaille à l’avènement d’un inquiétant modèle de société ». Et c’est bien ce qui motive l’écriture de son livre, tant ce modèle d’essence totalitaire apparaît dangereux.

Fréquentant modérément les médias, j’ai moi-même relativement peu vu aussi bien Sandrine Rousseau qu’Éric Naulleau. Pour autant, j’ai régulièrement entendu parler des débordements de l’une et visionné quelques interventions de l’autre, qui m’ont parues généralement sincères et modérées ou de bon sens, me rendant l’homme plutôt sympathique.

Dans ce petit essai, son approche me semble à la fois courageuse et assez salutaire. Il exprime, sans ambiguïté et de manière légitime, ce que beaucoup pensent sans pour autant formaliser une analyse construite et objective des dérives et dangers liés aux idées exprimées par la députée.

Quelles que soient ses formes, la tentation totalitaire est depuis longtemps présente, y compris en France. Dans la « guerre des idées », elle prend aujourd’hui la forme du wokisme, du déconstructivisme, de la nostalgie pour la Terreur, des théories du genre, de la « pensée décoloniale », de l’écologie radicale, de l’antispécisme, de la « lutte intersectionnelle », et autres impostures, toujours plus nombreuses.

Contre ce qu’il faut bien nommer des formes d’intolérance, il apparaît justifié de refuser la banalisation et la soumission. C’est bien justement ce que s’efforce de faire Éric Naulleau.

 

Procès médiatiques et purges des œuvres de l’esprit

Au-delà de l’évocation des différents scandales dont la députée écologiste s’est fait la spécialiste, et des contradictions auxquelles ils ont donné lieu, le chroniqueur se livre – non sans humour – à un réquisitoire en règle contre tous les excès de l’époque, symbolisés par la députée.

Avec Sandrine Rousseau et ses pareilles, désormais les femmes comptent pour des prudes, des contre-révolutionnaires sexuelles, des liquidatrices de 68 et du 69, des sans-culottes reculottées jusqu’au nombril.

À la chasse aux sorcières succèdent les procès médiatiques sans nuances, qui se substituent à la justice. Politiques, écrivains, artistes, se trouvent ainsi écartés sans autre forme de procès, des modes de censure insidieux venant exclure toute personnalité dont les actes présumés ou la pensée sont jugés incorrects et lancés à la vindicte publique, avec l’appui des réseaux sociaux. Selon les principes d’une idéologie visant à purger les œuvres de l’esprit, ou le corps social et politique, des réalisations et personnalités « suspectes » ou encombrantes. Jusqu’à conduire à l’autocensure. Voire à la réécriture. Et à la dictature des minorités.

Quant à Sandrine Rousseau elle-même, Éric Naulleau en dresse un portrait peu flatteur, basé sur ses seuls faits d’arme et sur ses indignations à géométrie variable. Celui d’une « carriériste sans foi ni loi », ambitieuse solitaire qui n’hésite pas à falsifier les faits ou à créer le scandale pour occuper l’espace médiatique.

Sandrine Rousseau désarmerait jusqu’au plus aguerri des rhétoriciens, jusqu’au plus chevronné des contradicteurs par sa manière de se tenir hors champ du réel. Aucune règle commune, aucune loi ne s’applique à elle, pas même celle de la pesanteur, la chouchoute des médias séjourne dans une dimension parallèle, dérive sans fin parmi les étoiles dans l’atmosphère allégée de toute responsabilité, à des hauteurs vertigineuses dont nul ne songe à la faire redescendre.

C’est ainsi qu’il justifie son initiative d’écrire ce livre, nous jugeant « collectivement responsables d’avoir porté cette vacuité au pinacle. Tout particulièrement les médias ». Au lieu de cela, et après avoir fermé son livre, il souhaiterait que nous cessions de prêter attention à cette femme.

Car, écrit-il, « plutôt que de s’inquiéter des futurs dangers de l’intelligence artificielle, mieux vaudrait se concentrer sur les actuels ravages de la bêtise humaine ».

 

– Eric Naulleau, La faute à Rousseau, Editions Léo Scheer, mai 2023, 144 pages.

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  • S. Rousseau n’est que la face visible de l’écologie. Si elle ne s’est pas fait virée de son parti, c’est bien parce que tous ses membres pensent comme elle. Elle y joue le rôle que le parti lui a attribué. C’est comme ça dans les partis communistes : chacun a un rôle à jouer jusqu’à l’arrivée au pouvoir. Une fois au pouvoir, la dictature communiste oblige le parti à n’être représenté que par le directeur. Staline n’a-t-il pas assassiné tous ses amis et opposants (dont Trotsky) ?

  • Écume médiatique sans intérêt, je peux même affirmer que ces gens n’existent tout simplement pas

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