Fiscalité : comment les candidats vont vous traiter ? (2)

La France est championne du monde des impôts et taxes mais pour allécher les électeurs hésitants, il faut des cadeaux… ou des punitions pour les méchants.

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Fiscalité : comment les candidats vont vous traiter ? (2)

Publié le 8 février 2022
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Après avoir passé en revue dans un premier article le volet fiscal des programmes d’Éric Zemmour et Valérie Pécresse, nous passons à Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

Marine Le Pen et Éric Zemmour, assez proches dans les sondages, chasseraient sur les mêmes terres nous dit-on. Pour Marine Le Pen, voici sa troisième saison de chasse ; elle est donc rodée…

Le Pen : meilleure soupe dans les vieux pots ?

Ne cherchez pas un programme détaillé : il n’existe pas, tout au moins en ligne, à la date où j’écris (5 février 2022). Vous tomberez sur les « 144 engagements » de 2017. Pour 2022, il vous faut picorer dans les différents médias pour vous faire une idée de l’enfer (ou paradis) fiscal selon Marine Le Pen mais – comme tous les autres candidats – elle nous promet le paradis du pouvoir d’achat.

  • Suppression de la redevance télévisuelle avec privatisation de l’audiovisuel public
  • Baisse de la TVA sur l’électricité, le gaz, le fuel domestique et les carburants de 20 % à 5,5 %
  • Nationalisation des autoroutes et baisse des péages
  • Suppression de l’impôt sur le revenu pour tous les jeunes de moins de 30 ans
  • Remplacement de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) par un impôt sur la fortune financière (IFF) aux mêmes taux et seuils que l’ISF ; exonération totale de la résidence principale et des « actifs professionnels, et notamment agricoles » mais aussi des monuments classés ou inscrits aux Monuments historiques. Les œuvres d’art détenues depuis moins de dix ans sont soumises à l’IFF
  • Application de la pleine part fiscale pour le deuxième enfant
  • Demi-part fiscale pour les veufs et veuves
  • Baisse des fiscalités de transmission, de manière exponentielle en fonction du nombre d’enfants
  • Exonération totale d’impôt sur les sociétés pour les entrepreneurs de moins 30 ans

 

La seule mesure crédible est la disparition de la redevance télé autofinancée par la disparition de l’audiovisuel public. Pour le reste, comme aucune économie ou réduction du train de vie de l’État n’est à l’ordre du jour c’est de la poudre aux yeux : ce qui est rendu d’un côté sera repris de l’autre.

Comment croire une minute que la nationalisation des autoroutes se traduira par une baisse durable des péages ? En réalité, les péages deviendront des impôts supplémentaires.

Comment croire que la baisse des taxes sur l’énergie n’ira pas gonfler le déficit (et donc la dette) ou ne sera pas compensé tôt ou tard.

Enfin, Marine Le Pen augmente l’irresponsabilité citoyenne en diminuant toujours le nombre de ceux qui déclarent et paient l’impôt sur le revenu.

Dans les vieux pots la soupe tournerait-elle à l’aigre ?

Mélenchon : tout devient progressif

Stratégie aux antipodes de celle de Le Pen pour Mélenchon : le programme existe, sous format livre et il coûte 3 euros. À défaut d’acheter le livre, il faudra vous contenter des sources médiatiques pour voir ce qui vous attendrait.

Sur le site vous trouverez aussi un comparateur de programmes.

Chez Mélenchon, pas de cadeaux fiscaux (même empoisonnés). On fonctionne à la schlague : « taxer les profiteurs de crise », « rétablir l’ISF ». Et le maître mot, c’est progressivité : au-delà d’un certain seuil, Mélenchon prend TOUT. Le plafond, c’est 100 %. Comme en URSS ce qui n’empêchait pas la Nomenklatura de mener grand train…

  • Accroissement de la progressivité de l’impôt sur le revenu avec un barème à 14 tranches contre 5 aujourd’hui ; refonte de l’imposition sur les revenus avec un impôt citoyen garantissant les recettes de l’État et celles de la Sécurité sociale et en conservant leur affectation distincte
  • Suppression de la flat tax
  • Revenu maximum autorisé à 20 fois le revenu médian soit 430 000 euros
  • Rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF)
  • Augmentation les droits de succession sur les gros patrimoines ; héritage plafonné au patrimoine des 0,01 % les plus riches (soit 33 millions d’euros en 2012 selon l’IREF)
  • Réduction de la TVA sur les produits de première nécessité et instauration d’une TVA grand luxe
  • CSG progressive à 14 tranches
  • Refonte de la taxe foncière qui deviendrait progressive
  • Fin du quotient conjugal
  • Refonte de l’impôt sur les sociétés pour établir l’égalité devant l’impôt entre PME et grands groupes avec barème progressif
  • Rétablissement de l’exit tax
  • Taxation spéciale des entreprises ayant profité de la crise sanitaire
  • Instauration de droits de douane sur critères écologiques
  • Nationalisation des autoroutes pour permettre la régulation des prix des péages

 

Si Mélenchon s’intéressait aux individus, il devrait méditer un sondage de Harris Interactive réalisé en janvier 2019 qui montre que les Français plébiscitent l’impôt proportionnel et rejettent l’impôt progressif. Comme je l’explique dans La rage de l’impôt, selon cette enquête, plus de 82 % des Français indiquaient préférer l’impôt proportionnel (dit linéaire ou à taux unique, ou encore flat tax). Lorsque l’on prend la peine d’expliquer aux gens la vraie signification de proportionnel, il se dégage donc un très large consensus sur le fait que ce soit la taxation la plus équitable. Monsieur Mélenchon peut vouloir dépouiller les « riches », notre rentier de la politique passe, comme les autres candidats, à côté du vrai problème.

Les rentiers de la politique n’ont rien appris de la crise sanitaire

Le vrai problème est pourtant apparu de façon criante à l’occasion de la crise sanitaire : les frais de fonctionnement de l’hôpital public sont trop élevés. Ils sont trop élevés car la bureaucratie hospitalière a un coût trop élevé.

Le personnel hospitalier français compte plus d’un million deux cent mille salariés. Près de 40 % sont des personnels purement administratifs. L’absentéisme y est marqué avec 11 % des jours ouvrés, ce qui représente presque un mois par année d’activité.

L’APHP est gangrénée par la bureaucratie. Comme l’Éducation nationale, comme l’Assurance maladie, comme tous les autres rouages administratifs de la République. Ce n’est pas une question de moyens mais de bonne gestion.

En réalité, l’administration détourne 200 milliards d’euros par an en frais de fonctionnements inutiles, comme le dénonce Didier Picot dans La semaine du Pays Basque. Il ne s’agit pas d’une estimation au doigt mouillé de populiste.

Rendez-nous nos 200 milliards !

Un rapport publié par l’Institut Montaigne daté de mars 2019, rédigé sous l’égide de Jean-Ludovic Silicani, haut fonctionnaire, ancien Commissaire à la Réforme de l’État expose que 18 % du PIB sont dédiés aux frais de fonctionnement de l’administration (salaires du personnel administratif, bureaux et autres frais de fonctionnement tels qu’ordinateurs, téléphones, automobiles, frais de représentations, consultants, etc.). Un tiers (32 %) de nos impôts et de la dette que nous accumulons servent à payer ces frais généraux.

  • La loi française stipule qu’une association à but non lucratif ne doit pas dépenser plus de 15 % de ses recettes en frais de fonctionnement.
  • Les frais d’administration de la France sont parmi les plus élevés des pays de l’OCDE pour des résultats médiocres tant dans l’enseignement, la santé, la justice, la sécurité, la recherche…

 

Coûts de production des administrations en 2020 en pourcentage du PIB

Source OCDE

Baisser ces frais de 10 % reviendrait à économiser plus de 200 milliards.

L’ennemi du pouvoir d’achat ne sont pas les riches, la finance, les immigrés, la concurrence sauvage de la mondialisation, la surconsommation ou le « changement climatique » ou les Martiens. L’ennemi de notre pouvoir d’achat est la bureaucratie, incapable de réduire ses coûts, qui détourne à son profit tous les ans 200 milliards en frais de fonctionnement inutiles.

Le seul candidat crédible serait celui qui promettrait d’abord des économies sur ce poste et non pas des cadeaux. Et le seul candidat honnête serait celui qui nous rendrait notre argent gaspillé.

Le 5 février, Éric Zemmour a déclaré :

Nous attendons de pied ferme les remèdes de tous les candidats sur ce sujet pour lancer le vrai débat de fond.

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  • Hollande s’était fait retoquer sa taxe à 75 % par le CC. Anticonstitutionnelle.
    Mélenchon qui prend tout au delà de… Anticonstitutionnel au carré.
    Son programme est crédible comme le dahu ou le yeti.
    Inutile de s’apesantir. Avec son gros nez rouge, ce type est un clown qui nous prend pour des gosses.

  • Les commentaires sont fermés.

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