[L’épopée économique de l’humanité] – L’hellénisme à la conquête du monde (VI)

Dans ce sixième volet, Pierre Robert met en avant le développement de l’économie hellénique à travers ses conquêtes, ainsi que ses limites.

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[L’épopée économique de l’humanité] – L’hellénisme à la conquête du monde (VI)

Publié le 15 juillet 2023
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Athènes, catalyseur des échanges en Méditerranée

Animées par un puissant désir d’autonomie, les cités grecques repoussent les Perses au début du Ve siècle avant J.-C. à l’issue des guerres médiques (-490 à -479). Déclenchées par la révolte de Milet en Asie mineure, elles se concluent par la victoire spectaculaire des cités d’Europe conduites par Athènes et Sparte.

À la même époque, leurs combattants battent les forces de Carthage et lui font perdre le contrôle de la Sicile jusqu’à la fin du Ve siècle.

Athènes prend alors la tête d’une alliance de cités qui devient progressivement un empire maritime.

Sous son égide, les Grecs développent une identité commune en dépit de leurs luttes intestines. Ils donnent naissance à une véritable thalassocratie qui favorise le développement du commerce et domine les échanges dans l’espace méditerranéen tout au long du Ve siècle.

Les guerres médiques et la défaite des Carthaginois témoignent de l’affaiblissement des peuples de l’Orient ancien et du dynamisme du monde grec.

C’est ce que confirme l’épopée d’Alexandre au IVe siècle avant notre ère.

 

Alexandre, pionnier de la mondialisation

Après que son père, Philippe de Macédoine, a réussi à unifier le monde grec en lui imposant son autorité, il ouvre à l’hellénisme un prodigieux champ d’expansion.

Élève d’Aristote, roi de Macédoine en – 336 à 19 ans, il prend possession de l’immense Empire perse et s’avance jusqu’aux rives de l’Indus. Modèle par excellence du conquérant-civilisateur, il est animé d’une extraordinaire volonté de rassembler en une même entité l’ensemble du monde connu. Partout où il triomphe, il impose à ses sujets une autorité de nature théocratique qui les fait tous égaux dans la soumission. Pris de fièvre, il meurt à Babylone le 13 juin 323, à l’âge de 33 ans.

Alexandre que l’on a pu qualifier de « dernier des Achéménides » poursuit l’œuvre des souverains perses à une échelle encore plus grande1. Il regroupe sous une même domination des régions d’une extrême variété, jusqu’alors séparées par une hostilité traditionnelle.

Les voies de la conquête sont aussitôt devenues des routes de commerce. De nouvelles liaisons apparaissent comme celle entre le golfe Persique et l’Indus. En outre, la ruine de l’Empire achéménide a un fort impact dans le domaine monétaire lorsque les immenses trésors patiemment thésaurisés par les souverains perses se déversent brutalement dans les circuits de l’économie. Cet afflux prodigieux de métaux précieux provoque une vague d’inflation qui dégrade la situation des plus pauvres mais stimule les activités dans tout l’Orient.

 

Une entreprise d’assimilation vouée à l’échec

Dans le même temps, s’amorce un mouvement de fusion des peuples soumis.

L’armée devant sans cesse recruter de nouveaux soldats, on associe Macédoniens et Asiatiques au sein de la phalange. On s’appuie sur les élites locales pour administrer les territoires conquis. À cette fin, 30 000 jeunes indigènes, les épigones, sont instruits dans la langue grecque et la tactique macédonienne. La même logique préside aux « noces de Suse », lorsqu’en février de l’an – 324, 10 000 soldats, dont les principaux officiers du souverain, sont mariés à des femmes perses et mèdes. Lors de cette grandiose cérémonie, Alexandre lui-même épouse la fille de Darius III qu’il a vaincu.

Il n’y eut toutefois pas même l’embryon d’organisation et de structures communes qu’aurait exigé un aussi vaste empire. De trop forts antagonismes séparaient les peuples qu’il prétendait fondre et, très vite après sa mort, ses lieutenants se disputèrent l’héritage. L’Orient, désormais sous influence hellénique, est alors partagé en trois domaines principaux : aux Antigonides la Grèce et la Macédoine, aux Séleucides l’Asie, aux Lagides l’Égypte qui sans cesse fomente des troubles au détriment des deux autres.

 

Un héritage disparate

Les répercussions de son épopée n’en sont pas moins considérables. Elle a transformé le monde antique et ouvert à l’hellénisme un champ immense. dont l’extension et la fragmentation ont profondément modifié la civilisation.

Au plan culturel et artistique, la civilisation se teinte de cosmopolitisme comme en témoigne l’élaboration d’un dialecte grec commun, la koinè, qui s’impose comme langue administrative et véhiculaire dans le monde hellénisé, en concurrence par la suite avec le latin.

Dans l’ordre du savoir, cette évolution intellectuelle et le contact avec des mondes étrangers favorisent le développement des sciences exactes. À l’initiative des souverains, des voyages d’exploration sont entrepris qui ont permis les progrès de la géographie et de l’astronomie. En créant la bibliothèque d’Alexandrie et en autorisant la dissection, les Ptolémées contribuent à l’approfondissement des connaissances en mathématique et en médecine.

Dans l’ordre politique, la cité cesse d’être l’instance suprême. Au sein de chacun des trois royaumes, le pouvoir devient absolu et théocratique.

Dans l’ordre économique, les routes commerciales se déplacent vers l’Est du fait de l’ouverture de l’empire achéménide. Les souverains hellénistiques profitent du mouvement en développant l’équipement routier et portuaire, ce qui augmente le revenu des douanes. Dans l’agriculture, il y a des progrès du côté des assolements, de la sélection des espèces et de l’acclimatation de plantes nouvelles. Mais sous la direction d’une bureaucratie nombreuse et spécialisée, les ressources sont exploitées avant tout au profit du souverain supposé les posséder toutes. Centralisé et oppressif, ce système paralyse les initiatives

Dans l’ordre international, entre les trois monarchies hellénistiques les conflits sont constants car si plus personne ne songe à l’empire universel, il reste bien des territoires contestés. Les antagonistes s’y épuisent, ce qui provoque leur chute au profit de Rome qui absorbe le monde grec et en reprend à sa façon l’héritage.

  1. L’ouvrage de référence est celui de Pierre Briant, Histoire de l’Empire perse, Fayard

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