Pourquoi les activistes mentent-ils ?

Dans un monde où la désinformation est monnaie courante, David Zaruk nous interpelle sur la tendance des activistes à déformer la vérité pour servir leurs causes.

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Pourquoi les activistes mentent-ils ?

Publié le 24 novembre 2023
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Nous entendons toujours les ONG dire que nous ne pouvons pas faire confiance à l’industrie, que nous devons exclure les preuves de l’industrie, ou que les lobbyistes de l’industrie répandent la tromperie et le mensonge. On nous rappelle constamment les quelques cas où des acteurs de l’industrie ont menti ou dissimulé des informations importantes au cours du siècle dernier.

Mais j’ai travaillé dans l’industrie pendant 15 ans et je n’ai rien vu de tel. Au contraire, j’ai vu une application stricte des pratiques éthiques, le respect des codes de conduite, et des efforts sincères pour développer la gestion des produits et le développement durable.

J’ai également vu de nombreux activistes répandre des mensonges à notre sujet. Il est intéressant de noter que ces ONG n’ont pas de personnel ayant travaillé un seul jour dans de grandes entreprises. On aurait pu penser que si elles avaient recruté des exilés, des anciens de l’entreprise dans leur organisation, elles auraient fait défiler ces précieux veaux d’or devant les médias pour qu’ils racontent leurs histoires d’horreur de première main. Si l’industrie était un tel bastion de menteurs malveillants et cupides, les personnes dotées d’une conscience morale auraient certainement quitté l’entreprise et rejoint ces missionnaires pour répandre leur credo vertueux et leur sainteté.

Rien…

Au lieu de cela, nous entendons régulièrement des histoires de dirigeants d’organisations militantes qui quittent des ONG comme Greenpeace, Friends of the Earth ou Extinction Rebellion, désillusionnés par les incohérences avec la réalité et le manque d’intégrité morale (Moore, Tindale, Lynas, Zion Lights…).

 

Pourquoi mentent-ils ?

Il ne s’agit pas seulement des mensonges que les activistes racontent au public sur ce qui se passe à l’intérieur des entreprises, ou des mensonges sur qui finance leur lobbying vert (et de combien).

Les militants mentent quotidiennement sur la viabilité de leurs solutions alternatives, comme par exemple :

  • l’énergie éolienne et solaire peut facilement remplacer l’énergie produite par les réacteurs nucléaires ;
  • les aliments biologiques sont meilleurs pour la santé humaine et l’environnement ;
  • l’interdiction de tous les plastiques est bénéfique pour la société et la nature ;
  • les solutions apportées par les semences ou les modifications génétiques n’offrent aucune valeur agricole ou écologique ;
  • les traces de certains produits chimiques doivent être considérées comme des perturbateurs endocriniens ;
  • l’agroécologie nourrira le monde et arrêtera le changement climatique.

 

Toutes ces affirmations sont des mensonges éhontés, diffusés sciemment et sans relâche. Certains mensonges, comme ceux sur le PVC, les perturbateurs endocriniens et les OGM, sont répétés depuis 30 à 40 ans, tandis que les exagérations sur les risques liés à l’énergie nucléaire durent depuis plus de 60 ans. À force de mentir sur plusieurs générations, ces militants aux cheveux grisonnants doivent être moralement épuisés.

La question se pose donc : ces militants sont-ils des récidivistes immoraux, qui ne jurent que par la tromperie et les subterfuges pour gagner leurs campagnes et répandre leur dogme ? Sont-ils des menteurs invétérés sans aucune conscience ? Pourquoi mentent-ils continuellement et en sont-ils même conscients ? J’ai soulevé cette question lorsque un grand groupe d’ONG a mené une campagne pour que la Commission européenne produise une législation visant à empêcher l’industrie de faire de l’écoblanchiment, tout en semblant complètement ignorer le niveau d’écoblanchiment auquel se livrent leurs propres militants.

J’aimerais penser positivement aux motivations de ce groupe d’acteurs influents et supposer qu’il y a d’autres éléments en jeu que la simple horreur ou la stupidité pure et simple. Tous les défenseurs de l’environnement n’appliquent pas la méthode de communication en dix étapes de Joseph Goebbels. Il existe peut-être plusieurs types de mensonges ou de circonstances mensongères que les zélotes ne reconnaîtraient même pas comme un défi moral.

 

15 explications pour tenter de comprendre pourquoi les militants mentent

 

Des mensonges blancs pour des anges blancs

La vertu est un filtre de faits fascinant. Lorsqu’une personne a le sentiment de faire le bien ou de lutter contre le mal, tout ce qu’elle fait et dit est justifiable, indépendamment du manque de véracité ou de preuves.

Un activiste qui s’attaque à l’industrie est prêt à accepter et à communiquer tout soupçon de doute ou d’incertitude sur une entreprise, un produit ou une substance ciblée. Dans la guerre du bien contre le mal, tout double standard ou hypocrisie peut être excusé. Nous voulons croire ceux que nous considérons comme vertueux et nous sommes supposés douter de toute personne qui ne partage pas notre base de valeurs. C’est le carburant qui alimente la stratégie de l’argumentum ad hominem des activistes : je n’ai pas à prendre en compte vos « faits » parce que vous avez été acheté par l’industrie (autrement dit, vous êtes mauvais).

 

« Ce n’est pas un mensonge si vous y croyez. »

Le sage George Costanza a fait cette observation philosophique dans la série télévisée Seinfeld. Et comme George, les gens peuvent croire beaucoup de choses stupides, surtout s’ils sont vulnérables ou désespérés.

Le manuel de la secte verte fournit un système de croyance complexe à ceux qui cherchent religieusement un sens et une vertu à leur vie. Cela les rend vulnérables aux missionnaires volontaires qui les amènent habilement dans leurs centres d’intérêt. Ces innocents ne peuvent pas imaginer que leurs attaques sur les réseaux sociaux contre ce qu’on leur a dit être des menaces pour toute l’humanité (une fusion nucléaire ou un produit chimique destructeur comme le glyphosate) puissent être fausses.

 

Verrouillage de la réalité narrative

Un autre grand philosophe, Bertrand Russell, a parlé de la façon dont la réalité change lorsque nous voyons le monde à travers des lunettes roses.

Aujourd’hui, nous parlons de la façon dont notre narration crée de la valeur et de la cohérence pour les histoires que nous racontons. Le sens du bien et du mal qui découle de ces histoires filtre alors ce que nous sommes prêts à croire comme vrai ou faux (et défendre ce qui est « vrai » devient une décision morale). Ainsi, si votre récit vous a convaincu que l’industrie ment toujours, qu’elle n’agit que par pure cupidité, et qu’elle ne se soucie pas de la sécurité des êtres humains et de l’environnement, vous amplifierez facilement toute fausse allégation contre les acteurs de l’industrie et ferez de grands efforts pour réfuter ou diminuer toute allégation factuelle que vos opposants pourraient faire.

Ce verrouillage de la réalité narrative fait qu’il est pratiquement impossible pour les individus de reconnaître qu’ils répandent des mensonges.

 

Distorsion dans la chambre d’écho

Les réseaux sociaux ont rendu la diffusion des cultes beaucoup plus facile et plus banale.

Les algorithmes m’ont filtré dans des groupes en ligne de personnes partageant les mêmes idées que moi, m’empêchant d’entendre des opinions contraires ou de poser des questions qui pourraient me donner des réponses inconfortables. Ces chambres d’écho définissent nos vérités et rendent impossible la compréhension d’autres modes de pensée. En buvant le Kool-Aid fourni par nos gourous des réseaux sociaux et en partageant les mensonges, nous n’avons aucune idée de la façon dont notre réalité a été déformée. Dans les premiers temps de la socialisation de l’internet, j’avais parlé de l’Ère de la Stupidité (avec le défi de ne jamais pouvoir discerner si je ne suis pas, en réalité, la personne stupide). Aujourd’hui, c’est simplement la réalité avec laquelle nous devons travailler.

 

Hyperbolisation

Les récits de pêche ont l’habitude de transformer rapidement les vairons en baleines. Plus une histoire est répétée, plus elle est embellie.

Ainsi, un petit risque de cancer dû à un résidu de pesticide, une fois amplifié et partagé des milliers de fois, devient une certitude. Les possibilistes utilisent cette technique pour transformer de lointaines possibilités d’un danger en probabilité réelle d’un risque… invoquant alors le principe de précaution. Avez-vous besoin d’une bonne raison quand vous pouvez effrayer les régulateurs simplement avec une « raison suffisante » ?

Prenons, par exemple, les histoires de peur concernant les perturbateurs endocriniens. On nous dit que nous ne savons tout simplement pas si certains produits chimiques ou plastiques sont des perturbateurs endocriniens possibles (à faibles doses, avec des effets cocktails possibles) et qu’il faut donc prendre des précautions pour tous les produits chimiques de synthèse. Mais il y a aussi une seule tasse de café, un perturbateur endocrinien connu, qui contient plus de 1000 substances chimiques.

Comme l’a dit Bruce Ames :

« Ils ont identifié un millier de substances chimiques dans une tasse de café. Mais sur ce millier, nous n’en avons trouvé que 22 qui ont fait l’objet de tests de cancérogénicité sur des animaux. Et parmi eux, 17 sont cancérigènes. Une tasse de café contient 10 milligrammes de substances cancérigènes connues, soit plus de substances cancérigènes que vous pouvez absorber par les résidus de pesticides pendant un an ! »

Mais comme ces substances chimiques sont naturelles et que nous apprécions les bienfaits de notre tasse de café, personne n’exagérera les risques.

 

L’ingénierie des faits

Les personnes qui estiment qu’elles doivent avoir raison manipuleront les faits pour les faire correspondre à ce qu’elles veulent croire.

Dans la communauté scientifique, cette pratique est parfois connue sous le nom de cherry picking (cueillette de cerises ou picorage). Si vous étalonnez votre chromatographe de la bonne manière et que vous limitez vos paramètres d’essai, vous pouvez prouver ou réfuter ce que vous voulez. C’est ainsi que des études de « qualité Ramazzini » sont produites et publiées sur les risques du glyphosate, de l’aspartame, des PFOS [des polluants éternels], du PVC et d’autres produits chimiques, affirmant qu’ils sont cancérigènes, perturbateurs endocriniens (« chez les souris »), toxiques pour d’autres espèces… et personne ne s’interroge sur les motivations de ceux qui sont à l’origine de ces recherches. Et si cela permet de financer votre laboratoire ou de nuire à une industrie que vous méprisez, c’est tant mieux.

 

Les adeptes de l’exceptionnisme excluante

Mais supposons qu’une trace de glyphosate trouvée dans un bol de céréales présente un risque minime de cancer, ou qu’un revêtement de boîte en plastique puisse, à haute dose, être un perturbateur endocrinien.

Les scientifiques militants qui publient ces résultats savent parfaitement que l’équivalence toxique de ces expositions chimiques est insignifiante par rapport à la cancérogénicité connue ou aux perturbations endocriniennes provoquées, par exemple, par la consommation d’une tasse de café (voir ci-dessus).

Alors pourquoi ne discutent-ils pas de la pertinence de leurs résultats dans le contexte d’équivalences toxiques pertinentes ? Ils excluent les comparaisons avec le monde réel parce que cela n’a jamais été l’objectif de leur recherche ou de leur financement. L’objectif de la recherche militante est de démontrer qu’un produit chimique est présent et qu’il n’est pas sûr à 100 %.

Comme ils ne sont pas des gestionnaires de risques, ces chercheurs estiment qu’il n’est pas de leur ressort de discuter de ce qui est réellement sûr (ou même de ce que signifie « sûr »). Pendant ce temps, les opportunistes qui financent leur recherche citent les résultats de ces études, amplifiant les niveaux de danger pour capitaliser sur les peurs partagées de leurs publics. Je ne vois pas ces scientifiques célèbres se lever pour corriger les déductions de risque scandaleuses émanant de leur travail. Ils n’ont pas été payés pour le faire.

 

Raisonnement anintelligent 

Il existe une différence importante entre l’inintelligence (ne pas être intelligent) et l’anintelligence, définie comme « la capacité d’acquérir et d’exprimer des idées fondées sur des associations limitées, sans informations ou recherches appropriées. Les personnes qui confondent anecdotes et preuves, qui pensent que l’intuition fournit une bonne raison et qui peuvent facilement rejeter les contradictions internes sont anintelligentes.

Les idées anintelligentes ont prospéré avec l’essor des réseaux sociaux, permettant aux personnes vulnérables à la recherche d’un confort intellectuel au sein de leurs communautés tribales de justifier des décisions ou de faire des déclarations sans faits, ressources ou analyse critique. Ce cadre conceptuel faible permet aux groupes militants de répandre facilement des mensonges dans leurs campagnes sans que leurs fidèles anintelligents n’y prêtent attention.

 

Pureté idéologique

Les militants, par définition, sont empreints d’idéologie. Chaque principe de leur dogme doit être cohérent (logiquement et politiquement). Il doit être pur pour être efficace dans les campagnes (l’accent est mis ici sur le mot doit, car cela crée une pression supplémentaire sur le processus cognitif).

Un pragmatique, en revanche, prendra en compte tous les arguments, honnêtement, et essaiera de trouver la meilleure décision, sachant qu’il travaille dans un monde imparfait. Les idéologues pensent déjà connaître la meilleure décision et ne choisissent que les faits qui peuvent la justifier. Les activistes excluront donc toute preuve susceptible de contredire ou de remettre en question leur fondamentalisme.

Les partisans de l’agroécologie, par exemple, lorsqu’ils ont été confrontés aux avantages de l’édition de gènes dans l’amélioration des plantes, ont dû l’exclure de leur doctrine parce qu’elle favoriserait l’implication de l’industrie dans l’agriculture, laquelle n’est pas conforme au dogme. L’OMS a créé une génération de mauvaises recherches contre le vapotage parce qu’elle ne pouvait pas risquer de compromettre ses réalisations en matière de dénormalisation de l’industrie du tabac.

Mais en refusant tout ce qui n’est pas conforme à leur dogme fondamentaliste, ils infligent d’énormes dommages aux personnes et à l’environnement.

 

Animosité viscérale

Trop souvent, les activistes sont animés par une rage déclenchée par un événement personnel. L’un des exagérateurs les plus énigmatiques de Bruxelles est Martin Pigeon. Lors d’un échange avec ce guerrier toxique fumeur à la chaîne, j’ai découvert que ce qui motivait sa haine contre l’industrie n’était pas que les lobbyistes étaient payés pour représenter les entreprises, mais qu’ils étaient mieux payés que lui.

Dans le cadre de son lobbying intensif (pour bloquer le lobbying des entreprises), Pigeon a admis avoir dissimulé des informations sur les personnes qui payaient ses factures au Corporate Europe Observatory (comme lorsqu’il a payé des journalistes tels que Stéphane Horel ou utilisé Chris Portier pour contester l’évaluation des risques de l’EFSA en sachant pertinemment que les dépenses de recherche de ce dernier étaient couvertes par des cabinets d’avocats américains qui profitaient des procès intentés contre Monsanto).

Pour quiconque est rempli d’une telle haine, d’une telle rancœur et d’une telle indignation, le mensonge et la tromperie pour nourrir cette animosité profondément ancrée sont le cadet des soucis.

 

L’opportunisme machiavélique

La fin justifie les moyens et si un militant est en mission (par exemple, pour détruire une industrie que son organisation n’a cessé d’attaquer), il est parfaitement justifié d’être économe de la vérité.

Pour les ONG environnementales, l’objectif de leurs campagnes est de gagner (plutôt que de trouver un compromis pour améliorer la situation). Et si gagner signifie devoir mentir, dissimuler des informations, déformer des faits ou tromper le public, alors c’est ce qu’il faut faire. J’entends souvent des personnes justifier leur comportement malhonnête en disant : « Monsanto ment tout le temps ! ». Lorsqu’il s’agit de gagner, le fanatique ne se soucie pas de savoir si l’environnement ou la santé humaine souffrent des conséquences de ses campagnes (comme les problèmes de sécurité alimentaire liés à ses convictions en faveur de l’agriculture biologique ou la pauvreté énergétique liée à ses actions antinucléaires).

 

Patriarches intellectuels arrogants

Le monde universitaire regorge de « menteurs titularisés » qui ont consacré leur vie à la recherche d’une théorie.

Dans leurs jours de gloire, ils ont formé des générations de post-docs en adoration devant eux qui s’appuient sur l’autorité et le génie de leur professeur pour progresser dans leur propre carrière.

Mais que se passerait-il si l’on découvrait que tout ce qu’ils ont étudié, publié, enseigné… est erroné ? Il faudrait une grande humilité pour que quelqu’un admette qu’il a été prouvé qu’il était dans l’erreur. Étant donné le niveau élevé d’orgueil des universitaires, cela arrive rarement. Au contraire, les preuves légitimes sont souvent supprimées ou déformées pour éviter de nuire à leur réputation, les débats se transformant en attaques ad hominem. La campagne sur les perturbateurs endocriniens, qui entre dans sa troisième génération de patriarcat, en est la preuve la plus évidente. Les grands-pères de cette campagne admettraient-ils un jour les faits qu’ils ont cachés ou passés sous silence afin de préserver leur héritage ? De tristes créatures qui s’accrochent aux branches.

 

Mensonges incitatifs

Suivez la trace de l’argent ! Si un trust ou une fondation vous paie pour créer de l’incertitude, et que vous pensez que tous les autres mentent, alors la tromperie est perçue comme faisant partie du processus.

Aujourd’hui, des scientifiques militants sont financés par des groupes d’intérêt, des ONG et des cabinets d’avocats américains spécialisés dans la responsabilité civile pour mener des études destinées à fournir des preuves prêtes à l’emploi afin d’influencer les politiques, les juges, la perception du public et les processus de production. En l’espace de cinq ans seulement, par exemple, ce financement a transformé 50 années de données de recherche montrant un impact très faible du glyphosate en une glyphystérie selon laquelle l’herbicide est désormais responsable de pratiquement tous les problèmes d’environnement et de santé humaine.

Le monde de l’activisme est rempli d’argent gagné pendant les bulles boursières et cryptographiques, qui se répercute maintenant sur les réseaux connectés. Si l’on jette suffisamment d’argent sur des militants en colère et désorientés, on peut créer des cultes capables de convaincre suffisamment de personnes vulnérables de dire et de faire n’importe quoi.

 

L’intransigeance des zélotes

Imaginez que vous fassiez campagne contre un produit chimique, un processus ou un produit pendant trois décennies sans succès.

Le Riz Doré est commercialisé et célébré, l’énergie nucléaire continue d’être essentielle à la plupart des mix énergétiques, les édulcorants artificiels sont utilisés dans davantage de produits aidant les gens à perdre du poids… Les personnes normales accepteraient de s’en aller si la science ou la volonté du public n’est pas de leur côté. Mais les fanatiques ne peuvent tolérer quoi que ce soit de contraire à ce qu’ils exigent, pas plus qu’ils ne pourraient accepter que quelqu’un contredise leur vision du monde. Ils redoublent donc d’efforts, se battent plus durement et déforment encore plus la vérité. Le meilleur exemple est celui d’un réseau de militants anti-OGM allemands qui continuent à se battre tout en acceptant que la science ne soit pas de leur côté. Le Risk-monger a récemment publié un document stratégique interne montrant comment ces militants reconnaissent que les faits scientifiques jouent en leur défaveur, que les régulateurs assouplissent les restrictions sur l’amélioration des plantes et que leur campagne de plusieurs décennies a échoué.

Alors, en guise de réponse, ces ONG vont-elles s’en aller et faire quelque chose de plus productif de leur temps ? Non, pas du tout. Leur nouvelle approche consiste à redoubler d’efforts, à essayer de changer le discours et à transformer le débat sur les biotechnologies en une question de droits sociaux.

 

Parce qu’ils peuvent s’en tirer sans conséquences

L’un des éléments clés de la confiance est l’intention. Si quelqu’un fait campagne avec ce qui est perçu comme les meilleures intentions, nous sommes moins sévères dans nos jugements (et tenter de sauver le monde est perçu comme une sacrée bonne intention).

Les ONG se présentent comme des organisations de surveillance bénévoles. Si mon chien de garde aboie à la lune 99 fois sur 100, je le tolère car son intention est de me protéger… et le fait d’avoir raison une fois est même célébré. Le principe de précaution correspond à cet état d’esprit « mieux vaut prévenir que guérir ».

En revanche, si les scientifiques de l’industrie commettent une erreur une fois sur un million, c’est tout à fait inacceptable et il faut changer les choses. Sachant qu’ils peuvent s’en tirer en mentant, en exagérant ou en déformant leurs propos, les activistes prennent des libertés avec la vérité que personne d’autre n’oserait jamais prendre, en espérant que, une fois, ils auront raison. Et s’ils se trompent (encore) et que les gens ou l’environnement en pâtissent, cela n’a pas d’importance puisque personne ne les tiendra pour responsables des mensonges qu’ils ont répandus.

 

L’intégrité est-elle importante ?

Dans « La cupidité, les mensonges, et le glyphosate : les Portier Papers », après avoir démontré la méchanceté de certains opportunistes, j’avais conclu que « l’intégrité ne paie pas le loyer ». Quelle que soit la raison pour laquelle les activistes mentent, excluent des informations ou justifient leurs actions opportunistes, à un moment donné, les personnes qui s’efforcent d’être bonnes devraient entendre une petite voix dans leur tête qui leur dit que ce qu’elles font n’est pas juste. C’est l’intégrité qui ronge la conscience d’une personne.

Où est l’intégrité dans ces débats sur l’environnement et la santé où le mensonge est devenu si courant ?

Si vous êtes en colère contre le système, si vous estimez que les pouvoirs en place sont injustes et corrompus, si vous pensez que le monde est dirigé par des menteurs et des voleurs avides, alors cette petite voix dans votre tête est facilement réduite au silence par la perception d’éléments extérieurs. Je comprends et je compatis avec ces personnes qui voient le monde à travers un prisme aussi sombre.

Mais leur rage et leur insensibilité, quelle qu’en soit la raison, ne peuvent justifier que l’on fonde les politiques publiques sur leurs mensonges furieux ou sur une idéologie tordue qui nuira aux agriculteurs, aux consommateurs, à l’environnement et aux personnes les plus vulnérables. Ces fanatiques sont libres de croire et de dire aux gens ce qui les rassure, mais le reste d’entre nous n’a pas à les écouter ou à leur prêter attention (pas plus que nous ne devrions écouter les créationnistes ou les tenants de la terre plate). Les régulateurs n’ont aucune raison de tolérer leurs exagérations émotionnelles et leurs fictions dramatiques dans le processus d’élaboration des politiques.

L’intégrité se trouve dans le respect des faits et de la réalité.

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  • placebo.

  • L’attrait du mensonge c’est surtout, l’appel de la martingale . Le mensonge permet de gagner vite et sans effort (argent , renommée etc ) et comme vous l’avez dit en revanche , la vérité et l’intégrité … ce serait plutôt l’inverse, ça se paie cash . Après sur le long terme , l’individu à affaire avec sa conscience , c’est le mythe de Faust.

  • En premier, le fait qu’on ne leur a jamais mis le nez dans leur pipi, et qu’avec l’égalitarisme de la pensée, la position de l’un vaut celle de l’autre. C’est le « vous dites que 2+2=4, moi je pense que 2+2=5 et par principe ma position est au moins aussi valable que la vôtre, c’est opinion contre opinion » pour lequel je me suis déjà accroché ici avec certains.
    Le nez dans le pipi marche très bien, on n’entend plus Barbara Pompili nous expliquer combien le débroussaillage des forêts est dévastateur depuis les incendies de forêts, on n’entendra plus personne nous vanter la biodiversité sauvée par l’ensablement des estuaires de l’Aa ou de la Canche. Ca marche avec les jeunes enfants comme avec les jeunes chiots, mais ni les parents ni les enseignants ne veulent appliquer aujourd’hui de telles méthodes barbares.

  • ces ONG n’ont pas de personnel ayant travaillé un seul jour dans de grandes entreprises.
    parce que vous imaginez qu’un seul de ces cancrelats aie jamais travaillé?

  • Heureusement, notre gouvernement veille. Les fake news vont être condamnées. Heu, pardon, que les fake news pas politiquement correctes. Les autres, celles des ONG sont des vérités.
    Et avez vous remarqué ? Les ONG ne se battent que contre des gouvernements pétochards comme celui de la France. Que fait Greenpeace en Chine, dans le plus grand pays pollueur du monde ? Que fait Greenpeace dans les dictatures africaines qui entassent des immondices à ciel ouvert où les enfants vont les trier ? Pas fou le militant ONG ; sa cause s’arrête dès qu’il risque la prison.
    Il est payé pour militer, pas pour aller en prison.

  • « si vous estimez que les pouvoirs en place sont injustes et corrompus, si vous pensez que le monde est dirigé par des menteurs et des voleurs avides ». Il me semble que c’est l’opinion de beaucoup de monde ici. Et pourtant on essaye de maintenir une certaine rationalité. Après, c’est vrai que c’est plus facile quand les faits ont tendance à aller dans son sens…

  • Je voudrais ajouter une raison, qui est peut-être la plus explicative de toute. Par définition un « activiste » est actif, ce qui traduit essentiellement une activité… sexuelle. Mis en avant par les femelles de son groupe pour sa beauté physique, l’activiste est essentiellement un baiseur compulsif et son activité est surtout une recherche de coups à tirer, encouragée par ses capacités qui en redoublent l’intérêt et la profitabilité.
    L’absurde des revendications, l’échevelé des prétentions ne sont que des parades de séduction qui quand elles réussissent produisent des fascinations durables et des soumissions totales.
    Nous en sommes ainsi au point qu’il conviendrait d’imposer la chasteté aux idéologues: cela garantirait (ce fut la stratégie des catholiques) une certaine neutralité dans les points de vue.

  • Les activistes de tous bord mentent selon leurs intérêts ou divergences mais les industriels n’hésitent pas à mentir si les des intérêts financiers important son en jeu. Voir les catastrophes industriels, Donora smog 1948, le smog de Londres 1952, Windscale 1957, Seveso 1974, Three Mail Island 1979, Arkansas 1980, Bhopal 1984, Tchernobyl 1986, centrale de Thorpe 2005, Fukushima 2011 etc….

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Quénel est journaliste indépendant. Il travaille principalement sur le développement des organisations terroristes en Asie du Sud-Est, les questions liées au renseignement et les opérations d’influence. Membre du collectif de journalistes Longshot, il collabore régulièrement avec Les Jours, le magazine Marianne, Libération. Son dernier livre, Allô, Paris ? Ici Moscou: Plongée au cœur de la guerre de l'information, est paru aux éditions Denoël en novembre 2023. Grand entretien pour Contrepoints.

 

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