Éolienne offshore : le naufrage du bon sens

L’éolienne flottante « Floatgen » inaugurée à Saint-Nazaire représentera le premier totem en mer matérialisant le naufrage du bon sens.

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Eoliennes offshore Thorton Bank(CC BY-NC-ND 2.0)

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Éolienne offshore : le naufrage du bon sens

Publié le 3 octobre 2022
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La première éolienne flottante en mer (dite offshore) en France a été inaugurée en grande pompe à Saint-Nazaire le 12 octobre 2017 par le secrétaire d’État à la Transition énergétique Sébastien Lecornu et quelques célébrités locales.

 

Coût de l’éolienne offshore

Le coût total de l’aventure nommée Floatgen est estimé à environ 40 millions d’euros, dont la moitié pour l’éolienne elle-même. L’autre moitié se répartit entre le flotteur en béton, les divers raccordements et les ancrages. Le projet bénéficie d’une subvention de 10 millions d’euros apportés par l’Union européenne, et de 8 millions par le Programme d’investissements d’avenir de l’État.

En clair, près de la moitié du coût prévisionnel de ce projet est financé par les impôts des Français alors que les principaux bénéficiaires sont étrangers (allemands et danois).

Bien que cette éolienne de 140 mètres de haut en bout de pale soit censée alimenter de 2000 à 4000 foyers selon les sources, qu’en est-il exactement ?

 

Quelle alimentation pour l’éolienne offshore ?

Tout d’abord, les jours sans vent, ce qui arrive aussi de temps à autre en mer au large de Saint-Nazaire, cette éolienne offshore n’alimentera strictement personne.

Ensuite,  ses concepteurs annoncent un facteur de charge prévu de 32 %. Donc cette éolienne est censée fonctionner un jour sur trois à sa puissance nominale. Et ce chiffre est optimiste puisque même en Écosse (où il y a beaucoup de vent…), les éoliennes atteignent à peine ce rendement (le parc de Robbin Ring atteint 30 %).

Mais admettons. La puissance de l’éolienne étant de 2 MW, la production annuelle serait d’environ 5600 MWh.

Pour produire autant de MWh que le futur réacteur nucléaire EPR de Flamanville (11 millions MWh par an, même s’il n’y a pas de vent ni de soleil), il faudra plus de 2000 éoliennes Floatgen pour un coût de 40 à 80 milliards d’euros !

Le coût pourrait être divisé par deux par un effet d’échelle. Mais même en divisant par deux…  le prix du kilowatt-heure payé par le consommateur augmentera rapidement.

Enfin, cerise sur le gâteau, la production de cette machine sera officiellement achetée obligatoirement à 240 euros/MWh quand elle produira, soit six fois le prix actuel du marché qui est d’environ 40 euros/MWh. Là encore, la différence sera payée par le consommateur / contribuable via une taxe (la Contribution au Service Public de l’Électricité, CSPE) sur sa facture d’électricité.

Avec ce prix d’achat préférentiel (et démentiel) de 240 euros/MWh, pourquoi faut-il encore des subventions pour la construction ?

 

Une rentabilité très discutable, surtout en temps de crise budgétaire

En Allemagne, de récents appels d’offres ont été attribués sans subvention pour des éoliennes en mer. Le prix d’achat très élevé et obligatoire de la production éolienne payé par les Allemands suffira à rentabiliser l’investissement des lauréats. Il faut souligner qu’en Allemagne, le prix de l’électricité est deux fois plus élevé qu’en France…

L’EPR est prévu pour durer 60 ans. Quelle sera la durée de vie pour cette éolienne en mer ? Faudra-t-il la changer dans 20 ans ou 30 ans, si elle a résisté jusque là aux assauts des tempêtes maritimes ?

Alors que l’économie de la France est dans une phase critique, des milliards d’euros vont être dilapidés pour fabriquer quelques pourcents d’une électricité intermittente, inappropriée à la demande de l’utilisateur, et donc de mauvaise qualité.

De plus, elle est cinq à six fois plus chère que le prix du marché actuel (rappel : 240 euros/MWh contre 40 euros/MWh).

Ces sommes démentielles seront prélevées sur la facture d’électricité des Français pour être englouties en mer. Une hausse vertigineuse du tarif de l’électricité a déjà commencé via la CSPE, alors que 9 millions de consommateurs sont déjà en situation énergétique précaire et doivent être socialement assistés…. Ce qui contribue aussi à l’augmentation de la CSPE dont c’était l’objectif à l’origine !

 

Le naufrage du bon sens

Le coût complet de mise en place des moyens complémentaires (réseau électrique, aménagement d’infrastructure portuaire, subventions, construction de nouvelles centrales thermiques de production d’électricité pour compenser l’intermittence) est aujourd’hui encore mal identifié. Il représente cependant, à l’horizon 2030, plusieurs dizaines de milliards d’euros que devra supporter le contribuable français. La commission de régulation de l’énergie (CRE) a déjà prévu un surcoût de 8 milliards d’euros dû aux énergies renouvelables (incluant le solaire) pour la seule année 2018.

Le développement de l’éolienne offshore, encore moins compétitive que l’éolienne terrestre, est un non sens économique qui conduit à une destruction d’emplois par atteinte de la compétitivité des entreprises de notre pays. Comment des idéologues œuvrant habilement en coulisses (gouvernement, Commission européenne…) sur le dos des citoyens contribuables ont-ils pu gangréner l’esprit de nos dirigeants à ce point ?

Le développement programmé de l’éolien offshore va contribuer à l’appauvrissement de la France pour satisfaire des intérêts privés et des accords électoraux avec les Verts au détriment de l’intérêt national.

L’éolienne flottante Floatgen inaugurée à Saint-Nazaire représentera le premier totem en mer qui matérialise le naufrage du bon sens.

 

Un article publié initialement le 16 octobre 2017.

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  • mais je vous rappelle « la transition energetique » qui stipule qu’on doit avoir du renouvelable..on doit aussi limiter la part du nucleaire à 50%…
    bref , il y en a qui s’amuse à penser ..et on paiera..
    J’engage tout le monde à aller voir ou essayer de comprendre pourquoi la transition énergétique doit être…
    vous aurez en gros la transition energetique c’est plus de renouvelable, pourquoi? parce que plus de renouvelable c’est bien et puis mon bon monsieur..il y a des enjeux…climatiques humains environnementaux etc…

    en clair pourquoi la transition energetique..parce que.
    combien elle coutera ? on s’en fout , elle est necessaire…

    • et puis l’ademe qui est chargée de faire la promotion de la transition energetique nous dit que c’est bien…

      6 fois leprix pour une l’électrcité de mauvaise qualité….

  • Pas aussi tragique que cela 40 millions seront payés par 60 millions de personnes…même pas 1 euro supplémentaire..et si c’est vendu à d’autre pays……bon c’est toujours trop mais le gaspi d’argent public là ou ailleurs….,..

    -1
  • et bientôt !!! le scandale de marché juteux….?

  • Il me semble que vous oubliez de mentionner l’amortissement des 17 à 22 ME d’argent public dépensés pour la zone d’essais SEM-REV, où cette éolienne sera installée sans avoir du coup à payer tous les frais annexes de raccordement, d’étude de site, etc.

  • Concernant la compensation de l’intermittence par du thermique, il me semble que l’investissement de 350 millions d’euros dans la rénovation de la centrale de Cordemais suffira. http://lenergeek.com/2015/03/05/la-centrale-de-cordemais-entame-sa-renovation/

  • On peut se demander d’où sort le théorème « La part du nucléaire doit être de 50% ».
    Ou on utilise l’énergie nucléaire, alors il faudrait viser le 100%, ou on n’en veut pas et alors c’est 0%.
    Je me demande s’il y a encore un technicien quelconque parmi les gens qui prétendent nous « gouverner ».

  • En ce qui me concerne, je prône le 100% nucléaire. La France est, ou du moins était, très largement en avance dans ce domaine. Il est aberrant de constater qu’elle se saborde avec tant d’enthousiasme!

  • le paradoxe ..nos dirigeant sont mis en place par nos politiques…vu leur niveau ….
    l’entreprise est à l’image de leur chef…

  • En France on a l’habitude de ces gaspillages pour le prestige, la gloriole franchouillarde. En commençant par le Concorde, via le plan calcul, les satellites inutiles, etc… On ne compte plus le fric claqué pour des mirages. Car faire une étude de marché est une perte de temps pour le peuple le plus intelligent de la Terre!

  • quel aveu! « alors que 9 millions de consommateurs sont déjà en situation énergétique précaire et doivent être socialement assistés… »
    un résumé pour 40 ans de politique tout électrique nucléaire

    • Non, c’est le résultat de 60 ans de gestion économique française.
      Bien géré, le nucléaire est rentable. Mais géré par l’Etat, c’est une autre histoire, comme trop souvent.

      • Il suffirait de supprimer les aides au renouvelable, ça permettrait largement de financer les 9 millions de précaires énergétique.

        • impossible de supprimer les aides, la filière nucléaire est incapable de produire l’électricité nécessaire après le futur (proche) de l’arrêt des centrales actuelles obsolètes (les EPR ne sont pas au point et coûtent trop cher)

      • dans tous les pays occidentaux les propriètaires de centrales nucléaire ont des problèmes de rentabilité.
        c’est d’autant plus vrai dans les pays ou le nucléaire est détenu par des entreprises privées. (l’état n’est pas la pour camoufler les pertes)
        https://www.lesechos.fr/16/06/2017/LesEchos/22467-090-ECH_la-moitie-des-centrales-nucleaires-americaines-perdent-de-l-argent.htm

        • Très intéressant votre article.
          Cependant, ce déficit de rentabilité est récent: depuis la chute des cours des énergies fossiles qui permettent de produire de l’électricité peu chère (au grand dame de nos écolos d’ailleurs). Cela n’a pas été toujours le cas et ne le sera peut-être pas tout le temps.
          L’énorme avantage d’un nucléaire réellement privé est de ne pas faire payer les pertes aux contribuables.

  • En tant qu’antilibéral convaincu je suis rarement d’accord avec vous mais pas pour cette fois. Vous faites une excellente critique de la démence de cette partie de la transition énergétique, et je vais carrément passer votre article en favori pour le ressortir quand je parle avec un khmer vert.

    L’efficacité énergétique c’est bien, subventionner les travaux d’isolation des particuliers par le crédit d’impôt c’est très bien, mettre un peu de panneau solaire sur les toits des bâtiments pourquoi pas, par contre l’antinucléarisme primaire c’est une dinguerie. Arrêter le chiffre de 50% d’énergie nucléaire quoiqu’il arrive c’est très dogmatique mais acceptable si on ne remplace pas le truc par des technologies intermittentes. EDF connait son métier et n’a eu de cesse de répéter que le pire pour fournir un service correct c’est la production électrique intermittente.

    Après il faut dire n’importe quoi non plus dans l’autre sens: 100% de production nucléaire vraiment ? Vous proposez qu’on dynamite nos barrages ? Stupide pas vrai ?

    Voila mon avis d’amateur qui s’est un peu renseigné sur la politique énergétique la plus souhaitable: L’EPR finira par être construit mais il vaut cher, il est très gros et de l’aveu même du CEA il ne correspond pas parfaitement à ce que le CEA souhaite faire. C’est pour ça qu’il est perçu comme un moyen de transition entre notre parc actuel à eau pressurisé et le futur parc idéal pour le CEA. ET c’est aussi pour ça qu’il ne faut pas déployer trop de réacteur EPR, seulement de quoi remplacer les réacteurs REP qui ne peuvent pas continuer à fonctionner 20 ans, voir un petit moins pour faire plaisir aux tarés écologiques.
    EDF et Aréva dispose sur le sol Français d’un stock de plutonium et d’uranium 238 suffisant pour que la France soit autonome électriquement pendant au moins un siècle au rythme de production actuel et à la même proportion d’énergie d’origine nucléaire. Il ne leur manque qu’une chose pour enclencher cette solution de réelle indépendance électrique totale: le réacteur nucléaire adéquat. Et ce n’est pas l’EPR parce qu’il n’est pas capable de tourner 100% au MOX, ni d’utiliser la filière thorium 232/uranium 233 si on le lui demande. Ce qu’il leur faut c’est un réacteur surgénérateur à neutron rapide et sel fondu. Pour le moment ce type de réacteur est très dangereux mais je sais de source sure que le CEA travail à améliorer la sécurité comme ils l’ont fait pour le REP en concevant l’EPR. Dans 20 ans la solution sera là, normalement d’ici 10 ans ils devraient être en train de construire un autre démonstrateur légèrement différent d’Astrid et de super-phéonix et beaucoup plus sur.

    Sortir du nucléaire est une hérésie qui multiplierait par 10 la quantité de déchets intraitables à gérer au frais de l’état et mettrais un cout d’arrêt à la recherche dans un domaine où la France est un des états les plus pointus.
    Il ne faut surtout pas non plus laissez faire la privatisation programmé d’EDF, encore moins de ses réacteurs nucléaires: on a vu ce que ça donné à Fukushima et à three milles island, en cas d’incident grave, c’est privatisation des profits et nationalisation des pertes totalement contraire à l’intérêt général. Et il est sur est certain que le privé dans sa recherche du profit maximum augmente les risques d’accident grave. Ne soyez aussi dogmatique que des khmers verts amis libéraux.

    Voila ce qu’il faut faire: déployer quelques EPR de transition, finaliser la recherche sur les sels fondus, finaliser l’enfouissement à grande profondeur pour les déchets déjà vitrifiés, coopérer avec les Belges qui travaillent sur une bonne solution de transmutation des déchets à vie longue et haute activité et surtout ne pas se laisser faire par la démagogie écologique sinon les fous ruineront définitivement notre pays.
    Bien à vous.

  • le principal défaut de cet article est de faire des plans sur la comète sur une éolienne « prototype » qui sera mise en service …….en 2018

    -1
  • Et si l’on voyait encore plus loin? faire des recherches et investir sur de vrais nouvelles technologies, les panneaux photovoltaïque pour le moment on doute du bilan cout ressources de production/rendu sur sa vie. L’éolien a des rendements trés faibles (sans parler des pertes de transport).
    Ne pourrais-t’on pas vraiment financer la recherche (sans vouloir troller, la fusion nucleaire à besoin d’aide), voir à long terme et arreter de suivre les lobby industriel se disant « green »?

  • ce qui est quand même bien , c’est que l’on a un prototype qui respecte les couts annoncés au départ (si si, c’est très rare) dans une filière ou on sait que l’effet de série va très fortement jouer sur les prix futurs !
    Si on pouvait pour une fois garder ce savoir faire en France ce serait pas mal.

  • Quand je pense qu’on nous a vendu Macron comme un génie !

    • C’est bon une chemise extra-blanche !
      Finie la corvée de lessiveuse, le nouveau Génie Extra donne à votre lessive le blanc extra… sans bouillir ! (1966)
      Vous pouvez aussi ne pas la laver et la cacher sous un col roulé…

  • Une idée pour la production d’electricité en mer : Y balancer tous les ecolos qui vont brasser pour surnager et faire tourner des turbines horizontales flottantes ! ?

  • Et cinq ans plus tard, toujours d’actualité. Décidément, nos gouvernants sont franchement obtus !

  • Macron nous prend pour des c..s En échange de quoi lance t’il ce programme de construction de machines toutes plus inutiles les unes qu les autres, adossées à des centrales thermiques qui aumgentent le réchauffement climatique. Bien sur les boches et les danois sont derrières. Mais on ne me fera pas croire que les pseudos ministres, les politicards et les fonctionnaires qui sont drenierre ne savent pas qu’ils ruinent la France. Ils y ont donc des intérets. Il serait intéréssant que les journalsites enquétent sérieusement sur tous cela au lieu d’être à la botte de ces escrocs.

    • « qui augmentent le réchauffement climatique »
      Assertion gratuite, et d’ailleurs tout degré gagné à l’extérieur représenterait un degré de moins à gagner par le chauffage.

  • Les commentaires sont fermés.

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