Fonction publique : la réforme en six points

La réforme de la fonction publique doit s’inspirer directement de l’enseignement de Joseph Schumpeter.

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Fonction publique : la réforme en six points

Publié le 28 avril 2021
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Par Claude Goudron.

Nul ne conteste aujourd’hui que la fonction publique française dysfonctionne. Le diagnostic est fait : pléthorique, intouchable, mal équipée et défaillante. Elle est un monstre d’inefficacité.

Nos hommes politiques s’accordent majoritairement sur ce diagnostic mais baissent les bras devant une réforme d’ampleur difficile à mettre en œuvre.

 

Fonction publique : état des lieux

Le pays compte 5,526 millions d’agents publics.

Cet effectif a augmenté de 40 % depuis François Mitterrand. On peut lui ajouter plus de un million de salariés d’associations subventionnées par l’État et liées à lui.

Le temps de travail d’un fonctionnaire français est de 30 % inférieur à celui d’un fonctionnaire allemand sur la durée de son parcours professionnel.

Nous pouvons estimer donc le sureffectif à deux millions de fonctionnaires, dont 1,5 équivalent temps plein dû au temps de travail effectif.

Durant toute sa vie active et sa retraite payées par les impôts, un fonctionnaire coûte à la collectivité 3,5 millions d’euros. Depuis 1980 la somme astronomique de 7000 milliards d’euros aurait pu être économisée sans pour autant entraver le bon fonctionnement du pays, voire même en l’améliorant sensiblement.

La réduction impérative du nombre de fonctionnaires est indispensable et évoquée par la plupart des dirigeants. Pourtant leurs effectifs continuent à augmenter !

Le statut de fonctionnaire vient largement en tête des situations de rente dénoncées par tous les économistes responsables.

 

Le constat

Cette situation mène le pays tout droit à la catastrophe, et c’est un miracle si elle n’a pas encore eu lieu. L’évènement d’ampleur subi depuis une année ne peut donc que la provoquer plus rapidement : la facture s’élève actuellement à 424 milliards d’euros.

Voici quarante ans que la France vit dans cet état de crise. Plus les réformes indispensables sont repoussées plus le remède devra être conséquent, soit à l’initiative du gouvernement, soit imposé plus violemment par les partenaires européens appuyés par la Banque centrale.

 

Schumpeter à la rescousse

En économie, le processus de destruction créatrice exposé par Joseph Schumpeter a fait largement ses preuves d’efficacité.

Il faut donc créer une nouvelle structure qui inclura les technologies modernes qui apporteront les gains de productivité écartés jusqu’à maintenant.

D’autres pays l’ont fait avec succès.

La Suède, dont le modèle social reste une référence.

Le Canada était en 1993 dans une situation proche de la nôtre. Grâce aux réformes menées par Jean Chrétien à la tête du pays jusqu’en 2003, puis de son successeur et ex-ministre des Finances Paul Martin, le pays est passé d’un déficit de 38,5 milliards de dollars canadiens à un excédent de 13,2 milliards.

L’Estonie, petit pays du nord de l’Europe est sorti du giron soviétique et a tablé sur une administration largement informatisée comptant seulement 4 % de la population active, contre 25 % pour la France.

L’Allemagne compte seulement 1,5 million d’emplois avec le statut de fonctionnaire.

 

La réforme de la fonction publique en six points

Réforme du statut de fonctionnaire

Le limiter aux strictes fonctions régaliennes en appliquant comme en Suisse une succession de CDD de cinq ans renouvelables.

Privatisation des services administratifs

Tous les postes administratifs, y compris pour une majorité de la fonction régalienne, doivent relever du secteur privé afin d’éviter les dérives connues et mises en évidence par la crise sanitaire actuelle.

Fin du statut

Le fonctionnaire ne doit plus disposer d’un statut spécial et doit être astreint au même régime que le privé : horaires de travail, départ à la retraite et autres avantages.

Fin des privilèges

Ils doivent être tous abandonnés dans les deux années suivant la réforme et sans attendre la fin de carrière des agents en poste.

Fin de la promotion à l’ancienneté

Elle doit être remplacée par une promotion au mérite accompagnée d’une rémunération incitative.

La transition sera difficile pour certains mais elle s’impose faute d’avoir fait les réformes progressivement durant les vingt dernières années. À moyen terme, les fonctionnaires seront les grands gagnants avec un métier beaucoup plus passionnant et un plan de carrière basé sur leurs seuls mérites.

Suppression de l’ENA

L’accès à la haute fonction publique ne doit plus se faire par classement mais par une obligation de formation de cinq années minimum sur le terrain et d’une nouvelle évaluation à la sortie basée sur l’expérience acquise et la capacité réelle à assumer le poste.

 

Mise en place d’un contrôle indépendant

Comme tout projet d’envergure, un contrôle sérieux devra suivre sa mise en place. Il doit également être évalué tout au long de son parcours par un organisme totalement indépendant.

En deux années les résultats devraient être là. Le pays redeviendra une nation moderne, sûre d’elle et qui tiendra le rang qu’elle n’aurait jamais dû quitter !

 

Les sanctions

La réussite de ce projet dépend de son application d’une main ferme et non tremblante. Elle fera des mécontents à l’initiative de démonstrations souvent musclées. C’est pourquoi un système de sanctions devrait accompagner cette réforme indispensable.

La seule sanction efficace serait financière. Toute manifestation sera interdite, toute tentative de faire échouer le projet sera sanctionnée par un licenciement immédiat et sans indemnités dans l’intérêt majeur du pays.

Il aurait pu en être autrement mais la lâcheté et l’incompétence des dirigeants depuis Mitterrand ne l’ont pas permis.

Voir les commentaires (21)

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  • Ne pas oublier les retraités de la ponction publique.

  • Attendre que le cancer ait métastasé pour commencer à envisager de peut-être regarder la possibilité d’éventuellement le traiter décrit correctement la situation administrative de la France

  • et ne pas oublier que les fonctionnaires sont des électeurs …..et qu’ils sont nombreux…..et que pour les politiciens , garder le pouvoir et plus important que d’assurer un avenir plus sain au pays ….après eux le déluge quoi…

  • Bien d’accord mais bon courage…

  • J’aime bien le côté sanction. C’est nouveau et bien égalitaire avec nous autres.
    BRAVO

  • La Cour des comptes dénonce les dérives publiques depuis des années dans des rapports fort documentés. C’est la seule juridiction dont les jugements n’ont pas de force obligatoire, qu’attend-t-on ?

  • Une baisse minimale des effectifs d’un million serait la bienvenue, mais personne n’ose en parler .

  • Excellent programme!
    Où faut-il signer?

  • Beau rêve qui ne se réalisera probablement jamais sauf en cas de cataclysme mondial!

  • Super, mais malheureusement trop Bisounours. 5,5 millions de fonctionnaires et autant d’avantages fiscaux à supprimer tous. 5,5 millions qui font peser un perte de chance énorme sur les employés du privé qui peuvent se faire éjecter sans préavis et dont les indemnités ne compenseront jamais celles touchées durant toutes leurs carrières par les fonctionnaires ; et donc alignement des « opportunités » financières des fonctionnaires sur celle des privés.
    Comment, Mitterand a réussi à faire croire pendant ses deux à trois pauvres années de début de règne qu’il était social. En tuant le chômage par embauche massive de fonctionnaire. Vous avez bien lu : 40 % en plus !
    Mitterand a donc contribué à la désindustrialisation de la France en dérivant vers le public 40 % de la force de travail !
    Les socialistes ont donc transformé en « industrie » l’embauche des fonctionnaires, bien aidés par en cela par les collectivités locales qui ne sont bonnes qu’à gérer la rente du béton… et la manne des salaires des employés.
    Ne sachant comment industrialiser, ils ont donc « collectivisé ». Une grande partie du PIB français est géré par un « crypto-collectivisme » qui ne dit pas son nom… situation rentable aussi par la droite dite de « gouvernement ».

  • Quel beau Yaka !
    – Sans relever les inepties de facilité proposée ici, je noterai une contradiction entre le fait de demander que les fonctionnaires travaillent plus, alors qu’ils pourrissent la vie de tous les français dans toutes leurs démarches par leur activisme réglementaire.
    L’auteur ne fait que ressasser des lieux communs comme le travail insuffisant des fonctionnaires, en amalgamant, que dit-il des personnels hospitaliers placés devant des malades ? Sait-il que le temps de travail des enseignants (ces « fainéants) est défini de la même façon depuis 1959, lorsque la durée légale était de 44 heures par semaines ?
    Sait-il qu’il y a un bon nombre de fonctionnaires arrivistes qui ne comptent pas leurs heures (et pour cause…), lesquels ne demandent qu’à faire travailler plus le bétail qui leur est soumis.
    Et comme indiqué plus haut, ces arrivistes pourrissent notre économie en la soviétisant.
    Les solutions sont complexes, systémiques, il faut détruire les sources de l’étatisation française, alors, privatiser, oui, mais si on introduit de la concurrence. Par contre, si on transforme le statut des fonctionnaires en un contrat de soumission à des opportunistes carriéristes (i.e. tous ceux qui montent dans la fonction publique), alors on construira un enfer, on attirera des faibles ou des opportunistes qui se constitueront une forteresse syndicale !

    • Re- j’espère que c’est pas à moi qu’est adressé la remarque « les inepties de facilité proposées ici.. ». Glups ! Les fonctionnaires ne sont pas en cause. C’est le système socialo qui l’est. On ne peut menacer le travail de millions de fonctionnaires après coup. Ce serait trop fort. On peut juste leur demander de participer mieux à l’effort collectif. C’est toujours possible.

    • De tout façon, on ne peut privatiser, ni la Justice, ni l’Armée, ni les forces de l’ordre. De toute façon, ils font le job.
      Et c’est vrai que démolir le statut des fonctionnaires, risque non seulement d’en faire des victimes de leurs « supérieurs », mais encore d’augmenter le chômage. Ah, Mitterand quant tu nous tiens, tu nous tiens bien. Et que dire de la droite de « gouvernement » qui a tout avalisé ?

  • « La seule sanction efficace serait financière. Toute manifestation sera interdite, toute tentative de faire échouer le projet sera sanctionnée par un licenciement immédiat et sans indemnités dans l’intérêt majeur du pays »
    Voilà un beau programme totalitaire…

    • Si vous avez une autre solution je suis preneur 20 ans que l’on remet à plus tard les réformes que tous les autres pays européens ont mis en place.
      On attendra pas 20 ans supplémentaires, le FMI interviendra bien avant sinon et ce sera beaucoup plus violent que ce que je propose

  • « Fin de la promotion à l’ancienneté
    Elle doit être remplacée par une promotion au mérite accompagnée d’une rémunération incitative. »
    Facile, mais le mérite dans une production administrative, sans évaluation de client, sans concurrence réelle, cela s’appelle du copinage ?

    • Dans l’univers fonctionnaire, le promotion au mérite, c’est la porte ouverte aux abus des « petits chefs » comme des « grands chefs ». Cette univers ne peut organiquement fonctionner comme le secteur privé.

  • Il est impossible de baisser le nombre de fonctionnaires. Il n’y a pas une personne dans mon entourage étendu qui en parle, au contraire, les gens disent qu’il faut embaucher. Et pourtant, j’ai des gens de tous les horizons politiques. Quelques mecs à droite en parlent à part pour ce qui les concerne:+ de profs, + de personnel de santé…

  • Les commentaires sont fermés.

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