Les fausses idées de Bruno Le Maire sur l’Europe

Tout à sa vision étatique de l’économie, Bruno Le Maire passe à côtés des enjeux essentiels de l’Europe de demain. OPINION

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Les fausses idées de Bruno Le Maire sur l’Europe

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 23 avril 2019
- A +

Par Alain Mathieu.
Un article d’Entrepreneurs pour la France.

Dans une récente interview au journal Le Monde, le ministre de l’Économie précise ses idées sur l’Europe.

Certaines sont justes : « La langueur de la zone euro n’est pas soutenable à long terme ».

En effet, la croissance économique de la France et de l’Italie est insuffisante. La différence s’accroît entre le niveau de vie de ces deux pays et ceux des États-Unis, de la Chine, de l’Inde et des pays d’Europe du Nord. Cette différence croissante met en danger à long terme, et même à moyen terme, l’euro et l’Europe.

Mais son analyse des causes de cette langueur est biaisée :

« Il faut que nous puissions compter sur la capacité des autres États européens à investir davantage… Ce qui bloque les investissements c’est l’absence d’union des marchés de capitaux […] Si la politique ne reprend pas ses droits de cité en Europe, vous aurez les populistes au pouvoir ».

Cette vision de l’économie ignore l’essentiel : la faiblesse de la France et de l’Italie n’est pas due aux autres pays européens, à leurs investissements insuffisants, à l’absence d’un marché européen des capitaux ni aux conceptions politiques de leurs dirigeants ; elle est due à l’incapacité des dirigeants politiques français et italiens à assurer aux entreprises de leur pays les conditions de leur dynamisme et de leur compétitivité : réduction des charges qu’elles supportent, et donc des dépenses publiques.

Loin de cette analyse, Bruno Le Maire recommande une intervention des États :

« Nous allons avec mon homologue allemand de l’Économie, Peter Altmayer, lancer la création d’une filière de batteries électriques ».

Sans doute Bruno Le Maire est-il conscient du caractère dérisoire et inadapté de cette proposition, puisqu’il ajoute : « Je m’engage à poursuivre la transformation économique de la France ».

Mais cette poursuite est fondée sur une appréciation erronée de l’action passée du gouvernement d’Emmanuel Macron : « Nous avons transformé la fiscalité et le marché du travail ». Peut-on qualifier de transformation de la fiscalité le remplacement de l’ISF par l’IFI, et l’instauration de la flat tax à 30 % sur les revenus du capital ? N’y a-t-il pas mieux à faire, en alignant sur celles de l’Allemagne les charges fiscales et sociales des entreprises françaises ? La principale transformation apportée au marché du travail a été l’augmentation de 25 % des indemnités de licenciement pour 90 % des licenciements. N’est-il pas ridicule de s’en prévaloir ?

Et les projets de future transformation sont insuffisants :

« Nous pouvons transformer l’indemnisation du chômage, le système de retraite et la fonction publique » ?

Certes, l’indemnisation du chômage est à transformer en reprenant celle que l’Allemagne a mise en place en 2005. Aucun projet semblable n’est annoncé.

Il faudra aussi revoir notre système de retraite. Mais en s’engageant à ne pas toucher à l’âge légal de départ en retraite, Emmanuel Macron a exclu une révision importante. Et son projet d’unification des régimes n’est toujours pas défini, près de deux ans après son élection.

Quant à la fonction publique, il faut certainement la transformer, et surtout la réduire. Mais les promesses très modestes de réduction qui avaient été faites (120 000 en cinq ans) ne sont même pas réalisées.

Bruno Le Maire a une conception étatique de l’économie et de la société :

« La grandeur de la France sera dans sa capacité à faire de l’Europe un grand projet politique ».

Non, monsieur Le Maire, la grandeur de la France sera de retrouver son dynamisme grâce à l’abandon par ses dirigeants de leur conception étatique de l’économie. La langueur européenne pourrait alors disparaître. L’Europe serait alors, comme le dit Bruno Le Maire, « soutenable à long terme ».

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  • La France et L’Italie redeviendront un tant soit peu compétitives lorsqu’elles auront abandonné l’euro, monnaie trop forte et rigide adaptée aux seuls besoins allemands.

    • La France et L’Italie redeviendront un tant soit peu compétitives lorsqu’elles se seront adapté à l’Euro, monnaie très forte et rigide , apparemment trop pour certains dirigeants en herbe…

      Pas près de soulever l’épée de Bayard, nos petits bras…

      • Est-ce à l’outil de s’adapter au pays et aux choix ds peuples, ou aux peuples de s’adapter aux outils ?

        Je penche pour le premier. Si les français sont moins pathologiquement travailleurs que les allemands c’est leur droit. Les Allemands auront un Deutschemark fort et pas de WE et les Français auront un franc faible et les 35h. A chacun de faire son choix et d’en accepter les compromis.

        Avec l’Euro pas de compromis. On s’aligne politiquement économiquement et socialement sur le moins disant sinon on à 20% de chômage.

        S’adapter à l’Euro ça veut dire ni plus ni moins faire à la virgule près les mêmes réformes que les Allemands. J’ai cru qu’on votait nos lois, mais bon être forcés par une construction économique instable de suivre bêtement le moins disant ça marche aussi.

        • La monnaie ne devrait jamais être un outil politique et toujours être retiré des mains crochus de nos dirigeants incompétents. Leurs interventions se termines toujours en catastrophe à plus ou moins court terme. la monnaie serait beaucoup plus efficace si elle était libre, librement créé et librement géré.

    • c est pas en cassant le thermometre qu on guerit la fievre.
      Les problemes de la France sont bien plus profond qu un Probleme monetaire

      • Oui, c’est exact, mais les contraintes de l’euro ne facilitent pas les réformes. D’ailleurs, Fillon avait prévu dans un premier temps un déficit largement accru, le temps que les réformes aient un effet.
        Il eut fallu, avant d’adopter l’euro, s’assurer d’un minimum de convergence économique entre les pays de la zone.
        La réalité, c’est que l’Europe et depuis le début un projet politique, non pas économique, que l’on fait avancer à marche forcée.
        L’incompétence des politiciens français, c’est la cerise sur le gâteau…

      • Sauf que le thermomètre de la France c’est le Franc, pas l’Euro.

        L’Euro consiste justement à faire la moyenne des thermomètres d’Europe pour que personne ne voit la fièvre brulante qui touche la France.

        Il ne peut pas y avoir de solutions politiques en Zone Euro. Il ne peux y avoir qu’un amoncellement de petites lois technocratiques pour « redresser la compétitivité » dans le cadre d’une fuite en avant entre les différents pays.

        L’Allemagne a attaqué avec les réformes Hartz et maintenant on est obligé de suivre.

  • La France comme la Grèce ne devraient pas être dans l’Euro. L’Italie a potentiellement du business en stock. La France n’a que des fonctionnaires qui consomment les dernières richesses. Nos monuments brûlent mais pire que cela notre patrimoine culturel disparaît tué par les taxes et les lois. Qui voudrait s’acheter un château ? Les pré-retraités ne pensent qu’à vendre leur terrain en petits bouts. Les plus riches se cassent. Bientôt qui payera les incendies (spontanés ?) le maire et ses copains les clowns ?

    • Remplacer ce ministre n’est pourtant pas chose facile !!! en effet, quelle pointure accepterait de se ridiculiser en entrant dans ce gouvernement ?

  • Ce type est d’une nullité affligeante et il est tellement arrogant qu’il ne s’en rend même pas compte !

  • Un des buts de l’Euro était de se débarrasser des dévaluations considérées par certains pays, dont la France, comme la seule façon de rendre leurs entreprises concurrentielles : ce « management by crises », ou par à-coups, étant vu, à juste titre, comme nuisible à l’ensemble des pays de l’union. Certains pays, tel l’Irlande ont alors eu recours à des politiques fiscales insoutenables pour doper leur attractivité. La France a continué à faire des politiques justifiant des dévaluations tout en instaurant en principe l’instabilité fiscale ; et elle s’étonne que son industrie ait besoin d’un ridicule « ministère du redressement productif », qui fait furieusement penser au « ministère du plus grand bonheur social » vénézuélien.

  • « nous allons avec mon homologue allemand de l’Économie, Peter Altmayer, lancer la création d’une filière de batteries électriques »

    Après avoir depuis plusieurs années mis en place une destruction écologique systématique de l’industrie automobile, nous songeons à peut-être réfléchir à se donner les moyens de mettre en place les manufactures socialistes populaires de constructions solidaires de batteries …

    CPEF …

    • C’est la prolongation du mercantilisme appliqué à l’énergie ; alors, il ne fallait pas laisser fuir l’or, maintenant nous allons stocké de l’énergie dans des batteries.

      Les beaux yeux de ma batterie…

  • il ne sait pas faire une règle de trois , ne connait surement pas le prix d’une baguette de pain , n’a jamais rien crée de sa vie , n’a toujours pas compris que le matraquage fiscal et les dépenses publics trop importantes grèvent notre pays à tout point de vue….et il est ministre de l’économie ….comment voulez vous que  » ça marche « ….

  • « Non, Monsieur Le Maire, la grandeur de la France sera de retrouver son dynamisme grâce à l’abandon par ses dirigeants de leur conception étatique de l’économie ».
    Surtout d’un agrégé de lettres modernes dont la culture économique reste à deviner

  • À ce cher Bruno toujours à contretemps. Cet apprenti sorcier a peut-être un grand avenir en Corée du Nord
    Il faut dire qu’avec 4% de vote il est sûrement à sa place

  • Cet homme devrait etre ambassadeur rien de plus rien de moins ou mannequin du 3 eme âge mais dans le role de ministre il n’a pas l’etoffe..il a surement autant d’idees que n’importe qui mais ce n’est pas un heros pour forcer leur application,c’est un troisieme couteau ,un bouche trou fort presentable comme les deux autres, macron et le phillipe .

  • Comme les mauvais élèves, Le Maire rejette la faute sur les autres et ne se remet pas en question, il a tout bien fait.
    Ce monsieur devient de plus en plus nul depuis qu’il est parti chez Macron, cela ne lui réussit pas de se renier pour un poste de ministre.
    Macron n’est qu’un monsieur Bricolage avec sa boite à outils comme Hollande.
    Où est la réforme de l’Etat, où est la réforme de la fiscalité? On est bien loin du programme présidentiel de F Fillon qui avait été salué par les économistes et jugé le meilleur par l’IFRAP!

  • Ce Le Maire représente parfaitement l’étatisme qui est le mal français. L’urgence, c’est de nous débarrasser de tous nos Le Maire.

    • Ils vont supprimer l’ENA leur école et vont la remplacer, donc on continue avec les mêmes, mais attendez de savoir le nom de la nouvelle: elle va s’appeler l’Institut Supérieur des Fonctionnaires, oui l’ISF… ils ont de l’humour suicidaire des énarques

  • C’ est la fête à Bruno au moins une fois par semaine ici. Il faut dire qu’ il y a des évidences toutes rondes, toutes polies en matières d’ économie et de fiscalité qui décidément ne veulent pas lui rentrer dans le crâne. Un problème de spécificité française sans doute, comme il se plait à le dire lui aussi, enfin…ce qu’ il y a de vraiment spéciale en France c’ est surtout notre classe politique qui croit que.

  • Il prend la grosse tête mois après moi , il rêve d’etre Président c’est un Enarque spécialite quai des orfèvre ( affaires etrangeres) et se retrouve Ministre des finances ! incompétent et arrogant !!!

  • Bonne correction des propositions de Lemaire. Tout à fait d’accord
    la France est trop étatique et sociale, imprégnés dans beaucoup de mentalités. C’est ce qu’il faut changer à l’aide de tels articles et leur diffusion.

    Oui les mesures sont trop timides, il devrait y avoir 1 million de fonctionnaires en moins, aussi dans les collectivités locales, supprimer les doublons des associations et autres organismes non utiles. Il est clair que le gouvernement avance ces points mais prudemment pour ne pas faire tout foirer vu la mentalité assistée qui s’est développée chez nous.

    3 ans de chômage, une aberration, ça devrait 1 an maxi pour tout le monde incluant les élus. C’est 6 mois en Amérique du Nord, après les gens tombent sur l’équivalent d’un RSA. 2 semaines de congés les 5 premières années d’emploi jusqu’à un maximum de 4 semaines en fin de carrière. Le salaire minimum est bien plus bas qu’en France et personne ne pleure comme les français hyper gâtés. Salaire moyen de 1990 Euros, 2200 à Paris. 66 % des français son partis en vacances en 2018. Beaucoup ont réalisé leurs rêves de propriétaires et la plupart possèdent une voiture. Alors oui à côté de ça, ils restent des démunis à qui on doit pouvoir offrir le plus de travail possible.

    L’idée des batteries c’est le gouvernement qui l’a identifié et beaucoup d’autres projets de développement en région, remise en état de certaines mines pour se faire, etc. Par contre, je suis contre le projet de chanvre pour relancer le département de la Creuse, le plus pauvre de France. Néanmoins, il y a une volonté de développement économique, de prendre également à temps le virage technologique, donc des points positifs en relativement peu de temps et comparé aux gouvernements précédents.

    Enfin, l’Euro et l’Europe sont le mieux pour la France et l’Europe.

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