Par la rédaction de Contrepoints.
Les employés de la compagnie aérienne Ryanair sont en grève depuis hier, entraînant l’annulation de plus de 600 vols en Belgique, au Portugal et en Italie. Ryanair, qui applique la réglementation irlandaise pour gérer ses ressources humaines, est aujourd’hui dans la tourmente car ses salariés partout en Europe exigent d’être traités en fonction du droit en vigueur dans chacun de leur pays d’origine. Ainsi, par exemple près de 1800 employés espagnols se sont mis en grève à l’appel des syndicats pour faire plier la direction.
Reçu ce matin à l’aérogare de Zaventem : courage et sympathie avec le personnel de cabinet de Ryanair. #Ryanair #ryanairstrike pic.twitter.com/Jux4RJZRxg
— Fabrizio Bucella (@FabSommelier) 25 juillet 2018
Les commentateurs français n’ont pas tardé à dénoncer l’obsession de rentabilité de la compagnie low cost, qui joue sur les différentes législations européennes pour optimiser ses coûts et proposer ses services à des tarifs défiant toute concurrence. Ryanair ne jouit pas d’une réputation très favorable en France. En 2013, la compagnie a été condamnée à payer 8 millions de dommages et intérêts pour avoir enfreint le droit social français à l’aéroport de Marseille.
Ryanair et Air France
Peut-on comparer la grève de Ryanair à la grève d’Air France de mai 2018, qui a coûté plus de 300 millions à l’entreprise ? Le contexte est en effet commun : il s’agit de l’intensification de la compétition entre les compagnies et l’émergence d’une offre low cost qui, tout en bénéficiant aux usagers qui voient ce moyen de transport se démocratiser, obligent les différents acteurs à s’adapter, parfois dans la douleur. La grève déclenchée par les pilotes d’Air France témoigne de ce sentiment de déclassement. Cependant, loin de chercher à conquérir un marché redevenu ultra-compétitif, le but des pilotes était d’abord de maintenir en l’état des privilèges hérités de la période faste de la compagnie, et cela au détriment du reste du personnel. Bien entendu, les syndicats comptaient sur l’actionnaire majoritaire d’Air France, l’État, pour qu’on accède à leur demande. Celui-ci ayant la réputation de céder pour acheter la paix sociale, il s’agissait en somme de tirer à nouveau sur la corde de l’argent public.
Dans le cas de Ryanair, la prise de risque des salariés n’a pas le filet de sécurité étatique, et exige que le cadre social soit plus adapté aux différents personnels. Peut-être s’agit-il du début de la stabilisation d’une compétition qui dure maintenant depuis plus d’une décennie.
La différence est que l’état irlandais ne fera pas des pieds et des mains pour sauver Ryanair.