L’institut français de la statistique, autrement dit l’INSEE, a publié ce matin sa première évaluation de nos Comptes publics 2024. Il ne s’agit pas de l’arrêté définitif, qui sera publié le 28 mai prochain, une fois que toutes les entreprises lui auront fait parvenir leur liasse fiscale, mais d’une estimation précoce dont les résultats vont notamment servir, sinon à éclairer nos décideurs, du moins à informer la Commission européenne du niveau de la dette et du déficit public de chaque pays membre de l’Union européenne.
2024
Les données publiées aujourd’hui n’apportent rien de véritablement nouveau par rapport aux discussions qui avaient entouré la difficile élaboration du Projet de loi de finances (PLF 2025) sous la houlette de Michel Barnier à l’automne, puis celle de François Bayrou cet hiver. Elles confirment cependant la forte dégradation de nos comptes publics, marqués par des dépenses atteignant maintenant 57,1 % du PIB et une dette de plus de 3 300 milliards d’euros, soit 113 % du PIB.
Du côté des dépenses publiques, la hausse observée en 2024 se monte à 63 milliards d’euros (de 1 607 à 1 670 milliards), représentant un accroissement de 3,9 % par rapport à 2023, soit plus que l’inflation estimée à 2 %. Sans surprise, on constate que les dépenses sociales représentent 62 % de cette augmentation (39 milliards d’euros) et que leur propre croissance fut de 5,5 % en 2024. Autre point délicat, la charge de la dette (les intérêts) a atteint 58 milliards d’euros en 2024, soit presque 8 milliards de plus qu’en 2023, en raison de la hausse des taux d’intérêt. Hausse qu’on ne voit pas refluer prochainement.
Au total, le déficit public se creuse à 5,8 % du PIB après 5,4 % en 2023 et 4,7 % en 2022. Les 6,1 % redoutés ne sont pas atteints, mais il serait désinvolte d’en concevoir le moindre soulagement. Il est bon de se rappeler que « l’orthodoxie budgétaire » de l’Union européenne nous limite en principe à 3 % du PIB et que les objectifs auxquels s’était engagée la France pour 2024 se montaient d’abord à 4,4 % et avaient subi un petit décalage à 5,1 %. Pour se hisser finalement à 5,8 %.
Principales données de nos finances publiques 2024
(Évaluation INSEE du 27 mars 2025)
Sources : Croissance – Inflation – Dépenses publ. – Prélèvements oblig. – Déficits publics – Dette publique – 2024 dans PLF Bayrou – INSEE 2024.
Mise à jour : 27 mars 2025.
Unités : Habitants en millions – PIB en milliards d’euros courants – Dépenses publiques, prélèvements obligatoires, déficit public et dette publique en milliards d’euros courants et en % par rapport au PIB.
Note : Pour 2024, les données soulignées sont issues des documents de l’INSEE, les autres sont calculées à partir des premières.
2025 et 2026
On sait que le PLF 2025 adopté en début d’année, quoique tablant (avec un optimisme de moins en moins justifié) sur un reflux du déficit public à 5,4 % du PIB, n’intègre aucune réforme structurelle de notre modèle économique et social. Budget de compromis visant avant tout à plaire à la fois à la droite, à la gauche et au centre, il a esquivé une fois de plus l’impérieuse nécessité de s’attaquer frontalement à la dérive de la dette publique par la seule méthode possible compte tenu du niveau élevé des prélèvements obligatoires : la réduction significative des dépenses.
Cet impératif existait bien avant l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, alors que nous nous offrions le luxe de vivre dans une sorte d’innocence béate typique des grands enfants naïfs. Inutile de dire qu’avec la nouvelle donne géopolitique qui semble s’installer (et qui touchera à coup sûr le commerce international, les accès à l’énergie, les (r)évolutions technologiques et les nécessités de la défense), il devient existentiel de s’y atteler au-delà des discours politiques et des vÅ“ux pieux jamais traduits en actes.
Le gouvernement nous prévient déjà que “le budget 2026 va être un cauchemar à préparer” et que “tout le monde sera mis à contribution”. Ce mot, “contribution”, a effectivement de quoi faire cauchemarder, tant il nous rappelle notre statut de contribuables. On sent déjà que l’inventivité fiscale de Bercy va se déployer plus que jamais pour augmenter tel taux de prélèvement, créer telle nouvelle taxe éminemment « citoyenne » et appeler les riches et les grandes entreprises à participer encore un peu plus à l’effort national. L’idée serait en effet de revenir à un déficit public de 4,6 % du PIB en 2026 tout en incorporant dans nos comptes la hausse de la charge de la dette et surtout la hausse des dépenses de défense.
Un pari impossible sans réformer en profondeur. Mais un pari jouable si la France profitait des difficultés annoncées pour enfin donner un bon coup de pied dans la fourmilière des dépenses astronomiques qu’elle augmente année après année sans obtenir d’amélioration notable dans l’efficacité de ses grands services publics (retraite, éducation, santé, sécurité) ou dans le niveau de vie de ses citoyens.
Vous auriez pu évoquer le coût astronomique de la délirante transition écologique dont les seuls résultats concrets sont l’enlaidissement scandaleux de nos campagnes et le renchérissement du coût de l’énergie fatal à nos entreprises.
Pour ce qui est des dépenses sociales, plutôt que de demander à tous ceux qui ont déjà travaillé pendant 43 ans de travailler plus, on devrait inciter les plus jeunes à entrer sur la marché du travail en revoyant les règles d’attribution du RSA.
Tous les français doivent travailler plus…arrêtons avec cette lâcheté veule de faire reporter sur les autres les efforts à réaliser…..🤣🤣🤣🤣
Même avec des lunettes noires et un nouveau pseudo, on vous reconnait monsieur Dodab!
Le sauvetage de la planète par les illuminés qui nous gouvernent n’a évidemment pas de prix et justifie donc tous les déficits , les “roaring twenties” en quelque sorte comme annoncés par la grande prêtresse de la Pachamama sous influence de la petite fée Greta :
I want this decade to be the Roaring Twenties of climate action and climate investment. Europe must lead this change. It is our last chance to stop climate change. And it is a once-in-a-generation opportunity to become global leaders in the economy of the future.
(source : https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/speech_21_1361)
Merci pour ce petit résumé chiffré.
Deux remarques :
1) selon le droit européen le niveau de déficit public de 3 % du PIB national n’est pas un objectif mais un plafond , l’a tenir étant en réalité celui d’un niveau de dette inférieur à 60 % dudit PIB ; le respect des traités nécessite donc en fait un excédent régulier ;
2) il est faut de dire que les Français ne bénéficient pas de ce déficit pour améliorer leur niveau de vie : le volume d’impôts de toutes natures affecté aux retraites est équivalent à ce déficit. Vivre plus longtemps à la retraite et avec une meilleure pension que ne le permettent leurs cotisations est une véritable augmentation de leur niveau de vie. Le fait est qu’ils n’en sont pas conscients!
Avec la capitalisation, des cotisations moitié moindres permettraient les mêmes retraites. Alors parler de mieux vivre que ce que permettent les cotisations est assez osé !
Aucune action est entreprise par le Gouvernement Bayrou/Lombard pour baisser les dépenses de l’ état et amélkiorer nos comptes Donc notre dette augmentera et sera à la fin de 2025 de 3600 milliards + 70/80 pour le commerce extérieur + 150/170 pour le déficit budgetaire + 80/100 pour les interets de la dette soit 300/350 M de plus
La charge de la dette et le déficit du commerce extérieur sont déjà intégrés dans notre déficit budgétaire qui avoisine les 170 milliards par an ce qui est déjà beaucoup trop….😂😂😂😂
Le déficit extérieur et le déficit de l’état sont deux choses distinctes.
La première permet d’évaluer l’appauvrissement du pays dans son ensemble (fuite de capitaux qui manque par la suite à l’économie)
La seconde ne concerne “que” l’état…
Bon après c’est vrai que dans un pays “presque communiste” comme la France, les deux peuvent se considérer au même plan…
Merci pour ce bon rappel qui mérite quelques précisions.
Il ne faut pas confondre inflation, hausse des prix et indice des prix façon INSEE:
-inflation: accroissement du rapport masse monétaire/activité, l’excédent n’est rien d’autre que de la fausse monnaie émise en excès pour racheter de la dette insolvable (genre “Quantitave Easing”). Ce surplus arrive en premier dans les milieux financiers (et fait d’abord monter les cours de bourse).
-hausse des prix: augmentation des prix de biens et services identiques. Elle est généralement en retard sur l’inflation qui se propage lentement (effet Cantillon).
-IPC (INSEE): C’est une statistique d’évaluation de la hausse des prix profondément biaisée qui repose sur un asservissement du panier à la hausse des prix ayant pour effet de la sous-estimer (on achète moins ce qui devient trop cher et l’INSEE le sort du panier).
Il ne faut pas confondre PIB et PIB marchand:
Un bon moyen d’augmenter le PIB est d’y inclure des actions inutiles voire nuisibles. La différence croît avec le volume de la redistribution. Les dépenses sociales devraient être comparées au PIB marchand auquel elles s’ajoutent.
Il ne faut pas confondre taux d’impôts et recette des impôts:
Il y a une relation de rétroaction négative entre les deux, mathématiquement évidente souvent qualifiée d’effet Laffer (l’adage “trop d’impôt tue l’impôt”). Donc diminuer les taux excessifs suffirait déjà à augmenter à moyen terme la recette fiscale et favoriserait l’activité marchande qui diminuerait à son tour les dépenses sociales. Trop peu d’électeurs le comprennent.
Ce que nos politiciens irresponsables et incompétents ne feront pas vu comment s’est comportée la gauche pour le budget 2025.