Macron bat en retraites dans son tour de France

La réforme des retraites n’a aucune chance d’aboutir de sitôt. Il faudrait d’abord se libérer de toutes les fausses idées sur lesquelles ont été bâties les neuf lois de réforme votées à ce jour.

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Macron bat en retraites dans son tour de France

Publié le 13 juin 2021
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Par Jacques Garello.

Dans son tour de France Emmanuel Macron prend le pouls des Français. Il s’est aperçu que dans ses échanges avec le public, de nombreuses personnes s’inquiétaient pour leurs retraites. Pour calmer ces craintes le Président a une réponse qui lui semble suffisante : c’est une réforme qui est actuellement à l’étude par le gouvernement Castex, et en liaison avec les partenaires sociaux, mais il ne sera pas possible de la réaliser durant le premier mandat présidentiel, il faudra donc attendre 2022, lorsqu’il aura été reconduit à l’Élysée.

Je partage la prudence du Président actuel : la réforme des retraites n’a aucune chance d’aboutir de sitôt. Il faudrait en effet se libérer de toutes les fausses idées sur lesquelles ont été bâties les neuf lois dites de réforme votées à ce jour, et qui ont hypothéqué les vains essais de feue la Commission Delevoye.

Les fausses idées : le système de retraite par répartition doit absolument être conservé, grâce à des réformes paramétriques et il n’est pas question de recourir à la capitalisation, donc d’accepter une réforme systémique.

Retraites : rappel de l’essai Delevoye

Certes le projet Delevoye paraissait très audacieux : d’une part il devait aboutir à supprimer tous les régimes spéciaux, d’autre part il introduisait un calcul des pensions à partir de points accumulés par les assurés durant leur vie active.

La suppression des régimes spéciaux impliquait en particulier l’alignement des retraites du public sur celles du privé. Elle a immédiatement été rejetée par tous ceux qui avaient des privilèges – et elle le sera à nouveau. Elle supposait aussi la disparition des régimes privés autonomes, ceux des professions libérales en particulier, ce qui constituait et constituera une spoliation pure et simple pour ceux qui avaient fait preuve d’intelligence et de bonne gestion. Emmanuel Macron avait donc oublié que pour régner il faut diviser : son jacobinisme centralisateur voulait tout harmoniser.

Quant à la retraite par points elle avait l’avantage de laisser une certaine liberté des assurés dans la gestion de leur portefeuille de points, avec la possibilité d’abonder à son compte en achetant des points. Mais la valeur du point était suspendue à l’équilibre entre masse des cotisations et masse des pensions, de sorte qu’elle ne pourrait être connue qu’au moment du départ à la retraite. Les points peuvent alors devenir des haricots si l’on demeure dans un système de répartition.

Les retraites par répartition : actuellement explosives et injustes

Le fonds du problème est donc bien que tout système par répartition, en France comme ailleurs, est en soi explosif dans une population vieillissante. Comment l’équilibrer quand le nombre des actifs cotisants par rapport à celui des retraités pensionnés ne cesse de diminuer ? Le rapport qui était de 4,4 en 1960 n’a cessé de baisser pour être de 1,6 actuellement : dans quelques mois chaque jeune Français aura à son entière charge la pleine pension d’un autre Français retraité.

Sympathique, cette solidarité intergénérationnelle, mais bien involontaire et surtout bien ruineuse, car les jeunes sont actifs de plus en plus tard (un quart d’entre eux passe par le stade du chômage), et les vieux (comme moi) n’en finissent plus de vieillir…

Dans le système par répartition, celui qui cotise ne met pas de l’argent dans une caisse pour qu’il lui soit rendu avec intérêts lorsque l’âge de sa retraite sera atteint. Sa cotisation sert à payer les retraités du moment. L’argent des cotisations des actifs n’est pas plus tôt entré dans les caisses qu’il en ressort pour payer les pensions des retraités. Donc, les réformateurs ont mission de résoudre un problème de plomberie jadis posé aux écoliers en CM1 : comment maintenir le niveau de la baignoire en faisant en sorte que le débit du robinet (flux entrant des cotisations) soit au moins égal à celui de l’écoulement (flux sortant des pensions) ?

L’avantage de repousser l’âge de la retraite c’est d’agir sur les deux flux : davantage d’années de cotisations, et moins d’années de pensions. Mais, sauf révolution démographique ou croissance exceptionnelle des ressources des actifs, on en viendra tôt ou tard à la retraite à 80 ans, et à des pertes considérables pour les pensionnés : on leur donnera ce qui sera dans les caisses au moment requis. Dès maintenant le « taux de remplacement net » du régime général permet d’arriver péniblement en moyenne à 60 % (la pension représente à peu près deux tiers du dernier salaire perçu).

La perte en capital subie par un smicard dans le système actuel représente 250 000 euros (pour une durée de vie moyenne). Mais les Français le savent-ils ? Le smicard en question sait-il que son « assurance vieillesse » (qui n’a d’assurance que le nom) lui coûte annuellement deux mois de salaire net (2500 euros) ? A-t-il le sentiment qu’il en aura pour son argent ?

Ceux qui en ont les moyens ont investi dans la pierre ou ont souscrit des contrats d’assurance-vie qui les protègent contre la faillite de la Sécurité sociale, mais qui les amènent à payer deux fois leur retraite (au demeurant le législateur a eu depuis quelques années tendance à pénaliser ces opérations).

Mais le smicard et les ménages les plus modestes sont pris au piège et prendront ce qu’on voudra bien leur donner quand ils s’en iront à 65 ans ou plus. Voilà comment le système par répartition fait sa place à la justice sociale.

Cependant les défenseurs de la répartition font feu de tout bois. Je relève en particulier l’idée que la répartition serait une « conquête sociale » des forces syndicales (dixit Xavier Bertrand, jadis ministre du Travail) alors qu’elle a été créée non pas en 1945 (comme on l’apprend aux écoliers) mais par le régime de Vichy le 14 mars 1941 à l’initiative du ministre du Travail René Belin, ancien cégétiste.

Les mêmes défenseurs évoquent la survie du système par répartition dans la plupart des pays de l’OCDE et comparent notre âge légal actuel (62 ans) à celui de nos voisins européens. Mais ils oublient que ces voisins-là ont réduit le champ de la répartition pour ouvrir la porte à la capitalisation, système banni et honni en France.

Les vrais effets de la capitalisation

Dans un système de capitalisation, au lieu de confier les cotisations à un tiroir-caisse d’où l’argent s’évapore aussi vite qu’il y est entré, on les place dans un fonds de pension ou une compagnie d’assurance qui va les faire grossir. L’argent demeure dans le patrimoine de l’épargnant, il a un compte épargne retraite qui va bénéficier du « miracle de la capitalisation », qui n’est autre que la loi des intérêts composés. Un placement de 100 euros à un taux de 4 % a une valeur de 128 euros en cinq ans, la mise est doublée en 16 ans et triplée en 22 ans. Si l’on capitalisait la totalité des cotisations actuelles, le retraité percevrait en pension une fois et demi son dernier salaire.

Il est d’ailleurs prouvé qu’une large majorité de Français serait en faveur de comptes d’épargne retraite, instruments habituels de la capitalisation. Déjà à l’heure présente 16 millions de ménages français ont souscrit un contrat d’assurance vie, les fonctionnaires peuvent bénéficier de la Préfon, système par capitalisation, et de nombreux salariés ont des comptes dits d’épargne retraite PEE, PERP, PERC, PERE, PERCO.

On objecte qu’il y a eu des faillites célèbres et souvent frauduleuses dans le monde de la finance : Enron, Maxwell, Madoff ont fait perdre des milliards aux retraités. Cela n’a rien à voir avec la capitalisation, il s’agit d’un vol, d’un détournement de fonds, qui relève du droit pénal, et qui a été en général puni.

En réalité il n’y a pas de « miracle » de la capitalisation : c’est simplement que les sommes versées par les futurs retraités sont placées et investies dans des titres financiers et des entreprises sélectionnées pour leurs performances actuelles, mais plus encore pour les perspectives que leur ouvrent des innovations durables et une compétitivité avérée.

Les investissements réalisés par les gestionnaires des pensions capitalisées sont sources de produit marchand, de revenus et d’emplois. Il n’y a ni « distribution de faux droits » (Rueff) ni « mal-investissement » (Hayek), l’argent va où il doit être pour satisfaire au mieux les besoins repérés sur le marché à travers les signaux des prix et profits relatifs. Les faits sont là pour témoigner de la croissance induite par les investissements des fonds de pension.

Au Chili, pays pionnier dans l’abandon de la répartition et le choix de la capitalisation, la croissance économique (PIB marchand) a été supérieure à 10 % l’an. Une telle performance s’est retrouvée dans de nombreux pays ayant introduit la capitalisation, sous forme d’un système unique ou d’un pilier important (facultatif ou obligatoire) d’un système composite. C’est notamment le cas des Pays-Bas, de l’Australie, de la Nouvelle Zélande, d’Israël, de la Suède et de la Norvège, tous pays en tête du classement mondial des systèmes de retraite ; sur 20 pays la France est 20ème.

En réalité, à côté de ses performances financières chiffrées il faut comprendre que le passage à la capitalisation est un vrai choix de société. C’est ce qu’avait souligné Gary Becker, prix Nobel d’Économie, venu à Paris en 1996 tenir conférence à mon invitation et à celle de Gérard Maudrux, gestionnaire de la Caisse des Retraites des Médecins. Voici le choix de société lié à la capitalisation :

C’est un retour au travail, plus de gens seront actifs et le seront plus longtemps. C’est un retour à l’épargne alors que la répartition dilapide l’argent gagné et la richesse nationale. C’est un retour à la responsabilité personnelle ; la répartition contient tous les germes de la collectivisation et aboutit à faire disparaître toute idée de progrès personnel.

Alors, pourquoi retarder depuis des décennies la transition à la capitalisation, partielle ou totale ?

La transition technique et politique

Comment gérer la transition de la répartition à la capitalisation ? Je ne veux pas cacher les deux problèmes majeurs qui se posent. L’un est technique, l’autre politique.

Le problème technique est celui de l’importance et de la durée de la transition.

On ne peut pas opérer la transition par décret. Il n’est pas question de spolier les personnes aujourd’hui prisonnières de la répartition. Éponger tous les droits acquis en répartition par tous les Français (ce qui représente 4 fois le PIB) requiert une progressivité sur une longue période (que l’on peut concevoir, suivant les modalités, de 20 à 70 ans, c’est-à-dire une à trois générations).

Mais l’introduction d’une dose croissante de capitalisation, notamment par les choix offerts aux plus jeunes, permet d’honorer les dettes et de garantir des retraites sûres et avantageuses pour l’avenir. Les difficultés techniques ont été aplanies dans un grand nombre de pays, les réformateurs ne devraient pas faire l’impasse sur les expériences anglaises, suédoises, voire allemandes, ni les recherches qui se sont multipliées aux États-Unis à l’occasion de la réforme Obama.

Le vrai problème est politique : c’est la répulsion que provoque le mot de capitalisation dans l’esprit de la classe politique, tous partis confondus. La capitalisation, c’est la finance, c’est le capitalisme : pouah ! Allons-nous enfin être libérés de ces préjugés ? Un sondage réalisé par l’IFOP en 2010 montrait que 82 % des assurés étaient prêts à passer à « un compte d’épargne retraite par capitalisation ». Mais la classe politique et syndicale ne veut pas de la transition sous quelque forme que ce soit.

En conclusion, le mérite d’Emmanuel Macron est de reconnaître l’impossibilité de réformer à la veille d’élections présidentielles et législatives. Il a raison, dès maintenant, de faire des promesses d’après 2022, promesses qu’il ne pourrait tenir d’ailleurs. Il a raison de chercher ailleurs que chez les retraités la clientèle électorale dont il a besoin : il y a les jeunes, la culture, l’écologie, et tout récemment l’immigration. Pour la réforme systémique, il a eu l’intelligence de battre en retraite…

 

  • Jacques GARELLO et Georges LANE Futur des retraites et retraites du futur 3 tomes Le futur de la transition (2005)Les retraites de l’avenir (2006) La transition (2009= (Librairie de l’Université, éd. Aix en Provence)
  • Jacques GARELLO Comment sauver vos retraites (Libréchange, ed. Nice 2014)

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  • Vous avez parfaitement raison mais si vous n’insultez pas M. Macron, ici vous allez vous faire descendre en flammes.

  • Il faut faire semblant de croire, ou être naïf au point de croire que cette réforme prévoyait de conserver le système par répartition.
    Au contraire, elle aurait pu permettre le développement progressif de la capitalisation après le constat de l’impossible équilibre de la répartition, ainsi que la transition entre ces 2 systèmes.

    • En 2050 peut être ?

      La réforme n’est pas morte pour information. Si Macron passe ou un UMPS, elle aboutira. Mais il n’y aura jamais de capitalisation. C’est un gros mot pour la classe politique. Ce serait revenir aux heures sombres de notre histoire.

      • Mathématiquement c’est mort.
        Il faut des entreprises pour créer de la richesse, sinon les « actifs » ne font que pomper dans le vide comme les Shadocks.
        Comme en URSS Ils vont faire des lois avec des noms de plus en plus ronflant et de moins en moins en rapport avec la réalité.
        Qui se souvient de l’hilarant « Ministère du redressement productif » de Montebourg en 2012 ? Depuis, que de chemin parcouru dans le naufrage de la production.
        Et les « pactes » de ci et de ça qui auraient fait de la France un paradis si 10% de leur intitulé avait marché ?

      • Ça aurait commencé dès le début.
        Sans la possibilité d’attendre de leur corporation les niveaux de retraite attendus, tout le monde se serait très vite tourné vers la capitalisation individuelle.
        Et d’ailleurs pour rappel, la réforme prévoyait déjà dès le départ une possibilité de capitalisation pour les cadres.

  • La seule manière pour réformer la retraites en France, dans l’ état actuel des choses, c’ est de faire appel à Papacito.
    Sinon, il y a aussi la solution de réformer d’ abord l’ état avant de tous nous prendre par derrière, pour faire en sorte que les politiques et leurs potos d’ école ne fassent plus carrière autour d’ énormes pots de confitures, comme celui des retraites par exemple.

  • Il me semble que la réforme Macron ne touchera pas aux régimes spéciaux.
    Si c’est le cas, il n’y a rien à en attendre. Mais je me trompe peut-être.

    • monsieur Macron bénéfie d’un régime spécial (voire plusieurs).

    • En ce qui concerne le conflit SNCF du début de mandat les cheminots ont obtenu de garder 90% de leurs avantages sans pour autant que cela fasse partie du « statut », juste par avantages conventionnels. Un conflit pour rien avec des résultats nuls.

  • Le mot « capitalisation » n’est plus utilisé. On lui a préféré le mot « plan »… Plan d’épargne retraite. Et la planification, ça fait toujours plaisir en France !
    Plaisanterie à part, je suis personnellement favorable à ce que les cotisations retraites ne soient plus obligatoires, et qu’on rende aux Français ces sommes prélevées mensuellement sur leurs salaires, que ce soit pour de la répartition ou de la capitalisation. Qu’ils aient enfin le choix de dépenser ou d’épargner, et s’ils épargnent, d’épargner comme bon leur semble. Certains pourront préférer l’investissement dans un PER, d’autres dans la pierre (papier ou physique), d’autres encore dans des instruments financiers plus élaborés…

    • « je suis personnellement favorable à ce que les cotisations retraites ne soient plus obligatoires »

      Si cela ne s’appelle pas « cotisation », ça s’appellera « impôt » et ça n’ouvrira même pas, comme actuellement, la PROMESSE d’une prestation.

      La réalité est que les français boiront le calice des retraites collectivisées jusqu’à la lie. En clair, il y aura réforme des retraites quand la France fera faillite. Et, à ce moment, je souhaite « d’avoir du plomb pour protéger vos pierres ».

      • Me suis fait mal comprendre…
        Aucune retenue d’aucune sorte… Ni cotiz, ni impôt,
        Chacun épargne, s’il le souhaite, pour ses vieux jours, selon son bon vouloir et selon les véhicules qu’il désire.
        Du coup, plus d’âge minimum, non plus, pour cesser de travailler…

        • Les retraités actuels qui se sont fait volé pendant quarante ans, vous arrêtez de leur verser leurs pensions donc ? Les gens qui vont être à la retraite dans cinq ans et qui n’auront donc pas le temps de capitaliser de manière significative, vous les laissez sans rien aussi ?

          En clair :
          – soit vous mettez sur la paille les retraités actuels (que le système a volé pendant des dizaines d’années),
          – soit vous remplacez une cotisation par impôt pour, au moins, continuer à payer les pensions des retraités actuels.

    • Je suis, comme vous, favorable de laisser chacun dépenser ces sommes comme bon lui semble. Mais comme je connais mon pays, qu’il se sentira obligé de payer pour ceux qui n’auront pas anticipé leurs vieux jours, et que ce serait alors retour à la case départ, j’ajouterai une obligation de cotiser pour la retraite (tout comme on est obligé de souscrire à certaines assurances). Mais comme pour les assurances et mutuelles, avoir le choix de cotiser auprès de l’organisme de son choix (privé, indépendant)

      • Une obligation d’assurance pour éviter que l’Etat ne doive se substituer quand le sinistre (la retraite) survient est cohérente. Ce serait juste une responsabilité civile supplémentaire. Et dans ce cas, les assurances privées seraient bien plus compétitives.

    • Le truc c’est que pour des bas salaires et il y en a beaucoup, une personne preferera sans doute puiser dans le bas de laine pour partir en vacances et en profiter plutôt que de l’investir. Et une fois arrivee en fin de carrière, elle n’aura rien…ce qui va engendrer des problèmes sociaux importants.

      Malheureusement, il faudrait tout de même une cotisation forcee mais qui pourrait être placer dans l’organisme de son choix.

  • Parler de retraite d’état alors que la France est à la veille d’être en faillite….

  • Si vous connaissez un placement à 4% « vrai » , je suis preneur. J’ai quand même des doutes car la production de progresse pas de 4% par an en volume. Même en nominal le PIB ne progresse pas si vite. Et malgré tout ce que l’on nous dit l’inflation réelle est très sous-estimée. 1 € aujourd’hui ne permet pas de vivre aussi bien qu’un € il y a 10 ans.
    Quel que soit le système de retraite, le point clef est le rapport actifs/inactifs. Croyez vous que si ce rapport devient encore plus défavorable, cela ne finira pas par une ponction ? Soit sur les revenus dans le système par répartition, soit sur le capital dans le système par capitalisation. Il faut donc d’abord ramener le rapport actif/retraité à des valeurs raisonnables. On pourra ensuite reparler du degré de capitalisation à introduire dans les retraites.

    • Non le problème est le poids de l’état, il nous bouffe tout et nous laisse que les epluchures

    • 1/ En dix-huit mois de crise sanitaire, j’ai doublé mes avoirs sur mon PEA. Le rendement n’est pas une fonction linéaire de la production industrielle.

      2/ La production industrielle n’est pas non plus une fonction linéaire du nombre d’actifs. Vous oubliez les machines et l’amélioration des processus de production qui sont responsable de la quasi-totalité des gains en productivité de ces 150 dernières années.

      • Moi aussi j’ai doublé mais en 7 ou 8 ans (à partir du creux covid, ce n’est qu’un retour à la normale et non une vraie croissance) mais cela ne veut pas dire pour autant que l’on dépasse le 4% hors inflation. Il est vrai que la croissance nominale des actions est plutôt bonne sur le long terme mais elle doit être corrigée de l’inflation et celle ci est très biaisée par son mode de calcul qui surpondère la production bas de gamme et les gadgets électroniques futiles (je peux m’acheter une plus grande tv qu’autrefois et pour moins cher) mais sous-pondère ce à quoi aspirent les gens comme moi (le m2 habitable dans une zone agréable, les vacances, loisirs, produits de luxe…
        Il faut arrêter de rêver. Financer massivement les retraites par capitalisation et effet boule de neige supposerait que le partage de la valeur ajoutée entre travail et capital soit fortement déplacé vers le capital, ce qui reviendrait à revenir au capitalisme le plus sauvage des origines. Je doute très fortement que l’on trouve une majorité de la population pour aller dans ce sens.

        • « capitalisme le plus sauvage des origines. » le capitalisme n’est pas sauvage, c’est juste la façon naturelle de travailler.

          « Je doute très fortement que l’on trouve une majorité de la population pour aller dans ce sens. »
          quand il n’y aura plus de capital, l’affaire sera claire (on en manque déjà cruellement en France).

        • Financer l’inactivité d’un tiers de la population pendant deux ou trois décennies est, de toutes manières, problématique comme vous l’avez dit.

          Sauf que c’est largement plus tenable par capitalisation sauvage que par les subventions étatiques d’un État en pré-faillite. Le retraité peut vendre progressivement son capital (selon son espérance de vie attendue) plutôt que d’en tirer une rente éternelle. Vous avez là une réponse à votre interrogation.

      • Le PEA montre comment on peut obtenir les 4% vrais : en échappant aux taxations de l’épargne qui obèrent irrémédiablement encore la capitalisation.

        • Si votre gestionnaire de patrimoine n’est pas capable de vous sortir 4% net (frais/taxation/inflation) sur ces dernières, il vous faut d’urgence le renvoyer.

          • Si votre gestionnaire à vous est capable de vous sortir 4%, c’est que vous le rémunérez au-delà de ce qui est la possibilité de l’actif moyen, et de toute façon ça n’est pas une raison pour maintenir les taxes sur l’épargne qui découragent ceux qui pourraient avoir envie d’essayer la capitalisation.
            Ma gestionnaire de patrimoine se contente de m’informer et de suivre mes instructions, ça me réussit plutôt bien, mais ça n’est pas forcément ce qui convient à chacun.

    • La ponction sur le capital existe déjà puisqu’il y a de la csg et crds et ne fait qu’augmenter.
      Mais je ne suis pas d’accord sur le fait de devoir equilibrer actifs/retraités. La force de la capitalisation est de pouvoir s’en affranchir et puis ce qui compte c’est aussi les cotisations. Les salaires en France n’augmentent pas. Or , on pourrait tout de même s’attendre à ce que ce soit le cas s’il y a un manque de salariés par rapport aux offres d’emploi.

      • sauf que la croissance est toujours liée à une dynamqiue qui est le fait de société où le ratio actif / total est fort. Les anciens sont globalement toujours pour limiter risque et ne rien changer
        Et au vu de l’évolution actuelle du monde ne compter pas trop sur les exportations !

      • Quoi que l’on fasse, le retraité inactif consomme ce qui est produit et non consommé par l’actif. C’est une égalité absolue si l’on raisonne sur les biens réels (et non sur la monnaie) de façon mondiale et sur des durées supérieures à ce que représente la consommation des stocks. Localement l’égalité peut être mise en défaut si on emprunte mais il faut finir par rembourser la dette. Sauf si l’on a de gros canons et que l’on peut forcer le reste du monde à travailler pour nous ou à nous vendre ses ressources à des tarifs d’ami !
        Si l’on refuse de gérer les déséquilibres avant qu’ils ne soient trop grands, on s’expose à de grosses crises de retour à l’équilibre dans la douleur. Aucune pensée magique (du type croire que la création de monnaie est une création de richesse matérielle) ne peut aller contre la réalité.
        Et sur votre dernier point, je vous rassure : les individus à compétences rares ont des salaires bien plus importants que ceux sans compétences. Les pays qui bloquent les revenus des hautes compétences finissent par les perdre.

        • Pour produire quelque chose, il faut du travail, certes, mais aussi du capital investi, des idées, et plein d’autres choses qui ne sont pas interdites aux inactifs par leur âge.

  • La capitalisation n’est pas non plus la panacée dans un monde où les banques centrales détruisent l’épargne par les taux zéro et la monnaie par le quantitative easing

    Et la transition sera une catastrophe pour les générations qui devront la supporter: logiquement la baisse progressive des cotisations ne pourra intervenir qu’avec un certain retard sur celle des retraites par répartition et donc les générations de transition devront payer en partie les retraités tout en préparant la leur

    • oui, le problème est que l’Etat ne garantit pas (plus) la propriété privée.

      la transition sera douloureuse, mais sans doute moins que l’effondrement complet du système (quoi que…)

    • Et tous les milliards du « quoi qu’il en coute » d’Emmanuel Macron pour le covid? Comment ça va se finir ? Comment ça a pu se faire ?

    • Ces taux des banques centrale ont corrompu le capitalisme mieux que n’importe quoi d’autres.

    • « et donc les générations de transition devront payer en partie les retraités tout en préparant la leur ». Il faut compléter par ceci : payer en partie les retraités qui de toute façon seront rincés par l’énorme inflation qui va arriver dans les prochains mois…

  • C’est un excellent article auquel je souscris tout à fait.
    Il explique pourquoi les actifs, dans leur immense majorité, ne veulent pas d’un allongement de la durée de cotisation qui revient à garantir la retraite de ceux qui sont en retraite aujourd’hui sans leur (r)assurer leur propre retraite demain. Cet excellent article mériterait de développer, en vrac : des propositions sur le financement de la période de transition sans léser ceux qui ont cotisé au régime par répartition, limiter le coût de la gestion des gestionnaires de fonds de capi qui doit rester raisonnable, comment financer la solidarité pour ceux qui n’ont pas assez cotisé sans que ce soit les actifs qui financent pour eux, compenser l’impact négatif des exonérations de charges sur les bas de salaires sur les cotisations vieillesse, faire financer le système de retraites et la protection sociale aussi sur les produits importés, problème des gains de productivité et du progrès technique qui conduisent à moins d’actifs donc moins de cotisants … pour ma part, je crois qu’une hausse de la TVA sur la consommation ( TVA sociale) serait un bon moyen universel de financer cette transition.
    A débattre …

    • La période de transition est facile à financer, non pas par des taxes exceptionnelles, mais par des réductions d’impôt définitives sur le capital.

  • Pour que les « 1,6 actifs » paient un retraité il faudrait encore qu’ils aient un vrai emploi privé et pas un faux emplois payé par l’impôt.
    Si on fait les comptes des actifs moins les salariés du public et les chômeurs A+B+C il reste 12 millions d’emplois privés (dont on peut se demander combien sont réellement viables sans une subvention ou un marché étatisé).
    .
    Ça nous donne 1 actif pour 5,58 personnes à charge. Ce qui reste du capitalisme en France est peut-être encore efficace, mais pas à ce point d’autant plus que la bureaucratie a besoin que l’arrosage massif continue pour rester au pouvoir. Comme le déficit réel est de 25% (dépenses sur recettes) et la dette réelle de 7000 milliards (Maastricht et hors bilan, dont les retraites), la bureaucratie va continuer les pillages aggravant encore la situation.
    .
    Dans un pays socialiste ou le tissu entrepreneurial est mourant, les budgets intenables, les contre-pouvoirs inexistants et le droit soumis à l’arbitraire du pouvoir. Discuter des détails d’une telle réforme me semble du même ordre que discuter du prochain plein d’un avion dont les 4 réacteurs sont en flamme.
    Ils vont tripoter un peu les tuyaux pour éteindre quelques feux ici et là, et les autres se débrouilleront en forêt avec la b… et le couteau (économie grise).

  • Passer a la capitalisation est extremement difficile. Soit les actifs passent a la capitalisation et donc vous coupez les vivres aux retraites actuels (16 millions d electeurs quand meme), soit vous demandez aux actifs de payer 2 fois (une fois pour leur retraite par capitalisation, une fois pour les retraités actuels). Ce qui est difficilement concevable

    L auteur evoque une periode de transition. Fort bien, mais de combien ? Une personne partant a la retraite aujourd hui a tout les chance d etre encore vivante dans 25 ans (ca lui fera 85 ans)
    Donc pensant 25 ans au moins il faudra tondre les actifs pour payer un montant eleve de retraite (surtout que le baby boom va augmenter le nombre de retraités). Comment les actifs vont pouvoir epargner en plus ?

    PS: la capitalisation a d autres probleme, car au final la creation de richesse est faite par le travail (la planche a billet de fait que creer de l argent qui ne vaut rien). Autrement dit, si l immobilier ou les actions s envolent ca va pas durer et un jour les prix de ces actifs vont atterir et coller a la realité. Donc les pensions de retraites par cappitalisation baisseront ce jour la (ou ils feront comme madoff: prendre l argent des nouveaux investisseurs pour payer les rentes)

    • Le jour où « les actifs atterriront » sera également le jour où l’État français se retrouvera incapable de se refinancer sur les marchés.

      Ce jour là, le schéma de Ponzi organisé par l’État se cassera la gueule encore plus que celui de MADOFF.

      • N’exagérons rien : le déficit français annuel se situe, hors année covid, autour de 3 ou 4%. Si faute de pouvoir continuer à emprunter on devait réajuster nos dépenses, cela signifie que l’on devrait soit baisser notre niveau de vie de 3 ou 4%, soit travailler 3 ou 4% de plus. Ce ne serait pas la fin du monde. Il faudrait néanmoins que la baisse soit répartie uniformément sur toute la population sans que les nomenklatura politiques et leurs clients échappent à cette très petite purge. C’est un problème essentiellement politique bien plus qu’économique.
        Même raisonnement pour les retraites, on nous parle d’une part retraite de 14% du PIB. Je doute que cela soit vraiment une charge insupportable. Les vrais boulets sont ceux qui étouffent l’économie en décourageant les entrepreneurs. Il suffirait de lever quelques freins pour avoir quelques pour cent de croissance supplémentaire et ne plus être tétanisés par le problème des retraités.

        • Le déficit est calculé sur le PIB, c’est une invention de Mitterrand pour cacher ses dépenses et le PIB est lui-même une construction artificielle.
          Un vrai déficit dans un ménage ou une entreprise c’est le total de vos rentrées moins les sorties et là, c’est tout de suite plus visible et problématique.
          .
          Le déficit réel de la France est de ~20% depuis quelques années. Chaque année l’état claque 20% de plus que ses rentrées fiscales et emprunte autant.
          .
          2016: 200,2 milliards
          2017: 185 milliards
          2018: 200 milliards
          2019: 200 milliards
          2020: 361,2 milliards
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          La dette réelle atteint sans surprise 7000 milliards d’euros (Maastricht et hors bilan selon la Cours des Comptes) soit 360% du PIB (chiffres de 2019, flemme de refaire les calculs)
          Avec des taux négatifs cette véritable fuite en avant peut tenir quelques années, mais à terme, c’est mort et baisser les dépenses voudrait dire de véritables explosions sociales.

  • Vraiment un excellent article du professeur Garello !

    Je soupçonne qu’une partie de la raison pour laquelle l’introduction d’une dose croissante de capitalisation est un anathème pour la classe politique vient du fait qu’elle ne veut pas que les gens comparent leurs plans d’épargne retraite par capitalisation au rendements négatifs (après impôt et inflation) de la retraite par répartition.

    Dès qu’un jeune salarié qui cotiserait à deux systèmes en parallèle – un par répartition et un par capitalisation – réaliserait que la future retraite dans le second est double de celle dans le premier, il voudrait mettre tout son argent dans le système par capitalisation.

    A la fin des années 1990, la Social Security Administration américaine (retraites par répartition) s’est battue de toutes ses forces lorsqu’elle a été obligée de fournir des décomptes annuels avec estimation des retraites futures à chaque cotisant. Elle ne voulait pas que les cotisants aient accès à des estimations de leurs futures (faibles) retraites. Elle a tout fait pour avoir le droit de présenter des décomptes qui ne tiennent pas compte des futurs déficits du système. Depuis 2012 (sous Obama, donc !), la Social Security Administration ne distribue plus les décomptes sous forme physique au nom des économies de papier…
    https://www.ssa.gov/policy/docs/ssb/v74n2/v74n2p1.html

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