Orateur tribunitien de très grand talent, Jean-Luc Mélenchon soulève l’enthousiasme dans ses meetings. À coups de phrases-chocs (« Les riches sont des assistés ») et de chiffres percutants (« 27 personnes possèdent autant que la moitié de l’humanité ») il a une fois encore montré l’étendue de son savoir-faire à Montpellier le 13 février.
Devant 8000 militants acquis à sa cause, il a exposé sa vision du monde, une vision qu’il qualifie lui-même de caricaturale (« Je suis caricatural parce que la situation est caricaturale »).
Caricaturale, sa conception de l’économie l’est incontestablement.
L’économie « c’est aussi simple que ça »
« L’économie c’est juste comme le chauffage central, ça tourne. C’est tout, ce n’est pas plus compliqué que ça ». Ceux qui vous disent le contraire cherchent donc à vous enfumer. De même, « l’État ne prend rien, il fait circuler ». En découle une idée du circuit pour le moins rudimentaire : ce qui est prélevé par l’impôt sert à créer des emplois qui donnent lieu à distribution de salaires qui alimentent la consommation.
La TVA et l’impôt sur le revenu reviennent alors dans les caisses de l’État et bouclent d’autant mieux le circuit qu’il y aura moins d’allocations chômage à verser et moins de malades à soigner (puisqu’« il y a 14000 personnes qui meurent du chômage dans ce pays »). C’est sur la base de ce raisonnement que pour une bonne part sont financés les 200 milliards de dépenses supplémentaires que coûtera son programme de transition écologique.
Pour que tout se passe bien, il faut cesser de considérer l’économie du point de vue de la marchandise mais la gérer sous l’angle des besoins : « Nous allons gouverner par les besoins ». Mais qui définit ceux qui sont légitimes et ceux qui ne le sont pas ? Certainement pas le marché réduit à la portion congrue (« supprimer le marché là où il n’a rien à faire ») mais l’État, c’est-à-dire le politique et en définitive un comité très restreint, comme ce fut longtemps le cas dans la défunte URSS.
Autre fondement des melanchonomics, l’économie est un jeu à somme nulle. Ce que les uns gagnent les autres le perdent. Celui qui s’enrichit le fait au détriment des autres. Les riches sont donc responsables de tout, ils se gavent pendant que les autres crèvent. Tout ce que les économistes ont pu dire sur la croissance et le dynamisme des économies développées qui ont prospéré depuis maintenant plus de deux siècles est manifestement nul et non avenu.
Un diagnostic truffé d’erreurs
Les contrevérités sur lesquels se fonde le tribun sont légion.
Son point de départ est que depuis le tournant du néo-libéralisme au début des années 1990, nous vivons sous le joug d’un capitalisme financier parasitaire qui détruit « tous les services publics sur toute la planète » et qui, « pour la première fois dans l’histoire de l’humanité produit un terrible déséquilibre entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien ».
Que depuis 30 ans l’espérance de vie ait augmenté sur tous les continents, que la faim, la maladie et la pauvreté ait reculé partout dans le monde, que le niveau de vie ait spectaculairement progressé pour des centaines de millions de personnes échappent manifestement à l’orateur.
Pour ce qui est de notre pays, « au cours des années qui précèdent 10 points de PIB sont passés des poches du travail à celles du capital et il n’y a jamais eu autant de chômage, de misère et de difficultés ». Or depuis plus de 30 ans la part des salaires dans la valeur ajoutée n’a guère bougé en France : elle oscille toujours autour de 65 % du PIB.
Revenant sur le thème de la misère, le tribun affirme qu’il n’y a jamais eu autant de travailleurs pauvres auxquels il faut ajouter « ceux qui ont été réduits en esclavage, les autoentrepreneurs ». C’est évidemment plus qu’exagéré. Le taux de pauvreté en France était nettement plus élevé en 1975 qu’il ne l’est aujourd’hui. Quant aux inégalités, si on ne se polarise pas sur les 0,001 % du sommet de la distribution des revenus, il est facile de vérifier que les indicateurs habituels (rapport interdécile et coefficient de Gini) placent la France parmi les pays les moins inégalitaires du monde développé.
Jean-Luc Mélenchon trompe aussi son auditoire lorsqu’il évoque « un pays aussi fabuleusement riche que le nôtre », un pays qui pourrait donc supporter bien plus de dépenses publiques. Ce pays fabuleusement riche a pourtant depuis 2008 dégringolé d’une vingtaine de places dans les statistiques du FMI et de la banque mondiale en termes de PIB par habitant.
En outre, quand il prétend que les Français « sont les travailleurs les plus productifs du monde » il oublie de préciser que nos performances ne sont bonnes que si on raisonne en termes de productivité horaire mais que c’est absolument faux si on se réfère à la productivité par tête en raison des 35 heures et d’un âge encore précoce de départ en retraite.
Une analyse biaisée
En premier lieu Mélenchon commet une erreur fondamentale sur la nature de l’accumulation qui n’est pas un tas d’argent détourné par des satrapes qui se gobergent. Lorsqu’on arrive au niveau de fortune accumulé par un Bernard Arnault, cela permet bien sûr à celui qui l’a atteint de mener un train de vie exceptionnel.
Mais pour l’essentiel ce capital ne passe pas dans la consommation de son propriétaire. Composé d’actions à la valeur éminemment fluctuante, il lui confère avant tout des droits de contrôle sur un outil de production. Il le met en position d’en optimiser le fonctionnement et l’efficacité. S’il n’est pas le meilleur pour le gérer, des mains plus expertes finiront par s’en emparer comme le montrent les récentes mésaventures du groupe Lagardère.
Le régime économique dans lequel nous vivons donne de fait à quelques capitaines d’industrie une forte emprise sur une fraction du système de production et de distribution des biens. Pour les partisans du dirigisme, c’est un scandale insupportable. Convaincus que l’État doit concentrer tous les pouvoirs, ils ne voient pas que cela ouvre la route de la servitude pour le plus grand nombre et mène au totalitarisme. Comme le relevait déjà Keynes, pourtant partisan d’un interventionnisme appuyé, il vaut mieux qu’un homme assoiffé de pouvoir exerce sa tyrannie sur son compte en banque plutôt que sur l’ensemble de la population.
À cette incompréhension délibérée du rôle de la richesse s’ajoute celle du rôle de la finance lorsque Mélenchon ironise sur le risque que le capital est supposé prendre, « risque égal à zéro. »
La finance ne servirait donc à rien et le risque financier n’existerait pas, ce qui est grossièrement faux comme le savent tous ceux qui ont un tant soit peu étudié la question : l’innovation suppose la prise de risque et sans la finance il n’y aurait ni innovation ni croissance.
En émettant des actions une firme dispose d’une source d’argent gratuit qu’elle n’aura jamais à rembourser. De plus, si le cours de ses titres monte, elle accroît ses moyens de prendre le contrôle d’autres entreprises (ce qui est source de plus d’efficacité) et d’attirer les meilleurs (par les stock-options), d’où l’intérêt pour elle de racheter ses propres actions quand elle est en mesure de le faire.
Traduit dans les termes du chef de la France insoumise cela donne : « Ils rachètent leurs propres actions, ce qui ne sert à rien » alors que les 16 milliards d’euros que cela leur coûte aurait permis de mettre au travail « 300 000 personnes payées à 2000 euros pendant un an ». Additionner des carottes et des tubes de dentifrice ne mène pourtant pas à grand-chose, comme ne l’ignore pas un élève moyen de CM2.
Des remèdes qui tuent
Dans la droite ligne des médecins de Molière, Diafoirus et Purgon, monsieur Mélenchon préconise une médecine qui tue plus sûrement qu’elle ne soigne
Sa performance fait irrésistiblement penser au troisième intermède du Malade Imaginaire.
Dans cette cérémonie burlesque d’un homme qu’on fait médecin, à toutes les questions le candidat oppose une formule définitive : « Clysterium donare, postea saignare, ensuita purgare »
Ce à quoi en chœur l’assemblée répond : « Bene, bene, bene, bene respondere »
Une bonne saignée de riches et une bonne purge de financiers sont supposés venir à bout de tous nos maux.
Pour financer les 200 milliards de dépenses supplémentaires de son programme, « Il faut des sous, donc je les prends ».
À qui ? Aux plus riches. Problème, ils sont déjà partis puisque notre pays souffre d’une évasion fiscale massive sans cesse dénoncée par les insoumis mais contre laquelle ils ne seraient pas en mesure de lutter efficacement dans le monde tel qu’il est. Heureusement il y a le plan, la panacée miracle qui devrait permettre de surmonter tous les obstacles puisque le problème, le seul « c’est de remplir le carnet de commandes », ce dont on peut sérieusement douter.
Le reste n’a guère d’importance puisque « le coût du travail n’est pas le problème ». On pourrait même l’alourdir en supprimant les contrats à durée déterminée : les précaires, « on les titularise tous ».
Or si les CDD existent c’est directement lié à la coûteuse protection dont bénéficient les titulaires de CDI. Si les CDI sont imposés partout, l’explosion du chômage est inévitable. Autre élément du credo qui aboutit au même résultat : « La vérité c’est qu’il faut qu’on partage le temps de travail de manière qu’on puisse travailler moins pour que tout le monde travaille ». On sait pourtant où les 35 heures nous ont mené.
Enfin pour ce qui est de l’inflation, là aussi les choses sont dangereusement simples : « Dans deux mois, si vous voulez, tous les prix des produits de première nécessité seront bloqués ».
Et pour finir Robespierre
C’est une manière de ressusciter l’économie selon Robespierre et la loi du maximum qui en a envoyé plus d’un à la guillotine. Votée le 29 septembre 1793, elle imposait un plafond au prix de vente des grains et des farines sur tout le territoire français.
Elle fixait également des maxima pour les prix de 39 articles allant de la viande au miel en passant par les choux-raves et les sabots. Pour faire bonne mesure elle bloquait aussi les salaires et prévoyait que le nom de toute personne vendant ou achetant au-delà du maximum serait inscrit sur la liste des suspects. Cette tentative d’économie dirigée produisit des effets absolument contraires aux résultats escomptés, les paysans se mettant à dissimuler leurs récoltes pour ne pas avoir à les vendre à perte et les spéculateurs se précipitant pour acquérir tout ce qu’ils pouvaient. Face à la pénurie qui en résulta, il fallut sévir sans trembler et décapiter les contrevenants.
L’économie selon Robespierre c’est donc la Terreur mais aussi le manque généralisé de biens essentiels, l’hyperinflation, la fuite devant la monnaie et la ruine des porteurs d’assignats.
L’effet Dunning-Kruger
« Le vrai problème de l’économie n’est pas que les gens n’y comprennent rien, il est que chacun est persuadé a priori d’y comprendre quelque chose ».
On ne sait pas et on ne sait pas qu’on ne sait pas. C’est cette ignorance au carré qui permet à Jean-Luc Mélenchon d’entretenir à peu de frais la colère de ses troupes. De cette situation les déficiences de l’enseignement de l’économie dans notre pays sont pour une bonne part responsables.
Quand envisagera-t-on enfin de sérieusement s’y attaquer ?
Ce n’est pas de l’ignorance consternante, ce sont simplement les mensonges de Meluche pour tromper les ignorants.
En fait il y a trois possibilités: (1) soit Meluche n’est pas un ignorant et ment délibérément pour servir ses objectifs politiques; (2) soit Méluche ne comprend rien à l’économie; (3) soit les deux en même temps!
Dans les 3 cas c’est consternant.
Bon, j’ai bien envie de chipoter sur votre 3ème possibilités où le Meluche de Schrödinger n’est pas un ignorant en économie et en même temps ne comprend rien à l’économie.
C’est quantique ?
Le marxisme de Mélenchon a les neuf vies du chat de Schrödinger !
Plus simplement, Mélenchon croit que les élucubrations économiques de Marx sont le vrai fondement de l’économie et il ne comprend donc rien à l’économie
Je doute de son intelligence après avoir lu vos commentaires , alors que je préférais douter de son honnêteté.
?
Il me semble que le plus idiot c’est l’incomprehension de la richesse.. des fameux riches, elle est capitalistique..
il devrait expliquer aux gens qu’il veut les dividendes de ce capital..une actionne nourrit pas son homme.. un tableau de maitre non plus voire un chateau..
il faut vendre et tirer un profit.. profit qui par ailleurs et haïssable..
capital dont il voit la valeur qu’il voit comme une « évidence » .
Mélenchon crie le capitalisme c’est facile, on achète une action et ça tombe..qu’une maison a une valeur..si personne ne veut l’acheter.
du moins c’est ce qu’il dit…
non melenchon ne supporte pas ce système où une personne de son calibre a moins d’argent que des vulgaires commerçants..
il veut la place qui lui revient , au sommet de la société.
son moyen c’est le verbe..
J’adore la contradiction entre « l’économie est un jeu à somme nulle » et « Celui qui s’enrichit le fait au détriment des autres ». Ces deux affirmations sont non seulement totalement fausses, mais elle sont de plus contradictoires: si l’économie est un jeu à somme nulle, par définition personne ne peut s’enrichir.
Par exemple: si client achète pour 10 € de patates et que l’économie est un jeu à somme nulle, cela veut dire que la transaction a échangé un bout de papier de valeur 10 € contre des patates de valeur 10€. Personne ne s’est enrichi ni appauvri dans l’affaire. Question subsidiaire: selon la théorie mélanchonienne qui est le pauvre et qui est le riche? L’acheteur ou le vendeur? Question bonus: remplacez « patate » par « caviar » et reposez-vous la question.
Non, Meluche est cohérent dans son mensonge ( ou son ignorance ).
Si l’économie de l’échange était un jeu à somme nulle, Meluche aurait raison, les uns s’enrichiraient aux détriments des autre, comme au Poker ( qui est un jeu à somme nulle, contrairement a l’échange libre qui est un jeu à somme non nulle )
« L’équivalence comptable des valeurs échangées ne doit pas masquer ce phénomène fondamental que l’échange est productif, en ce sens qu’il est créateur de valeur, c’est-à-dire qu’il permet aux deux partenaires dans l’échange de se placer dans des situations qu’ils préfèrent. Autrement dit encore, lorsque l’échange est possible et autorisé, un individu pourrait très bien ne pas échanger effectivement. S’il se lance dans l’échange, c’est parce qu’il en tire un profit. ». Pascal Salin.
Comme Meluche, vous oubliez la subjectivité de la valeur et dans votre exemple, le vendeur et l’acheteur tirent profit bien de l’échange ( on s’en fiche de savoir qui est le riche et qui est le pauvre soit dit en passant ) sinon il ne se ferait pas.
C’est pour cette raison, l’échange n’étant pas un jeu à somme nulle, qu’il est créateur net de valeur, seul progrès social possible.
Pour en savoir plus :
https://www.wikiberal.org/wiki/Échange
Merci…
Mélanchon est la carricature du démagogue.
Mouais… cet article l’est tout autant : les arguments son au mieux simples et parfois simplistes à se demander si le but n’est pas qu’ils soient juste repris tel quel par le lecteur.
J’ai de la famille EDUQUEE ,DIPLOMEE absolument révoltée par le « libéralisme »..
et pour lutter contre les lois du marché ils ont choisi de faire leurs courses au marché..plutôt qu’au super marché.
et ils portent cela comme une médaille, il présente ce fait dérisoire comme une victoire, comme un exemple à suivre ..comme un refus du profit et d’un monde et non basé ( zut) sur la cupidité et l’argent..
ah la sécu qui est le modèle le meilleur car pas cher.. et qui est attaqué par des gens qui be veulent pas lui donner plus de sous..
eux libres, les autres non..
pourquoi parce que c’est eux.
paradoxe? contradiction? ils ont lu des livres.
les inégalités engendrent des frustrations… c’est tentant.. trop tentant….
Ils ont bien le droit de faire les courses où ils veulent, alors si en plus cela leur permet de signaler leur vertu c’est bingo pour eux et permet de vous reléguer du côté du vice, odieux libéral. C’est pratique, ça évite de se poser des questions laissant un grand temps de cerveau disponible pour faire d’autres choses qui les intéressent plus que l’économie, la philosophie politique ou la morale.
Pas comme nous Jacques.
D’une manière générale, je trouve les gens très libéraux avec ce qui leur appartient ou avec leur propre personne. Le problème survient lorsqu’il s’agit d’autrui et de sa propriété, et cela je ne suis pas prêt de le comprendre.
On a là vraiment 2 visions du monde, de la société qui se font face. Quelles valeurs posent-on en premier, en boussole qui oriente nos choix. Le marché libre ou les droits fondamentaux des personnes ?
Vous êtes dans le camp de ceux qui pensent que le marché doit se réguler lui-même j’imagine, qu’il doit être libre de toute contrainte de l’Etat.
D’autres se disent tout simplement que la vision libérale actuelle largement partagée nous mène dans l’impasse : destruction du climat et donc du vivant à un rythme qui est loin de diminuer, privation des libertés en augmentation, augmentation des inégalités, augmentation du nombre de travailleurs pauvres, dégradation de la santé, de l’éducation… Tout cela n’est pas acceptable.
Vous êtes de ces gens qui prônent un certain « sérieux », une gestion « raisonnée » du budget, typiquement comme les partisans de LR, tous tellement sérieux qu’ils passent leur temps à détourner de l’argent.
Ces gens qui n’acceptent pas une remise en cause de la société, qui s’imaginent que le marché va se réguler lui même. Le climat peut attendre, on ne va pas remettre en cause le fait de pouvoir laver sa bagnole à l’eau potable, de prendre un jet privé ou de produire toujours plus de bagnoles.
Il faut évoluer avec son temps, chercher des solutions pour que tout le monde vive mieux, faire évoluer son logiciel rouillé !!!
Le monde craque, les gens souffrent, perdent espoir, beaucoup se suicident et tout ce que vous trouvez à faire c’est défendre un système parfaitement injuste.
Mélenchon est entouré d’économistes sérieux, ce sont les valeurs, les visions du monde qui diffèrent.
Laissez-nous essayer de changer cette, société, ce monde, avant que tout se pète la gueule, on a essayé vos politiques, essayons autre chose.
Quel cri du cœur !
« Laissez-nous essayer de changer cette, société, ce monde, avant que tout se pète la gueule, on a essayé vos politiques, essayons autre chose ».
Il me semble que votre politique a déjà était appliquée au 20ieme siècle dans de nombreux pays avec le succès et le nombre de morts que l’on connaît.
A contrario, nos politiques, même appliqué de façon incomplète, donnent des résultats remarquables même si subsiste de la misère.
Je vous laisse méditer ce sophisme qui vous va comme un gant :
« La pluie engendre la sécheresse, là où elle ne tombe pas »
Non ne cette politique n’a pas été appliquée, arrêtez un peu de comparer toute politique de gauche avec l’URSS… Je peux très simplement vous dire aussi que le capitalisme ça a donné le commerce triangulaire…
Au sujet de la sécheresse, justement, elle s’installe dans de nombreux endroits, causée par un dérèglement du climat, causé par une exploitation croissante du monde, une hyperconsommation, portée par des objectifs d’enrichissement personnel et un espoir aveugle dans les bienfaits des technologies.
Vous me répondez URSS… Vous êtes bien poussiéreux et je trouve votre monde bien triste.
Non. Je ne vous parle pas de l’URSS. Je vous parle du socialisme et de tous les endroits du monde où il a été appliqué ( dois-je les citer ? ) et de tous les endroits du monde, certes imparfait, où il ne l’est pas.
Je ne vous parle pas non plus du climat. Je vous demande simplement si vous pensez que la pluie engendre la sécheresse, là où elle ne tombe pas. En effet, je ne doute pas que vous soyez ignorant en économie, science sociale qui étudie comment les ressources rares sont employées pour la satisfaction des besoins des hommes vivant en société. Mais je laisse néanmoins une chance à votre intelligence dont je ne vous fais pas le procès de manquer.
Alors la pluie ?
Le capitalisme a donné le commerce triangulaire. Ah ok je vois mieux ce que vous appelez le capitalisme, c’est quand on fait du commerce avec des hommes, ce que bien évidemment les capitalistes ont aussi inventés.
Mais c’est pas le socialisme qui affranchi les esclaves on est au moins d’accord ?
On est d’accord, le socialisme aurait tout autant pu le permettre tout comme la démocratie d’Athène permettait/s’appuyait sur l’esclavagisme. En ce qui concerne le commerce triangulaire, ce n’est que l’avidité qui est en cause… dont l’outil était alors le capitalisme.
L’URSS n’a jamais été anticapitaliste.
Elle n’a jamais abolit ni l’argent, ni l’Etat.
L’URSS était simplement du capitalisme d’Etat soviétique.
Vous n’êtes pas tombé au bon endroit.
Ici, on vous rétorquera sur le champ que « Nos solutions libérales n’ont jamais été essayées, la libéralisation COMPLETE des marchés, la défiscalisation TOTALE de la richesse. La concurrence TOTALE n’existe pas encore. Laissez-nous créer de la richesse et l’accumuler, et vous verrez le ruissèlement sur tout le monde. Alors que vous vos solutions ont été un échec, comme dans la Russie communiste! »
La plupart des libéraux n’ont pas conscience que le libéralisme économique est une doctrine tout aussi totalitaire que le communisme dans le sens où elle ne tolère intrinsèquement aucun compromis, tout comme le communisme. Ils ne peuvent concevoir que le modèle économique le plus efficient est probablement entre les deux, dans un compromis instable et dynamique.
Le libéralisme n’est pas totalitaire, et je vous le prouve facilement. Dans un système libéral, un groupe de citoyens peut très bien créer un kibboutz et mettre volontairement tout en commun. Dans un système collectiviste, vous ne pouvez pas vivre d’une manière libéral, c’est interdit.
Le libéralisme respecte les individus, contrairement au socialisme qui est un régime totalitaire qui ne supporte qu’une seule vision des choses, en général la vision de l’état.
C’est drôle que vous preniez l’exemple d’un système dévoyé (le socialisme d’état et ses excès de politisation et d’autoritarisme que l’on constate) pour défendre votre vision pure du libéralisme (qui est tout aussi dévoyé actuellement sous sa forme du néolibéralisme d’exploitation et d’aliénation).
Prenons un peu de recul, et constatons que les utopies (je n’utilise pas le terme dans le sens « souhaitable ») libérales ET communistes prônent tout autant la liberté sous leur forme théorique (l’abolition du droit de propriété au sens philosophique est bien plus libéral que son renforcement quand on y pense).
Sous sa forme efficiente cependant, le libéralisme capitaliste économique actuel représente bien une logique d’accumulation de richesse et d’aliénation.
Tribun : orateur qui remue les foules.
Orateur tribunitien : ???
M. Robert, vous êtes très fort. Franchement, j’adore votre façon d’enfoncer le clou sans apporter de contradiction tout en étant contradictoire. J’aurais aimé que vous expliquiez de façon sincère et argumentée en quoi sur chacun des points Méluche se trompe ou trompe. Là, je ne vois qu’un article qui grossit tout le temps le trait et apporte des conclusions aux affirmations de Méluche qui n’ont pour seule appui que votre affirmation qu’il n’y connaît rien à l’économie. C’est pas très constructif et surtout, si ça flatte certains lecteurs, ça n’aide vraiment en rien à combler » les déficiences de l’enseignement de l’économie dans notre pays « . Je suppose que vous vous faites simplement plaisir.
et aussi « le profit c’est mal. ».
ce qui laisse songeur sur ce qui peut motiver les échanges humains..
.je t Ȏchange LIBREMENT ma carotte contre ma tomate, interdit car sa signifie que les deux partie font du profit.
mais c’est ça, on a des gueux qui produisent des trucs, comme ça., on sait pas pourquoi.. il ya des usines de ouvriers…des flux.
et méluche qui prend ces trucs et les donne à d’autres gens..qui en ont besoin..car mélenchon les leur donne.. parce que ces gens ne connaissent pas leur besoin mais méluche oui..
Je me permets modestement d’intervenir au milieu de tous ces grands économistes auto-proclamés imbus de leur personne qui commentent du vent en se donnant l’air d’avoir percé les mystères du monde.
Si personne ne comprends rien à l’économie, c’est peut être parce le terme même de « comprendre l’économie » est vide de sens. L’économie n’est et ne sera jamais une science dure mais un moyen. Un moyen au service du politique, un langage, permettant de définir et comparer diverses orientations politiques.
Voici pourquoi évaluer la qualité et les résultats de CHOIX politiques par des variables économiques sera toujours un problème mal posé, subjectif et incomplet.
Pour ne prendre qu’un seul bel exemple de sophisme du cours magistral du Professeur Robert :
– Les Français sont les plus productifs au monde
– Oui c’est plutôt vrai si l’on raisonne par heure travaillée, mais si l’on considère qu’ils travaillent moins d’heures et partent à la retraite plus tôt, ce n’est plus vrai !
Cet exemple est parfaitement révélateur de l’idéologie qui sous-tend l’article. Le salarié n’est pas considéré comme un individu qui vend sa compétence et son temps (unités de travail) à l’employeur (productivité/heure), mais bien comme une tête de bétail que l’on achète et possède (productivité/vie), comme un bœuf que l’on exploiterais jusqu’à l’épuisement parce qu’on le possède.
L’approche économique de Mélenchon – et de ses « followers » – repose sur une hypothèse fausse et désespérante : c’est un jeu à somme nulle.
C’est prendre la photo pour le film. Pour l’amateur d’Histoire qu’il est, c’est inquiétant. Comment peut-il à ce point s’aveugler sur les apports – sur le temps longs – du libéralisme et du capitalisme aux sociétés occidentales ?
Je pense qu’il est sincère. Et qu’il est c.n.
« repose sur une hypothèse fausse et désespérante : c’est un jeu à somme nulle » Lavoisier aurait-il eu tort ? Blague à part, à un instant t, un échange matériel ou immatériel n’est rien d’autre pour chacune des parties qu’une soutraction et une addition de valeurs égales. La somme est nulle quelque soit t. L’économie, l’épargne, la valeur ajoutée sont des notions qui reposent non pas sur 1 valeur de t mais 2, on ajoute une dimension temps. Je me demande ce qu’en pense Steve Jobs.
Vous pourriez expliquer votre avant dernière phrase ?
Sinon, ramener l’économie à juste un échange, comme le fait Mélenchon, voilà l’erreur.
L’économie, c’est d’abord une affaire d’investissement, de création de valeurs – qui ensuite seront échangées.
Reprenons l’exemple de la chaudière. La chaudière ce n’est pas seulement un objet qui transforme du gaz (ou du fuel ou du charbon) en chaleur. C’est d’abord l’aboutissement de recherches sur l’énergie (l’idée de transformer un résidu fossile en énergie) sur la technologie (mécanique, électronique, thermodynamique…) puis l’aboutissement de la création de sociétés, profitables, qui alimenteront le marché de ces produits incontournables.
L’économie comme chaudière, c’est la photo. L’économie comme processus de recherche, d’invention, de fabrication, c’est le film.
Mélenchon ne voit que la photo.
La vérité sort toujours de la bouche des enfant par cette maxime: » C’est celui qui le dit qui y est ! »
On ne voit typiquement QUE ses propres défauts chez les autres…
Il fallait que ce fût dit !
Il est complètement inutile de critiquer Mélenchon, car le premier averti de ses incohérences est lui-même. Il lui a suffi de racler large parmi les gogos. Son seul objectif a toujours été de vivre de la politique, n’importe laquelle, afin de se préparer une belle retraite par mandats successifs.
L’Économie, c’est…incompréhensible.
Une bonne chaîne TV budgétaire nationale ferait à coup sûr beaucoup mieux.
« 27 personnes possèdent autant que la moitié de l’humanité »
Ces 27 personnes habitent-elles en France ?
Non, donc que veut démontrer Merluchon ?
Qu’ils faut augmenter massivement les impôts en France sous prétexte qu’il y a
des milliardaires américains, chinois, indiens, russes, brésiliens, qataris ou suisses ?
« Quand envisagera-t-on enfin de sérieusement s’y attaquer ? »
Jamais, c’est de l’or en barre pour nos politicards ne sachant que surfer sur l’ignorance des électeurs…
La vache au milieu du couloir, ils ne veulent pas la voir. Ils font de leur mieux pour l’éviter, même. Pour, surtout, ne pas en parler…
Vous connaissez le lipogramme ? Avec cette figure de style, on écrit tout un texte en bannissant une lettre, ou un mot. Ainsi de Georges Perec qui, dans son roman, La Disparition, n’utilise pas un « e », trois cents pages sans un « e ». Le président, son gouvernement, en sont des champions, dans leur genre, des professionnels du « lipogramme ».
Qu’on prenne la crise de l’énergie, la flambée du pétrole avec, titre Les Échos, ce : « Record battu. Le litre de gazole n’a jamais été aussi cher en France. »
Les ronds-points se sont réveillés. Le Premier ministre, celui de l’Économie, tous les autres à la file, ont pris la parole. Ils ont même lâché cent euros aux Français. Mais sans jamais prononcer, pas une seule fois, le mot : « Total ».
Total qui, d’après la presse, « cartonne : bénéfice net multiplié par 23 ! » Total qui « profite à plein de la flambée historique des hydrocarbures. » Total, dont le cours de Bourse grimpe de 20 % en un mois. Total qui verse 8 milliards de dividendes à ses actionnaires – soit près de 300 € par foyer français. Bref, Total qui se gave. Mais à aucun moment, Macron, Castex, Le Maire etc. ne se sont dit : « on va taxer Total ». Ou : « Total doit baisser le prix de l’essence. » Ou : « Total va payer les trois milliards de chèque carburant. » Tout ça, ça ne leur vient pas à l’esprit. Ou alors, à l’esprit peut-être, mais pas jusqu’à la bouche, en tout cas, une bouche cousue. Silence, sur Total. Motus sur les firmes, sur leurs PDG. Les tireurs de ficelles doivent demeurer dans l’ombre.
De même, autre flambée, celle des fortunes.
En une année de crise sanitaire, alors que les étudiants faisaient la queue pour un colis alimentaire, alors que les soignants s’enroulaient dans des sacs plastiques, alors que les familles pleuraient leurs morts, en une année de crise sanitaire, donc, les milliardaires français ont vu leur fortune grimper de combien ? Vous le savez, maintenant, vous, lecteurs de Fakir, vous l’avez collé en gros sur votre frigo, vous avez diffusé l’info dans les vestiaires de votre club de foot, ou sur les tapis de la salle polyvalente où y a yoga : les milliardaires ont fait +68 %. +68 % en un an. 300 milliards de patrimoine en plus. Et le CAC qui atteint son Himalaya, au-delà des 7000 points.
Ont-ils proposé une fois, pour financer l’hôpital par exemple, pour le sauver, une taxe sur les profiteurs de cette crise ? Un impôt spécial Amazon ? Que les super-riches se vident un peu les poches ? Jamais. Mais ces mots, de « milliardaires », de « fortunes », de « riches », même d’« actionnaires », ces mots n’existent pas dans leur dictionnaire. Ils sont bannis. On risquerait de les fâcher, rien qu’à les nommer. Un peu comme Voldemort dans Harry Potter, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.
Ces 68 %, pourtant, ces 7000 points, c’est énorme, colossal, gigantesque. C’est gros comme une vache au milieu du couloir. Mais justement, ils ne veulent pas la voir.
Cet évitement vire parfois au comique. Un soir, en février dernier, en Commission, on auditionnait Bruno Le Maire, ministre de l’Economie. Mon collègue communiste Sébastien Jumel l’interroge alors sur – je le cite – « le scandale Open Lux. Comment 15 000 de nos concitoyens peuvent permettre à 4 % du PIB d’échapper à l’impôt en plaçant leurs actifs dans des sociétés offshores au Luxembourg ? Monsieur le ministre allez-vous mettre fin au scandale du Luxembourg ? »
Dans ses réponses groupées, le ministre « oublie » la question.
Alors, Sébastien insiste : « Mais sur le Luxembourg, monsieur le ministre ? »
Il lui répond : « Euh, vous pourriez me préciser la question… », genre Stéphanie de Monaco dans Les Inconnus, vraiment.
Sébastien répète donc, calmement.
Le ministre lâche juste : « Je vais vérifier toutes ces informations. Ça ne me pose pas de difficulté de les vérifier, mais là j’ai pas de réponse précise pour le moment, mais je prends note et je vérifierai tout cela, évidemment. »
C’est surréaliste.
Ce scandale, les OpenLux, s’étale à la Une de tous les journaux. Les grandes familles françaises, les Mulliez, les Arnault, les Hermès, sont cités. Notre pays est volé de 4 % de son PIB.
Seul un homme l’ignore, veut l’ignorer. Lui. Le ministre de l’Économie : « Ah bon, de la fraude fiscale, où ça ? » Et depuis ? Neuf mois se sont écoulés, a-t-il vérifié ces informations ? Devant ce braquage géant, quelles investigations a-t-il menées ? Combien de perquisitions, combien de gardes à vue ?
Il devrait être le chef de la police économique. Qu’il y ait des règles, des limites pour tous. Même pour les grandes familles, même pour leurs firmes. La vérité, c’est que, à la place de nous protéger, de protéger notre pays, ils en sont les complices, les complices de ces bandits en costume.
Notre boulot, à nous, ici, c’est de montrer la vache au milieu du couloir. Et notre combat, à vous aussi, avec vos copains vos cousins vos collègues, c’est de mettre cette vache au milieu du débat. Même si ça lasse, la vache. Parce qu’elle est là depuis un bail, la vache, qu’elle appartient au paysage, qu’on s’est habitués à elle, qu’elle ne suscite plus la colère, la révolte, bon bah d’accord, les riches sont de plus en plus hyper méga riches, ils ne partagent rien, ils tuent la planète, le bien commun, et alors ? Eh bien, face à cette résignation qui s’installe, face à cette indifférence qui nous-mêmes nous guette, il faut se retrousser l’imaginaire, inventer encore, des mots, des idées, des images, la montrer sous de nouvelles textures, eh, mais cette tache-là, vous ne l’aviez pas vue ?
Ajouter cela, peut-être, par les temps qui courent. Qu’en dix-huit mois de crise Covid, l’État s’est révélé tout-puissant, face aux citoyens : ils ont confiné, déconfiné, reconfiné, re-déconfiné à leur bon gré, avec des papiers à remplir pour sortir de chez soi, avec interdiction de pisser à plus d’un kilomètre. Ils ont instauré des couvre-feux, à 20 h, 21 h, 19 h, du jour au lendemain. Ils ont imposé un mètre de distance entre les gens. Et maintenant les QR codes à exhiber à l’entrée des restaus, des bistros.
Et dans le même temps, combien de lois sur les dividendes ? Aucune.
Combien sur les bénéfices ? Aucune.
Combien contre la fraude fiscale ? Aucune.
Là, ils ne veulent plus « imposer ».
Pour nous, c’est l’autorité.
Pour les firmes, c’est la liberté.
C’est un État fauve face aux citoyens, mais qui se fait carpette face aux firmes.
Il faut se convaincre, et convaincre de ça : que c’est possible, oui, c’est possible, un État fauve avec les firmes, qui les dompte, qui les ramène à leur juste place, et que c’en est fini, de l’humain et de la nature au service de leurs profits. CQFD