Plan Vélo : la logique bureaucratique à l’œuvre jusqu’à l’absurde

Plutôt que de vouloir tout planifier, pourquoi ne pas laisser les individus libres de prendre les transports qui leur conviennent le mieux ?

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Plan Vélo : la logique bureaucratique à l’œuvre jusqu’à l’absurde

Publié le 28 mai 2020
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Par Frédéric Mas.

Elisabeth Borne l’a annoncé lors d’un entretien : l’État prévoit de tripler le budget consacré à la pratique du vélo, le portant de 20 à 60 millions d’euros, le tout afin d’inciter les Français à ne pas choisir de reprendre la voiture pour éviter les transports en commun. Cette annonce suit de quelques jours le plan automobile d’Emmanuel Macron, destiné à aider la filière automobile en lui enjoignant de pousser à la création et à la vente de « véhicules propres ».

C’est l’occasion pour beaucoup de découvrir que l’État consacrait déjà 20 millions au vélo, et que les comptes publics étaient suffisamment solides pour investir 40 millions de plus à ce véhicule certes sympathique mais dont l’usage se limite aux hypercentres des grandes villes de ce pays.

Alors que nous nous préparons à affronter l’une des plus grandes récessions depuis les années 1930, et que la pression fiscale a rendu notre modèle social totalement atone, que les fonctions régaliennes de l’État sont en ruines, le gouvernement choisit donc de s’endetter un peu plus pour subventionner la filière vélo, et tout ça pour éviter que les Français se tournent vers l’automobile qu’il a pourtant choisi de sauver « en même temps ». En effet, l’État va consacrer 8 milliards à la filière automobile, et 5 milliards de prêt garanti pour Renault.

Le plan de l’État contrarié

Bien entendu, il y a l’excuse du confinement et déconfinement : si la crise sanitaire n’avait pas fait dérailler le pays, c’est assez paisiblement que l’État aurait continué sa guerre contre la voiture et sa politique du tout transport en commun.

Ce plan vélo illustre jusqu’à l’absurde la logique bureaucratique, qui se traduit toujours de la même manière, à savoir l’accroissement des budgets publics pour instituer des administrations, des certifications et des expertises d’État dont on aurait très bien pu se passer ou pour faire grossir des administrations déjà existantes en leur donnant de nouvelles raisons d’exister.

Nous apprenons ainsi qu’existait un « Fonds mobilités actives-Continuités cyclables » depuis 2018, qui arrosait en 2019 sociétés et collectivités locales à hauteur de plus de 40 millions d’euros. Les 20 millions du plan vélo servaient quant à eux à l’origine à financer des aides à la remise en état d’un vélo, « au sein d’un réseau référencé de réparateurs, répertoriés sur le site internet de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) et une plateforme dédiée. »

Mais il faut aller plus loin dans l’institutionnalisation du vélo, qui doit être pris au sérieux, c’est-à-dire suffisamment étatisé pour que les Français le préfèrent à la voiture. Élisabeth Borne a ainsi déclaré il y a quelques semaines qu’allait se créer une « Académie des métiers du vélo » « en réponse à la demande croissante en réparations ». Il fallait donc que l’État consacre par un diplôme et une institution d’enseignement le bricolage sur bicyclette en les justifiant par une demande qu’il a lui-même artificiellement créée. Tout cela aurait bien fait rire le regretté Philippe Muray.

Un retard insupportable

Mais nos édiles bureaucratiques ne s’arrêtent pas là. Subventionner le vélo répond aussi à la nécessité de rattraper notre retard par rapport à nos voisins européens, en particulier l’Allemagne, cet éternel premier de la classe. La France est en dessous de la moyenne européenne quant à sa pratique de la bécane, et c’est insupportable, surtout quand on sait, comme l’a rappelé la ministre des Transports, que « 60 % des déplacements font moins de 5 kilomètres ».

Depuis un ministère, la France est une immense zone urbaine où les déplacements d’individus aux comportements statiques se font sur des lignes droites et accessibles aux vélos et aux trottinettes, avec des supérettes à chaque coin de rue pour permettre de transporter ses courses dans un cabas négligemment jeté sur son guidon. Dans le vrai monde, 90 % des Français se déplacent en voiture car ils ne vivent pas à Paris ou dans une métropole, que les routes ne sont pas adaptées (vous avez déjà essayé de traverser une autoroute à vélo, vous ?) et que c’est plus pratique pour transporter des courses ou partir en vacances. En plus, la moitié du temps, il pleut.

Plutôt que de vouloir tout planifier, tout micromanager comme le rappelait H16, pourquoi ne pas laisser les individus libres de prendre les transports qui leur conviennent le mieux ? Pourquoi ne pas laisser l’industrie du vélo tranquille ? Après tout, elle s’en sortait bien toute seule, sans cet argent public que l’État n’a pas et qu’il emprunte aux générations futures. Avons-nous vraiment besoin d’un diplôme pour changer un pneu crevé ? Pourquoi certifier par l’État des réparateurs de vélos plutôt que d’autres au lieu de laisser faire le marché ? La réponse est toujours la même : la politique et son aile marchante la bureaucratie ne serait plus justifiée à étendre son empire sur la société civile.

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  • décidément au sommet de l’Etat ils ont un petit vélo … dans la tête

  • Elle dépasse les bornes, mais elle ne sera pas prise pour une conne si elle impose le vélo de fonction pour elle et tous les ministeres, suppression des voitures de fonction à Paris.

  • Ahurissant. Le clientélisme ne connaît plus de « borne ».
    Les Ubus qui plombent la France depuis des décennies nous bassinent aussi avec la pollution.
    Curieusement il ne leur vient pas à l’esprit de commencer par réglementer la taille des voitures thermiques et les deux-roues pétaradants. Non il vaut mieux pour un pays en faillite subventionner des véhicules électriques hors de prix, moins pratiques, au bénéfice écologique douteux au moment où le prix du pétrole et du gaz dont la ressource est péthorique, sont au plus bas et où les moteurs thermiques deviennent de plus en plus propres !

    • Les subventions des V.E. est une atteinte au libre choix de chacun, tous comme d’ailleurs une réglementation de la taille des voitures thermiques . Quand aux 2 roues pétaradants,il suffirait de faire appliquer les lois existantes pour régler le pb . Ce n’est pas à l’état d’éduquer les gamins, c’est l’affaire des parents, quand ils auront payé 2 prunes il décideront peut-être de s’occuper de leur marmaille

  • A vendre : vélo récemment révisé et graissé, prix 50 euros.

  • Moi à partir d’aujourd’hui je veux que l’on m’appelle le RAOULT du cycle.
    Pensez donc je sais régler des freins à patins, je répare les chambres à air crevée, je dévoile les roues, je règle la hauteur de votre selle en 2 coup de clef.
    Bientôt BFM et C8 viendront filmer et commenter ma rencontre avec Monsieur le président assisté de tout son staff de ministres engagés dans le redressement spectaculaire de notre beau pays.
    Arrêtez je bande.

  • Résultat : 67% des français ne veulent pas faire d’effort pour relancer la machine économique ; normal car la plupart des bureaucrates évoqués n’en voit pas l’intérêt et nos technocrates ne vont pas les bousculer puisqu’ils sont leurs agents !!!!

  • Le futur de l’industrie Française ? Des associations retapant des mobylettes Peugeot destinées à des chômeurs devant se rendre chez Paul qui n’a pas d’emploi.

  • Ça pourrait être le récit d’une histoire de Coluche. J’imagine que le « monde d’après » imaginé par certains à commencer par Macron est de vivre dans une gigantesque blague. Malheureusement, la chute d’une blague est rarement digne d’un happy end mielleux. Mieux vaudra donc en être les spectateurs, plutôt que les acteurs

  • On dirait un sketch sans rire.

    Formation de mise ou remise en selle. On croit réver.

    Et cette fois-ci. L’Allemagne serait un exemple à rattraper.

    • Avec la France du tout TGV…
      À quand un ou des espaces Vélo dans les TGV ?
      Jadis, on pouvait faire une partie de son trajet en train et y charger son vélo, beaucoup d’ouvriers (ou touristes) utilisaient ce service.

      • D’accord avec vous. Dans les TER, ya moyen par contre. Et vaut mieux se déplacer dans un train français avec son vélo que dans un train belge.

    • Rattraper ? En vélo ?

      Des 911, AMG ou M3 ?

      En fait, ça reflète bien la situation…

  • il faudrait d’abord une infrastructure adaptée. Je connais deux personnes à vélo qui sont passées chacune sous un camion…

  • Bon ben moi je vais prendre mon 4×4 diesel pour allez acheter mon pain à 300m….

    • De nouveaux filtres diesels détruisent quasi-totalement les NOx qui sont les vrais polluants liés à ce type de moteurs! Vous allez être plus propre que la voiture électrique.

  • et aussi des fonctionnaires et des ressources vont être affectés à cela..à vérifier à punir, à distribuer à prélever .. des gens passeront devant des juges pour une réparation de vélo sans autorisation.. et on aura un ministère des déplacements..

  • Les cycletteurs des Pyrénées et de(s) Savoie(s) demandent une loi d’Urgence afin que les pistes cyclables soient aplaties !
    Un plan de Rasage de la Montagne ou/et un Plan de construction de tunnels (pas ferroviaires) vélotaires doit être budgété… Il suffit de spolier les riches de la plaine !

    • ça me rappelle un canulard du 1er avril sur France Inter, qui affirmait qu’en France sur une étude sérieuse, que les routes avaient plus de montées que de descentes, et donc, pour économiser l’énergie, il fallait remedier à ce problème.
      Le plus drôle, c’était que des représentants syndicaux des travaux publics avaient ensuite appelé FI pour soutenir ce projet…ils n’avaient pas perçu la malice…

  • Je pense qu’un parti qui promettrait de ne rien faire d’autre qu’abroger les plans et lois inutiles/nuisibles/coercitifs/spoliateurs aurait de bonnes chances en 2022…

    • Il est vrai que les Codes existants auraient un grand besoin d’un super nettoyage… mais c’est une œuvre !
      Un travail de longue haleine… Mais qui risque (avec la simplicité) de provoquer du chômage chez les juristes !

  • A quand le financement de la filière cheval avec recyclage du crottin?

  • Libres, vous avez dit libres?
    Quel vilain mot!
    Les bureaucrates français l’ont rayé de leur vocabulaire comme tous ceux qui font référence à la responsabilité individuelle.
    Bientôt, les partisans de la Liberté n’auront plus que la mort pour échapper à ce carcan liberticide:
    « vivre libre ou mourir »!

  • .. »pourquoi ne pas laisser les individus libres de prendre les transports qui leur conviennent le mieux ? »

    Bigre, voilà une proposition dissidente qui risque de valoir le goulag à son auteur.

  • D’habitue, j’aime bien les articles de M. Mas, qui est plus ouvert d’esprit et plus nuancé que les auteurs habituels.
    Mais quand il écrit « l’usage se limite aux hypercentres des grandes villes de ce pays. », c’est vraiment dommage de le voir tellement à côté de la plaque, éloigné de la vérité. C’est dommage. Je l’invite donc à se renseigner sur le sujet, lire sur les dizaines de milliers de vélotaffeurs de province. De plus, quand il écrit que « la moitié du temps, il pleut », c’est faux (archi-faux), et de deux, ben ça n’empêche pas de rouler… je ne parle pas de la drache ou de la tempête. J’invite M. Mas à quitter son bocal de vie et de pensée et venir voir la réalité sur le terrain.
    Concernant le plan du gouvernement français, bon.. les 50 euro pour la remise en état du vélo, là, ok, pas une bête idée. Mais la « remise en selle », là c’est abuser. Faut encourager le vélo, mais faut arrêter de prendre les gens par la main.

    • Ça dissone grave par chez vous.

    • si vous voulez, mais ça ne change rien au fond…pourquoi diable VOULOIR que les gens roulent en vélo?

      en outre il ya une autre façon de faire en sorte que les gens se passent de bagnole pour aller bosser; c’est le logement..

  • Une anecdote d’hier. Ma chère épouse – plus libérale que le plus libéral d’entre nous – est allée faire réparer le vélo de notre fiston. Le réparateur lui propose de bénéficier de « l’aide gouvernementale ». Elle lui répond du tac-au-tac qu’elle ne paye pas des impôts pour ça et s’est acquittée de sa facture de 31€. Ce dont je l’ai félicitée, bien sûr ! On n’est pas des mendiants !

  • Vivement un plan « basket de marque Jordan » parce que les miennes font la tronche.

  • moi je vais travailler à pied ! Quand va-t-on me donner une prime de semelle et lancer le plan-semelle ?

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