Insécurité, piqûres : que manque-t-il à la police pour nous protéger ?

L’affaire dite « des piqûres » en soirée est au cœur de la population. Il faut offrir aux forces de l’ordre les moyens d’accomplir leur mission de prévention et leur rôle de dissuasion.

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La police by crypto on Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)

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Insécurité, piqûres : que manque-t-il à la police pour nous protéger ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 26 juin 2022
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Héros en 2015 suite aux attentats terroristes, zéros depuis 2019 avec les manifestations des Gilets jaunes, depuis 7 ans la police fait le yoyo dans le cœur des Français. Journées décalées, rappels à répétition pendant les jours de congés, désordres dans le commandement, lieux de travail vétustes, moyens matériels inadaptés, absence de soutien de la hiérarchie, le malaise de la police est palpable. Pourtant la sécurité publique, avec l’affaire dite « des piqures » est au cœur de la population.

Le phénomène des piqûres en soirée, toujours inexpliqué, se poursuit. Et les investigations aussi. Plusieurs personnes ont signalé avoir été piquées mardi 21 juin au soir, notamment dans les Yvelines et les Hauts-de-Seine. Les plaintes dans des boîtes de nuit, bars et festivals s’additionnent à travers toute la France mais les preuves manquent encore pour déterminer la réalité de ces actes de malveillance.

Au 16 juin, 800 plaintes avaient été déposées pour des piqûres et 1098 victimes ont été recensées. La psychose s’installe chez les parents et les adolescents. Et le citoyen de se poser la question : « que fait la police ? »

 

Protéger et servir

Bien fondamental et facteur essentiel de la qualité de vie, la sécurité devrait être garantie à chacun de nous. Elle est nécessaire à une économie saine, à un développement collectif et individuel. Elle correspond à une préoccupation quotidienne des maires, des responsables d’entreprises et d’organismes, mais aussi de tous les citoyens, qui devraient en devenir des acteurs.

 

La sécurité et la paix publique

La déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, inscrite dans le préambule de la Constitution française, a défini la philosophie de l’action policière.

Son premier article affirme :

« La sûreté fait partie des droits inaliénables et imprescriptibles de l’homme »

Et le douzième énonce :

« La garantie des droits de l’Homme et du citoyen nécessite une force publique instituée pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée ».

La sécurité et la paix publiques consistent à veiller à l’exécution des lois, à assurer la protection des personnes et des biens, à prévenir les troubles à l’ordre public et à la tranquillité publique ainsi que la délinquance.

 

Autorité et autoritarisme

C’est la difficulté, la beauté et aussi la faiblesse des régimes démocratiques.

Aujourd’hui, nous basculons dans un régime autoritariste car nous sacrifions volontairement, et c’est pourquoi on ne peut parler de dictature, une partie de nos libertés pour de la sécurité. Un citoyen libre doit exprimer sa volonté d’un retour à un régime démocratique et libéral. Régime composé d’un droit fondamental (la liberté) et d’un devoir essentiel (le respect de l’autorité).

 

État de droit et État policier

La France est un État de droit (avec une majuscule) c’est-à-dire où règne l’état de droit avec une minuscule).

Dans un État de droit, de manière exceptionnelle et suivant des règles écrites (lois), certaines situations peuvent amener les autorités politiques (élues démocratiquement) à prendre des dispositions du type état d’urgence, état d’exception et état de siège. Mais lorsqu’un gouvernement exerce son pouvoir de manière autoritaire et arbitraire (limitation de la liberté d’expression ou de la liberté de circulation, coercitions, propagande, surveillance de masse) ou qu’il prolonge de manière excessive des mesures d’exception par le biais des forces de police, l’État de droit disparaît au profit de l’État policier (théorie développée par le juriste français Raymond Carré de Malberg).

 

Sécurité publique et dérive sécuritaire

Mobilisés contre les Gilets jaunes, puis dans la lutte contre la covid et le convoi des libertés ; épuisés par les heures supplémentaires et les permissions supprimées à la dernière heure ; lassés par une justice qui paraît laxiste ; méprisés par nombre de leurs concitoyens ; la police n’apparaît plus dans son rôle de sécurité publique. L’épisode des piqûres (comme l’a qualifié la presse mainstream) ne semble pas mobiliser la caste dirigeante, éloignée de plus en plus de ses administrés (qui se traduit dans l’abstention récente lors des différentes élections et l’émergence des extrêmes).

Par le développement des missions de répression, la dérive sécuritaire éloigne la police des citoyens que les premiers sont supposés servir et les seconds respecter.

 

Missions de sécurité contre missions de répression

Parce que l’État assure notre sécurité, la première des libertés, le citoyen accepte de payer des impôts. Nos dirigeants ont oublié que le régalien est la seule raison d’être de l’État ! La garantie de la sécurité a été remplacée par la négation des libertés. À l’État sécuritaire s’est substitué un État répressif, l’État régalien a ainsi cédé la place à un État de compassion.

 

Une police à la hauteur des périls

Il faut offrir aux forces de l’ordre les moyens d’accomplir leur mission de prévention et leur rôle de dissuasion d’une part par une augmentation des effectifs sur le terrain et du matériel disponible et d’autre part par une simplification de la procédure pénale. La sécurité est l’affaire de tous.

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  • Avatar
    jacques lemiere
    26 juin 2022 at 6 h 56 min

    certes certes…mais on doit aussi rappeler aux gens que le premier acteur de leur « sécurité » c’est eux même… si tu as peur de te faire piquer le cul , évite les endroits où ça se produit!!! ou exige plus de sécurité dans les établissement !!! trivial!!! n’attend pas de magie de la police..

    un pays absolument sûr , c’ets un pays totalitaire ou un pays avec de singuliers habitants..

    l’éducation, la jugeotte et le droit de se défendre soi même …d’abord..

    • « si tu as peur de te faire piquer le cul , évite les endroits où ça se produit »

      En affirmant cela, vous reconnaissez que l’état cède sa souveraineté dans certains lieux aux voyous qui commettent les méfaits en question. La première des libertés, c’est celle d’aller et venir où bon vous semble sans crainte d’être agressé, et c’est en cela qu’une police forte est garante de liberté. C’est là la principale raison d’être de l’état, comme l’article l’explique si bien. C’est par cette même logique qu’on en arrive à reprocher à la femme violée de l’avoir bien cherché en s’étant promenée dans la rue en petite jupe.

      • L’erreur originale a été de croire que l’État était en mesure d’assurer seul la sécurité des citoyens. De là, on a désarmé ces mêmes citoyens et criminaliser toute légitime défense. La victime est sans défense et, si par un malheureux concours de circonstances, elle arrive à se défendre quand même : elle sera poursuivie par les tribunaux avec une hargne peu commune.

        Même avec un budget multiplié par dix ou cent, la Police/Justice ne pourra jamais « assurer » (c’est-à-dire complètement garantir) votre sécurité. C’est pour cela qu’un État de droit reconnaît la liberté inaliénable de ses citoyens à se défendre eux-mêmes.

        Croire qu’on peut régler les problèmes d’insécurité avec plus de forces de police, c’est n’avoir rien compris au problème.

  • Pour les « piqûres », la police ne peut rien pour protéger contre l’hystérie collective ( ce qui est la conclusion des enquêtes en Belgique )

  • Il y a bien eu ces derniers temps une demi-douzaine d’interpellations, pour violence aggravée avec arme, donc on a une petite idée de ce que fait la police. Ce qui manque, c’est plutôt de savoir en quoi ces arrestations neutraliseraient le danger d’agression. Les coupables sont sans nul doute libres, en attendant un jugement dans quelques années qui les condamnera au pire à un stage de citoyenneté aux frais du contribuable et 50€ d’amende…

    • Les sanctions financières sont trop négligées, sans doute avec l’idée que sinon les riches pourraient se permettre impunément d’enfreindre la loi. En fait, c’est le contraire, si on enfreint la loi, on ne doit pas pouvoir devenir riche, et pour ceux qui le font quand même, il reste les sanctions non-financières. Dans l’article sur Ur publié ce jour-même, la sanction financière est bien considérée comme un point essentiel du droit.
      Plus de sanctions financières -> moins de travail pour la police.

  • « Aujourd’hui, nous basculons dans un régime autoritariste car nous sacrifions volontairement, et c’est pourquoi on ne peut parler de dictature, une partie de nos libertés pour de la sécurité.  »
    « Nous sacrifions » surtout parce que nous n’avons aucun choix.
    Il est évident que la police ne peut être partout et tout le temps.
    Dès lors la sécurité n’est obtenue que par la menace d’une « épée de Damoclès » présente au dessus de la tête des « malfrats putatifs » qui ne peut être que l’association d’une police (arrivant toujours a postériori par définition…) efficace, couplée obligatoirement avec une justice rapide et sévère, apte à prononcer des peines « exemplaires » propres à détourner les « malfrats putatifs » de leurs mauvaises intentions.
    Ce couple ne fonctionne pas et je le répète n’intervient, au mieux, qu’à postériori pour éventuellement sanctionner et dédommager les victimes.
    Suite à ce constat il me parait nécessaire de permettre aux citoyens de se défendre eux-même permettant éventuellement la non réalisation du méfait, et surtout une sécurité qui suit partout le citoyen partout où il va…

  • Je pensais lire des idées originales pour élucider ces affaires. Pour ma part, mis à part des portiques de sécurité à l’entrée des lieux fréquentés par le public, ou des Policiers revêtus de côtes de mailles mêlés à la foule, je n’en vois pas.

    • Les portiques et les cuirasses seraient inutiles si une dissuasion efficace était présente. Le recours à la police devrait être exceptionnel, comme il l’était il y a un siècle. Qu’est-ce qui a changé ? La tolérance envers les malfrats, devenus dans nos médias et la politique des puissants des victimes ayant plus besoin d’aide que de punition.

      • Il faut dire que les comportements voyous se retrouvent au plus haut sommet de l’ Etat, alors forcément. Qu’ on aille les chercher!

  • sans aucun doute la bande de cadors qui nous gouverne va prendre la seule mesure intelligente pour lutter contre le phénomène: fermer les boites et bars où on risque de se faire piquer. Un masque fessier serait aussi envisagé, mais les chinois n en fabriquent pas encore.

  • Les commentaires sont fermés.

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