Moins de subventions aux partis pour moins d’abstention

Les subventions aux partis coupent les représentants de leurs électorats et conduisent à la démagogie la plus grossière.

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Moins de subventions aux partis pour moins d’abstention

Publié le 22 juin 2022
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On entend beaucoup d’intervenants de la vie politique se désoler de l’abstentionnisme et du désintérêt des électeurs. Avec 54 %, l’abstention est le plus grand parti de France, nous répète-t-on. De la même façon que les subventions aux syndicats ont détourné les gens de ces instances qui ne finissent plus par ne représenter qu’elles-mêmes, les subventions aux partis politiques ne sont-elles pas nuisibles ?

Nous, contribuables, payons 66 millions d’euros par an pour financer les partis politiques. L’argent est distribué au prorata des résultats des législatives et constitue une rente pour cinq ans.

Dès qu’un parti obtient 1 % des suffrages exprimés, il obtient 1,42 euro par bulletin de vote et ce pendant cinq années.

Chaque député élu permet à son parti d’engranger 37 280 euros chaque année de sa mandature (somme qui n’a rien à voir avec les indemnités des députés).

Vos impôts financent aussi les campagnes électorales à hauteur de 38 000 euros et 15 centimes par habitant de la circonscription. Dès qu’un candidat obtient 5 % des voix au premier tour, il est remboursé de 47,5 % des dépenses autorisées (locations de salle, déplacements…)

Vous êtes un farouche opposant de LFI ou du RN ? Vos impôts alimentent pourtant les insoumis  comme les élus du Rassemblement national !

Aujourd’hui, les subventions constituent le gros des rentrées financières des partis politiques. Pour 66 millions d’euros d’argent public, les dons des particuliers se montaient en 2020 à seulement 59 millions d’euros.

 

Votre vote « contre » finance des partis que vous ne soutenez pas 

Si vous votez pour le candidat Bidule parce que vous êtes contre le candidat Machin, vous alimentez directement les caisses d’un parti avec lequel vous n’êtes pas forcément d’accord. L’argent récolté permettra au parti du candidat Bidule d’être encore plus visible par la suite.

Si vous vous abstenez ou votez blanc ou nul, votre impôt sera alors réparti au prorata des voix et des élus que ce parti aura recueilli.

En réalité, il n’y a aucune justification pour prendre de force de l’argent aux citoyens afin de financer la vie politique et des idées auxquelles ils sont farouchement opposés.

Nous vivons toutefois dans un pays dans lequel les partis, les syndicats, les associations et les médias sont tous subventionnés. Finalement on constate que les partis – comme les syndicats – sont en manque d’adhérents. De leur côté, les médias sont en manque d’abonnés.

En pratique, les subventions dissuadent les électeurs de donner de leur poche afin de soutenir des idées qu’ils aimeraient voir défendues. Il existe un marché des idées et il est logique de penser que les idées qui rencontreraient réellement le plus d’adhésion recueilleraient le plus de dons.

Sans subventions, les candidats prendraient peut-être la peine de justifier leurs idées et programmes face à leurs donateurs, le débat s’enrichirait au lieu de s’appauvrir. Une fois élus, les candidats seraient motivés pour mieux tenir leurs engagements et rendre compte de leurs actions.

Aujourd’hui n’importe quelle idée saugrenue qui trouve une audience rapportera de l’argent à celui qui la profère. D’où une course à la démagogie. Le SMIC à 1500 euros, mais pourquoi pas 2000 euros ou 4000 euros pour que nous soyons tous riches selon le critère de Bayrou ? La retraite à 60 ans mais pourquoi pas 58 ans, 52 ans… Une fois le tiroir-caisse rempli, il sera toujours temps d’aviser.

 

La pompe taxations-subventions est source de corruption

La loi existante prévoit que les personnes morales ne peuvent donner aux partis et plafonne les dons des personnes physiques ce qui limite les risques d’avoir un acteur adossé à de gros capitaux provenant de France ou de l’étranger.

La rage de vouloir tout financer par l’État – donc par les contribuables ou la dette – conduit à une démobilisation générale.

Les partis sont subventionnés mais l’abstention est en hausse et atteint des niveaux records.

Les syndicats sont subventionnés mais seulement 10,3 % des salariés indiquaient être syndiqués en 2019 (chiffres publiés en 2021). Un chiffre en baisse par rapport à 2016 et 2013. Ces mêmes syndicats – pourtant non représentatifs – brassent des sommes colossales dans les commissions paritaires qui gèrent notamment les retraites.

Dans mon livre, La Rage de l’impôt, j’explique que l’impôt est une violence. De ce fait, il ne peut financer que l’intérêt général. L’intérêt général n’est pas un vague fourre-tout de lubies. C’est tout simplement l’intérêt commun à chacun : riche ou pauvre, jeune ou vieux, homme ou femme, bien-portant ou malade.

Taxer pour subventionner conduit nécessairement à se servir d’argent pris de force pour financer des intérêts ou des desseins particuliers et non plus généraux. Subventionner des partis qui ont des visées de transformation de la société auxquelles certains ne souscrivent pas – quelle que soit leur appartenance politique – est une forme vicieuse de violence.

Voir les commentaires (4)

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  • jacques lemiere
    22 juin 2022 at 7 h 21 min

    sans doute mais il faut aussi supprimer d’autres subventions, sinon organismes…

    ed nat, sécu, recherche publique , médias publiques et subventionnés.. la fabrique d’étatistes est ici..

    • Déjà on supprime ou privatise télé et radio publiques. Qu’ils soient finances par nos impôts ou par le chômage nous coutera le même prix en faisant moins de dégâts dans les cerveaux de la population

  • Ce n’est pas donné et on n’en a même pas pour son argent.
    Quelle arnaque !

  • J’achète pas.
    D’abord, la corruption, c’était AVANT les subventions publiques.
    Ensuite, pas de corrélation entre le financement public des partis, à partir de 1988, et l’abstention, devenue majoritaire depuis seulement 2017.
    En revanche, j’observe une première chute de la participation après l’irruption du quinquennat et de l’alignement des législatives, et une deuxième, ô surprise, après le coup de Jarnac du traité de Lisbonne/TCE.
    Les législatives, c’est comme le théâtre. Les Français se déplacent si la pièce est intéressante et seulement si. Que le théâtre soit subventionné ou pas.

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