Nutri-score : le mythe du mauvais cholestérol

Si les croyances sur le « mauvais cholestérol » sont encore largement répandues (tant sur les pots de margarine que dans les cabinets médicaux), un récent podcast vient une nouvelle fois mettre à mal ces idées d’un autre temps.

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Nutri-score : le mythe du mauvais cholestérol

Publié le 7 octobre 2019
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Par Brice Gloux.

Le 24 septembre dernier, Ivor Cummins recevait sur sa chaîne Malcolm Kendrick (NdlR : vidéo en fin d’article), médecin généraliste écossais, conférencier, et auteur d’un blog destiné essentiellement aux maladies cardiovasculaires. Ces dernières sont la première cause de mortalité dans le monde, et l’athérosclérose étant le phénomène sous-jacent à celles-ci, il est donc essentiel de comprendre comment elle se développe afin de mieux prévenir le risque d’accident cardiaque.

Selon la société de Chirurgie Vasculaire et Endovasculaire (S.C.V.E), l’athérosclérose est vue comme « la perte d’élasticité des artères due à la sclérose, elle-même provoquée par l’accumulation de corps gras (el famoso LDL) au niveau de la tunique interne des artères. Ce dépôt constitue alors l’athérome qui pourra aller de la simple plaque rétrécissant la lumière artérielle (sténose) jusqu’à l’oblitération du vaisseau (thrombose). »

À l’heure actuelle, le méchant cholestérol LDL est toujours considéré comme l’ennemi public numéro 1, et pour lutter contre celui-ci, les premières recommandations hygiéno-diététiques sont de manger « équilibré » (sorte de pensée magique, où à échelle individuelle chacun y met un peu ce qu’il veut) en réduisant notamment son apport en graisses saturées.

Cette idée provient notamment d’une hypothèse ayant été vérifiée dans des conditions méthodologiques lamentables, et donc sans aucune validité scientifique.

Pour résumer brièvement l’histoire :

« Ancel Keys a observé que les plaques d’athérosclérose contenaient beaucoup de cholestérol, il a donc supposé que l’ingestion de cholestérol par l’alimentation causait les maladies coronariennes ».

Simple, basique. Et terriblement faux.

L’athérosclérose est avant tout un processus…

Ainsi, selon Kendrick, il n’y a pas de causes fondamentales à la survenue du phénomène (2’) mais il considère que celui-ci doit avant tout être vu comme un processus, permettant ainsi de cerner les facteurs de risques permettant ou non d’accélérer celui-ci (tel que le tabac, le diabète ou la pollution de l’air). Il avance d’ailleurs qu’il n’y a pas de causes nécessaires à la survenue d’une attaque cardiaque (si ce n’est, en raisonnant par l’absurde, une personne vivante) et qu’en considérant l’athérosclérose comme un processus, cela permet de mieux apprécier le rôle des différents facteurs qui interagissent.

Il cite néanmoins comme exemple le seul facteur qu’il ait pu trouver dans la littérature, et qui peut provoquer de manière rapide une attaque cardiaque : la drépanocytose. Dans l’étude, il s’agissait d’un adolescent malade de 14 ans, et qui présentait des artères touchées par l’athérosclérose à un stade très avancé. Ce dernier exemple l’amène à réfléchir sur le mécanisme qui a pu conduire cette jeune personne atteinte de drépanocytose à avoir des vaisseaux dans un état si catastrophique.

 

… qui débute par des dommages répétés sur la paroi des artères

La drépanocytose est une maladie génétique touchant l’hémoglobine et entraînant la déformation des globules rouges en cas de diminution de la concentration d’oxygène. C’est pour cela que l’on parle aussi d’anémie falciforme, puisque les globules prennent la forme de faucille. Des faucilles aux extrémités si tranchantes qu’elles ont, dans le cas de cet adolescent, littéralement détérioré en quelques années ses vaisseaux.

crédits Brice Gloux
Cdts Brice Gloux

Même sans être touché par la maladie, cette mise en perspective permet de rendre compte du stress constant que subit la paroi de chaque artère tout au long de la vie, du fait des composants qui y circulent à haute vitesse. La pression répétitive et continuelle, aussi vitale qu’elle puisse être, détériore les vaisseaux et ce d’autant plus si différents facteurs de risque s’y ajoutent.

Heureusement, et c’est un point crucial pour Kendrick, le corps a une capacité de régénération (20‘50), et c’est lorsque les dommages occasionnés surviennent plus rapidement que leurs récupérations que le processus d’athérosclérose se met en place et fait entrer le corps dans un processus délétère. C’est donc en amont, avant que les choses s’aggravent qu’il faut agir, notamment en limitant au maximum ce qui accélère les dommages endothéliaux, tout en favorisant donc ce qui améliore la capacité de réparation.

La seule source possible de cholestérol présent dans les plaques d’athérome provient de la membrane des globules rouges. Ce que vous observez est le résidu d’un caillot de sang.

 

Le cholestérol originel

Un peu plus tard, les deux hommes abordent ce qui est l’une des informations les plus importantes de l’échange (46’35). Au même titre qu’une blessure cutanée, le corps met en place un processus de réparation lorsqu’il subit des lésions sur la paroi interne d’une artère, lui permettant de la maintenir intacte. À partir des plaquettes et fibrines, il forme un caillot de sang qui cicatrisera et disparaîtra comme sur la peau. Ça, c’est lorsque le processus est optimal. Quand il l’est moins, et que les agressions se multiplient sur la même zone, le mécanisme de renouvellement devient moins efficace.

Au fur à mesure, les dépôts deviennent plus importants. Et parmi ces dépôts, du cholestérol. Et celui-ci, parce qu’il est pur (et non pas estérifié comme il peut l’être lorsqu’il est transporté par le ldl), ne peut provenir que d’un seul endroit : de la membrane des globules rouges (formé de 10 % de cholestérol) provenant des caillots sanguins. Kendrick replace ainsi au centre du jeu la théorie de l’incrustation, théorie datant du XIXe siècle, dans laquelle Rokitansky suggérait déjà le rôle crucial des plaquettes et de la thrombo-génèse dans les syndromes coronariens aigus.

 

Les théories vont et viennent

Si cet article présente brièvement comment Malcolm Kendrick décrit le processus d’athérosclérose, le format vidéo permet d’approfondir ce sur quoi il se base pour étayer son propos. Il met une nouvelle fois à la mal l’hypothèse lipidique selon laquelle la consommation de graisses saturées entraîne les maladies cardiovasculaires.

Et quand on observe les dégâts produits par les recommandations imposant le remplacement des lipides par les glucides dans l’alimentation, on ne peut que se réjouir de voir certaines personnes s’interroger sur les théories mainstream.

Ce qui est moins réjouissant, c’est que certains défenseurs de ces théories refusent littéralement le débat, et préfèrent s’en tenir à leurs acquis. Dernier exemple en date : l’étude remettant en cause les méfaits de la viande sur la santé.

Marion Nestle, professeur émérite de nutrition à l’Université de New York « reproche aux auteurs de s’en être tenus à une évaluation des risques directs de la consommation de viande rouge et de charcuterie pour la santé, et de n’avoir pas suffisamment politisé leur étude. »

Visiblement, il apparaît honteux de fonder une science sur les faits, alors que derrière, « les gens souffrent, les gens crèvent et les écosystèmes s’effondrent. Comment osez-vous ? »

Ce qui est moins réjouissant, c’est de constater que ces théories se retrouvent directement impliquées dans ce que doit être la politique nutritionnelle française.

Pour reprendre le cas de l’hypothèse lipidique, il est par exemple question dans ce rapport pour le PNNS, cette indéniable réussite présidée par le professeur Serge Hercberg, de mettre en place un système d’information nutritionnelle unique et de rendre cet étiquetage obligatoire : le Nutri-Score, inspiré par les travaux de ce même professeur, propose un score unique et global dont le calcul repose sur la prise en compte pour chaque aliment de quatre éléments constitutifs « négatifs », c’est-à-dire plutôt « défavorables » sur le plan nutritionnel dont (roulement de tambour) : la teneur en graisses saturées. Évidemment.

Dans ce même rapport, il est question aussi de l’impact potentiel d’une taxe appliquée à un produit alimentaire, avec comme argument une étude ayant montré qu’une taxe sur les acides gras saturés permettrait une réduction de 1000 morts par an. Alors, comme nos élus, n’en doutons pas un seul instant : puisque c’est la science qui le dit, c’est que c’est vrai. Et le technocrate français le sait plus que quiconque : c’est par la taxe que le monde entier expiera tous ses maux.

On le voit, puisque les dégâts de la sacro-sainte pyramide nutritionnelle ne suffisent pas, et que les consommateurs ne sont pas assez intelligents, ni assez subtils informés des bienfaits que l’épidémiologie nutritionnelle, c’est qu’il faut faire quelque chose. Soyez rassurés, l’État prend en charge les citoyens (et surtout leur argent) pour les guider vers le bon chemin. Des obligations, des taxes et de la déresponsabilisation, rien de tel pour lutter contre la première cause de mortalité.

Ou plutôt faire prospérer des croyances non-vérifiées au détriment de votre propre santé.

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  • on a vu là aux USA une formidable association de malfaiteurs entre les labos pharmaceutiques et les fabricants d’huiles végétales..

    une manipulation basée sur des études  » bâclées »faisant la fortune des deux larrons , en toute impunité au sens ou la FDA n’avait pour role que de contrôler l’innocuité des remèdes et pas la source du probleme .
    la manipulation des masses par la rumeur est un exercice très usité..
    notamment lorsqu’il s’agit de tuer une spécialité tombée dans le domaine public pour la remplacer par autre chose de juteux..
    quand Searle a sorti l’aspartame il a fallu tuer la saccharine, un soupçon de carcinogenèse dans un article , et hop .. réglé
    C’est pareil pour les OGM (producteurs de phytosanitaire) , le glyphosate ( d’autres herbicides dans les tuyaux) etc.. etc..
    Les verts avec les éoliennes , ou lles vegan avec la viande (industrie des fake) etc.. etc..

    article 1 : une campagne menée par les médias et les agitateurs institutionnels a toujours un objectif
    LE POGNON

    article 2: les scientifiques aussi sont a vendre , il n’y a pas que les politiques

    • il ne faut pas voir des complots partout, les biais suffisent, il suffit de lire les propos de marion nestlé..
      Et quand une classe de personnes a un statut de sachants, toute remise en question directe est destructrice, il vaut mieux laisse pourrir..

      ceci dit pour le cholesterol je n’ai jamais vraiment regardé les données..je me fous du cholestérol, je pense qu’on s’y intéresse quand un médecin nous le dit

      • et le médecin n’est jamais orienté par les labos?

        • Il n’y a qu’en France qu’on croit aux bonnes intentions…
          « La profession médicale est achetée par l’industrie du médicament et des vaccins, non seulement au niveau de la pratique médicale mais également au niveau de l’enseignement et de la recherche. » (Dr Arnold Seymour Relman, ancien professeur de médecine à Harvard, ancien rédacteur en chef du New England Journal of Medicine)

          « Il n’est simplement plus possible de croire à l’essentiel de la recherche clinique qui est publiée, ou de se fier au jugement de médecins de référence ou à des directives médicales faisant autorité. Je n’ai aucun plaisir à faire ce constat, auquel je suis parvenue lentement et avec réticence au cours de deux décennies passées comme rédactrice en chef du New England Journal of Medicine » (Dr Marcia Angell, professeur de médecine à l’Université de Harvard)

      • Sauf que votre médecin à de grande chance de vous raconter du grand n’importe quoi, je teste régulièrement les médecin du coin, aucun à ma connaissance ne lit de publication
        Le manque de LDL est clairement une cause de mortalité chez les gens agés, il y a une grosse étude de cohorte la dessus.

        • S’ils lisaient des publications – y compris sur internet où il n’y a pas que des charlatans – ils y perdraient leurs certitudes… et pourraient être en conflit avec la « politique de santé publique » dont leur Conseil de l’Ordre est devenu le bras armé.

  • Diabète tabac et… surprise : La pollution de l’air responsable d’artérite. Non, franchement, alors qu’il n’a jamais été aussi pur dans les villes… pipeau ecolo ou publications ? Marre que la médecine se fourvoie elle aussi

    • sans vouloir tomber dans le dogme écolo, la pollution de l’air peut, pourquoi pas, avoir une influence (je ne suis pas spécialiste et ne peut confirmer ou réfuter). L’air n’a peut-être jamais été aussi pur dans nos villes mais dans des temps plus anciens, on mourrait beaucoup plus tôt sans savoir pourquoi…

    • En cherchant un peu : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5694929/

      Ou en regardant la vidéo à partir de ce moment (https://www.youtube.com/watch?v=8wkxp-l2c68&t=1914s), vous auriez pu avoir les raisons qui poussent à dire que la pollution de l’air est un facteur de risque dans la survenue de l’athérosclérose.
      Vous avez peut-être des éléments démontrant que ces raisons sont fausses, auquel cas il serait intéressant de les partager plutôt que de faire un épouvantail.

      • je vous croirai quand vous présenterez un modèle, à la manière du carcinome broncho-pulmonaire chez le veau exposé au tabac. PREUVE, pas hypothétique corrélation… carcinogènes, inducteurs. tout y est. les corrélations écolos me lassent car elles suivent une politique sans lien avec la science

        • si cet article existe et si nous discutons, c’est parce qu’il semble qu’une corrélation étayée de milliers d’articles a été prise au sérieux (cholestérol athérosclérose). Cependant, je devrais, dans un contexte d’hystérie écolo, prêter foi à une autre corrélation au prétexte de dix pauvres articles et d’une vidéo 🙂 ? allez je m’agace : bonjour chez vous

  • « Cette idée provient notamment d’une hypothèse ayant été vérifiée dans des conditions méthodologiques lamentables et donc sans aucune validité scientifique. »
    Certes, mais encore faudrait-il ne pas remplacer cette approche par une autre tout aussi contestable d’un point de vue scientifique.
    Beaucoup de cardiologues prescrivent à leurs patients des statines pour réduire le cholestérol LDL à 0,7 g/l sans pour autant remplacer les lipides par des aliments sucrés.
    Ces cardiologues sont-ils vraiment les victimes des labos pharmaceutiques et suis-je trop naïf pour en douter.

    • Ils sont victimes consentantes.. les cardio et autres généralistes peuvent refuser de recevoir les labo et lire Prescrire par exemple;
      « À titre indicatif, en prévention secondaire, la valeur seuil de LDL-cholestérol pour proposer un traitement éventuel est d’environ 0,9 g/l (2,4 mmol/l). (n° 238, p. 292) (n° 249, p. 245) (n° 263, p. 523).

    • @guy : « prescrivent à leurs patients des statines pour réduire le cholestérol LDL à 0,7 g/l sans pour autant remplacer les lipides par des aliments sucrés. »

      Des statines sans régime prescrit ?

      Une petite recherche sur internet et on tombe sur ce genre d’articles :
      http://sante.lefigaro.fr/sante/traitement/hypolipemiants-statines/quelle-hygiene-vie

      « – diminuer la consommation quotidienne en lipides …
      – la consommation de fruits, légumes, de céréales et de féculents doit être privilégiée »

      Et il y a beaucoup de légumes avec un fort taux de glucide avant ou après cuisson.

  • Il n’y aucun problème créé de toutes pièces que l’Etat ne saurait résoudre!
    Retour au bon sens: avoir une alimentation variée et équilibrée, sans excès. C’est ce qu’on apprenait autrefois dès l’école primaire.
    Pour compléter cet article, il faudrait étudier le rôle de certains laboratoires pharmaceutiques…

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Dans la première partie, nous avons vu ce qu'était l'athérosclérose, ainsi que le rôle du LDL dans celui-ci.

Dans cette seconde partie, nous allons questionner la pertinence de cette phrase :

« L’excès de cholestérol LDL est dangereux pour la santé. »

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