[L’épopée économique de l’humanité] – La fin de l’Empire romain d’Occident (XI)

L’économie de l’Empire romain s’enferme alors dans un cercle vicieux en raison de l’envolée des coûts qu’il doit supporter et de la fonte des recettes qu’il peut dégager.

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[L’épopée économique de l’humanité] – La fin de l’Empire romain d’Occident (XI)

Publié le 14 août 2023
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La pression des migrations

En 378, l’Empereur Valens subit un désastre militaire à la bataille d’Andrinople. À des tribus révoltées de Goths se sont joints des esclaves, des ouvriers des mines et des arsenaux d’État, ainsi que des affranchis. Cette coalition de barbares et d’exploités inflige à l’Empire une défaite où sont anéanties ses meilleures unités.

Son économie s’enferme alors dans un cercle vicieux en raison de l’envolée des coûts qu’il doit supporter et de la fonte des recettes qu’il peut dégager. Il n’est plus en mesure de mobiliser les ressources suffisantes pour financer l’armée et verser aux envahisseurs les tributs qu’ils exigent pour rester tranquilles. L’Empire romain ne dispose plus des capacités d’empêcher l’irruption de nouveaux arrivants, et encore moins de les intégrer.

Provincialisée, la Ville Éternelle qui compta jusqu’à un million d’habitants au temps de sa splendeur, n’en a plus que quelques dizaines de milliers, qui survivent difficilement au milieu de palais en ruines. L’ancien centre de l’économie antique n’est plus que l’ombre de lui-même. En 410, Alaric, roi des Wisigoths, mécontent que l’empereur Honorius ne lui ait pas versé son tribut, s’en empare.

40 000 Romains sont réduits en esclavage et la ville est mise à sac. Même si elle n’a plus le statut de capitale, le retentissement de son pillage n’en est pas moins considérable car il met en lumière le dramatique affaiblissement de l’Empire.

L’événement inspire à saint Augustin son homélie sur la chute de Rome :

« Tu es étonné parce que le monde touche à sa fin ? Étonne-toi plutôt de le voir parvenu à un âge si avancé. Le monde est comme un homme : il naît, il grandit et il meurt ».

Dans La Cité de Dieu1, il relativise le désastre en déliant le sort du christianisme de celui de l’Empire.

En proie au brigandage dans les campagnes, à la subversion barbare et à l’avidité des fonctionnaires du fisc, l’Occident est en équilibre de plus en plus précaire. Son économie s’enfonce dans la dépression.

 

Une stabilisation éphémère

De 425 à 455, le règne de Valentin III proclamé Empereur d’Occident à l’âge de six ans marque toutefois une période de relative accalmie pendant laquelle la situation semble se stabiliser.

Le général Aetius cantonne les Wisigoths dans le sud de la Gaule, fixe les Burgondes entre le Jura et les Alpes, et repousse Attila en 451 à la bataille des champs Catalauniques.

Les structures impériales résistent et paraissent maintenir la cohésion de l’ensemble.

On parle toujours de l’Empire au singulier. Mais déjà il faut parler des Églises au pluriel, car en 451 l’évêque de Constantinople devient patriarche, à l’égal de celui de Rome.

Trois ans plus tard, pour des raisons non éclaircies, Valentinien tue Aetius de sa main. L’année suivante, il est à son tour assassiné par deux fidèles de sa victime, et le Vandale Genséric qui s’est rendu maître de la province d’Afrique pille Rome à son tour.

L’insécurité et l’incertitude atteignent alors de nouveaux sommets dans la partie occidentale de l’Empire, ce qui compromet tout espoir de redressement de son économie.

 

La chute de Rome

Le 4 septembre 476, l’empereur d’Occident Romulus Augustule est contraint de quitter son palais de Ravenne pour un couvent napolitain. Âgé de 14 ans il a été déposé par Odoacre, roi de la tribu germanique des Hérules qui s’était mis à son service, mais estimait ne plus être correctement rémunéré. La déposition de Romulus Augustule signe la fin de l’Empire romain d’Occident.

En 484, les deux patriarches s’excommunient réciproquement. Au sein des deux parties de l’Empire, le christianisme est en proie à de multiples dissensions. Il n’a pas été le principe unificateur que l’on attendait, il a aussi creusé les différences. Entre l’Orient et l’Occident la rupture est désormais consommée dans tous les domaines. Dans celui de l’économie, ils forment deux univers cloisonnés dont les échanges se restreignent comme une peau de chagrin.

À l’Ouest l’Empire a disparu, le prédateur a été dévoré par ses proies. La chute de Rome ouvre la période des royaumes barbares marquée par un lent processus de féodalisation de l’économie et de la société.

  1. Composé entre 413 et 426, l’ouvrage se compose de 22 livres
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  • Avatar
    alline.francois@gmail.com
    14 août 2023 at 9 h 56 min

    Le Christianisme, cette religion  » d’amour femeliste » achèvera le Patriarcat Gréco-Romain, et cette femme qu’est l’église (dixit le pape), mère des croyants, imposera la monogamie, l’homophobie pour mettre le masculin à son service; celui de la famille. Sa soumission puisera ses racines dans le législatif clérical pour se parachever seconde moitié du 20ème siècle à nos jours.

  • Ne pas chercher midi à 14h00.
    Ne pas confondre le comment – l’empire romain a disparu.
    Et.
    Le pourquoi.
    L’empire romain a crevé parce que c’était un empire. Tous les empires finissent par crever.
    Il est impossible d’unir durablement, par la force, des peuples distincts sous l’égide d’un pouvoir lointain. Sans communauté d’idéal, de transcendance ou d’intérêt, l’union est vouée à l’échec.

    • Et les empires sont comme les monopoles ou la solitute, sans l’autre ou ici sans rival digne de ce nom, on pourrit de l’intérieur.

  • Les commentaires sont fermés.

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