Nucléaire national : les préconisations du rapport Pompili

Patient nucléaire, dites 33 ! Comme le nombre de préconisations de la Commission Pompili.

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Centrale nucléaire du Tricastin (Crédits : Sancio83, Image libre de droits)

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Nucléaire national : les préconisations du rapport Pompili

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 9 juillet 2018
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Par Gérard Petit.

« Rien ne va plus !, » ce n’est pas l’annonce d’un croupier de casino, mais bien l’expression qui pourrait résumer la teneur générale du rapport de la commission parlementaire restée cinq mois au chevet du nucléaire national.

Un ajout de poids à une campagne de dé-légitimation bien orchestrée pour dire à l’opinion que désormais « les jeux sont faits ! ».

Avant son retour au pouvoir, De Gaulle fustigeait les Partis « qui faisaient bouillir leur petite soupe sur leurs petits réchauds » sans intérêt aucun porté à la marche du pays.

Parallèle hardi sans doute, le rapport Pompili sur la sécurité nucléaire souligne (entre autres) l’entre-soi des exploitants nucléaires (dans une acception large), qui feraient bouillir leur brouet radioactif dans leurs grandes marmites, sans estimer devoir rendre de comptes à personne.

Il était donc grand temps qu’un aréopage de « chasseurs de failles », élus donc représentants du peuple et non des spécialistes du domaine, vienne regarder par-dessus l’épaule de ces neutrons libres que sont les acteurs de l’électronucléaire. Il ne faut donc pas s’étonner qu’une telle enquête n’ait pas été confiée à l’OPECST, choix qui n’aurait pas écarté le risque d’un huis-clos de techniciens compétents.

Par ailleurs, quelle belle « contextualisation » pour ledit rapport que les derniers exploits de Greenpeace, sur le site du Bugey cette fois. L’Organisation y est en effet brillamment passée du statut revendiqué de lanceur d’alerte à celui de lanceurs de drones ! Quoi de plus pédagogique qu’un propos théorique (celui de la commission) corroboré immédiatement par des travaux pratiques (ceux de Greenpeace) une conjonction si aboutie qu’elle ne manque pas  de susciter des interrogations.

D’une coïncidence l’autre, le rapport sort juste au moment de la forclusion de la consultation publique sur la PPE, beau tir groupé qui vient en coda de tout un ensemble de décisions prises récemment dans le domaine de l’énergie (plan solaire EDF, plan hydrogène du gouvernement, déblocage des projets d’éolien offshore…) alors même que la parole était donnée au bon peuple, dont manifestement on se fiche des avis comme d’une guigne . C’est d’autant plus dommageable qu’en l’occurrence, il avait été disert.

Que dit le rapport Pompili ?

Quand on veut noyer son chien, on le dit enragé, aussi  trouve t-on décrites à longueur de pages du rapport les pathologies dont souffriraient nos réacteurs, la plus évidente étant le vieillissement. Ce critère, parfaitement subjectif pour qui connaît un peu le sujet, devrait néanmoins servir d’étalon pour remplir une première charrette conduisant des réacteurs vers l’arrêt définitif, sur la route qu’aura ouverte Fessenheim.

Entre autres alertes, sont volontairement confondues des « non qualités » avérées de construction des nouveaux réacteurs avec des négligences dans l’exploitation qui sont loin d’être le quotidien d’opérateurs particulièrement légalistes, mais qu’importe.

Mieux, c’est aussi le corps médical dépêché de façon permanente au chevet de ces centrales malades (qui s’ignorent…) dont il faut repenser le positionnement et l’organisation avec l’entrée en lice d’experts dits indépendants (de qui ? de quoi ? la réponse n’est pas fournie dans le package).

Tout en maintenant un confinement radioactif efficace, il est urgent d’ouvrir grandes portes et fenêtres pour que l’activité nucléaire soit enfin sous le regard de tout un chacun, gage d’une sûreté et d’une sécurité nucléaires sans tabous, où toutes les questions seraient posées, sans que les fameux lobbies y fassent barrage.

Mais au final, explicitement ou en filigrane, ce qui transparait d’évidence dans ce rapport, c’est la volonté d’accompagner l’électronucléaire vers la sortie en l’encadrant strictement afin qu’il ne manque pas la porte. Dans l’intervalle, l’exploitation doit devenir irréprochable, et le nucléaire veillé comme le lait sur le feu.

Rapport Pompili : uniquement à charge

Dans cette veine, il s’agit de se préparer à cette désintégration radioactive et donc de prendre à bras-le-corps la question de la déconstruction des installations et du devenir des déchets ultimes, afin d’être prêts pour le grand remplacement souhaité et tant pis si c’est le gaz qui viendra massivement suppléer les carences intrinsèques de l’intermittence et l’absence du nucléaire remercié.

Aujourd’hui, l’électronucléaire national est pourtant un ensemble sous le contrôle de professionnels, d’abord au sein d’EDF par toute la structure de contrôle interne, puis par l’ASN (Autorité administrative indépendante), appuyée efficacement par l’IRSN (EPIC dédié).

Le nombre et la qualité des personnels engagés dans les dispositifs de contrôle, de même que le positionnement et le rôle respectif de ceux-ci, font que le système français (régulation et exploitation d’ailleurs) est très souvent pris comme référence par ses pairs étrangers ; en particulier, la voix de l’ASN, est très respectée.

Des inspections internationales régulières, dont celles menées par l’AIEA corroborent ces avis positifs.

Le rapport Pompili, exclusivement à charge et plaidoyer antinucléaire inexorable n’en comporte pas moins des constats justifiés et des recommandations qu’il faudrait suivre.

La nécessaire sous-traitance, entre autres parce qu’EDF, exploitant, ne possède pas toutes les compétences des constructeurs des matériels, pose dans d’autres domaines d’utilisation des problèmes mal résolus, auxquels la réponse n’est pas triviale.

De même,  les non qualités des fabrications constituent une préoccupation majeure, dont l’EPR de Flamanville fait encore actuellement les frais, fruits amers d’une trop longue traversée du désert.

Au final, même si la France aime à s’auto-fustiger, parfois à raison, il ne faut pas séparer les critiques acerbes de ce rapport, des finalités politico-économiques sous jacentes et bien souvent même émergentes.

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  • Pour être complet et précis j’ajouterais que La Pompili aussi est vieillissante. Et pourquoi diable Greenpeace ne balance pas de drone sur les centrales aux USA ou dans d’autres pays. La Pompili doit bien avoir un avis éclairé sur ce mystère.

    • Sans aller jusqu’à qualifier Greenpeace de prédateur, il en a parfaitement intégré le comportement en s’attaquant au gibier le plus faible ou malade.
      En général ce comportement est utile à l’écologie et préserve ainsi l’état sanitaire des troupeaux, mais je ne suis pas certain que dans le cas précis ce ne sont pas les ‘pastouriaux’ eux mêmes qui ont abandonné leurs bêtes…

  • Pour avoir discuté de ce sujet lors des législatives avec Barbara Pompili, je peux affirmé qu’elle est dans le dogme antinucléaire le plus primaire. Cette ancienne d’EELV passée par le PS avant d’adhérer à LREM est comme les éoliennes qu’elle défend ardemment, elle tourne selon le sens du vent. Quand a Greenpeace son partenariat avec Vestas la multinationale de l’éolien montre également où se situe les intérêts de cette pseudo ONG.

  • Ou comment la France détricote consciencieusement sa filière énergétique, pour faire plaisir aux ideolo-ecolos irresponsables, pendant que les pays émergeants construisent leur avenir en se dotant de cette seule filière fiable et propre, insensible aux aléas climatiques de court terme, et soucieuse de la préservation des ressources de notre planète.

    • 1. On se demande bien pourquoi, alors, la Chine est le premier pays au monde de la production d’électricité à partir de l’éolien (en forte croissance) ainsi que le premier fabricant au monde d’éoliennes…
      2. Le nucléaire est une électricité de grands pays industriels – regardez où sont les centrales – les pays sous-développés n’ont pas les moyens de construire des centrales nucléaires.

      • je suis pour une fois d’accord avec vous, prenons la chine en exemple
        https://notalotofpeopleknowthat.wordpress.com/?s=china
        le solaire lui est en quasi faillite, par contre le nuc est en pleine croissance, ils viennent d’ailleurs de mettre leur premier epr en réseau
        vraiment un bon exemple, surtout qu’ils continuent à financer des centrales charbon partout dans le monde avec leur « complice » japonais.
        on a l’air malin, nous…

        • Je sais que les gens ne vont pas souvent lire les infos, mais vous n’êtes pas à une escroquerie près. En prenant vos propres sources, on constate que le nucléaire chinois a cru entre 2016 et 2017 de 16,5% a 35,1TWh, tandis que le solaire a cru de 75,4% a 50,8 TWh. Splendide auto-goal 🙂
          allez… juste pour vous : https://notalotofpeopleknowthat.wordpress.com/2018/02/16/china-electricity-stats-for-2017/

          • Hahaha… -3 déjà… je vois que ca fache les gens quand on leur met le nez dedans… quant aux projets, on parle bien de projets, et dans le même temps, il est évident que les chinois ont totalement stoppé le solaire… 🙂

            • c’est curieux comme on peut vous berner ,les servants de la poele à frire(vrai que même le locataire de Saint Pierre s’y met, cela explique pas mal de choses)
              sinon, les nouvelles sont effectivement très prometteuses pour le solaire en Chine
              http://joannenova.com.au/2018/06/china-solar-stocks-plummet-as-solar-subsidies-cut-to-make-electricity-cheaper/
              et le graphique montre que les renouvelables resteront encore pour longtemps anecdotiques.D’autant que les fermes éoliennes sont systématiquement déconnectées pour palier à l’instabilité qu’elles génèrent sur le réseau.
              En Chine, la fête au slip des renouvelables( que nous avons bien financée à l’insu de notre plein gré) semble finie.
              je répète encore,: la Chine ,un exemple à suivre, je vois déjà les rouliers débarquer du bon charbon US, et du gaz de schiste… comme en 45 quoi

            • Avec ces distributions de bons points et de mauvais points, on se croirait revenu à l’école primaire. Et au bout de 5 points, on a droit à un petit drapeau rouge !
              Ha ha !…
              Enfin, ça permet au commentateur s’il est bien dans la ligne du parti !

              • Certains commentateurs ne sont pas a une contradiction près… Ils se disent libert*.*, mais ne font qu’attendre la becquée nucléaire de leur bon Etat Central… Après les paysans totalement mis sous contrôle des subventions, parce que faudrait pas que le peuple se permette de choisir ce qu’il produit, ces pseudo libert*.* attendent tout de leur chef bien aimé, parce qu’il ne faudrait pas non plus que les gueux se permettent de produire eux-même leur énergie 🙂

                • Si je ne me retenais de succomber à cette mode puérile, je vous accorderais bien un « +1 »
                  Tant il est vrai que je ne cesse de m’étonner que de soit disant libéraux ne jurent que par le nucléaire étatique, dont on découvre année après année, les coûts cachés.
                  Petite expérience de pensée : à quel genre d’articles aurions-eu nous droit si Contrepoints avait existé lorsque l’Etat s’est arrogé le quasi-monopole de la production électrique, puis plus tard, le monopole de la production électrique nucléaire (qu’il a de fait toujours aujourd’hui) ?

        • Soyons plus précis:
           » le nucléaire chinois a cru entre 2016 et 2017 de 16,5% a 35,1TWh, tandis que le solaire a cru de 75,4% a 50,8 TWh  »

          le nucléaire chinois a cru entre 2016 et 2017 de 16,5%(35,1 TWh) a 248.3 TWh, tandis que le solaire a cru de 75,4% (50,8 TWh) a 118,2 TWh.

          • Le débat était la croissance… Maintenant sur la valeur absolue, cela veut bien dire que le solaire représente 50% du nucléaire en chine… Si vous trouvez cela négligeable, c’est votre choix 🙂

      • Simple effet de taille à propos de la Chine : l’argument est dénué d’intérêt… Sinon, on ne parle pas de pays sous-développés mais de pays émergents, donc de pays déjà développés pour lesquels l’accès au nucléaire est la condition impérative de la poursuite de leur croissance, loin des renouvelables qui seraient au contraire des freins à leur développement, avec un coût 30 fois plus élevé pour ne même pas obtenir le même service puisqu’il y a toujours la question de l’intermittence catastrophique.

        • Et vous en avez beaucoup d’exemples de pays émergents qui lorgnent du côté du nucléaire pour des applications purement civiles ?…

          • Il existe des programmes civils de puissance ou de recherche en Chine, Corée du Sud, Inde, Philippines, Thaïlande, Indonésie, Russie, Turquie, Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Egypte, Maroc, Brésil, Argentine, Colombie, Mexique… Les pays qui veulent accompagner leur développement passent au nucléaire dès à présent ou à brève échéance. Il y a 240 projets de centrales en cours dans le monde, à comparer aux 480 réacteurs actuellement en fonctionnement et la tendance s’accélère.

            Partout, dans le monde entier, transition énergétique signifie développement du nucléaire.

            Il n’y a qu’en Europe, dans des pays soumis à des politiciens perver(t)s, idéologisés et dogmatiques, notamment la France et l’Allemagne, qu’on prétend le contraire.

  • avec Pompili c’est le pompon : ruine d’un des derniers secteurs où nous sommes bons ce pâys est foitu

  • Il ne faut rien attendre de nos politiciens, hormis bien sûr des conneries!

  • Rappelons le pedigree de la Pompili : sciences po. Lille et puis la politique. C’est tout.

  • Une auteure écolo-LaREM, 5 mois de travail, 43 auditions et 8 visites : c’est pas un peu léger pour un sujet aussi sensible ?

  • Quand on connait un peu le domaine du nucléaire, on pourrait rire de ce rapport pompeux écrit par des pseudo-représentants du peuple, mais de vraies sangsues. Malheureusement, il risque soit de finir aux oubliettes (ce qui serait souhaitable), soit pris en l’état avec toutes les « conneries » que nos chers énarques, sciences-po,etc.. vont pondre à savoir arrêt de tranches supplémentaires sans prise en compte des besoins électriques du pays, normes à la « khon » qui feront enfler les coûts de maintenanace sans pour autant améliorer la sécurité.
    On voit où la bétise écolo-politique peut nous amener, ces gens sont par définition de vrai nuisible, à classer dans les espèces à éradiquer de toute urgence. Leur dangérosité est inversement proportionnelle à leur capacité à exercer des mandats politiques, ce sont des bons à rien!
    Après cette diatribe, revenons au nucléaire qui fournir au moins 75% de nos besoins en électricité de façon sécuritaire et constante, il faut arrêter de croire à ces balivernes de renouvelables, qui sont plus destructeurs de terrains agricoles, de faunes sauvages, de quiétudes qu’une centrale nucléaire. Car une éolienne, ce n’est pas très beau, mais quand c’est 10, 20, 30 voire plus c’est une catastrophe!!! Cela gâche de somptueux paysage, mais c’est bruyant et surtout cela fonctionne vraiment de temps en temps. Aussi utile et chère que les intermittents du spectacle, avec le même rendement!!!!

  • Rapport Pompili à charge? Franchement, qu’espérer d’autre de la part d’idéologues sans aucune compétence, qui vont par conséquent, sélectionner dans les auditions ce qui va dans le sens de leurs préjugés.

  • Lorsqu’on confie une évaluation à une personne aussi partisane et bornée, que l’on sait parfaitement hystériquement anti-nucléaire, ce n’est ni plus ni moins que de l’escroquerie, et cache une arrière pensée plus qu’évidente!

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