Par Brice Gloux.Â
L’accident vasculaire cérébral est défini par l’O.M.S comme « le développement rapide de signes cliniques localisés ou globaux de dysfonction cérébrale avec des symptômes durant plus de 24 heures pouvant entraîner la mort, sans autre cause apparente qu’une origine vasculaire ».
Il s’agit donc d’une perturbation de la circulation sanguine au niveau d’une ou plusieurs zones du cerveau, altérant ainsi différentes fonctions. On distingue deux types d’accidents :
- l’A.V.C dit ischémique (environ 80 % des cas), qui survient lorsque l’un des vaisseaux sanguins est obstrué, notamment par un caillot (c’est pour ça que l’on parle aussi d’infarctus cérébral) ;
- l’A.V.C dit hémorragique, lorsque le sang s’écoule en dehors du vaisseau, suite à la rupture de ce dernier.
Première cause de handicap acquis de l’adulte, il est aussi la troisième cause de mortalité en France, et la première chez la femme, avec près de 33 000 décès chaque année. Aussi, une majorité des personnes touchées garde des séquelles neurologiques plus ou moins importantes au niveau de la motricité (avec risque d’hémiplégie), du langage, de la sensibilité corporelle ou visuelle. Et si 75 % des personnes atteintes d’un A.V.C ont plus de 75 ans, 10 % d’entre elles en ont moins de 45. Autrement dit, ce n’est certainement pas le jour où l’on coche la case senior qu’il faudrait s’en inquiéter.
Les facteurs de risques
En 2010, le journal Lancet a publié une importante étude (INTERSTROKE) portant sur les facteurs de risque d’un A.V.C dans la population non atteinte d’hypercholestérolémie familiale. Les auteurs de cette étude « ont suggéré que 10 de ces facteurs étaient associés à près de 90 % des risques d’A.V.C ». Aussi, ils ont pondéré chaque facteur selon leur prévalence (c’est-à -dire le nombre de personnes qui présentent les divers facteurs de risque), en attribuant à chaque fois la part de risque.
Facteur de risque (1) | Part de risque |
Hypertension | 51,8 % |
Absence d’activité physique | 28,5 % |
Rapport tour de taille/hanches | 26,5 % |
Ratio ApoB/ApoA-1 | 24,9 % |
Tabac | 18,9 % |
Mauvaises habitudes alimentaires | 18,8 % |
Antécédents cardiaques | 6,7 % |
Dépression | 5,2 % |
Diabète | 5 % |
Stress | 4,6 % |
Consommation d’alcool | 3,8 % |
Ainsi, en ciblant la plupart de ces facteurs, on peut considérablement réduire le risque de survenue d’un A.V.C. Avant d’être traitée médicalement, l’hypertension peut éventuellement être améliorée par une meilleure hygiène de vie. Hygiène qui inclut certains autres risques comme :
- cibler l’arrêt/diminution du tabac et de la consommation d’alcool ;
- pratiquer d’une activité physique régulière ;
- consommer 5 fruits et 5 légumes par jours s’interroger sur ses pratiques alimentaires.
Qu’il s’agisse de l’arrêt du tabac ou de la diminution de la consommation d’alcool, aussi difficile que cela peut être, on le comprend. Pratiquer une activité physique régulière, même chose : ne pas rester assis dans un fauteuil toute la journée est déjà une bonne chose ; sortir dehors au moins 30 minutes chaque jour, c’est encore mieux. Pour ce qui est de « l’alimentation équilibrée », là déjà , on touche à ce que je nommais déjà la dernière fois une pensée magique. Mais on y reviendra plus tard, intéressons nous d’abord au ratio ApoB/ApoA-1.
Apolipo ? Quèsaco ?
ApoB & ApoA-1 sont les abréviations de deux protéines distinctes : l’apolipoprotéine B et l’apolipoprotéine A1. Une apolipoprotéine est une protéine permettant, entre autres, de maintenir la structure d’une lipoprotéine. Et les lipoprotéines, vous en connaissez certainement au moins deux :
- le HDL (pour High Density Lipoprotein – ou lipoprotéine de haute densité ), structuré en grande partie par les ApoA-1 ;
- le LDL (pour Low Density Lipoprotein – ou lipoprotéine de basse densité ), que certains charlatans appellent encore le mauvais cholestérol, et qui contient des ApoB.
Bien qu’elles soient essentiellement présentes dans les LDL, d’autres lipoprotéines (VLDL et IDL(2)) contiennent aussi des ApoB.
Si ces deux apolipoprotéines sont mises en avant, c’est parce que les auteurs de l’étude INTERSTROKE ont pu une nouvelle fois observer que « le ratio ApoB/ApoA-1 était un meilleur prédicteur de l’AVC ischémique que le ratio du cholestérol non HDL au cholestérol HDL ». C’est entre autres pour cela qu’un médecin prescrit d’abord un bilan lipidique pour avoir une première vision globale, avant de demander en fonction du résultat obtenu le dosage des apolipoprotéines A-1 et/ou B.
Attention au gras. Ou pas
Lorsque l’on s’intéresse aux messages de prévention hygiéno-diététique permettant de réduire le risque d’AVC, il est donc recommandé de manger « équilibré ».
Sur le site de la fondation-recherche-AVC, l’équilibre de l’alimentation passe par les fruits et les légumes, et la réduction du sel et des graisses. On peut aussi prendre l’exemple d’Ameli, qui suggère en premier lieu que pour un « pour un régime alimentaire équilibré, il faut éviter une alimentation trop riche en graisses ». Même topo sur le site de la fédération française de cardiologie, qui considère que l’alimentation équilibrée se résume en deux points : la régularité et la diversité. Pour qui pour quoi ?
On a le droit à quelques règles simples, comme la portion de cinq fruits/légumes par jour évidemment, qui arrive juste avant la limitation de la consommation de graisses, surtout saturées. Et ce dernier point est d’autant plus intéressant, puisqu’il permet de faire un premier lien vers une étude sortie le 1er octobre dernier. Dans cette méta-analyse d’études prospectives, les auteurs concluent qu’ « un apport plus élevé en graisses saturées alimentaires est associé à une diminution du risque global d’AVC », ce qui va dans le sens d’une des conclusions de la vaste étude nutritionnelle PURE qui avait fait grand bruit il y a deux ans : « Un apport plus élevé en gras saturés était associé à un risque plus faible d’accident vasculaire cérébral ». À l’inverse des recommandations donc.
Ainsi, nous avons des études qui montrent qu’un haut taux d’acides gras saturés n’est pas associé à un plus grand risque d’A.V.C. Nous avons aussi des études montrant qu’un faible taux d’acides gras saturés augmente le risque d’A.V.C ischémique (la dernière étude à ce sujet est parue à la rentrée, bien que cela ait déjà été auparavant documenté). Si nous considérons maintenant que l’hypothèse lipidique selon laquelle la consommation de graisses saturées entraîne les maladies cardiovasculaires et/ou ici cérébrovasculaires est fausse, on peut raisonnablement douter du conseil diététique qui voudrait que l’on mange moins de graisses saturées, d’autant plus si c’est risqué.
Et pour en revenir aux facteurs de risque précédemment cités, c’est d’autant plus intéressant que le ratio ApoB/ApoA-1 est, plutôt qu’un rapport sur le cholestérol, un puissant indicateur de la résistance à l’insuline, donc reliée au sucre. Et si il ne s’agit que d’une association, plusieurs études la relèvent néanmoins.
Enfin, dans cet article de 2017, les auteurs concluent que :
« De nombreuses études ont démontré que l’insulinorésistance (IR) joue un rôle critique dans le développement de l’AVC ischémique, notamment via les mécanismes suivants :
-L’IR peut accélérer l’apparition de l’athérosclérose et faciliter la survenue d’un A.V.C ischémique ;
-L’IR favorise les troubles hémodynamiques dans l’AVC ischémique ;
-L’IR améliore l’adhérence, l’activation et l’agrégation des plaquettes associées à l’AVC ischémique ;
-L’IR amplifie le rôle des facteurs de risque dans l’AVC ischémique ;
-Des études cliniques et des recherches fondamentales ont démontré que l’amélioration de l’IR peut être une mesure utile pour prévenir ou retarder l’AVC ischémique. »
Alors, quoi faire ?
Les régimes minceurs, sauveurs, détox sont légion sur la toile. Ajoutez à cela des études contradictoires (à voir, la vidéo d’Hygiène Mentale à ce sujet), parfois effectuées par des scientifiques idéologiquement biaisés, le plus souvent portées par des journalistes qui n’y comprennent rien, le tout lu par des internautes qui ne s’intéressent le plus souvent qu’aux titres, voire aux chapôs des articles (mais qui ont tout de même un avis tranché sur la question), et cela peut vite devenir compliqué pour qui cherche à s’y intéresser davantage.
De plus, les fake news ne sont pas seulement l’apanage d’Élise Lucet, puisqu’elles pullulent malheureusement aussi dans l’univers de la nutrition et de la santé. Certaines volontaires, dans le but de discréditer le camp adverse (tant chez les carnivores que chez les vegan par exemple) ; d’autres, par ignorance, ou par déni (coucou l’homéopathie), afin de maintenir ses propres croyances.
Et le low-carb n’est évidemment pas épargné. Dernièrement, ce ne sont ni plus ni moins que Henry Joyeux (grand inventeur du régime « cétonique ») et Thierry Casasnovas qui se sont attelés à faire valoir les bienfaits miraculeux du régime cétogène, accompagnés évidemment d’un défilement de bullshit à la pelle – tout du moins dans les vidéos du second ; parce qu’il faut pas déconner, je n’ai pas payé cinq euros pour entendre les élucubrations du premier.
Ainsi, si j’écrivais plus haut qu’il est tout à fait raisonnable de douter du conseil diététique qui voudrait que l’on mange moins de graisses, il est tout aussi raisonnable de douter de ceux qui remettent au cause certains dogmes bien établis, surtout sur Internet, notamment lorsque cela est fait par certains gourous et autres charlatans.
Néanmoins, à qui veut chercher, les pistes existent et avancent sérieusement pour le low-carb, et préférer le gras au sucre comme base énergétique est, au moins d’un point de vue évolutionnaire, loin d’être une ineptie, et pourrait être dans la prévention des AVC une bonne piste pour diminuer un facteur de risque essentiel, l’insulinorésistance.
(1) Ces facteurs de risques étant également associés les uns aux autres, cela explique pourquoi leur somme dépasse les 90 %.
(2) VLDL pour Very Low Density Lipoprotein – lipoprotéine de très basse densité
& IDL pour Intermediate Density Lipoprotein – lipoprotéine de densité intermédiaire.
(3) Il n’est pas nécessaire de courir chez le médecin demain pour demander un dosage de ce ratio, il y a pour eux des recommandations à ce propos.
j’adore l’époque..
« mangez équilibré »..le summum du conseil à la noix…
évitez les excès..aussi…
ou l’autre jour, jadot…en gros , l’acharnement thérapeutique, c’est mal……
de toutes fa
de toutes façons donc, la lutte contre le rca est la clef de la baisse du nombre de cas d’avc.. et le pire, là encore, je présume qu’il suffit d’attendre un peu pour qu’un « scientifique » me dise ça le plus sérieusement du monde.
Je vais pouvoir continuer à manger des rillettes ….
Surtout qu’il y a moins de Kcal dans 100g de rillettes que dans 100g de ‘Special K’ pépites de chocolat…
Spécial K est déshydraté …
Je suppose que la méta-analyse dont il est question dans le billet qui a conclu que le risque d’AVC set inversement corrélé à la consommation de gras est celle dont il est question aussi ici (je ne peux pas tout lire, le billet étant réservé aux abonnés):
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/14/trois-coauteurs-d-une-serie-d-etudes-sur-la-viande-n-ont-pas-declare-leurs-liens-avec-l-agroalimentaire_6015426_3244.html
Cela ne veut pas forcément dire que l’étude n’est qu’un tissu de mensonges, mais il y a matière à se méfier.
mais une chose est certaine , si c’est là la « réfutation », il y a matière à aller lire leur article…
regardez qui sont les auteurs quand vous avez vu des failles..
Bof ! Si ça vient du Monde, c’est sûrement une ânerie !
Il ne faut pas généraliser. Si 90 des articles de Monde sont effectivement des ânerie, il reste les 10%.
En tous cas si c’est politiquement correct, comme soutenir que la viande est cancérigène, c’est bien le cas! Les bobos du Monde suivent toutes les modes débiles comme on peut le constater. Les végans assurent que la viande est mauvaise, ils abondent aussitôt !
est ce que vous allez bouffer un truc que vous n’aimez pas TOUTE votre vie pour gagner quelques mois d’espérance de vie…
on va rappeler cette évidence statistique faire un truc pour gagner quelques mois d’espérance de vie… n’a aucun interet pour un individu…il faudrait vivre mille vies pour se rendre compte de la différence… dans la réalité si votre frère jumeau fait le truc et vous pas…la probabilité qu’il meure avant vous est proche de 50%…
donc gain dérisoire…sacrifice une vie durant!!!!!
quand il faut une étude épidémiologique pour voir une truc…ça signifie que c’est en général pas évident..et parfois même absolument dérisoire..
Bonjour
Dans les faits, la diététique est un appeau à gogo, une bénédiction pour les charlatan, et un marronnier pour les journalistes ; le « Perdre 10 kg pour rentrer dans le maillot ».
« Que ton aliment soit ton médicament ». Citation (apochryphe) d’Hippocrate.
Il apparaît cependant, d’après l’article, que si l’on augmente les lipoprotéines HDL (celles conseillées par les médecins), et que l’on diminue les lipoprotéines LDL, nous faisons diminuer le taux APOB/APOA-1 et donc diminuer le risque d’insulinorésistance (qui serait corrélé au risque d’AVC). Les recommandations des médecins ne semblent donc pas être en contrariété avec ce qui est avancé dans l’article… Même s’il s’agît probablement d’un dogmatisme plutôt que d’une réelle connaissance du sujet.
https://www.labce.com/spg659286_apobapoa1_the_test.aspx
An individual with seemingly normal LDL-C may in fact have high ApoB concentrations. When this individual has his or her ApoB/ApoA1 ratio calculated, this risk is unmasked.
=> Studies have also shown that patients with metabolic syndrome and type-2 diabetes can also easily be identified with the ApoB/ApoA1 ratio, whereas these patients cannot always be identified by measuring LDL-C and HDL-C.
thanks for your attention
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8276844
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9643358
Ici ou là , il est montré que la taille/densité des particules ldl à une importance à propos de son caractère pathogène. Taille/densité influencé par le caractère plus ou moins riche en triglycéride de la structure, qui influence à son tour sur les propriétés mêmes des ApoB.
Se focaliser sur le ldl, c’est l’arbre qui cache la forêt.
Athérogène, pas pathogène.
bonne remarque mais je vais aussi dire un truc… ce qui importe pour un individu est la causalité..un individu n’en que faire que les recommandations marchent sur une population..
c’est donc une recommandation de santé publique pas de santé..
ce genre de conseils donné à un individu sans illustration et explication du risque.. n’ide pas vraiment..
il faut dire à l’individu quel bénéfice il est amené à tirer d’une action…et l’expliquer..
je comprends bien que je me prive si je ne mange plus tel bidule MAIS j’ai du mal à saisir ce que signifie que je diminue alors mon surrisque de zebulification du dudéonum centré de 62%.
je comprends néanmoins l’agacement quand on lit des tas d’articles qui pensent avoir tout compris..
Tout ca ne vaut pas un clair de lune a Maubeuge…..
L’avc deja ,on attend pas une semaine …mais 3h apres c’est problematique…et , bien entendu ca n’a rien a voir avec l’alimentation ,plutot l’abscence d’alimentation ,le stess gastrique , un caillot peu etre provoqué par un disfonctionnement du coeur par exemple ,une blessure ,etc quant au vaisseau qui pète…la génétique ……et sans doute de milliers d’autres raisons ,chaque cas , est un cas a part .
Pour donner sens à l’un de mes dernier post, je ne clic pas droit, anonymement ou presque, mais vous répond que vous vous exprimer en ne faisant rien d’autre que répéter tel un mantra les propos communs distillé par ces fameux gourous. souvenez vous donc de la phrase de M. AUDIARD dans le film « les tontons flingueurs » passé à la postérité . Nous vivons une époque moderne.
Dans cette triste époque de délire mystico-religieux et d’irrationalité satisfaite, où jamais la science a été autant ignoré et désavouée.
Le diable dit à Faust: méprise seulement la raison et la science, la plus haute puissance de l’homme, et tu seras entièrement à ma merci !
PARFAIT !
Quelle phrase ?
y en a des dizaines, toutes plus affûtées les unes que les autres…
 » Das Leben eines Mannes zwischen Himmel und Erde vergeht wie der Sprung eines jungen weißes
Fohlen über einen Graben… ein Blitz, es ist vorbei…  »
« – j’ai même conduit un char Patton !
– zé n’é pas ma marqué bréférée… (avec l’accent) «Â
Et encore:
 » Oui, surtout avec Papa *, il ne comprend rien au passé, rien au présent, rien Ã
l’avenir, enfin, rien à la France, rien à l’Europe enfin rien à rien ; mais il comprendrait l’incompréhensible
dés qu’il s’agit d’argent.  »
* Amédée de la Foy, président du FMI, père d’Antoine (Claude Rich)