Par Alain Laurent.
À l’agenda de ce qu’un libéral de grande tradition peut souhaiter voir mis en état d’urgence pour 2021 devrait figurer en premier lieu la découverte d’un drastique vaccin intellectuel et politique immunisant contre le… statovirus qui achève de transformer notre nation en Étatistan : le pays où règne de manière absolue l’État de droit divin. Mais il devra également formuler des vÅ“ux (non pieux) en faveur d’un renforcement du combat contre les nouvelles menaces proliférantes qui pèsent désormais sur la liberté d’expression, un bien premier de l’esprit sans lequel la vie ne mérite pas d’être vécue.
Derrière l’Absurdistan, l’Étatistan
Il y a quelque temps, on s’en souvient, la presse allemande avait ironiquement qualifié la France d’Absurdistan, visant par là l’hyper-réglementation bureaucratique et courtelinesque (les attestations infantilisantes, la définition aberrante des commerces dits essentiels…) y caractérisant la gestion de la crise sanitaire.
Constat clinique d’autant bien vu qu’il pointait un mal récurrent ainsi que l’a montré le récent nouveau ratage au sujet de la vaccination de masse, comme si la devise gouvernementale était : « Pourquoi faire simple et efficace quand on peut faire compliqué et contre-productif ? »
Mais au-delà des symptômes, il faut remonter aux causes et poser un diagnostic, lequel n’a au demeurant rien d’original : l’emprise étouffante et stérilisante d’un État obèse et boulimique, à la fois omnipotent, capable de déverser tout à coup un torrent d’argent magique, et impotent, incapable de faire respecter un véritable État de droit ; impotent en raison même de sa prétention à une omnipotence – version ultra-centralisation monarchisante.
Comment donc confiner l’État après l’avoir fait revenir à sa juste et nécessaire place (son confinement n’ayant d’intérêt que précédé de son refoulement !), et le contraindre à assurer la seule mission légitime qui devrait être la sienne : effectivement garantir la liberté, la propriété et la sûreté des citoyens ?
Comment parvenir à guérir nos concitoyens de leur statolâtrie, eux qui se disent si majoritairement demandeurs d’une dépense et une fonction publiques en expansion indéfinie ?
Mais pour continuer à filer la métaphore en forme de boutade d’un vaccin mental, celui-ci ne pourrait certes pas s’administrer aux étatistes invétérés, que l’on n’imagine pas renoncer volontairement – respect de leur consentement oblige – à  leur projet d’étatisation totale de la société. Il devrait donc concerner tous ceux que commencent à ébranler les fiascos bureaucratiques à répétition, afin qu’ils sortent de leur aveuglement et comprennent d’où proviennent les maux qu’ils dénoncent, et soient gagnés par l’envie et la volonté d’en finir avec l’Étatistan.
Pour y prédisposer, rien ne vaut sans doute la (re)lecture de L’Absolutisme inefficace (1992) où, il y a une trentaine d’années, Jean-François Revel, qu’on ne saurait soupçonner d’anti-étatisme primaire, avait pratiquement déjà tout dit des causes de ce dont nous souffrons tant actuellement…
La liberté d’expression ne se négocie pas plus qu’elle ne doit s’autocensurer !
Une quinzaine d’années avant L’Absolutisme inefficace, Jean-François Revel – toujours lui ! – avait dans La Nouvelle censure (1977) dénoncé l’apparition délétère en France d’une « forme non officielle de censure ». Non plus d’une classique censure d’État, mais d’une « censure élargie », « idéologique », visant à interdire de critiquer le communisme et à mettre à l’index ceux qui osaient le faire.
En fait de censure idéologique, nous y revoici présentement en plein, et en pire. Au nom d’une chasse aux sorcières islamophobes et d’un antiracisme dévoyé doublé d’un néoféminisme hystérisé, il s’agit de museler, bâillonner la liberté normale d’expression et de critique : bel et bien d’une nouvelle censure sociétale. Si son inspiration n’est plus soviétique mais américaine (aux USA, la tradition libertarienne du free speech n’est plus qu’un souvenir, que ce soit dans la presse, l’université ou sur les réseaux sociaux) au sens woke et cancel culture, elle demeure d’extrême gauche.
Et en France désormais, le libertaire « il est interdit d’interdire » tend lui aussi à n’être bientôt plus qu’un souvenir. Cette censure a pour moteur le narcissisme tyrannique de groupes de pression idéologiques dont les membres se disent blessés, offensés par la liberté de parole de qui ose professer une autre opinion ou critiquer leurs croyances.
Et ça marche ! Soumis à une intimidation musclée, la moitié des enseignants s’autocensurent désormais, et dans les médias mainstream, on euphémise et pratique une pitoyable novlangue de bois – pour ne rien dire de réseaux sociaux totalement fliqués par les nouveaux inquisiteurs.
Pour autant, la censure d’État n’est pas en reste, et prête éventuellement son concours à l’opération en prenant appui sur une législation mémorielle et bien-pensante qui enjoint aux tribunaux de déclarer recevables d’abusifs dépôts de plaintes ; rien de tel pour clouer au pilori et décourager les mal-pensants de librement s’exprimer.
Dans ce contexte alarmant et insupportable, on ne peut se contenter de réaffirmer avec John Stuart Mill « la nécessité – pour le bien-être intellectuel de l’humanité (dont dépend son bien-être en général) – de la liberté de pensée et d’expression » (On Liberty, 1859 ; ch.2). Il faut en effet aller au-delà de son plaidoyer n’intégrant que l’utilité collective du libre échange des idées.
Car pour un libéral cohérent et fidèle à l’ADN historique de sa famille de pensée, ce qui doit être défendu, c’est une pleine liberté d’expression entendue comme un droit naturel inaliénable de l’individu. Dont les seules limites concevables ne peuvent qu’être de prohiber et sanctionner l’imputation fallacieuse à une personne d’actions répréhensibles qu’elle n’a pas commises (diffamation et dénonciations calomnieuses et, bien sûr, les incitations même implicites à la violence.).
Il est donc infiniment souhaitable que les libéraux prennent offensivement la tête de ce combat. Sinon, il ne leur restera plus qu’à se mêler à la curée en exigeant qu’on cloue le bec et mette au pilori quiconque les… blesse et les offense en insultant et dénigrant leur religion de la liberté, soit le…libéralisme ! Bon courage, car il y aura fort à faire…
si on remet les réseaux sociaux à leur place, ça veut dire ..non pas le reflet de l’opinion mais de leurs utilisateurs..
Certains cours sont perturbés par trois pelés qui hurlent des slogans dans le fond d’un amphi, c’est tweeter en regard de l’opinion générale.
Une poignée de végans empêchent l’entrée dans un fast food..
Le plus inquiétant est que de hurler à la censure quand les réseaux sociaux bannissent tel ou tel , c’est encore renforcer l’idée que c’est LE lieu de l’expression publique.
En général, quand nous voulons préciser notre pensée , le nombre de caractères enfle mais quand il s’agit d’exprimer une émotion, quelques mots suffisent
et vous pouvez regarder les commentaires même aux articles de contrepoints. Une phrase insultante va être très bien accueillie et recueillera des  » j’aime »…
On va le répéter la démocratie est une tyrannie..La vérité est parfois difficile à entendre, difficile à admettre.
Nous sommes des animaux sociaux, Nous recherchons un lieu où nous trouvons une forme d’approbation. Un groupe peut fonder sa cohésion sur la déclaration de croyance en des mythes autant que de valeurs authentiques.
Quiconque a eu une conversation avec un vert ou un communiste a été atterré par l’incapacité à apporter le moindre élément de preuve sur les prémisses ou la moindre explication du sens de leur idéologie..Il en va de même pour l’idéologie victimaire..
Je pense que c’est foutu…car nombre de scientifiques procèdent aussi par l’émotion et la recherche d’approbation. La justice a aussi produit des condamnations fondées sur des probabilités ( faibles ) de culpabilité..
Autrement dit les rares juge de paix..les avis qui faisaient autorité sont tombés. Un avis scientifique au lieu de valoir par sa logique et les faits vaut par la « pureté » du scientifique..Un jugement vaut par sa justice sociale et égalitaire .
Mais il semble après tout que cela a été la norme historique.
La question fondamentale est de déterminer la frontière entre liberté d’expression et licence de manipulation mentale. Il semble que les GAFAM aient franchi cette frontière.
mais manipuler mentalement une personne n’est pas un crime en soi..la publicité repose souvent là dessus.
le seul sujet serait de savoir si les gafam peuvent OBLIGER que leur monople dure…
M’enfin..si vos êtes capable de parler de manipulation mentale c’est qu’on peut AISEMENT échapper à cette manipulation mentale..!!!
Il suffit d’exercer son sens critique .
Ou bien on considère qu’une grande partie de la population est constituée de gens dépourvu de sens critique voire de bon sens.. et alors ceux qui en dispose décide pour elle..par exemple interdiction de Mein Kampf. et on se doit de m’expliquer COMMENT les élites se distinguent ou ce cooptent.. ou bien on estime que les gens ont leur libre arbitre..
en même temps, si on considère que trump a incité à l’insurrection et donc à une atteinte à la démocratie, ne faut il pas défendre la démocratie?
pour ceux qui est de la sûreté des citoyens et de leurs biens , vous repasserez ; pendant que les pays s’enfonce , que l’insécurité explose , que la propriété est foulé du pied , macron s’occupe du climat et dépense des milliards ; c’est pas grave , c’est pas cher , c’est l’état qui paie….
Le discourt de Trump à l’ONU sur la liberté d’expression.
Visionnaire.
« prohiber (…) les incitations même implicites à la violence »
Je n’ose même plus avouer que je déteste les choux broccolis des fois qu’un juge compatissant estime que j’invite à agresser ceux qui les cultivent ou les vendent.
(Disclaimer: c’est juste un exemple théorique, j’adore les broccolis.)
Vous avez raison on en est la.
Les Thuram et Traoré exposent clairement que l’existence même de personnes a la peau claire dans leur champ de vision est une agression.
la liberté d’expression elle est totale ou elle n’est pas, c’est pareil pour toute les autres liberté.
donc quelqu’un peut dire que vous êtes un pédophile à votre travail et vous êtes d’accord avec ça?
Prenons-en bien conscience. Nous sommes en état de légitime défense. Une fois que l’on a compris ceci, on ne s’attardera plus à discuter du sexe des anges, mais seulement des moyens de l’action.
@ René-Pierre Alié-Je me le demande car à l’observation je trouve les gens bien engourdis intellectuellement qui attendent que cela se passe tout simplement
quand vous dites nous..précisez…
donc si on empêche l’incitation implicite à la violence, Twitter a eu raison de bannir trump