Nucléaire : là où Macron a fait des erreurs

Macron a passé l’ensemble de son quinquennat à essayer de détruire la filière nucléaire.

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Nucléaire : là où Macron a fait des erreurs

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 12 mars 2022
- A +

Par Gabriel Delestrade.1

À l’heure où tous les regards sont tournés vers l’Ukraine et vers la présidence du Conseil de l’Union européenne d’Emmanuel Macron, il faut porter un regard critique sur la politique énergétique de la France menée par le président de la République et son gouvernement. Il prétend n’avoir qu’une boussole face aux conséquences économiques et sociales d’une guerre sur notre continent : nous protéger.

Pourtant, avant cette crise et dans la continuité du mandat de François Hollande, il a tout fait pour nous rendre plus vulnérables.

Le 10 février dernier à Belfort, Emmanuel Macron annonce la relance d’un programme nucléaire reposant entre autres sur la construction de six EPR d’ici 2050 et sur la prolongation de la durée de vie des réacteurs répondant aux conditions de sûreté « au-delà de 50 ans ». Peu après, on apprenait aussi le rachat des turbines Arabelle par EDF, celles-là même qui avaient été vendues par Alstom à General Electric (GE) en 2015 pour un prix bien inférieur. Selon le Canard Enchaîné, le montant du rachat s’élèverait à un milliard d’euros, alors que lesdites turbines avaient été vendues en 2015 pour 585 millions d’euros.

Pour annoncer la relance du nucléaire, Macron est donc revenu sur le lieu de son crime : à Belfort, à l’endroit même où, par son entremise, les activités énergie d’Alstom avaient été bradées… Cette vente au profit du géant américain constitue une perte de souveraineté sans égale pour la France qui a remis entre les mains des Américains ses technologies et activités les plus sensibles. Non seulement GE a supprimé plus de mille emplois, contrairement aux engagements pris lors du rachat, mais ce saccage du fleuron Alstom implique une perte critique de compétences. Au moment où Macron annonce la construction de nouveaux EPR, on peut questionner la capacité de la filière nucléaire française à se redresser et à mener à bien le programme d’une ampleur inégalée. Espérons que le Plan Excell, le plan d’excellence de la filière nucléaire d’EDF, contribue à lancer une nouvelle dynamique qui permettra la montée en compétences, de renforcer l’attractivité des métiers du nucléaire et de renouer avec la maîtrise industrielle.

Une mauvaise gestion sous pression des écologistes

Ces annonces illustrent l’incurie du gouvernement et l’incompétence crasse du président Macron. Ce dernier a passé l’ensemble de son quinquennat à essayer de détruire la filière nucléaire. La promesse de construire six EPR est aujourd’hui insuffisante au vu de l’analyse de la Cour des comptes et de RTE qui demandent respectivement 30 et 50 EPR.

Par ailleurs, cette annonce intervient après une série hallucinante marquant une volonté de destruction de la filière : fermeture de la centrale de Fessenheim pourtant parfaitement fonctionnelle, abandon de la construction de 14 EPR à l’horizon 2035, lancement du projet Hercule visant à démembrer EDF et annulation du projet ASTRID de développement de réacteur nucléaire à neutrons rapides dit de quatrième génération. Par ailleurs, il faut rappeler que la responsabilité de la politique énergétique de la France incombe à l’écologiste Barbara Pompili.

La ministre de la Transition écologique, issue du parti Europe Écologie Les Verts, a toujours été une ennemie acharnée de l’atome et à la toute fin du quinquennat Macron elle a finalement estimé que « faire du 100 % renouvelable est un pari trop risqué ». L’éclair de lucidité intervient lorsque le mal est fait. Elle aurait pu comprendre ce que tous les personnes compétentes savent depuis des lustres :  le  100 % renouvelable n’est acceptable que dans certains pays, ceux par exemple qui ont une situation géographique favorable à l’hydraulique. Prôner la diminution de la contribution du nucléaire dans le bouquet énergétique français était une folie en pleine crise énergétique surtout après avoir brisé le monopole naturel d’EDF, alors qu’en matière d’énergie, les logiques de marché échouent fatalement à entretenir un système économiquement viable.

Il faut rappeler que le scalp de Fessenheim a été obtenu par les compagnons de route de toujours de madame Pompili. La fermeture des deux réacteurs alsaciens a été décidée sous François Hollande après un accord politique avec EELV, puis a été confirmée par Emmanuel Macron en novembre 2018.

Il s’agit de la première centrale nucléaire à avoir été arrêtée dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), qui visait à réduire la part de l’énergie nucléaire dans le bouquet électrique français, alors que l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) en approuvait la sûreté. Tandis que l’État confirme finalement les scénarios privilégiés par RTE et l’AIEA pour parvenir à la neutralité carbone à l’horizon 2050, on note que les experts tiennent le même discours depuis 20 ans. Barbara Pompili ne les entend que deux mois avant les élections… Constater que ce tournant à 180° de la politique énergétique française enfin réconciliée avec le nucléaire ne provoque pas un changement de ministre (ou sa démission) est proprement stupéfiant.

Comme un malheur ne vient jamais seul le journal Le Monde titrait récemment « Énergie : Tempête financière pour l’éolien en mer ». En effet, malgré les milliards de subventions perçues, les géants de l’éolien boivent la tasse. Les trois acteurs non chinois de taille mondiale (Vestas, Siemens et GE) traversent une tempête financière.

Les coûts de construction des éoliennes ont explosé depuis le début de l’année 2020, et à l’inverse des industriels de l’automobile ou de la consommation, les constructeurs éoliens n’ont pas pu transférer les hausses de prix aux clients. Davantage de pertes que de profits, les investisseurs sont méfiants. La stratégie énergétique gouvernementale nous a donc conduit à subventionner des groupes qui commercialisent des éoliennes intermittentes en les maintenant artificiellement en vie. Les investissements auraient-ils pu se diriger vers la filière nucléaire, reconnue pour sa contribution essentielle à la décarbonation de l’économie et comme vecteur majeur d’indépendance énergétique et de relance industrielle ?

Le nucléaire comme solution

Si l’on veut à la fois contenir les effets du réchauffement climatique, préserver notre mode de vie sans entraver celui des autres, limiter les empreintes au sol, demeurer indépendant et garantir des prix stables le tout en se passant des énergies fossiles, on voit mal comment se passer de la filière nucléaire.

Le bilan d’Emmanuel Macron en matière d’énergie est catastrophique, comme le montre l’explosion des factures d’électricité. La relance de la filière nucléaire est une nécessité absolue. Elle ne doit pas rester qu’un discours. Elle doit surtout profiter aux consommateurs français, qui souffrent aujourd’hui des conséquences du manque de stratégie de long terme et qui n’ont pas fini de voir les prix flamber. Les premières victimes sont les consommateurs qui paieront, encore et toujours, les volte-face et les errances du gouvernement.

La stratégie énergétique allemande a consisté depuis plusieurs années à dépendre du gaz russe. La situation est aujourd’hui telle que l’Allemagne envisage de maintenir ses dernières centrales nucléaires en service et de développer la filière GNL. On ne peut que critiquer cette vision à court terme ! Le conflit ouvert en Ukraine fera comprendre aux partisans de l’écologie politique l’importance de la souveraineté énergétique et de la sécurité d’approvisionnement car ils semblent avoir oublié les fondamentaux de géopolitique et de stratégie militaire. Les éventuelles sanctions imposées à la Russie excluent l’arrêt du projet Nord Stream 2, car il pénaliserait fortement nos amis allemands. Il est certain que les deux grands gagnants de cette situation sont les compagnies américaines d’hydrocarbures et la Chine.

La crise ukrainienne permet au gouvernement français de se dédouaner de la hausse des prix de l’énergie et de l’électricité en particulier. Cette guerre renforce et accentue un mouvement initié par le gouvernement. Pourtant ce sont bien le soutien massif aux énergies intermittentes, la fermeture de Fessenheim et l’aide aux fournisseurs soi-disant alternatifs qui ont fait monter la facture. Les aléas conjoncturels renforcent cette situation mais ne l’expliquent pas !

  1. ingénieur nucléaire-environnement, pour l’association Action Ecologie.
    Lancée fin 2020 et forte de ses 4 700 adhérents, Action Ecologie est la première association indépendante qui défend une écologie authentique et non politisée. Action Ecologie a pour objectifs de valoriser les belles initiatives écologiques respectueuses du savoir-vivre Français et dénoncer les solutions coûteuses et inefficaces des fossoyeurs de l’écologie. Sa première enquête « Les éoliennes, gouffre financier, catastrophe écologique,» (https://actionecologie.org/enquete-choc-eoliennes/) a été relayée dans une vingtaine de médias (Le Figaro Vox, France Info, Sud Radio, Front Populaire…).

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  • J’aurais pu pardonner certaines choses à Macron, mais je ne pourrai pas lui pardonner l’assassinat de la filière nucléaire française et la fermeture de Fessenheim. Même si la crise ukrainienne risque de le faire réélire dans un fauteuil jamais je ne voterai pour lui.

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    • Bah, Fessenheim produisait 12TWH /an, aux tarifs spot actuel ça n’aurait fait économiser qu’environ 3 millirds cette année à l’état, c’est rien du tout . Faire dépenser 3 milliards au contribuable pour se faire élire grâce à qq milliers de voix écolos, c’est pas cher…
      Macron en a gaspillé bien plus dans d’autre domaines, ça, ça ne relève que du « détail »…

  •  » ..le monopole naturel d’EDF, alors qu’en matière d’énergie, les logiques de marché échouent fatalement à entretenir un système économiquement viable. »
    Humm.. Le seul monopole est le monopole étatique (contraint). Le monopole naturel est une fiction. Et c’est les logiques du monopole qui échouent fatalement.

    • Oui oui et oui, les monopoles naturels sont une fiction.
      Si il y avait des monopoles naturels ( dont l’alibi est de permettre des économies d’échelle pour construire des chemins de fer ou produire de l’électricité ), ces monopoles n’auraient rien à craindre de la concurrence privée et n’auraient pas besoin de législation spéciale qui les protège. Logique.
      Il y a seulement des monopoles et ils ne peuvent exister que grâce à la réglementation, cad à l’intervention de l’Etat ( rien de naturel n’est ce pas ? )
      Pour Henri Lepage elles ne sont que « rationalisations ex-post inventées pour apporter un alibi scientifique à des états de faits existants ». Mais c’est en réalité la « capture du pouvoir de régulation par une industrie soucieuse de mettre définition ses positions acquises à l’abri de toute compétition »

    • En effet, le terme « naturel » est impropre. « Historique » est plus judicieux.
      Le terme « monopole » n’est pas plus juste. EDF avait seulement un quasi-monopole. A côté d’elle subsistaient des petites productions et des distributions indépendantes.
      De fait aujourd’hui, surtout dans un pays dominé par le nucléaire, concurrencer sérieusement EDF sur la production est quasi impossible. Posséder et diriger une centrale thermique ou un petit barrage, c’est une chose. Une centrale nucléaire, c’est autre chose.
      La libéralisation du marché de l’électricité, autorisée par la loi Nome, a engendré une concurrence totalement artificielle. EDF est obligé de vendre sa production à des gens qui ne seront jamais que des commerçants.
      De même, quel intérêt de privatiser les concessions des barrages hydrauliques, comme le réclame Bruxelles, si ce n’est encore une fois pour créer une fausse concurrence ?
      On reste loin dans ce domaine de ce qui a été fait dans la téléphonie mobile, où des intervenants privés ont développé leurs propres infrastructures.

  • Avatar
    jacques lemiere
    12 mars 2022 at 8 h 21 min

    voila un réacteur c’est 50 ans au moins…

    donc le dit réacteur rencontre dans sa vie ,tôt ou tard, des ministres antinucléaires..

    ce qui me fascine est que le sujet devrait être au nom de quoi un état peut interdire une filière technologique qui fait sens économique..

    tiens parlons de la prospection du gaz interdite en france!!!

    compte tenu de la spécificité d’appréciation du risque par les populations..

    le problème de la filière serait de savoir où s’installer, sans avoir recours à la violence d’état, sans spoliation, sans rencontrer l’opposition de la population..

    ..MACRON ..moi je me fous de ce qu’il dit ou pense sur l’énergie.. de combien « la france » devra en utiliser en 2040..

    il est pas foutu de tenir un budget!!!

  • Nos dirigeants actuels nous ont trahis et ont trahi la France !
    Ce gouvernement laisse notre économie en lambeaux et la seule croissance dont peut se prévaloir notre brillant ministre de l’économie est celle de la dette.
    Français, réveillez vous ! Le 10 avril prochain, ne reconfiez pas le pouvoir à cette bande d’incapables cyniques et menteurs !

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    • La plupart des Français ne réfléchissent pas quand ils votent. Généralement ils votent contre une personne mais jamais pour un programme. Vous me direz que peu de présidents ont respecté leur programme et/ou leurs promesses !! Je vous l’accorde bien volontiers. Il n’empêche que, comme dit FOG, le bilan des actions positives de macron tient sur un ticket de métro !!! Le livre d’Agnès Verdier Molinié, « Le vrai Etat de la France », dresse un bilan redoutable concernant jupiter et ses sbires. Mais, comme dit l’autre, le pire est à venir.

  • Parmi nos quelques 1000 sénateurs et députés, y en a t- Il un seul qui depuis 5 ans dénonce haut et fort cette folie de l’ abandon du nucléaire et cette course éperdue ver l’éolien maritime? Je n’ai pas entendu grand monde, quand président d’EDF, il est soit aux abonnés absents, soit complice de cette folie.

    • Bah forcément le président est nommé par le conseil d’administration où l’Etat est majoritaire à 80%. EDF, entreprise privée soumis à la connivence…concurrence pardon …mais le boss c’est bien l’Etat.

  • Avatar
    Michel Quatrevalet
    12 mars 2022 at 10 h 13 min

    Verre à moitié vide ou à moitié plein? Ce gouvernement est le premier depuis longtemps qui relance le nucléaire.
    E Macron a compris assez rapidement la stupidité du programme énergétique français mais il ne peut faire brutalement un virage à 180 degrés. Il doit aussi être prudent: on ne sait pas si nous sommes encore capable de construire des centrales. Lancer 6 EPR pour voir, et décider de la suite semble raisonnable.
    Il a certes arrêté Fessenheim, mais ce n’est pas lui qui avait décidé.
    La vraie erreur d’E Macron (et de pratiquement tous les media et les politiques) est de persévérer en même temps dans le programme ENR, puisque si on continue avec le nucléaire, ça ne sert à rien. On ne peut guère savoir si cela participe de l’ignorance( https://www.contrepoints.org/2021/10/27/409620-kw-et-kwh-nucleaires-une-meconnaissance-de-nos-dirigeants ) ou du capitalisme de connivence.
    Concernant la discussion sur les monopoles (naturels ou pas), s’il y a monopole, c’est au niveau du réseau, du fait qu’il y a interconnexion, pas au niveau de la production. Il se réalise soit au sein d’une entreprise, soit au sein d’une alliance entre producteurs, selon les pays.

  • « Nucléaire : là où Macron a fait des erreurs »
    🙂 S’il n’y avait que là où il a fait des erreurs…

  • Les écolos, les socialo sont en quelque sorte des pacifistes économiques. Dont acte.

    Mais comment peut-on déclarer la guerre économique à la Russie en gardant les mêmes aux commandes ? C’est comme si les anglais avaient préféré Chamberlain à Churchill.

    Juste une incohérence supplémentaire de Macron…

  • les énergies dites « renouvelables » sont en réalité intermittentes, et pour l’éolien, imprévisibles. Comment peut-on être assez stupide pour prétendre qu’elles peuvent remplacer les énergies pilotables ?????

  • La grosse erreur de E.Macron est aussi d’avoir laisser le domaine de l’Energie au Ministère de l’Environnement (ou les Ministres, secrétaires d’état se sont succédés même bien avant sa Présidence) et surtout à son bras armé l’ADEME repère de Verts beaucoup plus idéologues que compétents.

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