Lettre à la présidente de la Commission européenne

La Commission européenne doit préparer une réforme de fond dont les deux priorités sont la lutte contre le changement climatique et la sécurité d’approvisionnement.

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Ursula von der Leyen by EU2017EE(CC BY 2.0)

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Lettre à la présidente de la Commission européenne

Publié le 30 mars 2023
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Lettre ouverte d’un simple citoyen d’un État membre de l’Union européenne, à Madame Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne.

 

Madame la Présidente,

En tant que simple citoyen de l’Union européenne (UE), je vous demande de bien vouloir modifier la politique énergétique de la Commission européenne, actuellement fondée sur un parti pris idéologique antinucléaire afin de la recentrer vers deux priorités :

  1. La diminution de la consommation des énergies fossiles pour lutter contre le réchauffement climatique, grâce principalement à un nucléaire durable ;
  2. La sécurité d’approvisionnement des États membres de l’UE.

 

En effet, alors qu’un consensus s’est établi en Europe pour utiliser l’électricité à la place des énergies fossiles partout où cela est possible afin de décarboner nos sociétés, les actions engagées au niveau européen ne sont pas à la hauteur des enjeux. L’idéologie antinucléaire de quelques organisations et Etats membres l’emporte sur l’efficacité pour maîtriser les émissions de CO2, relancer l’industrie, et prendre en compte l’intérêt du citoyen européen.

Ainsi, contre toute logique, le projet de Delegated Act on hydrogen de la Commission européenne centre la politique électrique européenne sur un développement exclusif, massif et coûteux des énergies renouvelables intermittentes (EnRI) qui conduira à de graves problèmes industriels et à des désordres sociaux.

Pour éviter ce désastre, des réformes structurelles doivent être mise en œuvre rapidement. Il s’agit de développer la production d’électricité nucléaire durable bas carbone, économique, et disponible en continu au niveau requis, en substitution aux énergies fossiles.

 

Trois dossiers à traiter

Trois dossiers actuels de la politique énergétique de la Commission européenne doivent être traités :

Dossier n°1 : L’hydrogène et l’électricité nucléaire décarbonée

Le Projet de Règlement Délégué (publié par la Commission en février 2023) proposant des règles pour la production d’hydrogène par électrolyse (nécessitant beaucoup d’électricité) est ambigu.

Il évoque bien (Article 4 point (2)) la possibilité d’une production bas carbone d’hydrogène à partir d’électricité d’origine nucléaire. Mais, le point (a) de cet article indique « par des installations produisant de l’électricité renouvelable »… et le nucléaire n’en fait pas partie !

En effet, le nucléaire ne figure pas dans la liste des installations produisant de l’électricité renouvelable !

(L’Article 2 point (3) renvoie à l’Article 2 point (1) de la Directive UE 2018/2001 qui établit cette liste exhaustive…).

Cette situation ambiguë provient de l’incapacité de la Commission européenne à se prononcer clairement en faveur du climat, et donc du nucléaire. Toute proposition concernant le climat devrait prendre en compte en priorité le caractère décarboné de la production d’électricité nucléaire.

Or, ce n’est pas la ligne de la Commission européenne qui privilégie systématiquement les productions renouvelables intermittentes alors que la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la plupart des pays européens qui ont fait ce choix est médiocre.

Pourtant, en vertu du principe de subsidiarité du Traité de l’Union européenne (Article 5, paragraphe 3), le choix des technologies à exploiter est du ressort des États membres en fonction de leurs ressources, et non de la Commission européenne.

 

Dossier n°2 : sortir des paris hasardeux

La Commission européenne tourne le dos à ses engagements climatiques et s’enferme dans des paris technologiques hasardeux et coûteux.

L’hostilité constante de la Commission et d’une minorité de pays vis-à-vis du nucléaire a contraint onze États membres, à l’initiative de la France, à présenter au Conseil de l’Énergie une déclaration rappelant la nécessité d’une prise en compte du nucléaire comme contributeur essentiel à un futur mix énergétique bas carbone.

Le nucléaire actuel et le nucléaire durable de quatrième génération utilisant 100 fois mieux la ressource uranium devraient être présents dans toutes les réglementations européennes en faveur du climat.

Or, il en est actuellement absent.

 

Dossier n°3 : La réforme du marché de l’électricité

La réforme partielle du marché de l’électricité en préparation se focalise sur l’incapacité du marché à donner des signaux de long terme pour les investissements intensifs en capital (nucléaire et renouvelables). C’est bien mais c’est insuffisant.

En effet, l’organisation du marché européen nécessite une réforme de fond compte tenu de la diversité des moyens de production de l’électricité et de leurs coûts très différents d’un pays à l’autre.

L’actuelle organisation du marché n’est pas satisfaisante car elle est inéquitable. Elle conduit à faire supporter les conséquences économiques désastreuses résultant des mauvais choix de certains État aux autres pays membres. Les impacts du prix du gaz doivent être contrés par des moyens autres que par des « chèques énergie », et la priorité d’accès au réseau électrique accordée aux EnRI doit être supprimée.

En effet, le « coût marginal nul » annoncé des EnRI ne prend pas en compte les coûts supplémentaires associés à la compensation de leur intermittence, actuellement supportés par les producteurs utilisant des moyens pilotables, ni les surcoûts du réseau liés à la décentralisation de la production et payés directement par les consommateurs.

Or, ces coûts supplémentaires volontairement masqués et ignorés deviendront de plus en plus importants avec la mise à l’arrêt de dizaines de centrales à charbon/lignite et même nucléaires. Cette évolution diminuera la pilotabilité du mix électrique et augmentera les besoins de compensation par tous les autres moyens pilotables coûteux (gaz, stockages par batteries, effacements, flexibilités, etc.). Ces coûts supplémentaires devraient s’ajouter aux coûts directs des moyens intermittents.

 

En conséquence…

Pour une transition énergétique réussie vers une société décarbonée, la Commission européenne doit préparer une réforme de fond dont les deux priorités sont la lutte contre le changement climatique et la sécurité d’approvisionnement.

À cet effet, il est nécessaire de développer massivement une électricité décarbonée pilotable, compétitive et européenne fondée essentiellement sur l’hydraulique et le nucléaire de transition avec la troisième génération en développement, puis durable avec la quatrième génération.

L’ambition européenne doit évoluer vers une politique conforme à l’Article 194.2 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne, et au Traité Euratom. La Commission européenne ne doit plus se laisser manipuler par la politique antinucléaire aveugle de quelques États membres qui met en danger l’unité européenne.

J’espère, madame la Présidente, que dans un souci de gestion durable des ressources et de préservation de l’environnement vous serez sensible à ce plaidoyer pour le nucléaire actuel et futur à l’échelle européenne qui aidera la transition énergétique vers la décarbonation de l’économie, et que vous corrigerez la situation actuelle afin de restaurer la crédibilité de la Commission européenne.

Je vous prie, madame la Présidente, d’agréer, l’expression des respectueux hommages d’un simple citoyen européen.

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  • Cet article résume tout cependant aucun écho en france dans les journaux mainstream et les JT, cette femme est nocive.
    https://lecourrier-du-soir.com/coup-de-theatre-von-der-leyen-vient-detre-totalement-blanchie-pour-son-role-dans-les-contrats-covid-signes-avec-pfizer/

  • Le vrai problème c’est que le pseudo changement climatique dû aux émissions humaines de CO2 est une grosse blague. C’est la plus grosse escroquerie scientifique du début du XXIe siècle. Chaque micro événement climatique qui va dans le sens d’un réchauffement est amplifié au centuple dans les médias.
    Cela dit, il y a un vrai sens à développer la filière nucléaire pour assurer un approvisionnement fiable, pléthorique et bon marché de notre électricité, que ce soit sans émissions de CO2 est vraiment accessoire.
    Les variations de l’orbite terrestre, dus à l’attraction de Jupiter et Saturne sont beaucoup plus crédibles pour les changements climatiques terrestres. Quant aux changements dit rapides. Il existe beaucoup d’exemples dans les millénaires proches de nous et dans les deux sens refroidissement ou réchauffement. Il y a toujours eu des sectes pour faire peur aux gens en leur promettant le salut éternel. Ce sont des professionnels de la manipulation intellectuelle.
    Et en supposant que ce soit vrai, les mesures préconisées ne changeront absolument rien. Au fur et à mesure que l’on avance les données scientifiques finiront par prévaloir, mais avec l’endoctrinement des plus jeunes, ça va être compliqué de faire admettre la vérité.

  • Et lui conseiller de retourner à l’école ? pour revoir les bases de l’économie, de la physique, mais aussi de la démocratie ! qui l’a élu ?

    • Le Parlement Européen. Et qui a élu le Parlement Européen ? Ou plus exactement, qui a approuvé l’existence d’un Parlement Européen ? Le Conseil Européen…

  • inutile d’écrire à cette dame : on la vire et on la juge, ainsi que nos gouvernants qui ne s’opposent surtout pas à elle (via le conseil de l’Europe).

  • j apprécie toujours vos contributions ;celle ci ne me fera pas changer d’avis.Quelques remarques . vous vous inscrivez dans la démarche de la » transition énergique verte  » je ‘pense comme un commentateur que tout ceci est bien aléatoire; bien précipité,
    faux scientifiquement ( co2 cause principale sinon unique ) Néanmoins, je vous suis bien, car penser que madame Von der Leyen change d ‘avis; est un non sens car elle est là pour cela et soutenir L’ONU qui a monté toute cette histoire de fin du monde..? donc il faut jouer avec sa rhétorique ; finalement elle veut garder les financements européens sur du vert certifié Allemagne /Von der Leyen et PAS sur le nucleaire. Ca veut dire que la France devra trouver le financement de son développement nucléaire supposé . J’ai un doute sur nos finances, les nominations en ‘interne aux postes des opposants affirmés au nucléaire .. Et si Macron qui insiste aussi sur le développement massif des éoliennes s et des panneaux solaires ( A acheter à l’étranger) finalement de concert ,en sous main ,avec madame Von der Leyen n était pas en train d’achever notre filiale nucléaire ? ( a travers les dernières enquêtes publiées sur le passé , on a appris ,comment madame Voynet avait agi contre son pays par manipulation et l’aide de nos amis » Grands Bretons », ;au nom de son idélologie ;Le cas ou une autre majorité se reconstituerait autour des actuels alliés et opposants à Macron ; vu la pointure des leaders et leurs passés , on peut légitimement être inquiet. Question subsidiaire , si effectivement aucune aide européenne n’aboutit pour le nucléaire , ne pourrait ton sortir des placards l’interdiction de prospecter ,exploiter , nos ressources potentielles en gaz. et pétroles nationaux.A ce sujet vous avez du voir les trouvailles toutes récentes de gaz de petrole et gaz., en Tunisie .on peut penser qu au large de Marseille c’est pareil ( c’est ce que pensait une compagnie americaine jusqu à ce que NKM ne lui coupe le sifflet) Il semble bien que toute l la méditerranée soit un champ majeur d’énergies fossiles ; sommes nous condamnés à importer du gaz liquide de partout dans le monde ;en quoi cette importation changerait l’ état de la planète?

    • Tant que Macron n’aura pas amendé la loi sur la transition énergétique qui doit ramener la production électronucléaire à 50% de la production électrique en France et fermer un certain nombre de centrales je ne croirais pas à son prétendu revirement en la matière.

  • On n’est pas sorti de l’auberge : le gouvernement Borne prépare un nième plan unjeunes (bourses, aides au logement, permis de conduire à 17 ans,etc). parmis les mesures annoncées un « Toeffl », donc un examen sur les connaissances écologiques et climatiques, en gros un permis de bon citoyen ecoconscientisé non tenté, capable de maîtriser l’écriture inclusive et de lire l’étiquette nutriscore sur les paquets de plats préparés . On voit d’ici les manuels style permis de conduire pour se préparer à l’examen. On voit surtout, à l’instar du petit livre rouge de Mao ou de petit livre vert de Kadhafi, des millions de jeunes bacheliers à 99,9% déclamant le catéchisme écolo bien pendant, tout en ne sachant pas écrire sans fautes, ni faire la moindre règle de trois. Ce sera le petit livre bleu.

  • Avatar
    jacques lemiere
    30 mars 2023 at 17 h 28 min

    lutter contre le changement climatique… collectivement… non…

    gestion « durable  » des ressources. et de l’environnement.. ben voyons… par qui???

  • J’aimerais pouvoir signer votre lettre. Sinon, comment puis-je faire pour soutenir votre démarche avec laquelle je suis en parfait accord?

  • « En tant que simple citoyen de l’Union européenne (UE) ». Elle s’est arrêtée de lire là. Vous n’êtes pas de ceux qui lui ont permis d’arriver à son poste, ni de ceux qui lui permettra d’avoir son prochain poste. Elle est non élue je rappelle, votre voix compte pour zéro, et pour elle c’est ce que vous êtes.

  • Comment peut-on parler de priorité à la lutte contre le changement climatique quand l’UE qui ne contribue que pour moins de 10% des émissions mondiales de CO2 (*) n’a aucun moyen de pression sur les autres puissances ? Si il s’agit de montrer l’exemple aux autres, ce sera une fois de plus du wishful thinking, de la politique bisounours, une politique d’aveuglement hypocrite. Ce même genre de politique qui n’est d’ailleurs pas pour rien dans les origines du conflit actuel aux portes de l’Europe.
    (*) si tant est que les émissions en question soient le facteur déterminant du réchauffement actuel, mais soit;

  • Les commentaires sont fermés.

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