La tyrannie de la redistribution

Le système de redistribution autoritaire, tribut à l’État-providence, est la source du pouvoir des politiciens et bureaucrates. Mais il n’a aucune légitimité.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Money makes the world go 'round by Linus Bohman(CC BY 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La tyrannie de la redistribution

Publié le 17 juillet 2018
- A +

Par Thierry Afschrift.

Il paraît qu’il y a une gauche et une droite. Des conservateurs et des progressistes.

Sur l’essentiel, ces groupes sont en réalité d’accord : ils veulent un État fort, doté de moyens énormes. C’est ce que les Américains appellent un big government, qui ne peut fonctionner qu’au moyen de taxes et autres prélèvements très élevés.

Cet État fort est omniprésent dans la vie de chacun. Il n’y a plus de tyran mais une autorité qui veut guider notre vie à tous. Cet État est autoritaire et chacun de nous lui fournit sous la contrainte les moyens de sa politique.

L’un des postulats sur lesquels se fonde celle-ci est l’idée qu’il relève de l’autorité de redistribuer les revenus en contraignant les uns à payer pour permettre à l’État-providence de distribuer aux autres.

 

Pensée unique

Ce dogme ne fait presque plus de discussion dans les régimes dits démocratiques, en fait sociaux-démocrates, de l’ouest de l’Europe. La pensée unique, celle qui est commune à tous nos gouvernants, semble à l’abri de toute critique politiquement correcte, peut-être parce qu’elle est le point commun de la vulgate marxiste et de la doctrine sociale de l’Église.

Aujourd’hui, le vrai débat ne doit pas être entre la gauche et la droite, mais entre l’individu et l’État. Chaque personne a des droits immuables, qui ne dépendent pas du bon vouloir de ceux qui gouvernent.

Remettre en cause leur pouvoir, celui de tout s’approprier pour tout redistribuer par voie d’autorité, c’est la seule voie du progrès face aux conservateurs, de gauche, de droite et d’extrême droite, qui veulent à tout prix imposer le maintien de l’État-providence et de la redistribution autoritaire, source et moyen de leur pouvoir.

En France et presque partout en Europe, l’État s’approprie la moitié de la richesse que les individus et les entreprises ont créée et il en dépense un peu plus. La quasi-totalité de ces énormes recettes, l’État les obtient par la force : les impôts et les cotisations sociales sont perçus sous menace de sanctions.

Ces montants gigantesques, il les affecte à ses toujours croissantes dépenses de fonctionnement mais aussi à des transferts, des allocations multiples accordées aux membres de groupes choisis par lui : des prestations dites sociales, des subventions à des associations, des subsides à des entreprises, des aides de toutes sortes à des personnes réunissant des conditions fixées par le pouvoir.

Par ses interventions multiples, ses impôts et ses transferts, l’État bouleverse les revenus et dans une moindre mesure le patrimoine des uns et des autres.

Ce processus conscient et délibéré est appelé du terme étrange de redistribution.

Ce terme est sans doute mal utilisé parce qu’il veut dire « distribuer à nouveau ou autrement », ce qui laisse entendre qu’il a préalablement existé une « distribution » initiale.

 

La distribution initiale n’est pas une distribution

Or, celle-ci n’a jamais eu lieu.

Les revenus sont acquis par chacun, en fonction de son travail, des contrats qu’il conclut et exécute, des risques qu’il assume, de la volonté des autres et parfois de la chance. Ils sont le produit d’actes libres et non de la volonté d’une autorité. Ils ne sont pas le résultat d’une distribution ; ils ne proviennent pas de la décision supérieure de « remettre à chacun des membres d’un groupe la partie, l’élément d’un tout qui leur revient ».

Ce qu’on appelle parfois à tort la « distribution initiale » n’est donc pas une distribution. Et les revenus de chacun ne sont pas une partie d’un Tout, mais la propriété librement acquise par chacun en usant de ses droits et libertés. Souvent aussi, ils constituent la richesse créée par ceux qui les ont perçus.

Les revenus des actes libres des individus sont la contrepartie obtenue pour une prestation réalisée par le bénéficiaire, en vertu d’accords librement conclus avec d’autres personnes, suivant les conditions de marché : chacun obtient des autres, pour ce qu’il leur apporte, le montant auquel ceux-ci valorisent ce qui leur a été apporté.

C’est, là, la morale du libre-marché : chacun reçoit la valeur que les autres donnent au bien ou au service qu’ils ont reçu. C’est aussi ce qui permet la création de richesses : la vie n’est pas un jeu à somme nulle mais une réalité où chaque individu est capable d’être plus prospère sans rien prendre aux autres.

Il n’y a là rien à distribuer parce qu’il n’existe pas un Tout qui serait l’ensemble des biens de tout le monde et qu’une autorité supérieure, divine ou étatique, devrait répartir. Le droit de propriété est un droit individuel essentiel ; il appartient à chacun et porte sur ce qu’il a acquis ou créé par le libre exercice de ses libertés. Ce droit n’est pas compatible avec l’idée d’une « affectation universelle » de l’ensemble des biens, proclamée par l’Église catholique.

L’on sait que, suivant la doctrine sociale de celle-ci, les hommes n’auraient que l’usage de biens dont le Créateur aurait conservé la propriété, et confié le « domaine éminent » aux souverains, considérés comme ses envoyés sur terre, y compris sans doute les pires tyrans.

Il n’y a pas non plus de partage à effectuer. On ne peut partager que ce qui est commun. Ceux qui, par leur travail ou leur épargne, ou autrement, sont devenus propriétaires de biens ou de valeurs ne sont pas copropriétaires d’un Tout imaginaire. Ce qui leur appartient est à eux, et seulement à eux. Ce n’est pas un élément d’un « ensemble de biens de tous les citoyens du monde », qui devrait faire l’objet d’un partage, d’une distribution. S’il leur vient l’envie de donner à d’autres, choisis par eux, une partie de leur avoir, ce geste honorable s’appelle un don et n’est pas un partage.

L’État ne distribue que ce qu’il s’approprie.

Ce n’est bien sûr pas par hasard qu’on parle de redistribution ou même de distribution. C’est un choix idéologique.

Pour plus d’informations, c’est ici

Voir les commentaires (20)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (20)
  • C’est un effet pervers et prévu des régimes démocratiques. Puisque le pouvoir revient à la majorité, il suffit pour le conserver d’acheter les suffrages en pillant redistribuant les biens de la minorité.
    Ce processus qui d’auto-entretient est inéluctable.

    • Plumer les riches pour renflouer les caisses n est pas specifique aux democraties. Les empereurs romains le faisaient et plus pres de chez nous nos rois (les templiers ou Fouquet pour citer 2 exemples celebres)

      Il y avait sur contrepoint des articles tres interessants qui montraient que l extension de l Etat s est fait surtout apres la premiere guerre mondiale : l Etat s est mit a organiser la production et a contingenter les ressources afin de produire suffisament pour le front

    • Pas seulement. Les Etats providence hitlérien, mussolinien et pétainiste reposaient sur le pillage des ressources pour acheter le soutien de la population. Allende fut élu avec seulement un tiers des suffrages.

  • Mon pépé disait (je traduis) :

    ‘Celui qui n’obtient pas tout ce qu’il convoite a déjà plus qu’il ne mérite…’

  • Oui, W.Churchill aurait dit (en Anglais): « on a pu dire qu’elle (la démocratie) était la pire forme de gouvernement à l’exception de toutes celles qui ont été essayées au fil du temps ».
    C’est donc bien reconnaitre que si c’est une solution valable, elle n’est évidemment pas parfaite.
    De plus, je souhaiterais qu’un jour on me circonscrive la définition de « l’état ».
    Dire: « En France, et presque partout en Europe, l’État s’approprie la moitié de la richesse que les individus et les entreprises ont créée et il en dépense un peu plus. » est évidemment une généralisation abusive qui ne se vérifie pas dans tous les pays, loin de là!
    Une assimilation entre un système jacobin avec des systèmes fédéraux, confédéraux ou très régionalisés/décentralisés n’a pas de sens! Le degré de démocratie n’est pas le même: l’un globalise le pouvoir, l’autre rapproche les citoyens de leur degré de pouvoir.
    La démocratie est sans doute l’expression de la majorité; elle est aussi la protection des minorités donc de la diversité des opinions: c’est l’extrapolation collective de la liberté individuelle restreinte par le devoir de ne pas nuire à son voisin.
    Il est vrai que l’Europe occidentale a introduit dans le giron de l’état, l’organisation de la solidarité humaine et la législation y consacrée, même si cette solidarité existait depuis bien longtemps, avant, à commencer par la famille! Et il faut bien se rendre compte qu’à la naissance le « pouvoir » comme la « propriété » sont nuls et, une fois mort, cela le redevient!

    • Vous me semblez vouer à la démocratie un culte excessif. Qu’elle vaille mieux qu’une franche tyrannie est un truisme qui ne suffit pas à en faire l’alpha et l’omega.
      Déjà, prétendre que « la démocratie est sans doute l’expression de la majorité » c’est aller vite en besogne. En fait c’est seulement élire des représentants. C’est là que les choses se corsent. Donnons nous à ces gens un mandat précis pour faire des choses précises ? Je n’en suis pas sûr. Je constate plutôt qu’une fois élus ces braves gens font ce qu’ils veulent dans tous les domaines et sans la moindre restriction (chez nous ils peuvent même, et ne s’en privent pas, modifier la Constitution entre eux, ad nauseam). Je pense que la question du mode de désignation du pouvoir est moins importante que celle de son étendue et qu’une démocratie peut bien être une tyrannie quand même.

      • « la démocratie est sans doute l’expression de la majorité »

        Que dire d’un pays où le groupe parlementaire majoritaire a été élu par seulement 16 % des électeurs ?

  • C’est une erreur de se limiter a la Re-Distribution. Ce Mot est une escroquerie. La plus grande escroquerie, c’est le terme « Grande Distribution » . Il n’y a que sur la caravane du tour de France qu’il y a des « Distributions »
    Ce terme laisse croire que Auchan et Carrefour etc. ont été la pour vous apporter gratuitement ce que d’autres produisaient. En fait ils ont tisé un écran entre producteur et consommateur, ils contrôlent et ponctionnent la totalité des nos besoins. Ce phénomène a pris ses formes et l’ampleur la plus dramatique en France, Les pouvoirs publics corrompus n’ont jamais eu le courage d’agir.
    Quand quelqu’un vous parle de « Re-Distribution » ou de « Distribution », méfiez-vous.
    En réalité c’est toujours l’intermédiaire qui se sert .

  • ce serait bien que cet article soit imprimé en nombre et envoyé à tous les politiques et « serviteurs » de l’Etat…histoire qu’ils remettent en avant le vrai sens de la démocratie, pas leur ersatz de république.

  • BRAVO !

    Pas une virgule à changer.

  • Question : est-ce qu’un candidat vraiment libéral/libertarien (promotion/défense de la vie privée, diminution réelle du périmètre de l’état) a ses chances aux présidentielles en France ?

    J’entends par là de mettre en place une vraie machine de guerre électorale (un peu comme celle que macron a mis en place en 2015/2016 – mais sans hauts fonctionnaires), et contrer tous les hauts fonctionnaires qui lui mettront des bâtons dans les roues ?

  • @leipreachan: celui qui obtient ce qu’il ne convoite pas a déjà plus qu’il ne mérite…

  • c’est un fait, les minorités, est la Gamelle électorales des élus…comment voulez-vous que cela change…un smicard 950 euros à la retraite et le minimum vieillesse 830 euros et plus les aides; pourquoi bosser !!!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le système de protection sociale français se caractérise par une grande et excessive générosité à l'égard des immigrés. Les récents débats sur la loi immigration, qui a abordé plusieurs volets tels que le travail, l’intégration, l’éloignement ou encore l’asile, ont mis en lumière la difficile recherche de consensus sur la question.

Parmi eux figuraient des propositions telles que la révision de l'aide médicale d'État (AME), la régulation des sans-papiers dans les métiers en tension, le durcissement du regroupement familial et de l’accè... Poursuivre la lecture

Oliver Faure, premier secrétaire du Parti socialiste a pris la plume car il a un rêve, qu’il estime révolutionnaire et qu’il souhaitait partager avec l’ensemble de la population : réaliser une plus grande égalité réelle entre les Français. Pour atteindre cet objectif impératif, il a une méthode qu’il présente comme originale : distribuer aux citoyens des aides supplémentaires, en euros sonnants et trébuchants, qu’il fera abondamment financer par une augmentation de la fiscalité pesant sur les plus riches et contrôler par une administration pl... Poursuivre la lecture

Six cents, soit presque deux par jour : c’est le nombre d’agriculteurs qui se suicident chaque année en France. Ce nombre en augmentation illustre tristement une condition agricole faite d’isolement, un isolement qui n’a d’égal que la dépendance des exploitants aux subventions publiques en tous genres. À titre d’exemple, en 2019, ces aides représentaient en moyenne 74 % des revenus des agriculteurs, et jusqu’à 250 % pour les producteurs de viande bovine.

Isolés socialement mais fonctionnaires de fait, les agriculteurs ont tout récemmen... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles