Par Pierre Dacquin.
Fin juin, l’Autorité de sûreté nucléaire a levé les dernières craintes concernant la mise en service de l’EPR de Flamanville, prévue fin 2018, présageant du succès final de l’opération.
EPR de Flamanville : fiasco annoncé, succès en perspective ?
Attaqué de toutes parts, le projet de construction de l’EPR de Flamanville présentait tout d’un fiasco annoncé.
Lancé en 2007 pour une livraison prévue en 2012, le chantier normand a multiplié les contretemps, ponctués en avril 2015 par la détection d’une trop forte concentration en carbone dans la cuve du futur réacteur.
Pourtant, près de 10 ans après le début du projet, EDF s’apprête à accélérer les travaux pour une mise en service dès l’an prochain. Fin juin, suite à plusieurs milliers de vérifications de la résistance de la partie défectueuse, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a en effet donné son feu vert pour un démarrage fin 2018 et un raccordement au réseau au deuxième trimestre 2019, sous réserve du remplacement du couvercle d’ici 2024.
Le 13 septembre 2017, le gendarme français de l’atome a déclaré, concernant le réacteur en construction à Flamanville, « que l’organisation mise en place par EDF était satisfaisante », à l’image des « performances en matière de sûreté » de l’électricien sur les trois sites nucléaires de la région (avec Paluel et Penly).
Malgré le surcoût engendré par l’installation d’un nouveau couvercle d’ici sept ans, Xavier Ursat, directeur exécutif d’EDF, a affirmé que le budget de 10,5 milliards d’euros serait « respecté » grâce aux « marges » prévues par le groupe.
Il a déclaré lors d’un récent forum sur l’emploi organisé à Siouville, près de Flamanville :
« Nous reviendrons dans les deux à trois ans vers l’ASN pour qu’elle nous dise si la nouvelle surveillance qu’on lui propose est de nature à permettre de revenir sur sa décision de remplacement du couvercle. »
Avec plus de 4000 postes créés pour les 4600 personnes (dont la moitié de travailleurs locaux) qui s’y rendent quotidiennement, le chantier de l’EPR constitue un succès incontestable pour l’économie locale.
Pour ce faire, un partenariat d’envergure a été mis en place avec les acteurs de l’emploi et la Région Normandie afin de former les 1061 chômeurs qui ont intégré le chantier, une opération financée à hauteur de 5,6 millions d’euros par la collectivité régionale. « On a réussi à concilier un beau projet industriel avec une insertion sociale », résume dans Ouest-France Laurent Thieffry, directeur du projet Flamanville 3.
Cette réussite a même convaincu Hervé Morin, président de la région, de demander au Premier ministre Édouard Philippe la construction d’un second réacteur de troisième génération en terre normande.
« Il faut construire d’autres EPR, et je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas en Normandie », a-t-il récemment déclaré après avoir visité le chantier de Flamanville.
EPR : des atouts qui stimulent le secteur nucléaire
Contrairement à l’image qui en est faite par ses détracteurs, le futur réacteur de Flamanville présente des atouts majeurs par rapport aux équipements nucléaires déjà existants. Abréviation anglaise de « réacteur pressurisé européen », la technologie EPR produit plus d’énergie que ses prédécesseurs (1600 MWe contre 1000 MWe) et dispose d’une durée de vie de 60 ans, soit 20 de plus que les réacteurs actuels. D’après Areva, sa consommation d’uranium est également inférieure de 7 à 15 % pour chaque kWh produit, et sa production de déchets radioactifs est de 10 % moins importante.
Le risque d’accidents graves serait dans le même temps réduit au minimum grâce à quatre systèmes redondants de sûreté, dont une épaisse enveloppe de confinement qui entoure le réacteur. Preuve de sa performance : les commandes d’EPR gagnent du terrain et les projets de construction se multiplient à travers le monde. En Europe, EDF construit actuellement deux autres réacteurs dernier cri à Hinkley Point (Royaume-Uni) et Olkiluoto (Finlande). Le groupe français a également débuté la construction de deux EPR supplémentaires à Taishan (Chine), soit le contrat le plus important jamais signé dans l’industrie nucléaire civile.
Avec l’abandon progressif des énergies fossiles et l’essor des énergies renouvelables, de nombreux autres projets nucléaires seraient en discussion en Chine, mais aussi en Inde, où EDF espère construire six unités de production dans un avenir proche. Le 19 septembre, Xavier Ursat a déclaré être également en contact avec l’Afrique du Sud et l’Arabie saoudite
Du côté de la concurrence, le russe Rusatom s’active actuellement sur ses 16 chantiers à l’étranger et en affiche 20 de plus dans son carnet de commande. Outre-Atlantique, General Electric et Westinghouse tentent de garder leurs parts de marché grâce à des techniques de refroidissement innovantes, tandis que les constructeurs chinois commencent à proposer leurs propres solutions à l’exportation.
Malgré le dynamisme du secteur, la France, deuxième puissance nucléaire après les États-Unis, fait, quant à elle, toujours face à une opposition de plus en plus symbolique. Dans la Manche, le collectif Saint-Lois a appelé à une nouvelle manifestation contre l’EPR de Flamanville le 30 septembre, 12 jours après celle qui a réuni un total de six militants devant l’hôtel du Département de la Manche. Un baroud d’honneur qui s’apparente plus à de l’acharnement qu’autre chose…
Après nous avoir fait perdre plus de 20 ans sur les réacteurs de quatrième génération, des boboïdes voudraient nous en faire perdre autant sur ceux de la troisième.
Ils ne savent que faire feux de tous bois, relayés en cela par les médias appuyés par des politiques aux abois.
« Progressistes » qu’ils veulent qu’on les appellent alors qu’ils ne méritent même pas le dixième de cette définition.
La filière électronucléaire est une réalité, soutenons la !
Quelle merveilleuse prouesse de l’homme a dompter l’énergie du soleil au travers de quelques atomes et du processus naturel de la radioactivité. Rien de plus naturel que l’énergie nucléaire quoiqu’en disent les ignardécolobobos. Jusqu’à présent c’est l’énergie en continue 24h/24 qui fait le moins de morts directement.
On voit rarement une centrale nucléaire être « plébiscitée », surtout 2 ans (plus?) avant la fin de sa construction et sa mise en fonction.
Le terme comme le coût prévu restent, entre autres, prisonniers d’un « arrangement » à trouver avec l’ANS qui accepterait l’utilisation du couvercle fabriqué par Le Creusot dont tout le monde, même hors de France, connait maintenant la malfaçon dans la fabrication!
Bon! On n’est plus à un an près ni à une centaine de millions!
« On voit rarement une centrale nucléaire plébiscitée 2 ans avant sa mise en fonction »
Par contre, pour ce qui est du « bashing » là on n’a pas attendu.
Et pour ce qui est des coûts, hors couvercle, plutôt ALARA ou plutôt ALAIN ?
et comme par hasard, il y a un gros oubli dans cet article….
le prix du MWh à la sortie de l’EPR de Flamanville!
alors combien? 100€ ou 120 comme prévu à Hinkley Point.
Le fric, le fric, le fric, la vision toujours et surtout par le fric !
On occulte ou on omet le coût du Mwh photovoltaïque, de l’éolien terrestre et surtout de celui offshore.
À court d’arguments, on voit ce qui vous anime.
Vous ne seriez pas gauchiste des fois, juste « par hasard » ?
justement, le « c’est pas cher du tout » est habituellement la première justification de l’utilisation de l’énergie nucléaire et « bizarrement » ce sujet n’est plus ou n’est pas abordé.
y-aurait il une couille dans le potage?
Quel plaisir de lire cet article! Si au moins, cela pouvait amener à la raison les écolos suicidaires!
J’imagine mal l’actuelle ministre Hulot signer pour une nouvelle tranche nucléaire, c’est contraire à sa religion, et il aura trop peur de se faire lyncher pas ses ouailles.
Donateur à Contrepoints, je commence aussi à être exaspéré par ces articles pro-nucléaires (au moins un par semaine). Je suis ouvert au débat, mais il faut faire des efforts de sérieux. Un EPR « plébiscité » alors que son exploitation n’a pas commencé, une omission du fait qu’il aura coûté trois fois (!) le budget initial, rien sur les déchets dont on ne sait que faire à ce jour, rien sur le fait que le prix n’inclut pas le démantèlement de la centrale (hyper-complexe et JAMAIS effectué à ce jour en France sur aucune centrale)… Et voilà que dans un organe libéral, un article se réjouit même de voir une industrie subventionnée par une collectivité régionale ! Pour toute réponse, on traite les contradicteurs de « bobos » et autres sottises, on évoque le prix des énergies renouvelables pour faire diversion, mais rien sur les questions qui fâchent.
@ Mell . Le débat est bienvenu. Moi qui était à 200% pro-nucléaire, et encore plus après la survie extraordinaire de la centrale Fukushima Daini face a une catastrophe naturelle sans précédent. (Daini, pas Daiichi, pour les intimes…), je doute désormais. L’incurie d’Areva, d’EDF, de la CGT et des aparatchiks de l’atome est désormais encore plus dangereuse qu’un tsunami. Il vaut mieux croiser les doigts et espérer qu’Elon Musk et consorts nous fassent de belles batteries pour stocker ce qu’on pourra d’électricité, renouvelable ou pas….
Merci Hank. Pensez-vous que le stockage d’électricité rêvé par Musk soit physiquement possible ? Je l’espérais aussi mais un ami physicien a douché mes espoirs en disant que les batteries ne seraient jamais suffisantes – outre le fait qu’elles sont également polluantes (certes moins que le nucléaire). Le thorium dont Contrepoints a d’ailleurs déjà parlé (en relativisant l’espoir qu’on y place) ? Il apparaît aujourd’hui que la solution résiderait plutôt dans un mix piloté numériquement et adapté aux lieux, suivant leurs ressources propres…?
On voit souvent les batteries comme LA solution au stockage d »électricité, c’est oublier un peu vite qu’il existe d’autres méthodes.
Nos Steps (station de pompage turbinage) sont sous exploitées, ce n’est que très récemment que l’on commence à leur faire faire dans certains cas plusieurs cycles journaliers.
Les chauffe eau électriques qui globalement stockent plusieurs gwh d’énergie chaque jour ont encore un fonctionnement des plus rigides (heures creuses /heures pleines avec des horaires contractuels et constants toute l’année).
On dispose déjà de capacités de stockage importantes qui ne demandent qu’a être mieux exploitées quel que soit le mode de production envisagé.
A coté des batteries, on a , pour des cycles beaucoup plus rapides mais avec des capacités plus faibles les supercondensateurs
et enfin pour des stockages à long terme beaucoup de travaux sont faits sur l’hydrogène (et la encore quelque soit le moyen de production, des recherches sont faites pour produire de l’hydrogène aussi bien dans des réacteurs nucléaires qu’ a partir de solaire ou d’éolien)
Enfin il ne faut pas oublier que les fluctuations de l’energie solaire sont principalement compensées par de l’hydraulique. Autrement dit, quand on produit du solaire on économise une energie hydraulique stockée qui peut être consommée ultérieurement