Pour les amis de la liberté individuelle, la bataille des législatives semble mal engagée : la gauche autoritaire tendance NUPES est en tête des sondages, suivie de près par le centre autoritaire tendance majorité présidentielle, lui-même suivi par la droite autoritaire tendance Rassemblement national. Dans tous les cas de figure, les programmes dirigistes promettent davantage d’intervention de l’État, que ce soit en matière de sécurité, de maîtrise des prix, d’écologie ou encore d’énergie. La mystique du plan est réapparue après la crise sanitaire, et, avec elle, la demande étendue de l’autorité verticale de l’État.
Selon dernier sondage, NUPES devancerait désormais de peu (28 %, +0.5% en 3 j, vs 27 %, -1 pt) la coalition présidentielle autour de LREM, pouvant priver cette dernière de la majorité de 289 sièges (projection 260-300 députés). RN à 19.5 %, LR à 11 % et Zemmour à 6 %
— Yves Bourdillon (@yvesbourdillon) June 9, 2022
Le penchant autoritaire des électeurs à la source de cette réorientation des programmes vient de loin, mais n’a cessé de se renforcer au fil des années. La succession des attaques terroristes a acclimaté l’idée d’une nécessaire extension de la législation d’exception sur le sol national, extension qui s’est révélée également coûteuse en termes de libertés publiques.
La panique climatique, savamment entretenue par les collapsologues, cherche à reproduire le même mécanisme de frayeur pour là encore contrôler les vies et revenir sur les libertés. La crise sanitaire, à son tour, a été l’occasion pour nos édiles de franchir une étape supplémentaire : la criminalisation des libertés publiques et la sacralisation de la sécurité. Depuis qu’aux yeux de l’État bureaucratique, le contrat social fait passer les devoirs (collectifs) avant nos droits (individuels), les défenseurs des libertés individuelles sont assignés à la marge d’un débat public où règne désormais le conformisme collectiviste le plus étouffant.
L’aspiration à l’autoritarisme
Dans un sondage Odoxa de 2019, un Français sur deux approuvait l’idée d’une dictature temporaire dirigée par un militaire. Aujourd’hui, les électeurs sont majoritairement prêts à voter pour un Chavez national, un technocrate qui s’est conduit en despote ou encore à un général Boulanger en jupon. La demande de protection par l’État a progressé jusqu’à éliminer le libéralisme dans l’offre politique aux élections, présidentielle hier, législatives aujourd’hui.
On peut accuser Trump, le brexit, Cnews ou encore Marine Le Pen, mais ce serait manquer un point essentiel. La classe politique qui a intérêt à étendre ses prérogatives travaille la société française au corps depuis des décennies. Elle a fini par corrompre le principe moral sans lequel l’articulation entre démocratie et libéralisme se réduit à un flatus vocis.
La montée de l’autoritarisme ne peut se comprendre sans l’effacement dans les esprits de l’autonomie, la faculté de vivre et d’agir selon ses propres forces. C’est parce que, depuis Aristote jusqu’à Kant, l’homme est libre à la fois de choisir ses lois et de se soumettre librement à un gouvernement d’hommes de même condition sous l’empire d’une Constitution qu’un régime est considéré comme droit, ou, pour parler comme les Modernes, républicain. Parce que la démocratie est taillée par et pour l’autonomie individuelle, sa disparition entraîne l’évaporation de son esprit.
Le citoyen autonome
Concrètement, un citoyen en démocratie libérale est indépendant financièrement et intellectuellement. Il cherche à être raisonnable dans ses prises de décision politique et demande des comptes à des élus qui légifèrent en son nom. Il peut éventuellement les sanctionner en cas de manquement par son vote.
Aujourd’hui, la mise sous tutelle politique et économique par l’État qui semble désirable pour une grande partie de nos concitoyens comme pour nos gouvernants s’apparente à une véritable régression vers l’hétéronomie. La classe politique dominante encourage la dépendance à l’argent du contribuable, l’abandon de la raison publique et normalise la loyauté aveugle envers des dirigeants dont l’intelligence et les compétences sont largement surestimées pour asseoir leur domination. Le résultat se déroule sous nos yeux, sans surprise, avec les législatives : la liberté devient criminelle ou politiquement inexistante, et les formes de collectivisme autoritaires de droite comme de gauche sont encensées.
Lire dans la foulée une autre superbe article de CP paru aujourd’hui « Méfiez-vous de l’attrait des solutions simples », pour se rendre compte que forcément ça ne peut que mal se passer.
Tableau malheureusement tout à fait exact. Et on peut parier sans prendre de risque pour une détérioration.
Le poussin ou la poule ?
C’est le politicien qui veut diriger nos corps et nos âmes… ou c’est le citoyen qui veut être guidé et protégé ?
Le poussin ou la poule ?
C’est le politicien qui veut diriger nos corps et nos âmes… ou c’est le citoyen qui veut être guidé et protégé ?
La répétition fait la réputation, disait l’autre…
J’espère que la mienne n’est pas faite.
Le libéralisme a en effet disparu de la scène. Vive l’Etat ! Il y a deux voies cependant : Pinochet et Maduro. Dans les deux, les libertés individuelles sont écrasées, du Covid 19 puissance 10, mais dans la première les libertés économiques sont sauvegardées voire rétablies, dans la deuxième, tout est perdu. Qui plus est, il est très difficile de sortir de la deuxième voie, alors que dans la première, l’épanouissement des libertés économiques avec une multitude de petits entrepreneurs qui n’ont pas besoin de l’Etat entraine forcément et rapidement une issue heureuse. Force est de constater que pour le moment, c’est la deuxième voie qui est privilégiée ici bas. Nous avons quand même une petite chance si cette voie diabolique venait à s’imposer, que la catastrophe soit très rapide et qu’elle amène un dictateur éclairé rappelé pour sauver les meubles.
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