Un article de l’IREF
La dette publique française a dépassé le seuil de 3000 milliards d’euros.
Elle a atteint 3013,4 milliards d’euros le 31 mars 2023, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Le gouvernement voudrait réduire le déficit public de 4,9 % en 2023 à 4,4 % dans le budget 2024. Mais le défi est considérable, alors qu’en août 2023 les taux d’emprunt de l’État français à dix ans ont dépassé le seuil de 3,25 %.
Selon les prévisions de Bercy, la charge annuelle de la dette pourrait passer de 30 milliards en 2020 à 71 milliards en 2027.
Des emprunts à l’infini
La France a continué de dépenser sans compter en 2023.
Et sa notation par les agences de crédit qui n’est pas très brillante aujourd’hui, abaissée à AA- par Fitch début 2023, pourrait se dégrader encore cet automne, lorsque ces agences rendront leur avis sur la dette française : Moody’s le 20 octobre, et Fitch le 27 octobre.
Cette dernière a d’ailleurs été intransigeante avec les États-Unis en dégradant leur note de AAA à AA+ début août 2023 en considérant que, outre un déficit budgétaire qui devrait être de plus de 6 % du PIB cette année (contre 3,7 l’an dernier) et encore l’an prochain, la hausse des taux de la dette à 4,17 % à 30 ans début août (4,42 % fin août) et l’énormité de leur dette, « les impasses politiques répétées sur le plafond de la dette et les résolutions de dernière minute ont érodé la confiance dans la gestion de la dette ». La politique de Biden est celle d’un quoi qu’il en coûte exponentiel. Il en résulte un affaiblissement de la crédibilité des États-Unis.
Pour réduire leur déficit, d’autres pays, la Hongrie, la République tchèque, la Lituanie, l’Espagne et maintenant l’Italie, ont cherché à augmenter leurs ressources en taxant les banques. Mais comme l’a observé la BCE, ces mesures peuvent aggraver la crise du crédit en le raréfiant, et en le rendant plus cher, en même temps qu’elles affaibliront les fonds propres des banques à un moment de tension où leur sécurité doit être inébranlable.
Dans le même temps, la Chine qui menait la croissance mondiale est en train de s’écrouler avec un taux moyen de croissance de 1,5 % sur les deux premiers trimestres 2023, un chômage des jeunes important, la faillite annoncée des grands promoteurs immobiliers et…. une dette publique (officielle ou masquée, y compris celle des collectivités locales) qui a déjà dépassé 120 % du PIB et pourrait représenter 150 % du PIB en 2027.
La dette est un mirage
La situation mondiale n’est donc pas brillante.
Mais la poursuite de l’endettement public n’est pas la solution. Si les politiques d’endettement étaient le moyen d’enrichir un pays, alors nous serions très riches. La dette a les limites de sa soutenabilité. Au-delà d’un certain seuil, s’endetter toujours plus, c’est s’entraver toujours plus.
Parmi les pays développés, et hors le cas des États-Unis dont le dollar finance la dette, les pays les plus riches comme le Danemark (dont la dette publique est de 37 % du PIB), la Suisse (39 %), les Pays-Bas (54 %), l’Allemagne (77 %), ne sont pas d’abord moins endettés parce qu’ils sont plus riches, mais plus riches parce qu’ils sont moins endettés, même s’il y a toujours dans ce cas un cercle de virtuosité réciproque qui se crée.
Comme l’indique Edmund Phelps, prix Nobel d’économie (Mon voyage dans les théories économiques, Odile Jacob, mai 2023) :
« Lorsque la dette publique est très élevée, elle entraîne fortement le capital et les salaires vers des sentiers de croissance plus lente ».
Il en conclut :
« Il vaut mieux ne pas compter sur une politique de déficit budgétaire pour stimuler la consommation ou l’investissement quand la dette publique a atteint des sommets » (p. 60).
Or, nous continuons de grimper vers des sommets qu’il vaudrait mieux ne pas atteindre.
Plus globalement, l’endettement rend les États dépendants, moins réactifs, moins libres… Mais surtout cette dette pèse sur les contribuables qui toujours la remboursent un jour par des impôts ou de l’inflation, ce qui fragilise alors les acteurs de l’économie, producteurs et consommateurs.
Depuis la fin des années 1980, observe encore Edmund Phelps :
« L’accroissement de la dette publique mondiale […], l’importante augmentation du niveau des dépenses publiques à l’échelle mondiale […] [et] la hausse du taux d’intérêt mondial […], tous ces chocs ont favorisé une forte élévation du taux de chômage d’équilibre » (p.169).
Il serait temps de faire l’effort de se désendetter. À cet effet, quand les impôts, taxes et cotisations sont déjà à un niveau inacceptable, comme ils le sont en France, le moyen le moins pénalisant, sinon le seul moyen moralement recevable, est de réduire les dépenses publiques.
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Réduire la dette ?
Phelps aurait pu ajouter :
– Mission impossible !
La dette a augmenté un peu avec la droite , beaucoup avec la gauche et très beaucoup avec le quoiqu’il en coute de l’ancien ministre des l’économie. Seul un coup d’état comme au Mali, Haute Volta, Niger, Gabon, qui annulent tout dans l’administration peut laisser entrevoir une possible sortie. Seul les militaires peuvent tout révolutionner et mettre enfin les français à travailler pour redresser leurs pays, l’un des plus beaux du monde
Le blaireau de Bercy aurait-il lu Edmund Phelps ou un autre bouquin d’économie ?