Interdiction des matchs de nuit : le triomphe du court-termisme

La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a annoncé que les événements sportifs pourraient incessamment sous peu se dérouler plus tôt qu’à l’habitude afin de limiter la consommation électrique des éclairages.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 5

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Interdiction des matchs de nuit : le triomphe du court-termisme

Publié le 1 août 2022
- A +

Après la grande distribution, les stades de football ? Invitée ce mardi de nos confrères de France Info, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a annoncé que les événements sportifs pourraient incessamment sous peu se dérouler plus tôt qu’à l’habitude afin de limiter la consommation électrique des éclairages. Incessamment sous peu car cela pourrait s’appliquer dès cet hiver. Plus tôt qu’à l’habitude car la ministre souhaite réduire la consommation énergétique du secteur dont elle a la garde.

En cause : un plan d’économie d’énergie visant à réduire la consommation française de 10 % entre 2019 et 2024. Vous avez dit décroissance ?

Si les plus taquins seront étonnés d’une telle règle alors que le monde s’apprête à assister à un mondial de football dans des stades ouverts climatisés au Qatar, cette stratégie en dit long sur l’état d’esprit de nos dirigeants.

Il ne s’agit ni plus ni moins d’une interdiction dans le cadre de ce qui s’apparente à un plan d’adaptation environnemental toujours en discussion.

Vous avez aimé le couvre-feu sanitaire ? Vous adorerez la sobriété énergétique.

 

Le retour du couvre-feu

Cette interdiction des événements sportifs de nuit n’est pas sans rappeler les couvre-feux instaurés durant le pic de la pandémie de Covid-19, mis en place entre mars 2020 et juin 2021 après le constat d’une hausse des contaminations lors des sorties nocturnes.

Une mesure qui se rapproche de l’interdiction des événements sportifs de nuit. D’abord s’agissant de sa temporalité – cela s’applique le soir – mais également pour l’impréparation qu’elle manifeste face à l’enjeu combattu.

Pour cause : ce plan de sobriété énergétique, qui ne dit rien sur le sport amateur, intervient alors que le gouvernement a annoncé ces dernières semaine la réouverture de nombreuses centrales à charbon, notamment à Saint-Avold (57) et Cordennais (44), est un cas d’école de la façon dont les gouvernements démunis face à des risques pourtant prévisibles sont contraints de réagir dans la précipitation et donc en usant de mesures coercitives.

 

Une profonde impréparation

Si, dans le cas du covid, ces mesures ont eu pour cause l’impréparation étatique à la menace sanitaire, le cas de l’éclairage public relève donc de la même question.

Dans le cas de l’interdiction des matchs de nuit, quel est le problème ?

Il s’agit tout simplement d’un profond court-termisme en matière de politique énergétique.

D’abord institutionnel : la démocratie et le raccourcissement du temps politique appellent des résultats immédiats et des politiques évoluant sur le temps court de l’élection et l’absence d’héritage à laisser à un successeur qui sera sans doute d’un bord politique opposé, en particulier depuis le quinquennat.

Ensuite énergétique : par le refus d’une énergie décarbonée qui a fait ses preuves depuis un demi-siècle, à savoir le nucléaire. Ce refus idéologique et surtout politique est né en partie d’une simple affaire d’alliance électorale conclue en 2012 entre François Hollande et les Verts et dont le démarrage a été la fin de la centrale de Fessenheim puis la loi de 2015 visant à réduire la part de l’électricité d’origine nucléaire à 50 % d’ici à 2050.

Comme quoi, lorsque nos élus pensent long terme, ce n’est peut-être pas mieux…

 

Des crises et des hommes

Sanitaires, environnementales, militaires… les crises s’enchaînent et les mesures restrictives les suivent, fruits de l’incapacité de notre appareil étatique à voir loin.

Cette incapacité est consubstantielle à la structure de l’État. Cela explique largement pourquoi le planisme a toujours été historiquement un échec. L’État ne saurait être omniscient et disposer de l’ensemble des données du réel, qu’il soit économique, écologique ou social, afin de planifier son action.

Cette situation n’a malheureusement guère changé en 2022. Fort de nouveaux enjeux frappant l’opinion, l’État nourrit – et se nourrit – des crises et des périodes de tension pour mieux justifier un agenda liberticide. Le drame est sans doute moins ce problème profondément structurel touchant notre démocratie que le rapport d’entretien mutuel entre peurs, crises et restrictions.

Bienvenue dans l’ère de l’état de crise permanent.

Voir les commentaires (29)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (29)
  • Ouais, combien. De gaz dans notre mixe électrique…? Donc……. De la poudre aux yeux pour les germains et l’enfer pour les. Francais.

  • Avatar
    jacques lemiere
    1 août 2022 at 7 h 59 min

    NON… ce n’est pas une idée pour baisser la conso de 10%..

    les gens qui se mettent à aller t au boulot en vélo utilisent en gros la même Energie.. qui est conditionnée par le pouvoir d’achat qui est conditionné par le prix de l’énergie..ils dépensent l’énergie ailleurs..
    tous les appareils électriques modernes sont plus efficaces!!! et on ne consomme pas moins d’énergie pour ça..

    c’est un enfumage pour dissimuler l’augmentation PLANIFIE du prix de l’énergie..
    rionsun peu..et suivons largent;.

    c’est ne général la commune donc les impots qui payent le jus..

    donc la commune va faire des économie ssur le jus..mais vous verrez elle ne va pas diminuer les impots….

    par contre le zig rentre plus tard chez lui ou travaille plus tard..et ..allume la lumière , cout qu’il supporte;.

    elle est pas belle la vie des élus??? ne plus rendre le service ,parfois il est vrai inepte, mais garder les taxes associées..

    si vous écoutez les mairies elles font des économies partout , tiens sur l’éclairages public.. economies qui s’accompagnent d’une baisse des impots… ah tiens bizarre…

  • D’un côté, on réactive les centrales à charbon car on ne peut pas s’en passer complètement. De l’autre, on fait en sorte de tirer le moins possible sur elles. Logique. Les rencontres sportives de nuit ne sont quand-même pas indispensables à notre survie.

    -13
    • Les yaourts à la myrtille non plus, et pourtant…

      10
      • Les serres de culture des fraises sont l’équivalent français des stades climatisés du Qatar en envoi d’énergie dans la nature. Certes, je préfère renoncer au foot plutôt qu’aux tartes à la fraise, mais je préférerais encore renoncer aux ministres sinistres.

    • Avatar
      jacques lemiere
      1 août 2022 at 10 h 49 min

      les autres en général ne sont pas indispensable à votre survie;.

      la corollaire de votre intrusion dans les choix de vie des autres au nom de l’ecologie ;.et leur intrusion dans la votre.

  • On est frappés par l’audace de nos dirigeants qui, devant des crises majeures, font preuve d’un véritable sens des responsabilités.
    Après les ausweis pour aller promener Médor et faire pisser Mémère, voilà l’interdiction des manifestations sportives nocturnes.
    On peut déjà parier que des policiers se rendront dans les campings pour s’assurer qu’on ne joue pas à la pétanque après 21H.

  • L’important dans ces matchs, c’est la trajectoire du ballon. Lui seul en détermine l’issue.
    Pourquoi pas des ballons luminescents ?

    • L’important est surtout les échanges entre poings et pieds de footballeurs. Il faudrait les rendre aussi luminescents que le ballon, et le mélange des couleurs dans les tacles serait spectaculaire…

  • On préfère recouvrir des centrales à charbon plutôt que Fessenheim! Comprenne qui pourra!

    • Fessenheim, ça fait Allemand et ça rappelle les heures sombres de l’histoire… Par contre, Provence, Cordemais, Émile-Huchet, ça sonne quand même plus « français » ! 😀

  • On devrait exiger des ministres qu’ils chiffrent les économies attendues de leur acné énergétique juvénile. Cela dégonflerait leur annonce à leur vraie échelle: le microscopique

  • C’est pathétique. Je rentre du sud de la Suède où les restaurants et les bars en terrasse sont chauffés fin juillet parce que sinon il fait trop froid pour dîner ou pour prendre un verre. Mais c’est vrai que toute leur électricité est Hydro électrique et nucléaire. Il y a quelques éoliennes pour amuser la galerie.
    Je ne vois pas pourquoi notre production d’électricité décarbonée ne représenterait pas 120 % de notre consommation. Ce qui nous permettrait de ne jamais être à court d’électricité, et d’en vendre à nos voisins allemands ce qui leur éviterait de faire tourner leurs centrales à charbon à plein régime. Et pour une fois qu’on aurait quelque chose à leur vendre ça ne serait pas si stupide.

    • je me suis toujours demandé s’il est plus économique d’isoler à grands frais l’immobilier existant , ou au contraire, réduire les investissements des moyens de chauffage au minimum, (grilles pains, ou un peu plus élaboré) en s’équipant de centrales nusc en suffisance? 10 EPR supplémentaires, cela fait 100 milliards, à comparer au gouffre de l’isolation,
      Une étude en Allemagne sur les économies réalisées par l’isolation, montre que les consos avaient été surévaluée sans isolation, en général 30 %, et que les économies avaient été surévaluées d’un autre 30 %, ce qui relativise l’économie globale attendue
      et en plus, les hivers devraient être de moins en moins rigoureux non( les australiens apprécient pour le moment les effets du RCA) et vous pouvez isoller une maison comme un frigo, il fera intenable en cas de canicule sans un moyen… d’une climatisation, canicules qui se multiplient bien sur (je n’en ai jamais connue avant, jamais, juste un peu chaud parfois)
      ce qui est rassurant, c’est que tous les pays occidentaux ont les mêmes crétins aux manettes
      https://eike-klima-energie.eu/2022/07/27/macht-kaputt-was-euch-kaputt-macht/

      • Si l’électricité et l’isolation étaient vendues à leur prix, et les producteurs d’électricité en concurrence libres d’investir dans ce qui correspond à leur intérêt, chacun ferait son calcul, on aurait chaud et on dépenserait moins. Mais il faudrait fermer Sciences Po faute de débouchés…

      • Avatar
        jacques lemiere
        2 août 2022 at 7 h 20 min

        bonne question sinon la question, difficile à savoir pour un individu..ça inclut la durée dans le logement , le futur marché… et le futur prix de l »énergie.. voire de l’assurance..( la maison isolée à grand frais brule juste après les travaux) et l’évolutionde ses revenus… qui font du chauffage un problème majeur ou mineur.. et il faut jouter de ses perspectives d’investissement..

        je peux investir 10 000 euro je les mets dans l’isolation de ma maison ou dans ces actions ?
        un bien investissement n’est pas un mieux investissement… ce qui dépend encore de la durée de temps …enfin bref..

        mais le gouvernement lui SAIT….

      • C’est intéressant car cela rend vos dépenses moins dépendantes de l’état. En effet, votre baisse de consommation est fixe au cours des années. Alors que l’énergie nucléaire est contrôlée par l’état, qui peut en augmenter le prix à loisir (sans oublier de baisser votre salaire par les taxes). Alors que le climat, l’état ne le contrôle pas.

        -1
    • Avatar
      The Real Franky Bee
      1 août 2022 at 14 h 21 min

      Vous trouverez des papiers de recherche qui expliquent précisément que si tous les pays du monde suivaient l’exemple du Danemark et de la Suède avec un mix énergétique 100% decarboné, alors l’économie mondiale s’effondrerait car il n’y a tout simplement pas les ressources disponibles pour cela. Mais peut-être est-ce l’objectif inavoué de certains idéologues ? Il est possible que l’on ait au final plus de morts liés à l’idéologie totalitaire gentiment en train de se mettre en place en Occident, plutôt qu’au réchauffement climatique lui-même. L’enjeu actuel est beaucoup trop complexe et sert les intérêts de certains individus qui rêvent de siéger au sommet de la pyramide d’une civilisation décadente à tout point de vue. Relisez Orwell.

  • parfois, j’me demande..sont-ils fous, bêtes, corrompus, imbéciles,décérébrés,?
    car même un fieffé imbécile se rendrait compte qu’il est parfaitement idiot de payer une fortune pour du gaz pompé chez Vlad le boucher( et qui permet à Total d’engranger des bénéfs faramineux), alors que l’on peut en avoir immédiatement chez nous, suffit de signer l’autorisation, c’est en Moselle, et ce cirque ubuesque dure depuis 4 ans.Les élus du coin sont vent debout, on pourrait les interroger sur leurs motivations?
    Et bien entendu,vous n’en entendrez nulle part parler, aucune chaîne d’info ne semble être au courant?
    secret défense peut-être?

  • Personne n’a prononcé ici le mot magique, celui dont l’absence rend incompréhensible ce micro-débat.
    Etonnant non ?!
    Je compte trois lettres, me faufile partout et je sens pas bon. Non, je ne suis pas un célèbre animal parisien.

  • Louis XIV plantait des chênes pour que la France ait de beaux mâts de navires 60 ans plus tard. De Gaulle, des centrales nucléaires pour assurer notre électricité pendant un siècle. Hollande fait fermer Fessenheim pour complaire à une poignée d’illuminés. Jusqu’où descendrons nous !

    • L’association pour la défense des glands ne tolérerait plus qu’ils soient contraints à devenir au final de simples pièces de navires, voyons !

  • Et si on interdisait aux politiciens de s’ouvrir le caquet après le coucher du soleil? Ca nous ferait sans doute pas mal de lois débiles en moins, c’est toujours ça de gagné.

  • Il y a plusieurs solutions mais on veut qu’une seule prévaut. Pour certains, l’amour de la planète est incommensurable et son adoration non discutable. Nous nous efforçons donc d’entrer dans un système de pensée où pour sauver la planète, il faudra nécessairement, à plus ou moins long terme, que tous les parasites humains y disparaissent ! L’incroyable idée subliminale de laisser la planète « vivre selon ses lois » ! Suivons cette logique, une planète où l’Humanité est considérée comme une indésirable !

  • Le problème de la démocratie en France est qu’elle n’existe pas.

  • Ce n’est pas du court-termisme car, et j’espère qu’elle s’en rend compte, cela n’entraîne aucune économie d’énergie pouvant se voir dans le bilan mensuel du pays. Ce n’est que de la com pour se mettre elle-même en valeur en prétendant qu’elle a des idées! Le degré zéro de la politique auquel toute cette classe nous a tellement habitué

  • En fait, c’est plus simple que cela: il n’y aura que déplacement de la dépense énergétique. Effectivement, si un stade n’est pas utilisé de nuit, on pourra minimiser sa dépense énergétique. Mais que feront les milliers de spectateurs au lieu de s’assoir dans le stade? Il seront chez eux, ce qui demandera plus d’énergie que s’ils étaient absents. (Lumières, télévision, ordinateur ou autres.) Je ne vois pas les gens rester des heures assis dans le noir à se tourner les pouces! Le gain est probablement nul, même si l’on mettra le gain « sportif » de l’avant. On peut dire la même chose de toutes les grandes idées « vertes », qui entraînent au mieux un gain symbolique et au pire une dépense d’énergie ou autres ressources plus grande. Ici, au Québec, l’ensemble des dépenses faites par les gouvernements depuis plusieurs années pour réduire la consommation d’énergie au niveau résidentiel s’est traduite par une hausse modeste mais réelle de la consommation électrique des ménages. (J’ai fait le calcul à partir des bilans annuels d’Hydro-Québec.) Il faut le faire! Maintenant, on a un grand programme pour faire de même avec les entreprises. Cependant, je ne suis pas sûr que ces nouvelles dépenses trouveront grâce auprès des scribes, à qui j’ai transmis mes données. On verra.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Dans ce troisième article, je poursuis le récit de la vie de mon père Georges Montenay, dont le parcours d’entrepreneur me semble exemplaire et instructif. À la sortie de la guerre, une réglementation corporatiste empêcha le développement de l’activité de négoce et distribution de charbon, qui était l’activité principale de l’entreprise. Il fallait donc de nouvelles activités. Il saisit une opportunité, le stockage du charbon sarrois, et prolongea le service de distribution de charbon par la gestion de l’énergie.

 

Le stockage... Poursuivre la lecture

Qu’on le veuille ou non, la mise en service de l’EPR de Flamanville constitue le plus redoutable audit que l’appareil industriel français ait eu à subir depuis longtemps sur ses aptitudes tant technologiques qu’économiques et humaines. Car, comme partout ailleurs, le secteur énergétique y occupe la place la plus primordiale, au sens où la plupart des autres secteurs ne peuvent exister sans lui, où leurs rendements dépendent très largement du sien.

 

De quoi est-il question avec ce laborieux retour à la dynamique techno-industr... Poursuivre la lecture

Contrepoints a publié le 8 août 2017 un article de Samuel Furfari intitulé « Venezuela : malédiction du pétrole ou du socialisme ? ». Sept ans plus tard, cet article est malheureusement toujours d’actualité. L’auteur l’a adapté pour prendre en compte les changements intervenus depuis, mais le même constat s’applique : la malédiction du socialisme perdure au Venezuela.

 

Les élections du 28 juillet rappellent le désastre économique que les politiques socialistes infligent au peuple vénézuélien. Depuis l’arrivée au pouvoir de... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles