Geoffroy Lejeune : la chasse aux sorcières continue…

La polémique suscitée par la possible nomination de Geoffroy Lejeune à la tête du JDD est une énième manifestation du deux poids deux mesures de la gauche française.

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Geoffroy Lejeune : la chasse aux sorcières continue…

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 juin 2023
- A +

Alors que Geoffroy Lejeune a été licencié du magazine Valeurs actuelles, où il occupait le poste de directeur de la rédaction, le voilà maintenant pressenti pour prendre la tête du Journal du dimanche (JDD). Au grand dépit de ses équipes de journalistes, qui se disent sidérés et se sont mis aussitôt en grève, craignant une « croisade réactionnaire » au sein de leur rédaction.

Si l’on peut tout à fait comprendre leur ressenti et considérer comme légitime une telle expression de leur mécontentement et de leurs inquiétudes, ce qui est en cause est davantage le déséquilibre devenu traditionnel – si on élargit les réactions à l’ensemble des médias – entre la capacité à être scandalisé par des événements lorsqu’ils se situent dans le « camp » de la droite plutôt que lorsqu’ils le sont dans le « camp » de la gauche (la politique est très guerrière, là où certains d’entre nous préférerons plutôt le simple débat démocratique). Ce deux poids deux mesures ne date hélas pas d’hier.

 

Le camp du Mal

Dans cette vision très binaire, tout ce qui se situe « à droite » ou est considéré comme tel (car il n’est pas rare pour les gens situés très à gauche d’avoir une vision très restrictive de la gauche) représente bien souvent le Mal, qu’il convient donc généralement de dénoncer, de décrédibiliser, de caricaturer, ou de houspiller autant que faire se peut, afin d’intimider ceux qui seraient tentés de s’en rapprocher d’un iota.

Dans l’affaire du licenciement de Geoffroy Lejeune, nous sommes ici dans le cadre de choix éditoriaux. Un organe de presse appartient à un propriétaire. Et il est en principe géré à la manière d’une entreprise. Il peut donc sembler a priori légitime qu’un groupe comme Valmonde -propriétaire du magazine Valeurs actuelles – décide à un moment donné de se séparer de certains de ses salariés. Ici, pour des raisons apparemment stratégiques et de ligne éditoriale (en simplifiant, car je ne connais pas le détail de ce qui s’est réellement déroulé en coulisses, la politique ayant là aussi certainement joué son rôle).

De la même manière, un autre patron de presse, Vincent Bolloré, à qui appartient le Journal du dimanche, est libre d’employer qui il veut. L’affaire, on l’a insinué, est probablement assez politique, et le capitaine d’industrie a certainement jugé qu’il n’y avait pas de raison de laisser à la gauche (et ses journaux, pour beaucoup, subventionnés) le monopole de la liberté d’expression à géométrie variable. D’autant qu’il a dû considérer qu’il s’agissait d’un jeune journaliste indépendant et réputé brillant (y compris par ses ennemis, je pense, qui le jugent d’autant plus « dangereux »). N’en déplaise aux journalistes du JDD qui, même si on peut les comprendre, sont en théorie toujours libres de partir.

 

Le deux poids deux mesures

Revenons sur le « deux poids deux mesures ».

De quoi est « accusé » Geoffroy Lejeune ? De défendre des analyses proches de celles d’Éric Zemmour, qualifiées par conséquent – avec cet art traditionnel de la gauche de catégoriser les gens – « d’extrême droite ».

Par nature, la presse ne peut prétendre à la neutralité. Tout journal défend donc une ligne éditoriale qui suit forcément certaines orientations, même si l’on encourage une certaine diversité de points de vue au sein de cette ligne. Il n’est donc pas très difficile d’avoir une idée – même si leur métier est avant tout le journalisme – de vers où balance le cœur de tel ou tel journal. La gauche, à ce titre, semble loin d’être lésée. Et un journal comme Libération a beau jeu de dénoncer un prétendu « mouvement de pure extrême droitisation des médias », dont ce dernier événement dont il est question serait « la preuve ».

À souligner que, comme de nombreux Français l’ont souvent constaté et le déplorent régulièrement – leur confiance en la presse étant de plus en plus sujette à caution – le travail des journalistes n’est pas toujours très scrupuleux. Or, s’il y a bien une journaliste dont je salue personnellement la qualité du travail (quels que soient ses thèmes de prédilection, qui déplaisent naturellement à beaucoup de gens de gauche), c’est Charlotte d’Ornellas qui, avec beaucoup de dignité, a choisi de quitter elle aussi la rédaction de Valeurs actuelles, faisant preuve d’un courage dont peu pourraient se targuer.

Il se trouve que, contrairement à Geoffroy Lejeune que je connais moins, j’ai assez régulièrement eu l’occasion de suivre ses éditoriaux vers 19 h 30 sur cette chaîne elle aussi exécrée qu’est CNews, et je suis à chaque fois impressionné par son vrai travail de journaliste, très précis et factuel, qui fonde ses points de vue. Cela me fait d’autant plus de peine de la voir étiquetée aussitôt, sans autre forme de procès, de « figure médiatique d’extrême droite ». Une manière bien spécifique à la gauche (si tolérante) d’étiqueter ses opposants pour mieux les rendre par avance inaudibles…

 

Une violence plus ou moins légitimée

Là où le bât blesse, c’est que cette gauche si vertueuse – ou qui se croit telle – a un rapport très trouble à la violence et à la liberté d’expression ; sans doute un héritage de la Révolution française, à moins que ce ne soit dans ses gènes.

Que ne s’offusquera-t-on lorsque des personnes présumées « d’extrême droite » s’expriment ou sont représentées dans les médias. Quelles réactions outrées aura-t-on à l’annonce de la dissolution du groupe « Soulèvements de la Terre », pourtant auteur régulier de violences incontestables, quand les mêmes ont applaudi à la dissolution du groupe « Génération Identitaire » (auquel je me suis peu intéressé, mais dont je ne saurais citer des violences manifestes). Avec quelle absence de remords une Sandrine Rousseau prompte aux « débordements » réguliers se livre aux condamnations sommaires les plus décomplexées. Avec quel incroyable manque de pudeur les « plus grandes consciences » de la gauche vont convertir un acte héroïque peu ordinaire en satire, là encore en y attachant de manière obsessionnelle le nom de Bolloré…

En revanche, on n’hésitera pas à se livrer à une véritable chasse à l’homme lorsqu’il s’agit de délivrer les universités du risque droitier (bien limité, à vrai dire). Ou à défendre la dictature des minorités. Pas plus qu’on ne sourcillera outre mesure à l’annonce de l’assaut extrêmement violent de militants prétendument « antifascistes » contre un hôtel et des personnes, à l’occasion d’une séance de dédicace d’un livre du pestiféré Éric Zemmmour, en quelque sorte illégitime car catégorisé lui aussi comme « d’extrême droite », et donc à bannir, comme tout ce qu’il représente, aux yeux de ses ennemis. Que ne dirait-on si des propos aussi violents que ceux tenus à l’égard du même Éric Zemmour par un militant cégétiste (donc situé du bon côté politique) avaient été tenus par une personne engagée à droite ? Comment comprendre qu’une « responsable » comme Sophie Binet en vienne à transformer les faits en changeant, selon toute vraisemblance, « Auschwitz » par « Vichy » et en intervertissant ainsi le sens de l’attaque, pour défendre un militant pourtant coupable d’un acte antisémitite bien évident ?… Et nous pourrions bien sûr multiplier les exemples.

 

Un « grave danger pour la démocratie » ?

En conclusion, et bien que je ne me présente pas comme un partisan ni d’Éric Zemmour, ni de Marion Maréchal, pas plus qu’un admirateur particulier de Geoffroy Lejeune que je connais insuffisamment pour me prononcer (je m’adresse, ce faisant, à ceux qui souhaiteraient moi aussi me catégoriser), je déplore cette chasse aux sorcières permanente qui pollue les débats et est un obstacle au jeu démocratique tel qu’il devrait se dérouler.

La liberté d’expression est précieuse et c’est elle qu’il s’agit de défendre. Lorsque je lis des réactions au tweet de Sophie Binet dans lesquels on inverse la situation en qualifiant de « grave danger pour la démocratie » la plainte plus que légitime d’Éric Zemmour contre ce militant cégétiste qui a tenu des propos clairement inacceptables, il y a de quoi s’interroger.

Et, je le répète – pour en revenir au point de départ de cette chronique – si les journalistes du JDD sont tout à fait en droit de réagir et de manifester leur mécontentement à l’égard de la nomination de Geoffroy Lejeune à la tête de leur journal, il ne s’agira pas là non plus d’une atteinte à la démocratie si elle est confirmée. Ils devront composer avec, garder leur style et leur déontologie, ainsi que leur savoir-faire, tout en s’adaptant au mieux à la ligne éditoriale, et sans jamais se pervertir. Et contrairement à ce qui est affirmé par le journaliste de Libération cité plus haut, on ne pourra pas pour autant parler de « droitisation des médias », tout au plus d’un léger rééquilibrage (à supposer que la ligne change réellement), même si cela déplaît à cette gauche (pas toute, bien évidemment) si démocrate et tolérante… tant que seules ses idées sont représentées.

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  • Consternant :
    Si cette information n’est pas un fake, Gaspard Koenig ferait partie des 650 signataires d’une tribune du journal Le Monde contre la liberté de la presse et d’embauche : https://www.breizh-info.com/2023/06/27/221886/la-liste-integrale-des-651-opposants-a-la-liberte-de-la-presse-signataires-dune-tribune-contre-larrivee-de-geoffroy-lejeune-a-la-tete-du-jdd/

  • « Le journaliste : un type qui travaille plus dur qu’aucun autre fainéant dans ce monde » (GK Chesterton)
    Vous trouvez qu’il mérite votre défense ? Ou même votre pitié ?

    -4
    • Un peu de respect pour une profession que visiblement vous ne connaissez pas et pour le travail d’un journaliste consciencieux, même si vous ne partagez pas ses convictions !

  • Belle analyse, que je ne partage pas.
    Mais c’est vous qui vous fourvoyez ,ce n’est que du business : GL à fait de valeurs actuelles un brûlot rempli de vérités sans fondement( un peu à la manière de d’un idole Zemmour) et les lecteurs sont partis.
    Point.

    -17
    • Peu vraisemblable. Les questions de personnes l’emportent sur les chiffres de diffusion dans la presse, et si le business s’occupait de vérité, depuis le temps ça se saurait.

    • VL est un « brulôt », « rempli de vérités sans fondement »…
      Mis à part le contresens, voilà une confirmation spontanée du propos de Johan Rivalland. Merci de votre contribution.

      12
    • L’origine du « patron » ne serait pour rien dans cette « affaire » d’après vous ?

      • @squirrel VA a vu sa diffusion augmenter régulièrement. Et les lecteurs menacent de partir depuis l’éviction de GL
        Vous pouvez ne pas l’aimer, mais un minimum de respect pour les faits, svp

  • Moi qui travaille dans le privé, si je faisais grève parce que je ne voulais pas qu’un directeur extérieur soit nommé, j’aurais immédiatement été licencié.
    Depuis quand la nomination de quelqu’un peut être un motif de grève. Si les journalistes ne sont pas contents, ils n’ont qu’à postuler à Libé. À la place de Lagardère, je virerais ce beau monde vite fait.

    14
    • depuis quand?… hélas… depuis un certain temps déjà…

      • Il se trouve que j’ai bossé un certain temps dans la presse.
        Les Journalistes ont une « clause de conscience » qui leur permet de partir avec de solides indemnités en cas de changement d’actionnaire/de ligne éditoriale.
        Cette clause ne s’applique pas aux autres salariés (commerciaux, RH, compta…) ce qui m’a toujours laissé rêveur

  • Si les journalistes du JDD ne se sentent pas « à l’aise » avec la nomination de Geoffroy Lejeune comme rédacteur en chef de leur journal, ils n’ont qu’à démissionner comme Charlotte d’Ornellas vient de le faire en quittant Valeurs Actuelles. Cette jeune femme remarquable par son honnêteté intellectuelle, la qualité de son travail et son courage, devrait être un modèle pour tous.
    .
    Par ailleurs je ne vois pas le mal que la direction du JDD passe « à droite ». On sait bien qu’en France les media sont dans leur écrasante majorité des organes « de gauche ». Ce changement est seulement une timide évolution vers un équilibre rêvé mais encore très lointain (hélas!).
    .
    Un libéral ne peut que se réjouir de la pluralité d’opinion et regretter les comportements d’une gauche sectaire qui veut la contenir enfermée dans les limites très étroites de sa seule compréhension intolérante du monde.

    12
  • JDD est un organe de presse privé comme l’est Valeurs Actuelles. Donc, comme VA, le propriétaire de JDD a parfaitement le droit de recruter les cadres qu’il veut, n’en déplaise à la ministre de la culture, à la macronie et la NUPES. C’est à ce prix qu’il subsistera en France une liberté de la presse : les lecteurs, selon le cas, achèteront ou n’achèteront pas ce qu’il leur plaît ou ce qu’il ne leur plaît pas.

  • Les journalistes de JDD ont raison. Pas de vérités à défendre mais des propagandes faciles à divulguer… On n’a personne à gêner ou surprendre et aucun retour de manivelle à craindre. Sous le couvert de quelque indépendance, il n’y a pas de piges plus cool que macérées dans une pensée de gauche.

    -1
    • Avatar
      jacques lemiere
      29 juin 2023 at 19 h 24 min

      raison sur quoi au juste?

      je ne crois pas, il ya une fausse idée du journalisme je crois.. qui tend par exemple à laisser
      à penser aux journalistes qu’ils ont des gens spéciaux… tout de même il ya un un code déontologique!! non mais..il ya des écoles…

      sauf que…en vérité n’importe quel clampin peut créer un journal..et essayer de le vendre.

      ne riez pas..ça marche en ligne..

        • il ya des lois en france qui disent si vos êtes un journaliste vous pouvez dire ceci être là, taire ceci..non valables pour une autre personne… il ya une lutte pour les privilèges à mener..

          « nous ne sommes pas des citoyens ordinaire au point de vue des libertés individuelles..  »

          à mon opinion ça tend aussi à a favoriser l’accpetance dans les médias de lois limitant la liberté d’expreesion pour les gens de base.. il faut écouter ce que dit taddei…
          en gros ce système m’est intellectuellement confortable donc il est acceptable.

      • C’était ironique mais je suis maladroit…

  • Assez d’accord avec ce constat même si V.A. comme CNews s’enferment dans des thématiques qui ont été celles du FN pendant des années… faisant de leurs chroniqueurs des cibles parfaites des gauchistes de tout poil.

    • Ce n’est parce que des thématiques ont été abordées par le FN pendant des années, qu’il ne faut pas les aborder! L’étiquette FN n’est pas le fer rouge de l’infamie.
      .
      De toute façon le problème n’est pas le FN, le problème est la « eFeNisation » de toutes sortes de thématiques portées par la droite qui de ce fait sont diabolisées.
      .
      Par ailleurs le FN a « le dos large ». Ici on parle de Geoffroy Lejeune. Il n’est pas porte-parole du FN et il n’a pas de proximité avec le FN mais avec Reconquête. Pour être encore plus précis, Reconquête n’est pas le FN et le FN n’est même plus le FN mais est devenu le RN, ce qui signifie quand même quelque chose (même si pour le libéralisme c’est plutôt moins bien).

  • Le plus grave est quand même que la Ministre en exercice ose se mêler des choix éditoriaux !
    C’est une dérive inacceptable, une honte, une vraie atteinte à la démocratie.
    Elle devrait être virée.
    Mais comme c’est pour attaquer le « mauvais camp », le silence des bonnes consciences est assourdissant !

  • On apprend de plus en plus que la liberté absolue n’existe pas, et qu’il faut l’extraire chaque jour et la défendre.

  • Les commentaires sont fermés.

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