Par Michel Gay et Gérard Petit.
L’enjeu du combat des antinucléaires est de rallier l’opinion à la cause des “sauveurs des générations futures” en la convainquant de la dangerosité de cet “enfouissement”.
Or, l’essentiel est déjà acquis pour ce processus fondé sur des études et des essais démarrés il y a plus de quinze ans, encadrés par le Parlement et évalués par l’ASN.
Bloquer le stockage et accuser le manque de solutions
Pour les manifestants rassemblés sur le site de Bure le 15 août 2017, il est essentiel de s’opposer au stockage profond des déchets nucléaires car celui-ci bouclerait ainsi le processus industriel de production d’électricité nucléaire.
En effet, tant que ce dernier maillon ne sera pas opérationnel, les opposants pourront toujours clamer que cette filière “ne sait pas quoi faire de ses déchets“, argument éthique majeur pour en dénoncer l’usage en ruinant sa pérennité.
Pour les opposants, après avoir joué avec le feu nucléaire, les générations du baby-boom auraient lâchement laissé à leurs descendants le fardeau délétère des déchets.
Or, c’est faux. Au contraire d’autres activités industrielles, l’électronucléaire gère rigoureusement ses déchets (caractérisation, comptabilité, traçabilité, réduction des volumes,…). Mais ce mérite ne doit surtout pas lui être reconnu car le devenir des déchets ultimes sert d’ancrage aux contestataires de cette source d’énergie.
Cependant, confrontés au fait établi qu’une solution crédible existe pour ces déchets, avec un calendrier réaliste de mise en œuvre (vers 2025), les contestataires deviennent féroces pour faire entendre leurs “arguments”. La dénonciation véhémente et la poursuite d’actions musclées (occupations de terrains, destructions d’ouvrages,…) s’imposent donc pour dénoncer ces “mensonges”, d’où les récents affrontements de Bure (plusieurs blessés dont deux gendarmes).
La radioactivité réduit progressivement la nocivité des déchets nucléaires. Il suffit donc de trouver un réceptacle qui garantisse une étanchéité compatible avec le retour à la radioactivité ambiante (la terre est naturellement radioactive) comme le dépôt en couches géologiques profondes, stables et anhydres. L’argilite à l’est du Bassin Parisien, aux confins de la Meuse et de la Haute Marne, possède les propriétés requises. Le choix du site souterrain de Bure est donc rationnel, conforté par des essais conduits depuis quinze ans en situation réelle dans le laboratoire souterrain.
Des contestations faciles
Paradoxalement, la plupart des mobilisés de Bure semblent craindre aussi le réchauffement de la planète. Ils ne voient pourtant aucune contradiction entre cette préoccupation et le fait qu’ils s’échinent à entraver l’un des rares moyens de production massive et programmable d’énergie sans émission de gaz à effet de serre.
Diaboliser le nucléaire en dénonçant “le legs empoisonné aux générations futures” l’emporte sur toute autre considération. Et tant pis pour la planète !
Pour une partie de la population française, les objectifs de la loi de transition énergétique de 2015 concernent d’abord la réduction importante de la puissance nucléaire installée (un tiers de moins en 2025) et implicitement, son remplacement par l’éolien et le solaire. Cette projection chimérique donne une belle légitimité aux opposants d’un nucléaire officiellement déconsidéré par l’État. Dans ce contexte, la contestation du projet de Bure trouve un terreau fertile.
Les médias accréditent la thèse du réchauffement climatique mais, en même temps, jamais une occasion n’est manquée d’attaquer le nucléaire. Le slogan inconséquent qu’il ne faut pas traiter la peste (climatique) par le choléra (nucléaire), est souvent repris.
Raisonner ainsi conduit à évincer l’outil nucléaire, particulièrement performant en la matière, et dont nous avons besoin.
L’efficacité de la lutte contre le réchauffement climatique ne se mesure pas à l’accroissement de la proportion d’énergies renouvelables intermittentes dans le bouquet énergétique. Elle se mesure à la diminution de la production des gaz à effet de serre à laquelle contribue grandement le nucléaire. Ce dernier produit 75% de notre électricité décarbonée à plus de 90% (les barrages y contribuent pour 12% et toutes les autres énergies renouvelables pour 7% environ).
Le stockage des déchets nucléaires, enjeu “humanitaire” pérenne
Certains contestataires vont saisir la superbe opportunité que représente Bure pour y fonder une nouvelle ZAD (zone à défendre). Ils espèrent même un bienveillant soutien de l’opinion, au-delà de celui apporté aux pourfendeurs de Sivens et de Notre-Dame-des Landes.
En effet, ces vigies autoproclamées présentent l’opposition au stockage comme un enjeu humanitaire international engageant le long terme, ce qui manquait à leurs précédentes actions.
Mais l’opinion peut aussi considérer que c’est un mauvais combat d’arrière garde mené par des activistes à des fins idéologiques et politiques.
Je croirais aux écologistes anti nucléaires le jour ou ils auront dans leurs rangs des géologues qui sont les vrais professionnels du sous sol et qui savent de quoi ils parlent
La photo illustrant le billet de M. Gay est bien mal choisie pour donner une idée positive de la technique du stockage souterrain des déchets nucléaires ! Allons M. Gay, vous qui défendez le nucléaire avec tant de régularité, ne démolissez pas vos efforts précédents par un contresens ridicule.
je ne pense pas que le choix en revienne à Mr gay..et quand bien m^me.. Il y a beaucoup de critiques à lui adresser , la première étant qu’il prétende parfois parler au nom d’un interet général qui doit être régi par le haut ..mais cette photo…non…
Le contresens est d’être antinucléaire mais d’empêcher l’enfouissement des déchets dans un endroit sûr! Où sont-ils stockés pendant ce temps?
@Virgile
Point n’est besoin d’être antinucléaire ou écolo dévot pour comprendre que” jouer les Mme Irma” sur des projections de plusieurs milliers d’années pour une solution avant tout irréversible n’est guère probant.
Je vous accorde cependant que nous pouvons être des plus sereins puisque nous ne serons plus de ce monde depuis longtemps!
L’enfouissement est LA bonne solution pour le stockage des déchets. Seulement voilà, comme toujours il faut faire un peu d’histoire.
Quand fut décidé de faire des laboratoires de REHERCHE sur l’enfouissement, l’idée fut de trouver 4 sites situés sur des strates géologiques différentes, de façon à choisir la formation géologique la mieux adaptée à ces enfouissments. Seulement voilà, dès ce moment (il y a une vingtaine d’années), pas un village n’était bien chaud pour faire des recherches sur un sujet aussi brûlant (un peu comme des recherches sur le fractionnement des roches shisteuses). Il ne resta plus que Bures. Heureusement le site de Bures est plutôt bien adapté, mais on ne saura jamais si un autre site n’eut été encore mieux adapté, grâce à la sottise de nos concitoyens.
Quant aux anti-nucléaires primaires, il ne s’agit que de gauchistes déguisés en écolos.
Lorsque il y a eu des propositions sur des sites d’enfouissement dans le massif Central, je me suis proposé dans les mairie concernées en tant que géologue pour ‘apporter mes connaissances à ce projet. Ma présence aux réunions a toujours été refusée. Ou est la démocratie écologistes?
Elle n’existe pas car ce sont des gauchistes, absolument opposés à la démocratie!
Ce qui caractérise les écologistes c’est de se mêler de problèmes dont ils n’ont absolument aucune idée, et de proposer des solutions contre-productives! Normal lorsqu’on est ignorant et stupide!
Michel Gay fait appel à l’intelligence et la rationalité, les écolos agitent comme d’habitude les peurs irrationnelles. Mon problème est côté politiciens plus qu’opinion publique. Ils sont censés avoir des neurones opérationnels, représentés l’intérêt général et montrer le chemin aux citoyens. Ça coince quelque part.
@Christial
On vit dans une démocratie d’opinion. C’est là que ça coince.
Le champ d’action des neurones des politiciens se limite à leurs vues électoralistes, pas plus.
Ils sont donc prêts à n’importe quelle compromission populiste et démagogique du moment que ça leur rapporte.
Nos Robin des Bois sont à la recherche de toutes les causes perdues , l’essentiel pour eux est de contester et il y a toujours un riverain mécontent à sauver !
L’étonnant de ces histoires pour moi est le non stockage sur leur lieu de production ,endroit déjà sécurisé et surveille….bah économiquement parlant cela n’arrangerait pas nos betonneurs..combien de déchets par centrale et pour une durée de vie de plus de 50 ans….pas grand chose vu l’espace occupé par une centrale.
Comme quoi malgré leurs fantasmes des anti tout nous montrent les anomalies de notre système politico-economique.
On s’embête avec les déchets sans vraiment chercher à trouver une solution pour les neutraliser rapidement. Impossible n’est pas français.
Cela dit l’inconvénient du risque nucléaire, même “rigoureusement géré” par rapport au risque chimique, est que l’explosion d’une centrale (impossible bien sûr) menace un continent, quand le chimique reste limité à une région.
Si le nuage de Tchernobyl a eu la courtoisie de “s’arrêter” aux frontières françaises, celui de Fukushima continue encore aujourd’hui de se répandre dans le Pacifique et a atteint les Etats-Unis.
Mais chut !
@vudubar
Le premier enseignement de cette tragédie est de nous démontrer-comme si on ne le savait déjà-la petitesse de l’homme et la fragilité de sa technologie.
La question qui se pose:
-Peut-on contrer les forces de la nature?
Les scientifique pouvaient difficilement prévoir les conséquences d’ un séisme d’une ampleur inédite de force 9, avec un tsunami et des vagues de 30m de haut détruisant l’alimentation électrique de la centrale de Fukushima.
On ne peut exiger des scientifiques(en l’occurrence géologues dont il est question dans l’article), qu’ils aient la science infuse.!
“le nuage de Chernobyl s est arrêté à la frontière française”. Ça faisait bien longtemps que j avais pas été confronté à cette légende urbaine. Sur abondamment utilisé par nos amis écologiste voulant se payer le tete de certains scientifiques et politique ne partageant par leurs avis
Car non! Aucun pouvoir publique n a affirmé cela. Tout au plus une ignorante miss météo à parle à l époque d un anticyclone nous protégeant des vents venu de l Ukraine. Mais que je sache une Miss météo n est pas particulièrement compétante en la matière.
“la terre est naturellement radioactive” : ça c’est de l’argument!
le corps humain aussi et c’est pas pour ça qu’on demande aux pronucléaires de manger les déchets.
beaucoup plus inquiétant, CIGEO c’est 5% des déchets nucléaires et 30 milliards de coût
que se passera t il si on ne développe pas les centrales de 4ème génération et qu’on se retrouve avec les autres 95 % qui passeront du statut de “carburant possible” à déchets ultimes……..
@karl34
“que se passera t il si on ne développe pas les centrales de 4ème génération ?”
Demande à Jospin . . .
ou tout simplement aux ingénieurs qui ne peuvent pas dire quand ça marchera (si ça fonctionne un jour) et si le niveau de sécurité sera au moins égal à celui de l’ePR………..
ou quand on camoufle ce qu’est le développement d’un prototype.
Et ça se dit et veut “ingénieur”, mon pauvre gars !
lisez donc le rapport de l’IRSN sur les “développements” des prototypes, tellement peu avancés et dont la sécurité peu assurée….
Excuse moi Karl34, je disais juste que les centrales de 4ème génération existaient et que c’est le populisme politique qui les a stoppées.
Après, tenir un discours sans garder de vue le sujet, en naviguant de Carybde en Scylla, du style l’important c’est d’être le dernier à parler, ne fait que renforcer le désintérêt que je vous porte.
Vous posez une question et à qui vous répond vous dérivez sur le sujet bateau qui vous intéresse.
Ingénieur en tartufferie voilà où vous en êtes !
” Le bilan effectué conduit l’IRSN à considérer que, à ce jour, parmi les différents systèmes nucléaires envisagés, seul le système SFR présente une maturité suffisante pour que la réalisation d’un prototype de réacteur de 4ème génération soit envisageable dans la première moitié du XXIème siècle”
rapport de 2015 de l’IRSN : tout au plus un prototype en vue!
et sûrement pas de centrale à l’horizon