L’impôt sur les moches

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 3

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’impôt sur les moches

Publié le 23 octobre 2024
- A +

A l’image de l’impôt sur les portes et fenêtres sous la Révolution, une nouvelle piste inédite pour le gouvernement actuel ?

On sait que le fisc n’est jamais à court de bonnes idées lorsqu’il s’agit de trouver de nouvelles sources de financement pour tenter de combler tant bien que mal une partie des déficits.

Dans le contexte actuel de déficits et d’endettement vertigineux, le gouvernement nouvellement aux affaires n’a donc d’autre préoccupation que de chercher activement des moyens de dégager de nouvelles recettes, sans toutefois donner le sentiment que nous entrerions dans une phase «d’ austérité ». Pour cela, toute idée est bonne à prendre.

Un impôt sur la laideur

C’est Jean-Marc Daniel qui en parle au cours de l’un des débats quotidiens avec Nicolas Doze sur BFM Business, suscitant l’incrédulité et le rire stupéfait de ses deux interlocuteurs : Après les « riches », les retraités, et les entreprises, ce sont maintenant de nouveau les célibataires qui intéressent les services fiscaux en tant que source privilégiée de recettes fiscales au service du financement de l’Etat. Ce qui n’a rien de très nouveau, mais renvoie à une anecdote très amusante.

Car déjà en 1914, alors que le projet de loi de Joseph Caillaux sur la création de l’impôt sur le revenu aboutissait enfin après une longue période de rejet, un livre paraissait, dans lequel l’auteur écrivait avec une certaine ironie qu’on est célibataire « parce qu’on est moche ». Ce qui permet alors de penser que, dans la mesure où les célibataires ont toujours davantage été taxés que les autres, alors il s’agit en quelque sorte d’un impôt sur la laideur. Ce qui a eu pour effet de ralentir ce que Jean-Marc Daniel appelle « la frénésie sado-fiscaliste de l’époque sur les célibataires ».

Au nom de l’égalité

Le texte actuel prétend « conforter l’égalité » devant l’imposition sur le revenu. C’est avec cette prétention, donc, qu’il s’agirait maintenant de renforcer une nouvelle fois la pression fiscale sur les célibataires (cherchez l’erreur). Or, remarque à juste titre Jean-Marc Daniel, le principe d’égalité supposerait que chacun paye à proportion de ce qu’il gagne, et non – comme le pratique l’impôt progressif – en fonction de ce qu’il gagne (point bien mis en évidence par Pascal Salin dans son ouvrage « L’arbitraire fiscal »). Rappelons d’ailleurs qu’actuellement seuls 44% des foyers fiscaux payent l’impôt sur le revenu (ce qui n’est pas sans susciter des questions de fond en matière électorale et donc de démocratie).

Or, comme nous y faisions référence en préambule de cet article, l’imagination de ceux qui cherchent où prélever l’impôt est toujours surprenante. A l’instar de l’impôt sur les portes et fenêtres sous la Révolution, Frédéric Bastiat avait imaginé sa célèbre pétition des marchands de chandelles, illustrant avec ironie l’absurdité et la perversité de certaines levées d’impôts (en l’occurrence ici à visée protectionniste).

Mais en matière d’imagination, il n’y a parfois qu’un pas entre fiction et réalité. Comme le révèle là encore l’exemple suivant.

Un impôt sur la beauté

On croirait avoir affaire à un concours entre humoristes. Alors : impôt sur la laideur ? impôt sur la beauté ?

C’est cette seconde option qui eut cette fois les faveurs de l’économiste nippon Takuro Morinaga, bien décidé en 2012 à trouver des solutions en matière de déclin démographique.

« Entre un beau gosse pauvre et un moche riche, lequel choisiriez-vous pour mari ? ». C’est en ces termes qu’il créa le buzz dans l’idée de taxer les beaux et diminuer, à l’inverse, l’impôt des moches. Non, vous ne rêvez pas. Un nouvel impôt progressif était alors susceptible d’émerger.

Questions : Qu’est-ce qui définit la beauté ? Qui peut être considéré comme beau ou comme moins beau ? Quels éléments permettent de mesurer la laideur ? (Attention, le concours de beauté de J.M Keynes est hors sujet).

Vous avez quatre heures.

Voir les commentaires (9)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (9)
  • La capacité des analystes et autres parasites audiovisuels à être du côté du manche est fascinante.
    Macronistes en 2017, vaccinolâtres en 2021, attalistes pendant 6 mois et favorables à l’impôt aujourd’hui pour aider le gouvernement Barnier. De véritables bons citoyens !
    L’idée de taxer davantage les célibataires est d’une incroyable bêtise, encore plus quand elle vient de la part de celui qui se prétend économiste.
    Moi aussi, je veux apporter ma contribution au redressement de la France : Instaurons un impôt sur les cons !

    • On pourrait penser naïvement que ça remplacerait tous les autres impôts mais en fait non , au final ça ne changera pas grand chose pour pratiquement tous les français… Comme le disait Renaud dans sa chanson, si le roi des cons perdait son trône, il y aurait 50M de prétendants…

  • Impôt sur la beauté/laideur : c’est laid !

    Il est aussi question d’un éventuelle taxe sur les chiens acquittée par leur propriétaire comme c’est le cas en Allemagne.
    En somme avec un impôt sur la laideur et sur les chiens, on vous condamne à une vie définitivement seule et misérable.

  • L’impôt sur les moches me donne une idée. On pourrait le tester en commençant par tout le personnel politique au sommet de l’état, au Palais Bourbon et au Sénat. Une note serait attribuée par les électeurs: plus la note globale serait basse, plus l’impôt serait conséquent. Comme la perfection n’existe pas, tous contribueraient selon un barème bien calculé et étant donné le nombre de personnes, les rentrées pourraient être conséquentes ! Cela pourrait éviter de pénaliser les célibataires surtout propriétaires d’un chien.

  • J’ai vu une définition de la beauté selon laquelle ce qui est beau serait ce qui fait l’unanimité. Étant moi-même en situation d’obésité morbide, je plais à certaines personnes (contrairement aux idées reçues) qui diraient que je suis belle, mais pas à la majorité des hommes notamment (j’ai souvent droit à des réactions très blessantes). Je suis donc loin de faire l’unanimité, et en ce sens je suis « laide ». Il se trouve que je suis effectivement célibataire (à 42 ans maintenant, les atouts que j’avais dans le domaine de la beauté déclinant inexorablement). Mais cela est certainement bien plus facile à gérer financièrement que lorsqu’on a une famille. C’est pourquoi je peux comprendre que les personnes sans enfant (plutôt que les célibataires) contribuent plus à l’impôt.

  • Bien meilleure idée: un impôt sur les gens qui ont un travail inutile pour la société, et avec un taux progressif au salaire et à l’inefficacité: au moins on récupérerait les fortunes que nous coutent nos politiciens…

  • les question sous jacentes restent l’existence d’une politique nataliste d’un coté et de l’autre une volonté de rendre la famille traditionnelle moins solide.. le mariage gay???

    les célibataires sont souvent moche ET pauvres d’ailleurs..

    et ce n’est même pas une cause de célibat en soi.. car société monogame..on peut trouver un partenaire aussi moche et con… du moins il existe en face un ensemble de partenaire de dimension équivalente..

    la montée du célibat ne vient pas d’une montée de la mocheté…

    tout comme la montée des profits d’une entreprise ne vient pas d’un augmentation de sa cupidité..

    SI cet impot devenait dissuasif… alors des couples se marieraient pour échapper à l’impôt…Il y aurait un impôt ensuite sur les couples sans enfants..

    moi ça me fait penser au mariage gay…

    qui est contre la justice fiscales??? personne..

    mais personne n’a la même grille du bien et du mal… les échelles administratives poursuivent des fiscalités ayant des objectifs contradictoires..

    les villes subventionne le commerce local et veulent à tout prix être désenclavées pour favoriser le commerce..

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
L'institut français de la statistique, autrement dit l'INSEE, a publié ce matin sa première évaluation de nos Comptes publics 2024. Il ne s'agit pas de l'arrêté définitif, qui sera publié le 28 mai prochain, une fois que toutes les entreprises lui auront fait parvenir leur liasse fiscale, mais d'une estimation précoce dont les résultats vont notamment servir, sinon à éclairer nos décideurs, du moins à informer la Commission européenne du niveau de la dette et du déficit public de chaque pays membre de l'Union européenne. 2024

Les données publ... Poursuivre la lecture

Mercredi 2 avril 2025, l’IREF (Institut de Recherches Économiques et Fiscales) organise un colloque sur le sujet suivant : « Réduire les dépenses publiques, réduire le périmètre de l’État ».

Tout le monde connaît l’état inquiétant des finances publiques de la France ; d’autant plus inquiétant que la croissance est atone. Le poids colossal des dépenses publiques contribue sans doute largement à cette situation. Pour en sortir, il faut donc repenser les missions de l’État qui n’a eu de cesse ces dernières décennies de se substituer aux i... Poursuivre la lecture

Un appel au sursaut face aux politiques du déni et de la facilité monétaire et budgétaire

Jacques de Larosière, ancien gouverneur de la Banque de France et ancien directeur général du FMI, nous alerte très régulièrement sur l’état de l’économie française et des égarements dont elle est l’objet depuis 40 ans, pour reprendre le thème d’un ouvrage de 2021 que nous avions présenté ici-même.

Un constat global accablant

Les constats sont, de fait, toujours les mêmes : endettement public incontrôlé et démesuré, appareil d’Etat tentaculaire, p... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles