L’évolution des revenus ? Le fruit de longues tendances économiques

Bientôt, les pays qui n’ont pas encore connu leur révolution industrielle vont décoller : ils verront la plus forte croissance des revenus de leurs citoyens à mesure qu’ils capturent une partie des gains à l’échange.

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L’évolution des revenus ? Le fruit de longues tendances économiques

Publié le 15 juillet 2020
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Par Philippe Lacoude.

Nos petits soubresauts de tous les jours sont le fruit de longues tendances économiques qui s’étalent sur des décennies, voire des siècles.

Rien ne le prouve mieux que les quelques graphiques qui suivent.

Essentiellement, au cours des 20 années allant de 1998 à 2008, la classe moyenne asiatique a vendu des biens et des services à la planète entière sous la supervision des 1 % les plus riches. Ces deux groupes ont profité de cet effort.

Les classes pauvres et moyennes de l’Occident n’en ont pas autant profité.

Si vous lisez mes articles sur les revenus américains, vous ne serez peut-être pas surpris. Sous les présidents G. W. Bush et Obama, le revenu médian des ménages n’avait augmenté que de 400 et 1043 dollars, respectivement, en huit ans (après ajustement pour l’inflation).

En Europe, les revenus ont également stagné dans de nombreux pays, dont la France, dans un contexte de croissance nulle.

Comment expliquer la stagnation des revenus en Europe et aux États-Unis ?

Une question évidente serait de demander pourquoi ? Eh bien, avec des coûts de logistique et de transport en forte baisse et des réglementations tatillonnes (ici et ) et des taxes sur le travail toujours en forte hausse aux États-Unis et en Europe, il était judicieux de produire en Asie plutôt qu’à Detroit ou à Trith-Saint-Léger.

Ce graphique explique les forts courants contre le libre-échange aux États-Unis et en Europe occidentale, en particulier parmi les personnes les moins instruites, et illustre les nombreux tremblements de terre politiques (Brexit, élections américaines, populisme en Europe continentale) qui ont laissé les « élites » et les médias grand-public perplexes.

Après tout, la théorie des avantages comparatifs est le sujet économique le plus déroutant et très peu de gens réalisent que la politique tarifaire optimale est le droit de douane nul et unilatéral. Par conséquent, sans une compréhension solide et générale du domaine, une résurgence des politiques anti-commerce est toujours à nos portes.

Une chose que le graphique n’expose pas parce qu’il se préoccupe des revenus est qu’au revers de la médaille, la classe moyenne inférieure du monde occidental a pu acheter des produits toujours moins chers au supermarché.

Ainsi, chaque être humain sur la planète a connu un gain économique au cours des trois dernières décennies. Les riches et les pauvres deviennent toujours plus riches.

De plus, ces différentiels de gains sont toujours temporaires. Même si le premier graphique ci-dessus donne l’impression que les plus riches tirent bien leur épingle du jeu économique, il n’en va pas toujours ainsi.

En effet, le top 1 % vit essentiellement de revenus variables tirés de l’entreprenariat. Or, un entrepreneur ne gagne que ce qu’il reste d’une activité économique après que tous les facteurs de production aient été payés.

Lors d’une période de crise, comme en 2008-2010, ses revenus baissent considérablement (ou augmentent moins que ceux des autres acteurs économiques) :

Ce déséquilibre n’est que temporaire

Il correspond à un décalage du début de la révolution industrielle dans les différents pays du monde qui fait que certains pays – Royaume-Uni, France, Allemagne, États-Unis ont devancé d’autres pays et se sont considérablement enrichis, relativement, avant d’autres.

En 1820, la Chine et l’Inde représentaient environ la moitié du PIB mondial. Quand le boucher communiste Mao en eut fini avec son « Grand bond en avant » (c’est-à-dire en arrière !) en 1962, la part de la Chine dans le PIB mondial était au plus bas de l’histoire humaine à 4,01 %.

Quant à l’Inde, sa part était tombée à 3,03 % juste avant que Rajiv Gandhi n’arrive au pouvoir en 1984 et libéralise les achats de devises, les voyages, les investissements étrangers et les importations.

Ce n’était une question de temps avant que ces pays ne regagnent une part de l’économie mondiale en proportion de leurs populations considérables. Aujourd’hui, la Chine et l’Inde représentent environ un tiers de l’économie et de la population mondiale.

Ce dernier graphique montre l’impact économique de tous les grands événements du monde – la Révolution russe de 1917, les guerres mondiales, la crise de 1929 aux Etats-Unis, la fin de la croissance japonaise en 1990, l’effondrement de l’URSS et, bientôt, le dépassement de l’économie française par celle du Nigéria – mais il montre surtout que, contrairement aux plans quinquennaux chinois, la hausse de la part de la Chine dans le PIB mondial n’est pas inéluctable.

Bientôt, les pays qui n’ont pas encore connu leur révolution industrielle vont décoller : ce sont eux qui verront la plus forte croissance des revenus de leurs citoyens à mesure qu’ils capturent une partie des gains à l’échange.

Nous pouvons et devons faire en sorte que ce soit à l’avantage de tous nos concitoyens en ne distordant pas les marchés du travail, de l’énergie ou des transports avec des règlementations pointilleuses et des taxes confiscatoires.

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  • En parallèle des droits de douane nuls, il faut supprimer tous les impôts affectant la production : TVA, charges sociales, taxes professionnelles en tous genres. Ceci n’est possible qu’en réduisant le périmètre de l’état aux 4 ministères régaliens : armée, police, justice et diplomatie.
    Et bien entendu sur tout pas de commissariat au plan qui suppose que le pays est indépendant des facteurs externes.

  • Il n’y a pas de rapport entre le poids des pays dans l’économie mondiale, notamment par effet de masse pour les plus grands, et les revenus individuels. Il n’y avait pas de raison que le développement asiatique entraîne la stagnation des revenus des classes moyennes occidentales, bien au contraire. La nouvelle richesse asiatique aurait dû favoriser une plus grande richesse encore en Occident. L’échec occidental est spécifique à l’Occident. Quand on punit les capitaux libres, quand on joue avec la monnaie au mépris des droits de propriété, quand on préfère le capitalisme de connivence aux dépens d’une saine concurrence, quand on laisse l’Etat obèse grossir immodérément, il ne faut pas s’étonner ensuite de l’appauvrissement des populations.

    Les coupables ne sont ni la mondialisation, ni le développement asiatique. C’est la tendance mortifère à la collectivisation socialo-étatiste étreignant les pays occidentaux à divers degrés, situation encore aggravée par l’écologisme et autres idioties politiques à la mode, qui explique le déclassement relatif des revenus d’une partie de la population de ces pays. La Chine comme l’Inde se développent parce que ces pays ont partiellement renoncé à la collectivisation socialiste, tandis que l’Occident a tendance à s’y complaire avec outrance.

    Il n’y a pas de fatalité, encore moins de stagnation séculaire. Il n’y a que des choix politiques néfastes. En y renonçant, l’Occident retrouvera sa prospérité et son rang. Sinon, il poursuivra son déclassement suicidaire.

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